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C’est un peu l’histoire de neuf revenants, d’un groupe qui aura tout connu avec trois albums, et qui, au fil des années, aura montré et fait savoir, un certain ras-le-bol. De cette envie de changement sont nées les spéculations les plus folles, comme le split. Mais il n’en fut rien. L’un des groupes les plus populaires de l’ère moderne du Metal revient pour ce qui pourrait être son ultime assaut, du moins celui qui redonne un peu d’espoir.

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°22 de Sept. 2008

 Entretien avec Corey Taylor - Par Marcel Anders / Fastimage - Traduction et introduction par Geoffrey - Photo D.R
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As-tu le temps de t’entraîner en ce moment ?
Mon entraîneur est un vrai tyran. Il aime m’imposer des séances qui arrivent à sortir le meilleur de moi. Donc oui, je m’entraîne…

… juste pour être en forme pour la tournée à venir ?
Non, j’ai recommencé il y a environ trois mois. C’était un peu pour la tournée à venir, mais surtout pour moi en fait. Parce que tu sais, j’ai perdu beaucoup de poids, et puis je suis rentré à la maison, et je n’étais vraiment pas en forme. Je me suis dit qu’il était temps de faire quelque chose. Tu sais, quand tu es sur la route, c’est assez facile de rester en forme, parce que si tu le fais bien, à moins que tu ne sois qu’un putain de groupe comme Oasis qui ne bouge pas, tu dépenses beaucoup d’énergie chaque soir. Donc j’arrivais à rester en forme comme ça. Puis, je suis revenu à la maison, et je suis redevenu très intime avec mon canapé, très. Tout le temps (en imitant un ronflement) dessus. Et puis, je me suis dit qu’il était temps de reprendre le dessus.

J’en ai déjà discuté avec Joey, puis avec Jim. Qu’en est-il des masques ?
Quoi les masques ?

Certains dissent qu’ils sont finis, d’autres qu’ils s’en moquent, ou qu’ils mettront les mêmes que la dernière fois. Qu’en est-il ?
Moi, en tout cas, j’ai re-designé le mien. Pour qu’il soit encore plus dément, et qu’il soit exactement comme je l’ai toujours voulu ; qu’il rende les gens mal à l’aise quand ils le regardent. Non pas que les précédents n’y arrivaient pas, mais je voulais pousser le truc au maximum. Bon, comme j’ai arrêté de parler pour le groupe depuis longtemps car ce n’est qu’une bande de retardés, je ne te donnerai que ma version. Mon masque suit une évolution comme moi je suis une évolution. Beaucoup de choses ont changé dans ma vie, donc beaucoup de choses par rapport à mon masque et ma place dans ce groupe ont changé. Là, on est dans une phase où l’on est en train de les finaliser, de les rendre résistants pour la tournée.

Tu n’as jamais eu peur qu’il y ait trop d’emphase autour des masques, et que cela passe avant la musique pour certaines personnes ?
Non.

Pourtant, en en discutant avec les autres membres, j’ai vraiment eu l’impression qu’ils en avaient marre de tout cela.
Ils étaient sûrement dans une mauvaise phase (rire). Comme je l’ai dit, ce n’est qu’une bande de retardés. Mais les masques ont toujours été un des éléments, mais ils n’ont jamais pris le dessus sur le reste. Ils ont toujours fait partie de ce que nous faisons, mais la musique a toujours primé. Peu importe ce que tu peux lire sur le net ou ce que les fans peuvent dire. Peu importe ce qui amène les gens vers nous, le mythe des masques ne dure qu’un temps, mais la musique… Si la musique ne suit pas, les gens s’en vont. Tu vois où je veux en venir ? C’est notre musique qui nous a permis de garder nos fans depuis dix ans maintenant, et j’en suis très fier. Donc les masques seront toujours là comme un plus, pour nous aider à atteindre notre but.

