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Ceux qui n’ont pas encore succombé à Phazm, groupe formé par l’ex- chanteur de Scarve, Pierrick Valence (en outre, guitariste chez Agressor maintenant), doivent vraiment le faire exprès ! Il ne semble pas possible que vous ayez pu résister au groove infaillible du death n’ roll du groupe, tant les deux premiers albums nous avaient scotchés. Et que dire du nouvel opus, Cornerstone Of The Macabre, qui réussit ni plus ni moins l’exploit de remplacer dans nos cœurs Entombed ? Il nous fallait donc nous entretenir avec Pierrick, qui a toujours beaucoup de choses intéressantes à dire, sans langue de bois. The true Phazm, quoi…

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°23 d'Oct. 2008

 Interview de Pierhyck (guitares, vocals) – Par Will Of Death
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Que s’est-il passé pour Phazm depuis la sortie de Antebellum ? Le parcours du groupe a-t-il été conforme à tes espérances (ventes, tournées). Comment penses-tu que le groupe soit perçu maintenant ?
Pierrick: On est parti en tournée européenne avec DECAPITATED et HATE, on a fait plein de dates un peu partout en France. L'album s'est pas mal vendu compte tenu de la situation du disque... Mais pour te parler franchement, notre succès d'estime est largement supérieur à ce qu'on pèse en terme de ventes. J'ai une boîte mail surchargée de messages de fans, j'essaye de répondre à tous, et je doute que tous aient acheté l'album. Ils se suffisent de mp3 et de Myspace. Mes attentes sont en adéquation avec tout ça. Je compose, j'enregistre, je joue en concert, et puis ça me va. On a une bonne base de fans hardcore, je pense à 200/300 personnes, surtout en France et en Angleterre. PHAZM est perçu comme un groupe à part, qu'on ne compare pas, un peu hors-jeu, qui fait une musique originale mais pas commerciale. Ca me va, Je n'ai pas les attente d'un groupe de metalcore. Les sponsors de fringues et de maquillage, je les laisse aux autres !

Comment se sont passées les tournées, notamment celle avec Impaled Nazarene et Decapitated ? Comment avez-vous été reçus à l’étranger ?
L'accueil à l'étranger est royal. Les metalheads captent notre truc, ils nous disent même avoir attendu un groupe comme nous depuis longtemps ! On nous a souvent fait des compliments hallucinants, ça donne de la force et du courage pour continuer. Je pense sincèrement que PHAZM est un bon groupe live. On a un guitariste de session maintenant pour la scène, il est excellent. Notre nouveau batteur, Gorgor, amène aussi un groove nouveau.

Alors que vous ne sortiez de nulle part avec le premier album, vous aviez été bien accueillis. Le deuxième album était un peu moins black-metal dans l’âme. Avec le recul, comment vois-tu Antebellum ?
Comme l'album qui a posé et imposé notre style. Ce disque est un starter, une référence. Je veux dire qu'on s'en servira toujours un tant soit peu pour nous auto-influencer dans le futur, même si chaque album sera très différent, preuve en est avec ce nouveau disque 'Cornerstone of the Macabre'. Le death 'n roll a souvent été un gimmick plus qu'un style réel ; nous, on en fait notre marque de fabrique. Avec sérieux.

Parlons du nouvel album. Quand avez-vous commencé la composition et quelle était l’idée de départ cette fois-ci ?
J'ai commencé la composition à la fin de la tournée avec DECAPITATED. L'idée était d'exprimer toute notre désolation de tristesse et de haine. On a tous eu pas mal d'expériences malheureuses et tragiques dans nos vies, et ça fait du bien d'exorciser tout ça en musique, surtout quand ça vient naturellement. Et que ça donne des titres bien puissants.

