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Holy Moses, un nom qui résonne comme un vieux truc reggae (y a qu'à voir l'intro de leurs concerts) mais qui en fait, a toujours été synonyme de thrash teuton sauvage, avec à sa tête l'inamovible Sabina Classen, certainement une des nanas les plus sympathiques à qui nous ayons eu affaire en interview (encore une bonne partie de rigolade cette fois) ! Les line up changent mais Sabina, non. C'est donc un groupe au meilleur niveau de sa forme qu'on retrouve cet automne avec un très bon album, Agony Of Death.  Contrairement au titre, voilà un groupe qui ne semble pas prêt de mourir... 

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°23 d'Oct. 2008

 Entretien avec Sabina Classen (chant) - Par Geoffrey & Will Of Death
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Salut Sabina ! C’est un réel plaisir de te reparler à nouveau, car la dernière fois, c’était il y a plus de 6 ans pour Disorder Of The Order et on se souvient ici que c’était une bonne interview...
Et bien, j’espère que celle-là sera aussi bien (rires) !

En juin, nous avons interviewé John Tardy d’Obituary et il nous disait que la tournée avec vous avait été vraiment cool. Quel est ton meilleur souvenir ?
Oh, je dirais que toute la tournée a été excellente, la tournée dans son ensemble est un bon souvenir car tous les gars d’Obituary sont vraiment sympas. On les a revus au Wacken et ils nous ont dit qu’ils allaient loger dans un hôtel de Hambourg en attendant de partir sur un autre festival. Je les ai donc invités à venir se taper un barbecue monstrueux dans mon jardin et on s’est bien marrés ! Oui, on peut parler d’une vraie amitié entre les deux groupes. Du coup, ça a engendré autre chose : il n’était pas question d’avoir d’invités sur le nouvel album mais comme on a en fait enregistré certains trucs durant la tournée, les mecs d’Obituary ont pu écouter notre matériel, spécialement les premiers titres. Et là, Ralph Santolla nous a dit qu’il adorerait poser quelques soli sur l’album. Il nous a donc rejoints pendant un soundcheck pour jouer deux / trois trucs. Là, Schmier, bassiste de Destruction, se pointe un autre jour et nous dit : moi aussi, je veux être sur l’album ! Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé avec un deuxième guest (rires) ! Ça reste de très bons souvenirs car tout ça s’est terminé évidemment autour de quelques bonnes bouteilles de whiskey (rires) !

20 ans d’existence, 12 albums, quel est le secret de votre jeunesse éternelle ? Le whiskey justement ?
Ah ah ah ! Non, j’aime faire la fête mais pas tout le temps. Je n’ai pas envie de finir complètement stupide. En plus, le problème, quand tu picoles trop, c’est que tu dois éponger avec la bouffe et tu te retrouves vite avec 20 kg en trop (rires) ! J’aime faire plein de choses : je bouge beaucoup, je fais du sport, je lis… En fait, je suis toujours en mouvement et quand je ne suis pas en tournée, j’essaie de manger sainement. Voilà comment je m’en sors.

C’est donc ça le secret…
Oui, enfin, si tu regardes Lemmy, tu te demandes si les deux styles de vie ne sont pas valables puisqu’il est toujours vivant (rires) ! La seule chose que je sache, c’est que faire tout le temps la fiesta n’est pas bon pour ma santé. Quant à Lemmy, je pense que s’il arrêtait tout, les clopes et le whiskey, il mourrait vite (rire) !

Parlons du nouvel album. Atomic Steif (drums) et de retour, il y a deux nouveaux membres… A-t-il été facile pour Michael et toi de retrouver un vrai feeling de groupe ?
Faire revenir Steif n’a pas été facile parce que bien qu’il n’ait enregistré qu’un album avec nous en 1991, il bossait en tant que musicien session et gagnait assez bien sa vie comme ça. Il fallait donc recréer un feeling de vrai groupe et ça a pris un peu de temps. Quant à Olli, c’est un peu différent car nous le connaissons depuis longtemps, il était déjà un de nos bons amis. Ce qui est sûr, c’est que ces trois gars sont de vrais thrashers et du coup, nous sommes à nouveau un vrai groupe. Notre but était de parvenir à retrouver un vrai batteur de thrash ; avec Michael et Olli, on s’est posé la question de savoir qui nous pourrions prendre. On a donc réfléchi à nos ex-batteurs et Atomic Steif s’est imposé comme celui qu’il nous fallait. Mais voilà, où était-il passé, qu’est-ce qu’il pouvait bien faire (rires) ? J’ai réussi à trouver son numéro et je l’ai appelé. Il n était pas là, je lui ai donc laissé un message très court du genre « Salut, c’est Sabina et j’aimerais te parler… » car son répondeur s’est coupé. Le jour suivant, Steif m’a rappelé et m’a juste dit « Oui », avant même que je n’ais le temps de lui parler (rire). Je lui ai alors demandé s’il savait pourquoi je l’appelais, et il m’a dit oui. Il m’a raconté que deux nuits auparavant, et je te jure que cette histoire est vraie, il avait rêvé qu’un de ses anciens groupes le rappelait pour lui offrir une nouvelle position de batteur. Les deux seules possibilités étaient Sodom et Holy Moses. Quand il a écouté le message, il savait donc que je l’appelais pour lui proposer le boulot. Steif nous a alors dit qu’il voulait être un membre permanent du groupe et pouvoir participer à l’écriture ; ça tombe bien, c’est exactement ce que nous recherchions. Durant la tournée, beaucoup de fans ont déploré que certains soli ne soient pas joués sur scène ; c’est la raison pour laquelle nous nous sommes décidés à avoir à nouveau un second guitariste. On s’est demandé alors qui on pourrait bien contacter. Olli nous a alors dit qu’il pourrait se charger du boulot et que plutôt que de chercher un second guitariste, il nous fallait un nouveau bassiste. Nous avons donc contacté Thomas, qui est un très bon pote du batteur de l’autre groupe d’Olli (rires). Ça va, tu suis (rire) ? Il est en plus assez balaise en graphisme et en web design, ce qui peut aider. Regarde notre website et tu comprendras. Donc, oui, le groupe est de nouveau sur de bons rails, puisqu’Atomic Steif est de retour depuis 1 an et demi maintenant et les autres se sont bien acclimatés. Le feeling est parfait.

