logo

C’est à l’occasion de leur concert donné le 29 mars dernier au Biebob de Vosselaar (Belgique) pour l’enregistrement de leur premier DVD officiel, que nous avons rencontré Agalloch. Tout juste sorti de scène, fatigué mais néanmoins serein, le groupe s’est livré à la traditionnelle interview de promotion, brièvement certes mais avec le cœur. Une gentillesse qui ne pouvait que les caractériser…

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°19 de mai 2008

 Entretien avec Don Anderson et John Haughm - Par Pierre-Antoine – Photos by Veleda Thorsson
Rechercher : dans l'interview

Quelles sont vos premières impressions après ce show ?

Don : Déjà, pour commencer, nous avons joué avec un nouveau batteur. Pour nous qui ne sommes pas un réellement un groupe de scène, c’est compliqué, mais nous jouons quand même finalement. C’est difficile d’avoir une attitude rock et énervée mais c’est un bon défouloir tout de même. Le show, lui, était correct.

On vous a sentis un peu tendus sur scène…Ressentiez-vous de la pression avant d’enregistrer ce DVD ?
John : Oui et non. (NDLR : toussant et perdant ses mots) Tu sais, il y a plein de corrections qui pourraient être faites à cette prestation mais on est globalement satisfait. Si je paraissais tendu, c’est que j’étais concentré, c’est ma manière à moi de me relaxer, d’oublier qu’il y avait des caméras et que nous étions en train d’enregistrer.
Don : Surtout que la nuit dernière, nous avons joué dans le cadre d’un festival devant 5.000 personnes, le Ragnarock. Nous avions aussi fait un super show à la maison, à Portland, donc c’est tout un nouveau monde pour nous ces shows comme ça. J’ai même utilisé une guitare avec laquelle je n’avais jamais joué auparavant. On adore jouer en Europe mais c’est toujours compliqué, ça coûte cher de se déplacer et faire autant de kilomètres. Et puis tu sais, le groupe a beau avoir 10 ans, nous n’avons pour l’instant joué que 18 fois en Europe. Aux Etats-Unis, nous n’avons fait qu’une seule petite tournée avec Antimatter et Virgin Black et une autre avec The Gathering et November’s Doom, donc tu vois que ça reste encore nouveau pour nous.

C’est bien la seule raison ? Car à l’instar de vos compatriotes de November’s Doom, vous ne semblez pas vous concentrer sur l’Europe ?
John : Tu sais, le fait d’être sur un label américain, ça prend un peu plus de temps pour pouvoir venir chez vous. De plus, nous, notre musique est assez unique aux Etats-Unis mais pas vraiment en Europe. Nous avons plus d’influences européennes qu’américaines donc il faut certainement plus de temps pour qu’Agalloch fasse son trou. Il est vrai aussi que la distribution de nos albums est plus lente en Europe.

pix

Je suppose que vous ne pouvez pas vivre de votre musique alors, si Agalloch est si intimiste ?
John : On pourrait en réalité…
Don : Oui, si nous voulions vivre comme des clochards (rires). Ca ne nous intéresse pas de vivre avec 10 dollars par jours…

Pour en revenir au show et au DVD. Etes-vous un minimum satisfait de votre prestation et qu’allez-vous mettre sur DVD ? Seulement le show ?
John : Juste le show. De toute façon, on n’a pas de vidéos backstage donc on ne risque pas de pouvoir le faire. On verra ce que ça va donner de toute façon, une fois qu’on visionnera le tout. J’espère juste que ça le fera, c’est tout.

Vous ne trouvez pas que le show était un peu court ?
Don : En même temps, on a joué Limbs deux fois (rires). (NDLR : le groupe ayant eu des problèmes de guitares en jouant Limbs a décidé, pour le DVD, de recommencer la chanson). Mais ça paraît toujours plus court pour le public que pour nous qui sommes sur scène.

John, tu as fait sur scène une petite remarque sur les bières belges, c’est donc quelque chose que tu aimes ?
John : (rires) Oui, bien évidemment ! A chaque fois que je viens en Belgique, je me sens comme un gamin dans un magasin de bonbons. Je ne veux pas passer pour un alcoolique mais j’adore ça (rires).

Il faudra que vous veniez en France goûter les nôtres si ce n’est pas déjà fait ?
Non pas encore. Nous ne sommes jamais allés en France. Enfin, je suis allé à Calais mais on ne peut pas vraiment dire que je sois allé en France.

Parlons un peu d’Ashes Against The Grain, comment a-t-il été accueilli finalement ? Et si vous le pouviez, changeriez-vous certaines choses sur l’album ?
Don  : Je suis toujours complètement satisfait par cet album, sincèrement. The Mantle était plus épuré et en même temps basé sur de nombreuses choses alors que Ashes a un focus plus simple et direct.
John : Pour être honnête, il y a beaucoup de chansons que j’adore mais aussi certaines que je zappe quand j’écoute l’album.

pix

C’est particulier à Ashes ou tu n’aimes pas trop écouter ta musique en général ?
Tu ressens ta musique de l’intérieur et inévitablement, tu ne peux que la remettre en question quand tu écoutes quelque chose de figé donc je ne préfère pas trop l’écouter, non. Et pour nous, Agalloch est un groupe qu’on aime ou qu’on déteste et les quelques chroniques que nous avons pu lire sur l’album reflète ce postulat. Nous avons entendu beaucoup de personnes déçues que nous n’ayons pas continué notre expérience acoustique et folk mais finalement, il a été assez bien accueilli. Pour Ashes, nous ne voulions pas refaire tout simplement la même chose que pour The Mantle, sans pour autant abandonner cette approche de la musique à jamais. Nous en avions un peu marre des guitares acoustiques, il nous fallait quelque chose de plus rock, c’est comme ça qu’est né Ashes Against The Grain.

