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Le Doom-Metal réécrit ses lettres de noblesses en ce moment puisque le style connaît un essor sans précédents. Il est sûr que nous ne parlons pas de millions d’albums vendus mais pour autant, le style ne s’est jamais aussi bien porté. Ce qui est d’autant plus jouissif, c’est qu’un des leaders de la scène n’est autre qu’un groupe Français, qui n’en est seulement qu’à son deuxième album. Anhédonie a déjà tout des classiques du genre voir même un peu plus. Voici un entretien avec Fred qui nous en dit un peu plus.

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°21 de juillet 2008

 Entretien avec Fred (guitares) - Par Pierre-Antoine
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Votre premier album a été encensé par la presse et le public. Une réaction ?

Bonjour ! Hé bien, nous avions travaillé dur pour composer et sortir cet album, et nous étions déjà fiers que le résultat final soit à la hauteur de ce que nous en espérions... Après, nous avons eu la chance que cet album rencontre son public, et cela a été pour nous la grosse cerise sur le gâteau. Slow Transcending Agony nous a en tous cas ouvert beaucoup de possibilités, nous a révélés à tout un public, donc nous ne pouvons qu'en être satisfaits.

Ca fait quoi d’être vu comme le leader de la scène Doom en France ?
Etre 'leader' ou pas, on s'en fiche éperdument : nous sommes des musiciens, pas des athlètes ! Ce qui nous importe avant toute autre chose, c'est de jouer la musique que nous aimons et de la meilleure façon possible. Et puis, une chose qui fait vite relativiser, c'est que la scène doom, même au niveau mondial, est somme toute vraiment petite comparée à la scène Death ou Black par exemple. Après, il est vrai qu'avec le temps, nous nous apercevons de certaines choses vraiment flatteuses, comme le nombre toujours croissant de fans venant nous voir en concert, ou des quelques groupes qui se disent ouvertement être influencés par nous... ça, c'est quelque chose que nous n'aurions jamais imaginé, par exemple, à nos débuts !

Comment la voyez-vous justement cette scène doom ?
En perpétuelle croissance, du moins en France ! Déjà, pour commencer, le public se fait de plus en plus nombreux, et de plus, il y a de plus en plus de groupes... La plupart de ces groupes arrivent même à se faire un nom à l'étranger, à l'instar d'Inborn Suffering ou de Rising Dust. Je suis sûr que d'autres groupes, comme The Bottle Doom Lazy Band ou Fatum Elisum, vont cartonner dans un futur proche. En fait, mon seul regret, c'est que le Doom reste un style encore trop souvent sous-estimé, pour des raisons qui me restent encore bien mystérieuses.

Vous avez effectué de nombreuses dates depuis la sortie de votre premier album, ces concerts ont-ils modifié la perception de votre musique ? Quels ont été les apports du live ?
En fait, le live a une importance primordiale pour nous : nous composons avec cette optique en tête. Pour nous, une bonne chanson est une chanson qui doit passer l'étape de la scène, sinon c'est que le travail studio ne sera qu'un palliatif pour enrichir artificiellement une musique trop 'faible' pour vivre d'elle-même. Du coup, paradoxalement, c'est le travail en studio qui modifie notre perception de notre musique !
Ce que la scène apporte, je le qualifierais « d'expérience totale »: le volume et l'énergie sonore permettent de s'immerger pleinement dans notre musique, qui prend alors toute sa force.

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Justement avec le recul modifieriez-vous certaines choses sur votre premier album ?
En terme de composition, rien. Par contre, en terme de production, maintenant qu'Anhédonie est sorti, quand je compare le son des deux albums, je me dit que 'Slow Transcending Agony' aurait peut-être gagné à avoir un son un peu plus 'organique'. Mais c'est tout.

Vous avez effectué les deux éditions du Doom Fest à Paris. Comment était-ce ?
Excellent ! Enfin un festival de Doom en France ! Et pour les deux éditions, d'avoir enfin l'occasion de jouer « au pays » avec des groupes que nous connaissons bien pour la plupart, voire qui sont de vrais amis. Et en plus, le public s'est déplacé ! Pour dire, l'édition de cette année était sold out ! J'en profite pour remercier Les Acteurs De L'Ombre qui ont eu le courage de se lancer sur ce défi, j'espère que ça se renouvellera !

Etait-ce salvateur de composer pour Funeralium ou cela vous a-t-il peut-être privé d’inspiration pour ‘Anhédonie’ ? Les deux groupes ayant quelques points communs…
Salvateur, je ne sais pas... réducteur, sûrement pas. Funeralium est un groupe que j'aborde avec un état d'esprit très différent d'Ataraxie, et dont la musique demande des expérimentations souvent plus poussées... Il est vrai que par la force des choses, certaines passerelles ont fini par se créer, notamment pour ma part dans l'utilisation de certaines sonorités, et pour Jo en introduisant des parties vocales plus extrêmes. Mais cela tient avant tout à l'évolution de nos 'personnalités musicales', qui évoluent en même temps que nos projets, je pense. Pour preuve, on pourra entendre quelques sonorités typiquement 'Ataraxie' ou 'Funeralium', mais traitées très différemment sur le prochain album de 'Wormfood'

Anhédonie, votre nouvel album, semble être la suite directe du précédent mais pour autant, celui-ci est plus torturé, en raison de la durée des morceaux, bien plus longs… Il faut vraiment plusieurs écoutes pour rentrer dedans, ne pensez-vous pas ?
Je suis d'accord. Anhédonie reprend les choses où les avait laissées le précédent album, en poussant toutes ses composantes encore plus loin, ce qui donne au final des morceaux avec des passages lents encore ralentis, des passages accélérés encore plus rapides, une musique plus complexe et extrême à la fois, et du coup moins immédiate. Mais cela n'en rend la musique que plus intéressante à écouter, ne penses-tu pas ?