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Parlons un peu de ce nouveau disque…
Il s’appelle All Hope Is Gone, qui est aussi le nom d’un des morceaux. Au départ, nous voulions faire un concept album, mais nous avons échoué lamentablement, parce que l’album n’a pas évolué dans ce sens. Et pourtant, tout fonctionne très bien sur ce disque. Je pense que c’est notre travail le plus fort depuis longtemps. Si “Vol. 3” était ce que j’appelle un album heureux, All Hope Is Gone est une sorte de retour à la noirceur de “Iowa”, avec les passages les plus sombres du premier album et les mélodies de “Vol. 3”. Cet album me branche vraiment, je l’aime beaucoup. 

Parce qu’il est plus varié, et pas seulement plus mature ?
Exactement. On a écrit les morceaux sans se poser de questions, en poussant les choses jusqu’au bout. C’est peut-être pour ça aussi que j’ai repris mon ancienne façon de chanter, comme sur les passages les plus durs, mais en même temps, je ne me suis pas retenu de chanter en voix claire sous prétexte que c’était pour Slipknot. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que c’était bien là le problème. Comme si je voulais chanter des choses et que les autres membres me disaient : «  Hey, chante ça d’une façon plus dure… Sérieusement, on ne peut pas laisser des passages comme ça dans notre musique ». Et je suis à un point de ma vie où je suis plutôt du genre à leur dire : « je vous emmerde, je ne ferai que ce que j’ai envie de faire ». Et heureusement, ils l’ont bien compris. Et même si ça n’avait pas été le cas, je l’aurais quand même fait, et je me serais même battu pour ça. Mais tout ce que j’ai pu faire vocalement sur ce disque a été entièrement soutenu par tout le groupe.

Ce qui implique donc plus de mélodie, et des structures de morceaux plus classiques aussi ?
Oui, complètement. Et c’est aussi l’album des premières fois pour moi. C’est la première fois que j’ai apporté un morceau en entier, « Snuff », que j’ai composé seul.  C’est la première fois que j’ai structuré tout seul toutes les parties vocales de l’album à l’exception de certaines partie de « Vendetta », au niveau des chœurs. L’idée est venue de Joey, j’ai tout de suite compris ce qu’il voulait et je l’ai créée en partant de là. C’est aussi la première fois que j’ai géré complètement mes prises de chant. Avant, c’était un peu laissé aux envies du producteur. Dés le départ, c’est ce que je voulais, et nous avons travaillé différemment avec Fortman. Pour une fois, il n’y avait aucune pression, comme cela a pu être le cas dans le passé. J’ai presque pu enregistrer une chanson par jour et ça, j’en suis très fier. Arriver au studio, tout déchirer et finir rapidement mes prises.

Ok, et les paroles ?
Oui ?

Il semble que tu laisses quelque peu les thèmes plus personnels pour tourner l’ensemble vers un point de vue plus global. Une description de l’Amérique telle qu’elle est aujourd’hui.
Complètement…

Et pourquoi ? Parce que vous êtes tous trentenaires, et qu’il était temps de trouver d’autres sujets pour les chansons ?
Ce dont je me suis rendu compte craint un peu en fait (rire). J’ai réalisé que j’avais 34 ans, mais que j’étais toujours aussi énervé. Ce qui craint, c’est que tu te dis que ce genre de colère passe avec l’âge, mais je suis toujours très très irrité par les choses. Mais la bonne chose, c’est que j’ai commencé à changer progressivement depuis « Vol. 3 » en ne me focalisant plus autant sur moi-même pour me tourner plus vers le monde. Et en vieillissant, ce n’est pas que j’ai plus d’opinions, mais je deviens un peu plus optimiste. Disons qu’avec les années, je m’énerve pour que les gens réalisent les choses qui les entourent. J’ai beaucoup d’espoir dans l’être humain en tant qu’individu, mais pas en tant que groupe (rire). Parce que tu peux parler à un individu, alors qu’un groupe de personnes est beaucoup plus facile à faire paniquer, à tromper, et reste très facile à désinformer et à orienter dans de mauvaises directions. Je crois donc très fort en l’individualité, en sa liberté, son intelligence, en opposition à l’ignorance. Même si plus je vieillis, moins je m’aperçois que tout cela est possible. Et c’est là que la rage monte, pour faire bouger les mentalités.