Finalement avec le White EP qui vient juste de sortir, vous vous y êtes remis ?
John : Oui et non. Le White EP est une collection de faces B acoustiques, s’il faut appeler ça comme ça.
Don : Du matériel laissé de côté plutôt.
John : Oui, tu as raison et quelques morceaux que nous avons spécialement enregistrés pour l’EP. Nous n’avions que quelques structures de morceaux et avons décidé d’aller en studio et de voir ce que ça donnerait. Je pense que nous nous en sommes plutôt bien sortis. C’est un peu comme le Grey EP, une expérience particulière qui sort un peu de la musique classique d’Agalloch. Et puis ça permet aussi de sortir de la pression d’un album, c’est plus simple à réaliser.
Don : Tout à fait, c’est très pesant de faire un album complet, alors que nous ne portons pas le même fardeau en ne faisant qu’un EP. Ca permet réellement d’expérimenter à fond et de ne pas s’imposer de limites.

Ce White EP est donc une réponse au Grey EP ?
John : Oui tout à fait.

Il semblerait que vous ayez utilisé pas mal d’invités sur celui-ci ?
John : Oui, bien sûr, des amis ont fait des percussions, notre ingé-son a joué du clavier, on a de la flûte aussi, notre ancien batteur, Chris, a travaillé sur quelques expérimentations dans sa cave qu’il a apportées en studio. C’était vraiment sympa à faire. Une vraie réponse au Grey EP, tu as raison. Ca fait un bout de temps que nous voulions le faire, ça fait 4 ans que nous avions du matériel pour enfin le réaliser donc tu comprends que nous étions impatients d’y procéder.

Le White EP a un morceau uniquement « ambiant » et basé sur des samples, est-ce quelque chose que vous aimeriez faire sur un album complet ?
John : Non pas vraiment. En tout cas pas avec Agalloch mais sans problème avec un projet parallèle.
Don : Nous écoutons de la musique électronique mais ce n’est pas pour Agalloch. 

pix

Quelles atmosphères avez-vous voulu retranscrire dans cet EP, et dans votre musique en général ?
(blanc assez longs et regards interloqués des deux musiciens…- ndlr)
Don : C’est assez compliqué à expliquer en réalité. Il y a plein de choses que nous ne pouvons anticiper avant d’entrer en studio et qui donneront toutes ces atmosphères si particulières à nos albums. Nous nous accordons tous à dire que nous voulons écrire des chansons mélancoliques et introspectives…
John : C’est la base de la musique d’Agalloch…Tout vient naturellement en fait. On n’essaie pas de composer de la musique triste, c’est juste ce qui sort de notre tête.
Don : C’est inévitable que nous faisons passer les sentiments bien avant la technique dans notre musique. C’est comme cette comparaison que tous les gens font de notre musique avec celle d’Opeth alors que nous ne faisons pas la même chose. Nous ne faisons pas la même musique, nous ne faisons pas les mêmes breaks, nous ne faisons pas les mêmes changements…
John : Nous ne jouons pas autant qu’eux…(rires). Nous avons deux buts très différents même s’il est vrai qu’il y a du folk et du métal comme eux. Nous écoutons aussi comme eux de la musique des 60’s et des 70’s.

Voulez-vous faire grandir Agalloch comme Opeth ou rester un groupe plus intimiste et seulement vous adresser à…. ?
John : Tu peux t’arrêter là, c’est exactement ce que nous voulons ! Nous ne sommes pas dans la position d’amener le groupe à un autre niveau. Nous avons nos boulots à la maison, nous ne pouvons pas partir dans de longues et interminables tournées.
Don : Et puis tu sais, comme je l’ai dit tout à l’heure, nous avons joué au Ragnarock devant 5.000 personnes et franchement, je n’étais pas très à l’aise. Je me sentais trop loin du public, je préfère cent fois la chaleur et la proximité de salles comme ici au Biebob.
John : On ne veut pas non plus jouer devant 5 personnes… (rires).

Vous avez déjà quelques chansons de prêtes pour le nouvel album ?
John : Je n’ai pas de titres à te dévoiler mais j’ai énormément de riffs qui sont prêts, oui… Des idées de bouts de chansons, des idées d’arrangements mais il faut encore du travail pour faire de tout ça un album.

Un dernier mot ?
Don : Et bien sache que nous aimons beaucoup la France, en toute l’image qu’elle reflète puisque nous n’y sommes jamais allés. Nous aimons sa culture, son cinéma, j’aime parler français, enfin je dois m’améliorer mais sache nous voudrions vraiment venir jouer en France donc si des tourneurs pensent à nous, ce serait sympa !
John : Mais je rejoins particulièrement ce que tu viens de dire, je veux jouer en France, c’est indispensable pour moi ! De plus, je trouve comme votre scène black est impressionnante ! J’adore Blut Aus Nord, Arkhon Infaustus, Deathpell Omega, enfin franchement votre scène est impressionnante !
 
 
AGALLOCH – The White EP
Vendlus Records



Site : http://www.agalloch.org/

Myspace :http://www.myspace.com/agalloch