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On parle toujours des pays scandinaves quand on veut aborder le sujet du black-metal mais un peu partout dans le Monde, certains groupes dament carrément le pion aux références du style. C’est le cas pour quelques groupes français, dont les Niçois d’ARTEFACT, qui ont sorti une belle tuerie chez Rupture Music avec Ruins, leur dernier méfait. Entre agressions typiques au style, mélodies à la Dissection, un professionnalisme à revendre, une technique bien au-dessus de la moyenne, le tout auréolé de prestations live de haute volée, voilà un groupe qu’il nous fallait absolument soutenir ! En espérant que vous en ferez de même car ils le valent bien…


 Entretien avec Runenlyd (vocals) et Aldébaran (guitares) - Par Pierre-Antoine & Will Of Death
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Vous avez du le faire un nombre incalculable de fois, désolé, mais un petit historique du groupe, svp ?

Runenlyd :Alors pour faire super court : Aldébaran a eu l’idée du projet avec d’autres musiciens portés disparus depuis. Et on a sorti Ruins en janvier 2008 . Bref mais concis !
Aldébaran : Voilà, on peut dire que le groupe existe depuis l'année 2000 mais il a commencé à prendre sa forme actuelle à partir de 2002 lors de la rencontre avec Alexis et Ranko, deux ex., Oktopod, puis nous avons rencontré Runenlyd, Sephiroth et Olwe Telrunya un peu plus tard. Nous avons sorti trois albums à ce jour et un fait marquant qui revient fréquemment est notre participation au festival Wacken.

J’ai l’impression que vous avez un sacré background musical… Vous bossez là-dedans ?
Runenlyd : Nous évoluons tous dans la scène métal depuis un sacré moment ! Nous avons eu diverses formations et longuement fait nos armes avant la sortie du premier album. Et pour parler simplement musique, les deux guitaristes sont profs de guitare et jouent dans d’autres projets, le claviériste joue dans le groupe de prog’ Spheric Universe Experience avec le batteur Ranko, ce dernier jouant aussi dans Otargos. Enfin, je suis ingénieur du son. Donc, autant dire que la musique occupe la majeure partie de nos existences !

Quelles sont vos principales influences ? Et en black particulièrement ?
Runenlyd : Malgré les goûts très différents de chacun, on peut ressortir quelques influences qui mettent tout le monde d’accord, comme Arcturus, Emperor, Dissection… Après, on écoute un peu de tout en black, des vieux trucs obscurs aux dernières grosses sorties comme Keep of Kalessin.
Aldébaran : Pour ma part, je rajouterais toute une liste de groupes qui n'intéressent plus grand monde mais qui me font vibrer encore et toujours comme Sacramentum ("Far Away From The Sun"), Mephistopheles ("Landscape Symphonies"), Setherial ("Nord"), Bathory ("Hammerheart"), Wallachia ("From Behind The Light"), Ancient ("Svartalvheim"), Abigor ("Nachthymen" et "Orkblut") et les premiers Dimmu, etc...

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Où puisez-vous majoritairement vos influences en dehors de la musique ? Les films ? La nature ? Des livres ? Lovecraft ?
Aldébaran : Un peu de tout ça en fait, il y a bien sûr les classiques comme "Conan Le Barbare", "Le Seigneur des Anneaux", l'univers médiéval / fantastique en général que l'on retrouve dans les livres, les jeux vidéos, les films. Il y a l'histoire aussi, tout le côté mystique du Moyen-Age et ses légendes. La Nature évidemment est quelque chose qui inspire éternellement. Mais sinon, pour faire une petite digression, hormis le Métal, au niveau musical, ça peut-être un petit arrangement de Dance pourri qui fait naître un air, une ambiance de films, une musique de pub, une musique de jeux vidéos, un standard de Jazz, etc...

Quel est le message d’Artefact ? Nous savons que beaucoup de groupes de black underground ont un message, parfois basique voir même trop simplement « Hail Satan » à faire passer mais qu’en est-il pour Artefact ?
Runenlyd : On n’a pas vraiment de message. Ce n’est pas notre délire de nous poser en donneurs de leçons ou en objecteurs de conscience. Les sujets des titres sont différents et cachent un point de vue personnel derrière ce qui semble être une énumération de faits. Le degré de lecture appartient ensuite à tout un chacun.

Que représentent pour vous les religions en général ? Quelque chose à bannir ?
Runenlyd : Ce qui me pose problème avec les religions, ce sont les barrières imposées. J’ai absolument horreur de ça, et dans l’absolu, de toute limite imposée, trop souvent illogique. Je ne crois absolument pas. Je ne me lève pas le matin en me considérant comme un pécheur à la recherche de la rédemption. J’aime jouir d’une liberté physique et intellectuelle absolue avec pour seules limites celles de mon corps et de mon esprit. Et cela est valable pour toute considération politique, dogmatique, idéologique. Ces propos n’engagent que moi et en aucun cas les autres membres du groupe.
Aldébaran : Moi je n'ai rien contre la religion du moment qu'elle n'empiète pas sur autrui. Au contraire, si elle peut rendre plus heureux et aider à une meilleure hygiène de vie, ça me va...