Est-ce plus compliqué d’étirer de cette manière des morceaux ? A quel moment vous dîtes-vous qu’il faut le stopper ?
Ha, ça, cela reste pour nous un grand mystère... Par exemple, nous étions les premiers surpris de nous apercevoir que la chanson 'Avide De Sens' allait dépasser les 20 minutes sur l'album... mais le temps de développer les idées musicales, de les faire évoluer, et crac, la chanson s'est retrouvée comme ça ! Le plus amusant, c'est que nous composons toujours de la même manière qu'à l'époque de 'Slow Transcending Agony'. Une idée musicale se développe, sur cette base se greffe l'évolution de la chanson, puis il arrive un moment où chacun sent que la chanson est 'terminée'. Sauf que ce coup-ci, les chansons se sont révélées plus longues ! Pourquoi ? Mystère !

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Le chant en français a pris une place plus prépondérante dans ce nouvel album. Une volonté avant de composer ou est-ce venu naturellement ?
L'utilisation accrue du français est tout à fait délibérée. Nous avions découvert au fur et à mesure de la composition de STA que cette spécificité fonctionnait, et nous avons voulu continuer à développer encore plus cet aspect de notre musique.

Quel est votre but avec Ataraxie au niveau musical ? Continuer à développer votre identité au risque de vous répéter ou explorer de nouvelles contrées au risque de choquer…
Difficile de dire aujourd'hui à quoi ressemblera notre musique demain... Mais ce qui est clair, c'est que tous nos opus précédents sont nos 'acquis', notre 'patrimoine' qui servira de point de départ pour composer le prochain album. Maintenant, nos goûts musicaux nous influencent également, et du coup, nous ne nous interdisons rien en terme de composition, donc... qui sait ? Et si notre prochain choque, tant pis, nous faisons la musique qui nous plaît avant tout...

Est-ce difficile de se renouveler dans votre style de musique ?
Je pense qu'il est très facile de tomber dans les clichés du genre et de ne jamais en sortir. Trop souvent encore, on rencontre des groupes qui récitent leur petit 'My Dying Bride' illustré ou encore des groupes de funeral doom tellement stéréotypés qu'ils en deviennent interchangeables. Sans oublier certains donneurs de leçons qui, à l'instar des true black-metalleux, affirment que le Doom ne devrait jamais s'éloigner des tablettes de la loi écrites par Black Sabbath, Pentagram et Saint Vitus. Une fois ces écueils évités, je pense qu'il n'est pas si difficile de se renouveler, le tout étant de garder à l'esprit que le Doom est avant tout une musique Metal, écrasante et sans espoir !

Quels sont les projets à court et long terme pour Ataraxie ?
A court terme, nous allons bien évidemment continuer à promouvoir Anhédonie sur scène ; après une première série de dates françaises, nous allons dès l'automne défendre l'album à l'étranger. Niveau enregistrements, Anhédonie sortira à la fin de l'été en format double vinyle, et d'ici la fin de l'année, un split album hommage à Bethlehem, 'Bethlehem Bastard', que nous partageons avec nos amis d'Imindain, sortira sur notre label commun. A long terme, nous avons en vue un autre split avec Worship cette fois, et nous avons déjà en ligne de mire notre prochain album, que nous aimerions voir débarquer à l'occasion du dixième anniversaire du groupe, à l'horizon 2010...

Fred, tu m’avais évoqué la dernière fois une tournée avec Evoken et Mourning Beloveth…Idée abandonnée ?
Arf, oui, en tous cas cette tournée ne sera pas pour cette fois-ci ! Malheureusement, vu le caractère très underground de notre musique, cela reste très difficile de monter une tournée, et malheureusement, de trop nombreux projets de tournée tombent à l'eau, comme celui-ci. Mais je ne désespère pas, ce genre d'affiche arrivera bien à se monter un jour.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Cher lecteur, déjà merci de m'avoir lu jusqu'ici. Puisque Metal Obs' est principalement distribué à la FNAC, je t'invite à jeter une oreille sur notre musique dans ton rayon Metal préféré, et si jamais ton disquaire n'a pas notre album, de lui réclamer Anhédonie, qui est distribué en France par Holy Records. Et on espère que la musique te plaira, et que tu viendras nous voir en concert, pour apprécier notre musique dans les meilleures conditions. Et en tous cas, merci beaucoup !


 
ATARAXIE – Anhédonie
Weird Truth / Holy Records


Site : www.ataraxie.net

Myspace : www.myspace.com/ataraxie