Lors de notre dernière interview fin 2006, tu étais satisfait de Cédric à la batterie. Or, là, il y a encore eu un changement de batteur, avec l’arrivée de Gorgor derrière les fûts. Quelles sont les raisons de ce changement et pourquoi Gorgor ? Comment ça se passe avec lui ?
Gorgor et moi vivons ensemble depuis qu'il a intégré le groupe. On s'est bâti un véritable studio d'enregistrement pro. On est dans la même énergie, la même philosophie. Il joue super en arrière, c'est ce que j'aime. Il a une façon de construire ses parties qui colle à 200% au style de PHAZM. Il compose aussi à la guitare et est très créatif. Il vient juste de terminer la M.A.I de Nancy, avec brio. Cédric a eu des problèmes et n'avait pas la même niaque. J'aime être entouré de gens passionnés et créatifs.

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Au niveau du style, le black-metal semble assez loin, sauf peut-être sur « The End ». C’est un style qui ne t’amuse plus ?
Je ne pense pas à ça quand j'écris ! Le black metal... Je cherche à composer des chansons macabres, sinistres, qui sonnent graves et gutturales. PHAZM est un groupe de Metal sombre, lourd et massif. On peut jouer vite, lent, mais la question n'est pas là. On fait ce qu'on a à faire, et peut-être trouveras-tu le prochain album plus black, on verra. Ce n'est pas important pour nous. J'aime le black metal.

Il y avait de bonnes parties d’harmonica sur l’album précédent. Là, c’est presque absent. D’ailleurs, je crois bien avoir dit une connerie dans ma chronique… Après ré-écoute, on en entend dans le titre « Welcome To My Funeral », non ?
Héhéhé, j'ai cru lire ça, oui ! Il y en a, mais c'est si subtil et cosmique que peu de gens reconnaissent l'instrument. C'est l'effet voulu et tu es tombé dedans !

Pour moi, les parties de solo de cet album sont excellentes, car bien groovy. C’est un aspect de ton jeu que tu as beaucoup travaillé ou ça s’est fait au feeling ?
Je travaille comme ça, je ne suis pas un technicien, je joue vite mais ce n'est pas comparable à des mecs comme Manu Livertout ou tout ce genre de virtuoses. Je joue plus bluesy et au feeling, sans chercher la démonstration. Je bosse des plans de Slash ou Zakk Wylde que je m'approprie. Et je compose beaucoup de choses aussi, j'ai mes petits secrets. Des trucs pas difficiles à faire mais qui font genre mec qui joue bien.

D’un point de vue vocal, tu as aussi accentué ce que tu avais commencé à faire sur Antebellum, avec « So White, So Blue, So Cold », à savoir utiliser cette voix râpeuse presque murmurée. C’était pour donner un côté encore plus macabre aux titres ?
Oui, j'adore ça. Cette technique de chant tibétaine m'a été apprise par le chanteur de NILE, John Vesano, lorsque j'étais en tournée avec eux. Je l'ai développée et dès que ça me semble opportun, je m'y colle. C'est une voix très grave, avec pleins de vibrations, ça renforce l'ambiance morbide de nos chansons.

Comme on n’aura pas la place pour faire pour faire un track by track, je vais te demander un exercice difficile, à savoir choisir 3 titres qui représentent bien cet album et de les décrire, histoire que les gens sachent un peu à quoi s’attendre… C’est à toi !
- The Worm On The Hook.
Ce titre est très spécial. J'utilise ma voix tibétaine presque tout du long. Ce morceau a une vibe « morbidangelienne », c'est lourd et massif. Il y a un solo dont je suis très fier, avec une harmonique tirée sur plusieurs mesures qui monte très haut dans les aigus pour redescendre sur une partie grasse et pâteuse. Les paroles sont très sadiques, dignes d'un tyran confortablement repu de la cruauté qu'il inflige à ses esclaves.
- Welcome to My Funeral.
Gorgor a écrit la première moitié du morceau après avoir perdu un ami. Il voulait lui écrire une marche funèbre. L'ambiance est renfermée, on se croirait claustrophobe, enfermé dans un cercueil. La seconde partie s'ouvre sur une éternité cosmique, avec l'harmonica qui symbolise le départ de l'esprit vers le monde des morts. Musicalement, on est dans le corps du défunt, dans le cercueil pendant l'enterrement, on s'envole avec lui pour un dernier au revoir. C'est un esprit qui chante. Ecoutez bien, j'ai mis des chœurs harmonisés, ils sont mixés très faibles, mais si on les entend une fois, on n'entend plus que ça après !
- Mucho Mojo !
Ce morceau est sur notre page Myspace. Il commence par du bottleneck, les couplets sont un véritable mix entre du Johnny Cash et du Tarantino, j'utilise ma voix la plus grave pour raconter la Fin du Monde. J'utilise une technique country mêlant jeu au médiator et doigt, en même temps. Le refrain est bien death 'n roll. Une musique parfaite pour rouler dans le désert avec un cadavre dans le coffre. Le solo de la fin est cool aussi. Je sweepe et ça fait mec qui sait jouer (rires) !