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Du coup, le processus de composition a du être assez naturel, non ?
Oui, c’est d’ailleurs une des choses les plus importantes sur cet album. On a vraiment été relax. On a appelé notre maison de disques (qui d’ailleurs, a été étonnée puisque ce n’était pas arrivé depuis un an ou deux – rires !) pour lui dire qu’on n’allait pas faire 20 titres pour n’en choisir que 10 ou 12 mais qu’on allait composer uniquement ce qui nous plaisait. Peu importe que ce soit parfait ou pas. On composait un titre ensemble et on passait à un autre. Je pense que ce sentiment de vrai groupe transparaît dans l’album.

Penses-tu que c’est un cliché si je te dis que c’est votre meilleur album ?
Non, je ne pense pas ; je pense juste que tu as raison (rires) !

Alors, il y a un bon feeling autour de cet album mais les sujets des titres tournent pas mal autour de la mort. Pourquoi ?
C’est un des côtés tordus de mon esprit (rires) parce que je pense que toute la vie, à partir du moment où tu nais, n’est qu’une longue agonie vers la mort (Agony Of Death – ndlr). La pochette de l’album est aussi importante. Ce que tu vois sous le boîtier n’est qu’une petite partie d’un dessin beaucoup plus grand où tu peux voir plusieurs éléments de toute la carrière de Holy Moses, enfin disons, des choses qui me sont passées par la tête. Je dirais que c’est comme une thérapie (rire). Le truc en fait, c’est que quand tu arrives à parler de choses très sombres qui te passent par le crâne, ta vie n’en devient que plus joyeuse car tu évites la dépression. C’était donc important pour moi de parvenir à exprimer tout ça sur l’album pour retrouver le sourire. 

Ok, mais parfois, il vaut mieux ne même pas y penser…
Oui mais si tu gardes tout ça pour toi, il peut y avoir des conséquences sur ton corps, comme des maux de crâne, des problèmes d’estomac ou pire, sur ma voix. Ce qui est bien, c’est que sur scène, je peux hurler ma haine. Par contre, chez moi, je suis une personne très calme. La musique m’aide donc à pouvoir parler de mes problèmes d’une manière plus positive puisque ça se transforme en morceaux ; du coup, ça devient presque vital. Cet album est agressif, puissant mais émotionnel du coup, en même temps.

Tu parles beaucoup de la mort sur cet album. Tu en as peur ?
Non. Enfin…oui et non. En fait, je ne veux pas mourir maintenant parce que je sais que je sors un bon album et que je voudrais pouvoir profiter un peu de son succès (rires) ! Mais sinon, je n’ai pas peur de la mort parce que ce n’est pas quelque chose que j’attends. En plus, quand je me couche le soir, parfois je me dis que je peux avoir le sourire car j’aurais pu faire dans ma vie ce que j’aimais le plus, à savoir de la musique. Je suis satisfaite des choses que j’ai réalisées. C’est ça que je veux pouvoir me dire quand je clamserai… Ceci dit, j’aimerais pouvoir renaître. Qui sait, je suis une femme maintenant mais j’étais peut-être une chatte auparavant (rires). Je dis ça parce que j’aimerais bien être réincarnée en mon chat, qui vit ici une très belle vie dans ma maison (rires) !

