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Ihsahn a tout eu avec Emperor : la reconnaissance, le succès, la réussite artistique. Un parcours sans faille qui lui vaut aujourd’hui un statut d’artiste culte. Si maintenant le monsieur évolue en solo, c’est bien pour pousser plus en avant son envie d’expérimentation et de création. Un univers musical unique entre black, death et prog, qu’il développe au maximum sur son nouvel album…

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°20 de juin 2008

 Entretien avec Ihsahn (guitares, vocals, claviers...) - Par Geoffrey
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La dernière fois que nous nous sommes croisés, c’était au Hellfest, avant un concert d’Emperor. Comment se sont passées les tournées de reformation ?

Très bien. Tous les voyages de ville en ville, de pays en pays, pendant des semaines se sont bien passés. Nous avons rencontré quelques soucis assez stressants au niveau du son ou de l’organisation, mais ce n’est pas vraiment de mon ressort. Par contre, en ce qui concerne les shows d’Emperor, tout s’est bien passé. Les concerts n’étaient pas concentrés, nous les faisions par série de deux à la fois, donc nous avions tout le temps pour nous concentrer. Ca a été un petit challenge pour nous de revenir après tant d’années, et de voir que nous avions toujours un public fourni et vraiment derrière nous. Ce n’est pas tous les jours que tu arrives d’une petite ville de Norvège et que tu te retrouves devant 50.000 personnes au Wacken ! Et ce n’est pas tous les jours non plus que tu vas aux Etats-Unis et que tu remplis le BB King au milieu de Time Square deux nuits de suite. Pour n’importe qui écoute du metal, joue de la guitare ou joue dans un groupe, c’est toujours assez magique de faire le Wacken au moins une fois dans sa vie. 

Tu réalises tout le culte autour du groupe ?
Sur certains points, oui. Au fil des années, j’ai vraiment pris mes distances de tout ce qui tournait autour d’Emperor, parce que je ne voulais pas que cela interfère et me dicte, même inconsciemment, la musique que je voulais faire dorénavant.  Et par nature, je me retourne toujours contre ce qu’on m’impose. C’est d’ailleurs pour ça aussi que je me suis d’abord tourné vers le black metal (rire). Mais au fil des années, je me suis un peu calmé. J’ai été vraiment surpris de voir que l’entité Emperor a vécu sa propre vie, au-delà des entités qui le composent. Et pourtant, je sais que tout ce que je ferais dorénavant sera comparé à Emperor. Parfois, c’est assez frustrant, surtout quand tu es un musicien, et que tu essayes de progresser et de faire toujours mieux que ce que tu as pu faire auparavant.

Tu penses que tu seras toujours prisonnier de ton passé ?
Mais après tant d’années,  j’essaye vraiment.  Je pense que c’est très important pour moi, pour garder mon intégrité d’artiste, de ne pas tenir compte de toutes les bonnes choses que les gens peuvent dire sur moi par rapport à mon passé. C’est pour ça que j’ai pris mes distances depuis que nous avons splitté. C’est pour ça que mes albums solo sont toujours très introvertis, le genre de disque que l’on ne partage pas d’habitude. Pour ce qui est des comparaisons, si tu écoutes mes disques solo, tu trouveras toujours que certaines parties peuvent ressembler à ce que j’ai fait avant. Mais c’est comme ça, cela fait partie de mes bagages musicaux.

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Mais c’est définitivement fini avec Emperor, vous n’allez pas revenir dans deux ans ?
Non, c’est bien fini. Mais on avait tellement de demande, que nous nous sommes dit qu’il valait mieux le faire maintenant qu’à nos 50 ans. Nous l’avons fait au moment où nous pensions que nous pouvions le faire.

Parlons du présent et de toi maintenant. Mais avant, peut-on revenir sur The Adversary ? Comment l’album a-t-il été perçu ?
J’ai été très agréablement surpris, je pense. Pour la plupart, j’ai reçu de très bonnes critiques. Ce retour sur le devant de la scène a été très positif pour moi. Les gens l’ont peut-être pris comme un one-shot, mais avec ce deuxième album, ils comprendront que c’est ce que je fais maintenant.