D’habitude, je n’aime pas trop parler des lyrics car les gens doivent faire l’effort de les découvrir. Mais comme j’adore tes paroles, je voudrais qu’on insiste un peu là-dessus. Le premier album tournait autour d’un concept précis, Antebellum était plus macabre, plus dans l’humour noir. A quoi pouvons-nous nous attendre cette fois-ci ?
Les paroles sont beaucoup plus sérieuses. Je me suis mis à nu, mes sentiments les plus sombres sont exposés simplement. Il y a un texte, « The End », qui s'adresse à la personne que je déteste le plus, et qui m'a donné envie de mourir. J'ai mes démons, je me bats avec mes cauchemars et écrire pour PHAZM est très salvateur. D'où le titre de l'album.

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J’ai pris aussi un bon panard en écoutant votre reprise de Damage Inc. de Metallica. Ca suinte bien avec votre son. Pourquoi ce titre d’abord et pourquoi l’avoir inclus dans l’album ?
J'ai voulu reprendre ce morceau surtout à cause de son texte, qui colle parfaitement au concept du disque. C'est le premier morceau de metal rapide digne de ce nom que je n'ai jamais écouté. A l'époque, je ne comprenais pas comment on pouvait jouer si vite. J'avais des choses à dire dessus, j'ai harmonisé pas mal de riffs et Gorgor a repensé les breaks. Le solo aussi a été modifié sur sa première partie. On s'est bien éclaté.

Pourquoi êtes-vous allés chez Francis Caste pour cet album ? Quels changements voulais-tu apporter au son ?
On l'a choisi parce qu'on a écouté l'album de HANGMAN'S CHAIR, qui est un chef-d’œuvre. L'ambiance était très bonne, mais enregistrer à Paris, c'est dur pour des petits hobbits de Lorraine comme nous. On avait l'impression de vivre dans le Mordor. On s'en est sorti, mais c'était plein de trolls et d'orques à tous les coins de rue. Francis est génial. Il a la toute puissance comique et le don d'optimiser chaque chose. On voulait un son plus dense, plus massif, plus vrai. Le résultat est là. Rien n'est triggé, pas d'overdubs, tout est fait façon vintage. On déteste les prod' modernes.

Bon, je sais que ça va te faire chier de parler de ça mais tant pis. Scarve continue tant bien que mal sa route et apparemment, ça sera sans toi. Au travers de différentes interviews, en lisant un peu entre les lignes, il m’a semblé que les autres t’accusaient de tous les maux, qu’en gros, si Scarve est parti en couilles, c’était de ta faute. On aimerait bien quand même avoir ton point de vue là-dessus, si tu veux bien… Scarve et toi, c’est bel et bien fini ?
T'as lu entre les lignes et tu as compris ce que tu as voulu comprendre. SCARVE... J'ai quitté ce groupe car je ne supporte pas de vivre dans le mensonge. J'ai détesté être tributaire de Mr Verbeuren. Il a eu une super opportunité avec SOILWORK, mais il a géré ça comme le pire des baltringues. Guillaume s'est aussi barré avec MNEMIC. Je suis le dernier à être parti. Je vois pas en quoi ce serait donc de ma faute si SCARVE est mort en ce moment. Je regrette cette période, si tu savais. Lis bien mes textes, tu t'en rendras compte. Moi et SCARVE, c'est des fois un bon souvenir, souvent un cauchemar qui me réveille la nuit.