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C’est maintenant votre 3ème album sans compter plusieurs démos avant. Comment analysez-vous votre parcours jusqu’à maintenant ? Que retenez-vous de vos premières sorties ?
Aldébaran : Je pense que l'on peut être fier du parcours et de ces albums ; en les réécoutant, je me dis que ça tient encore bien la route, je suis même étonné de certains passages. Il y a juste de temps en temps un ou deux détails que je regrette un peu tout de même mais je ne crois pas que ces albums dépareillent aujourd'hui, bien au contraire.

Votre musique est très émotionnelle, visuelle et évoque donc énormément de choses pour l’auditeur sans pour autant être caricaturale pour un sou. Etait-ce volontaire ou avez-vous éprouvé des difficultés à affiner cette démarche ?
Aldébaran : A ce niveau-là, il n'y a pas de démarche, c'est quelque chose d'inhérent à la musique. Par contre, il y a une volonté énorme derrière, quelque chose de viscéral sûrement dans la démarche et en même temps quelque chose qui nous dépasse.

Beaucoup ont considéré votre dernier album Ruins, formidable au passage, comme un bon mix entre Orchid d’Opeth et The Somberlain de Dissection. Cela vous convient et vous fait plaisir ?
Aldébaran : Ce sont deux classiques dans leur genre il est vrai mais je pense qu'il pourrait y en avoir bien d'autres. Ça fait plaisir, oui, si notre album reste à travers les temps comme ces deux-là. Après, on ne s'est pas dit qu'il fallait faire comme ces deux albums.

Les critiques ont toutes d’ailleurs été élogieuses à votre égard, il semble. Egalement une satisfaction ?
Aldébaran : Bien sûr, on ne peut pas faire semblant et ne pas être touché par ça, c'est très appréciable.

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Vous avez terminé une petite tournée en France ? Cela vous a-t-il plu et quelles ont été  les retombées ? Ce n’est pas trop frustrant pour vous de jouer dans des toutes petites salles comme la Rumeur à Lille où en plus, le son est exécrable ? Notre ville malheureusement…
Aldébaran : Oui, au nom du groupe, cela nous a tous plu, l'ambiance était bonne. Les retombées, c'est un petit peu plus de reconnaissance et peut-être davantage de personnes qui apprécient. Je pense que même si les grandes salles sont grisantes, pourvu qu'on les remplissent, les petits clubs ne sont pas à négliger et procurent une réelle authenticité au niveau du contact avec le public.

On vous a vus aussi à Millery, près de Lyon, le samedi 26 avril. Alors que vous avez proposé une musique de grande qualité, ambiancée et technique, comment comprenez-vous que le public se soit tiré pendant votre set pour revenir nombreux pour le groupe Blockheads, qui pratique un grind des plus primaires ? Ça doit être très frustrant, non ?
Runenlyd : On ne choisit pas son public, ahahahah ! Plus sérieusement, il est clair que notre musique est antithétique de celle de Blockheads (que je salue au passage et dont la prestation m’a totalement soufflé).  Je ne dis pas non plus que l’on ne peut apprécier que l’un ou l’autre, au contraire. Mais Blockheads est essentiellement axé sur la brutalité totale et immédiate, « live », alors que nous posons plus d’ambiances, de mélodies. Et un titre d’Artefact dure le temps de 4 titres de Blockheads. Donc, ça nécessite une certaine concentration pour apprécier (que tu n’as plus forcément après avoir vu 7 groupes auparavant). Après, on ne change rien à nos habitudes, on essaye de faire le meilleur concert possible.  Si au moins une personne nous découvre et s’éclate totalement, tout ne sera pas perdu... He he...

Comment jugez-vous la scène black-metal française ?
Aldébaran : La scène française est riche de formations talentueuses dans des tendances diverses, il y en a plein comme Orakle, Belenos, Blut Aus Nord, Hyadningar, Maleficentia, Seth,... Ce qui nous manque, ce sont peut-être plus un public et des structures finalement ! Et puis est-on bien représenté à l'étranger finalement, je me le demande...

Quels sont les prochains projets d’Artefact ?
Aldébaran : Là, ce sont quelques concerts en France, la distribution à l'étranger, la composition d'un nouvel album que j'espère plus violent et espérons aussi une tournée européenne. Merci à vous pour l'interview et bonne continuation !
 
 
ARTEFACT – Ruins
Rupture Music



Myspace : http://www.myspace.com/artefactmetal