Et toi, tu le vois comment cet album ?
J’en suis toujours très fier. Et je suis content de l’avoir fait comme je l’ai fait. Je l’ai vraiment fait comme je le voulais. Je voulais vraiment que l’on ressente toutes les influences metal que j’avais accumulées au fil des années. C’est pour ça qu’il y a sur ce disque beaucoup d’éléments prog’ ou 70’s.  Il y a vraiment de tout. J’ai beaucoup appris aussi en faisant ce disque. Et maintenant que je le réécoute avec un peu de recul et plus d’objectivité qu’à l’époque où je l’ai mixé, j’en suis vraiment content. Il y a une vraie sincérité dans ce disque, une réelle honnêteté par rapport à ce que j’étais à l’époque de son écriture.

Quand as-tu réellement commencé l’écriture de ce nouvel album ?
Il y a à peu près un an. Avec des périodes où je composais et d’autres où je ne faisais rien. Ça a été une année assez chargée pour moi. J’ai participé à l’album de Hardingrock, et ma femme a sorti son nouveau projet, StarofAsh. J’ai tourné avec Emperor, j’ai eu un autre enfant. Et maintenant, je me focalise sur la promo de mon nouveau disque. Ce fut une année bien chargée (rire).

La première impression sur ce nouveau disque, c’est qu’il est beaucoup plus heavy que le précédent. N’as-tu pas peur justement que les gens pensent que le fait de te replonger dans le répertoire d’Emperor ait influencé ton écriture ?
Oui, ils vont le penser. Bien sûr, le fait d’avoir rejoué du Emperor peut m’avoir influencé d’une certaine manière. Mais pas tant que ça, car dès la fin de l’enregistrement de The Adversary, j’avais déjà une idée bien précise de ce que je voulais sur mon prochain disque. Et avant de tourner avec Emperor, j’avais déjà mon calepin rempli des idées qui allaient me servir pour ce disque. Ou du moins, j’avais déjà les grandes lignes de ce que l’album allait être. Je me suis quand même détaché de tout cette réunion d’Emperor qui était surtout une façon de faire revivre le passé. Moi, j’avais déjà des idées pour mon futur.

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Tu ne penses pas être allé trop loin dans les expérimentations avec The Adversary ?
Non. J’avais vraiment besoin de ces expérimentations. Et d’ailleurs, ces expérimentations m’ont permis de faire ce nouveau disque, car j’ai beaucoup appris de l’écriture de The Adversary.

De quoi parles-tu cette fois-ci dans ce disque ?
A peu près la même chose que pour The Adversary (rire), et que pour mes précédentes paroles. Une vision de l’individualité face à la masse. Il y a beaucoup de théories qui me tiennent à cœur.  J’essaye d’innover autant que possible dans la musique. J’essaye toujours de progresser, mais pour ce qui est des paroles, j’ai toujours les mêmes sources d’inspiration.

Encore une fois, tu t’occupes du mix de cet album. Pourquoi de ne pas faire appel à quelqu’un d’autre ?
Depuis que nous avons notre propre studio, je nourris une vraie passion pour l’enregistrement et le mixage. Je trouve ça très dur, et je ne suis jamais très sûr de moi, mais c’est quelque chose que j’ai vraiment envie d’apprendre. Et la meilleure façon est de s’entraîner sur son propre disque (rire) que sur celui de quelqu’un d’autre. Et puis, c’est une façon assez naturelle de procéder. Ce n’est pas comme si je répétais avec un groupe pendant la composition et qu’après, j’allais en studio. Je suis en studio pendant tout le processus. Mais bon, peut-être que pour le prochain, je ferai mixer le tout par un autre ingénieur du son.

Il y a un invité spécial sur cet album, une sorte de clash des titans pour n’importe quel fan de metal, Mikael Åkerfeldt d’Opeth...
J’avais déjà un invité sur The Adversary, et je voulais quelqu’un de spécial pour ce nouveau disque.  En fait, j’en avais déjà parlé à Mikael au moment de The Adversary, savoir s’il pouvait venir faire un solo de guitare, ou chanter sur un des morceaux. Et puis il avait refusé. Puis nous nous sommes revus au Wacken 2006, ainsi qu’avec son claviériste, Per. Nous avons regardé quelques concerts ensemble et puis je lui ai de nouveau soumis l’idée. Il était bien sûr encore une fois très occupé avec Opeth, mais nous avons réussi à se caler un truc cette fois-ci. Et j’ai choisi le morceau qui irait le mieux avec son style de chant clair, ça lui a plu et nous l’avons fait.


 
IHSAHN – angL
Candlelight Records


Site : www.ihsahn.com

Myspace : www.myspace.com/ihsahnmusic