Et Agressor ? Comment t’es-tu retrouvé à jouer avec Alex sur la dernière tournée (je vous ai vus à Carvin, dans le 62, c’était bien cool d’ailleurs !) ?
Alexor, je le connais depuis plus de 15 ans ! On s'est rencontré à Trondheim, en Norvège, quand il enregistrait avec les BLOODTHORN. Depuis, on s'est pas quitté de vue, il m'a donné des cours à la M.A.I il y a 8 ans et on est resté super potes. Il a tout de suite pensé à moi quand il a eu besoin d'un gratteux, et c'est un honneur que de jouer avec lui.

L’aventure continue avec Agressor ou pas ? Si oui, vous en êtes où ?
Oui, ça stagne en ce moment, mais le groupe est toujours supposé composer et jouer sur scène !

Un truc à rajouter qui te semble important pour le nouvel album, qu’on n’aurait pas dit, et pour les fans ?
Si l'Antéchrist tant attendu depuis deux millénaires vous indiffère, que vous vivez dans un monde immortel, si vous ne souffrez d'aucune curiosité métaphysique, vous n'aurez pas peur d'Internet. La fin du monde humain arrive, et cela à cause d'Internet. Une nouvelle génération d'abrutis, de voleurs, de voyeurs, de détraqués sexuels, d'exhibitionnistes sont alimentés et surtout développés par Internet. Tout près de vous se cachent les victimes de la folie virtuellement transmissible. Les enfants grandissent dans un monde blasé, où l'espoir d'une quintessence mondiale est mort et pire encore, ringard. Il n'y a pas d'autre chose à dire, sinon d'essayer de faire avec et de rentrer idiotement dans le rang. Rien à contester, ça ne sert à rien, juste bon à râler dans son coin... et puis surfer sur le net pour oublier qu'on se fait chier. Dès l'âge de 12/13 ans, le net vous apprend à vous raser la chatte, à faire des photos de vous avec des moues de pétasse de boîte, à comprendre qu'il faut être gouine pour exciter les mecs, voire même d'aimer se faire tartiner de foutre par 57 inconnus. Le journal intime devient public, l'intimité psychologique n'existe plus, on la méprise au profit de la reconnaissance, si futile soit elle qu'elle ne peut reposer que sur une existence de moins en moins banale que celle d'une époque sans Internet. Du fait de vouloir gagner de l'intérêt, de multiplier les visites, on suce un chien, on se chie dans la bouche, on baise la mère de sa copine, on baise le père de sa copine, on tue, on se suicide, on devient une star du net. Le concept de convoiter des biens matériels disparaît, on oublie que posséder, c'est toucher, on achète du virtuel. On bâtit dans un espace irréel, on se parle de si loin que la rencontre réelle semble impossible. Les liens d'amitié ne se tissent plus que sur la toile du net. Le virtuel gagne sur la matière, notre monde commence à s'évaporer, à disparaître petit à petit. Les livres, les disques, les tableaux, les sculptures ne s'estiment plus, on les considère d'une évidente gratuité et disponibles sur l'instant. On vole des artistes en se suffisant d'une ébauche, survolant sans peur les vibrations d'une création. A leurs insu. Bientôt, quand les artistes seront morts, mourront les vendeurs de leur art, et ce sera le début d'une épidémie fatale pour l'humanité. Une société sans saltimbanques, sans ménestrels, sans comédiens, sans poètes est une société morte. Lorsque la folie l'emporte sur la réalité, voilà le combat que mène Internet subtilement sous nos yeux. Internet est LA gangrène qui mènera à sa perte le monde humain. Déconnectez-vous et détruisez votre ordinateur. Il fait beau dehors.

 

PHAZM – Cornerstone Of The Macabre
Osmose Productions


Myspace : http://www.myspace.com/thetruephazm