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Tu crois dans une forme de religion pour penser comme ça ?
Je ne sais pas. Je pense que parfois, les religions sont très dangereuses car elles ne permettent plus de garder le contrôle sur sa vie. Par exemple, j’ai pas mal de bouddhas chez moi mais je ne suis pas bouddhiste ; j’aime plutôt le silence qu’ils m’inspirent quand je les regarde (rire). J’ai l’impression qu’ils me disent : « Oh, Sabina, pose-toi et essaie d’être silencieuse cinq minutes » (rire) !

Je ne suis pas religieux mais je comprends pourquoi les gens croient en quelque chose : c’est pour avoir une belle mort.
Oui, tu as raison mais le problème est tous ces gens qui ont oublié leur propre vie pour ne croire qu’en leur dieu et essayer de l’imposer aux autres. Ceci dit, dans les pays où ça va vraiment mal économiquement, il n’est pas étonnant que les gens soient très croyants puisque ça peut les aider à supporter leur misère.

Revenons à l’album, et spécialement à tes vocaux. Tu as mis 6 mois à les enregistrer ?!
Oui, mais ce n’était pas tous les jours (rires) ! En fait, en accumulant les heures, j’ai du faire ça en 1 semaine comme d’habitude. Mais je suis incapable de chanter quand je suis dans un moment « sanglant », tu vois ce que je veux dire ? Chaque fille a ce moment tous les mois (rires) ! Si je ne suis pas en forme, je ne peux rien faire de bon. Et je ne me vois pas me répandre partout dans le studio non plus en hurlant mes vocaux (rires) ! Pour chanter comme je le fais, tu dois être dans un état d’esprit un peu spécial et si dès le matin, tu ne le sens pas quand tu es en studio, nul doute que le soir, ça n’ira pas beaucoup mieux. J’ai donc enregistré mes vocaux de manière relax, quand je le sentais, très libre car je n’avais pas de délais particuliers à respecter. J’ai travaillé par étapes, quand je le sentais bien, n’hésitant pas à m’accorder de longues pauses ; c’est pour ça que ça a pris 6 mois, puisque Michael a produit l’album et que nous n’étions pas obligés de tout boucler en 3 semaines comme si nous avions loué un studio. Pour la première fois peut-être, j’ai vraiment pris plaisir à venir en studio.

Tu penses que tu vas continuer à travailler comme ça dans le futur ?
Oui, je le pense, bien que nous ne pouvons savoir à l’avance comment nous serons dans un an ou deux, quand nous devrons bosser sur un nouvel album. Pour le moment, je dirais que c’était une super idée. Nous avons beaucoup appris du passé : nous savons quelle dose de stress peut naître quand tu es à la bourre en studio. Parfois, je n’avais plus de voix et on me forçait quand même à chanter parce qu’il fallait absolument finir. Je peux te dire que j’ai chialé plus d’une fois ! Cette fois, tout s’est déroulé à merveille… Pourquoi revenir à l’ancienne formule ?

Comme on le disait au début, vous êtes là depuis presque 20 ans. Or, nous sommes en ce moment en pleine période d’un revival du thrash, avec plein de jeunes groupes qui reprennent le style. Comment vois-tu ces jeunes gens ?
Je dirais que c’est un bon feeling pour nous car nous pouvons voir que le thrash compte dans la scène Metal. Il faut bien voir que le thrash n’a pas été créé pour devenir une mode. Il a été créé en Allemagne et aux USA à peu près au même moment. Nous ne savions même pas que nous jouions du thrash metal à l’époque (rires) ! Pour nous, ce n’était que l’évolution du rock n’ roll vers un nouveau style de musique. Maintenant, si ces jeunes groupes ne se contentent pas de copier ce que nous avons déjà fait et qu’ils parviennent à faire évoluer encore cette musique, c’est parfait.

En parlant de vieux groupe, votre album sort le même mois que celui de Metallica !
J’espère que le Metallica sera aussi bon que le nôtre (rires) ! On verra bien, avec Metallica, on est toujours surpris (rires) !

Après toutes ces années, tu as des attentes particulières pour ce nouvel album ?
Bien sûr ! J’espère que les gens qui vont écouter l’album ressentiront le feeling qui nous a habités. On dirait, en faisant toutes ces interviews, que les gens semblent apprécier l’album et je serais vraiment heureuse si mes attentes pouvaient devenir réalité. Nous espérons pouvoir tourner à nouveau beaucoup. Là, nous allons partir en tournée avec Benediction pour l’Europe et nous serons normalement aux USA et en Amérique du Sud au début de l’année prochaine. Je veux que les gens soient contents de cet album et qu’ils apprécient le travail du groupe, qui s’est étalé sur plus d’un an, un travail que nous avons fait avec cœur.

Voilà, je pense qu’on a fait le tour… Merci beaucoup pour ton temps.
Merci beaucoup, ce fut une très intéressante interview. On verra si ce sera la même chose dans 6 ans (rires) !

 


HOLY MOSES – Agony Of Death
Wacken Records


Site : www.holymoses.net

Myspace : www.myspace.com/holymosesgermany