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Avec Eternal Kingdom, Cult Of Luna donne à son public un nouvel album d’une qualité  et d’une puissance irréprochable. Dominé par un esprit de perdition, la musique du groupe se veut noire et désemparée, les conditions de sa création en étant la seule et unique raison. Johannes Persson, le leader charismatique du groupe, nous en dit un peu plus à sa manière, très sobrement, afin d’éclairer un peu notre lanterne... 

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°20 de juin 2008

 Entretien avec Johannes Persson (Guitares et Chant) - Par Pierre-Antoine
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Peux-tu me dire ce qui est arrivé à Cult Of Luna depuis la sortie de Somewhere Along The Highway, votre précédent album ?

T’es sympa, toi ! (rires)… Ca va être un peu long…En réalité, on a pas mal tourné, c’est à peu près tout. On a fait beaucoup de concerts, trois tournées en réalité, qui ont toutes été réellement appréciables. On a eu aussi un prix en radio, notre radio nationale, du meilleur album rock de l’année 2006. On est plutôt content de la manière dont se déroulent les choses pour nous.

Avez-vous joué dans des pays où vous n’étiez jamais allés ?
Oui, on a joué en Pologne pour la première fois. Mais on tourne depuis tellement longtemps que l’on connaît l’Europe par cœur. On a fait quand même la Croatie et la Slovénie pour la première fois également.

Cult Of Luna ne tourne pas aux Etats-Unis ou en Asie ?
Non pas encore, on verra par la suite. On a fait une petite tournée aux Etats-Unis avant la sortie de Somewhere Along The Highway.

On vous a vus live cette année au Roadburn Festival, vous avez apprécié votre performance ?
Oui vraiment.  Je dirais même que c'est un des meilleurs shows que nous n’ayons fait depuis longtemps. A tout point de vue, c’était vraiment un super show.

D’où vous est venue cette idée de doubler chaque instrument, même la batterie ?
C’est juste que notre line-up est comme ça. Nous avons deux batteurs depuis quelques temps. Sur l’enregistrement de Somewhere, nous avons utilisé à tour de rôle les batteurs, mais pas simultanément. Par contre, pour la scène, nous avons du réarranger les chansons pour que les deux participent et donc créer une nouvelle atmosphère. C’est vraiment intéressant. Je trouve ça même super excitant. La première fois que nous avons jouée avec deux batteurs, j’ai ressenti quelque chose de très fort. J’ai entendu des choses que je n’avais jamais entendues avant.

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C’est sans doute un des raisons pour laquelle vos shows sont si intenses mais penses-tu que ce soit la seule ?
(ndlr : hésitant) C’est différent pour chaque membre du groupe. L’inspiration vient d’une manière différente pour nous tous afin de donner le meilleur show possible. Le plus intense possible. Nous attendons seulement que chacun donne le meilleur de soi-même et retire le plus d’énergie positive possible. Nous nous aidons l’un et l’autre avant de monter sur scène et après,  c’est à chacun de faire le meilleur possible.

Et la réaction du public est importante pour vous ?
Le public est très calme à nos shows, tu sais. Ils sont très attentifs et mesurent chacun de nos mouvements. Pour autant, je sais détecter quand ils apprécient ou non. Ca m’est arrivé de faire des shows de merde et que le public m’envoie une énergie tellement positive que j’ai réussi à redresser la barre et faire un super concert. J’aime aussi quand le public ne nous aime pas car dans ce cas, je donne le meilleur concert possible rien que pour les faire chier. Je me souviens d’un de nos premiers concerts où le public nous demandait de jouer plus vite et plus fort et nous avons fait complètement le contraire, encore une fois pour les emmerder... Mais c’était il y a longtemps.

Parlons un peu du nouvel album, quand avez-vous commencé à composer ?
Nous avons commencé à écrire l’été dernier mais c’est vraiment mauvais donc on a tout jeté à la poubelle pour tout recommencer. On a tout refait à l’automne très rapidement...

C’est incroyable ce que tu me racontes... Ce nouvel album est pour moi un petit chef-d’œuvre et tu me dis que vous avez composé tout ça en 2 mois en gros ?
Non, ce n’est pas vraiment ce que j’ai voulu dire... On a commencé à travailler en novembre je crois... Et puis tu sais, c’est du à notre manière de travailler. Nous travaillons beaucoup chacun dans notre coin avant de se voir car nous vivons dans des villes assez éloignées les unes des autres. Quand on se voit, on ne fait que jouer ensemble puis nous rentrons chez nous pour répéter et continuer à composer. Vu le nombre de personnes dans le groupe, ça va vite...(rires)

Vous vous échangez vos idées par Internet, à travers des FTP ?
On devrait mais on ne le fait pas (rires...).

Tu penses comme moi que cet album est certainement le plus mature à ce jour ? Votre oeuvre la plus aboutie ?
C’est difficile pour moi de porter un jugement pour l’instant car c’est encore trop tôt. L’album est trop frais. J’ai besoin de plus temps avant de pouvoir l’écouter. Je n’ai juste pas envie d’écouter mes parties de chant et de guitares.

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Vous aviez fait évoluer votre musique vers quelques chose de plus posé, de plus calme sur Somewhere et cette fois, avec Eternal Kingdom, vous faites un pas en arrière pour un son plus massif et agressif. Tu es d’accord ?
C’était complètement volontaire. Nous voulions, avant de composer, faire quelque chose de plus heavy. Nous pensions avoir porté le principe de Somewhere, le son de Somewhere, au plus haut niveau possible. Nous avions atteint nos limites. Oui, nous avons fait un pas en arrière mais pour faire deux grand pas en avant.

Pourquoi avez-vous abandonné le chant clair sur cet album ?
Je ne sais pas. C’est juste venu comme ça... Nous n’avions pas mis du chant clair juste pour avoir du chant clair. Nous n’en avons mis sur Somewhere car c’était justifié, ça ne l’était pas du tout pour Eternal Kingdom. On le refera sûrement un jour mais là, ça ne collait pas.

Votre salle de répétition était un asile d’aliénés il y a quelques années et il semblerait que vous y auriez trouvé un bouquin vous ayant servi pour le titre de l’album et son concept... Est-ce pour ça que l’album est si triste ?
Oui, tout à fait. Ce bouquin est vraiment triste. C’est un recueil de poèmes que nous avons traduit du suédois à l’anglais. C’est un mec qui a perdu sa liberté, sa femme, ses enfants... (long moment de silence - ndlr). Nous avons simplement tenté de mettre ses textes en musique. C’est volontaire également. L’album ne pouvait donc pas être joyeux.

C’est donc un concept album ?
Oui tout à fait, les paroles et la musique vont ensemble. C’est un tout complet. Tout est basé sur l’histoire de ce bouquin qui nous a vraiment pris aux tripes et que nous nous devions de retranscrire.

D’un point de vue personnel, j’ai juste envie de parler de « Following Betulas », votre meilleure chanson pour moi à ce jour, avec cette énergie folle au travers notamment des coups de caisses claires qui sonnent comme des mitraillettes et les trompettes à la fin...?
Oui, t’as raison pour la caisse claire. La fin de la chanson est vraiment intense, oui, car le mec est transporté dans un autre monde où les animaux sont séparés en deux catégories. Le mec s’allie au roi des bons animaux et font ensemble les “Betulas” qui sont des hybrides d’hommes, d’arbres et d’oiseaux. C’est pour ça que la fin de la chanson sonne comme une marche, une marche militaire un peu, ils vont accomplir ensemble leur tache. Les trompettes sonnaient bien pour ça.

Puisqu’on parle des trompettes, on peut évoquer qu’il y en a aussi sur les 3 interludes de l’album, très beaux d’ailleurs, et qui sonnent un peu à la Pink Floyd, du coup... non ?
Je ne pense pas, tu sais...(rires). Personne n’écoute ce groupe. Si tu le dis, c’est possible mais c’était inconscient. Nous avons seulement mis des trompettes car l’ambiance le justifiait...

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Allez-vous faire quelque chose des morceaux que vous avez jetés à la poubelle, des bonus tracks un jour ?
Non, jamais. Ils ne sont vraiment pas bons, c’est pour ça qu’on les a jetés. Vous ne les entendrez jamais (rires). Ils ne conviennent pas à la qualité minimum des morceaux de Cult Of Luna.

Nous serons au Hellfest pour suivre votre prestation... A quoi pouvons-nous nous attendre ?
Des nouvelles chansons, j’espère (rires). Nous n’avons pas commencé à répéter donc je ne sais pas réellement. « Following Betulas » pour toi, peut-être (rires). Nous reviendrons sûrement en France après plus tard dans l’année ou en 2009, en tête d’affiche. Tu sais, et je ne te dis pas ça pour être sympa, mais nous aimons beaucoup jouer en France. Nous avons une vraie connexion avec le public. Nous attendons réellement de revenir jouer chez vous.

De quelle manière êtes-vous vu en Suède dans la scène métal qui est plutôt dominée par des groupes comme In Flames ?
Nous n’appartenons pas à la scène métal suédoise. Nous ne nous considérons pas comme un groupe de tel ou tel style. Nous sommes juste un groupe qui écrit de la musique.


 
CULT OF LUNA – Eternal Kingdom
Earache Records


Site : www.cultofluna.com

Myspace : www.myspace.com/cultofluna