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Comme un cri d’alarme jeté à la face des gens ?
C’est un cri d’alarme qu’il est impératif de pousser. Moi, j’ai grandi dans les années 80, où les libertés politiques et d’opinion existaient vraiment. Regarde toutes les chansons politiques sorties au début, au milieu et à la fin des années 80. Maintenant, ça n’existe presque plus. Les gens ne s’intéressent plus qu’à ce qui les touche directement, ne se soucient plus de l’autre et ne voient pas plus loin que leur horizon. J’essaye juste de maintenir cette tradition où la musique réveillait les masses.

Oui, et dans les années 90, le rock alternatif est arrivé, et tout cela a disparu. Mais avec les élections américaines qui arrivent, la musique semble reprendre un peu plus sa place…
Oui. Je ne peux que l’espérer. Mais en même temps, c’est dans un sens bien précis, comme si tu forçais les gens à ouvrir les yeux sur la situation actuelle et les forcer à prendre la bonne décision. Mais bon, le choix pour les Américains reste très limité. Je me fous complètement de ce qui va se passer. Dennis Miller a comparé une fois la différence entre les démocrates et les républicains en disant que c’était la même chose que de comparer la bouffe qu’on te sert dans les avions et celle qu’on te sert à l’hôpital. Il n’y a pas de réel programme, de candidat qui te donne de vrais sentiments d’espoir. Cela rejoint ce que je disais plus tôt. Nous n’allons pas avoir de renaissance de l’esprit humain sans un gros changement. On vient de passer 8 ans sous le joug de conneries radicales, fondamentalistes, de conneries chrétiennes et il est temps que cela change. Mais je ne sais pas si cela va arriver…

Te demandes-tu des fois pendant encore combien de temps tu vas pouvoir garder cette colère, la faire ressortir sur scène, continuer à porter un masque… Et surtout, que peut encore apporter de plus Slipknot ?
C’est bien que tu en parles. Je serai toujours énervé, en colère. Je me dresserai toujours contre les choses qui me paraissent stupides. Mais je serai toujours aussi très content des choses qui se passent dans ma vie.

Ça ne doit pas être toujours facile de créer toute cette intensité et cette énergie sur scène tous les soirs…
Je ne sais pas pour les autres, mais je suis prêt à repartir en tournée. Je me suis préparé parce que je veux être indestructible. Pour la première fois dans ma carrière, je veux monter sur scène et tout détruire. Etre le plus énergique possible, comme je ne l’ai encore jamais été. Etre le plus agressif comme je ne l’ai jamais été. Et amener le public à un niveau où je ne l’ai jamais emmené par le passé. Même si je l’étais sur les précédentes tournées, je veux vraiment atteindre un autre niveau. Pour l’instant je ne sais pas trop ce que cela va donner avant d’y être, mais j’ai vraiment hâte. Si tu ne t’imposes pas de challenges, tu n’avances pas. Si tu ne t’imposes pas de challenge continuellement, tu ne grandis pas. J’ai vu beaucoup de groupes atteindre un haut niveau et ensuite se contenter de le maintenir. Je n’ai jamais été comme ça, je ne le serai jamais.

Ça ne doit pas être toujours facile de créer toute cette intensité et cette énergie sur scène tous les soirs…
Je ne sais pas pour les autres, mais je suis prêt à repartir en tournée. Je me suis préparé parce que je veux être indestructible. Pour la première fois dans ma carrière, je veux monter sur scène et tout détruire. Etre le plus énergique possible, comme je ne l’ai encore jamais été. Etre le plus agressif comme je ne l’ai jamais été. Et amener le public à un niveau où je ne l’ai jamais emmené par le passé. Même si je l’étais sur les précédentes tournées, je veux vraiment atteindre un autre niveau. Pour l’instant je ne sais pas trop ce que cela va donner avant d’y être, mais j’ai vraiment hâte. Si tu ne t’imposes pas de challenges, tu n’avances pas. Si tu ne t’imposes pas de challenge continuellement, tu ne grandis pas. J’ai vu beaucoup de groupes atteindre un haut niveau et ensuite se contenter de le maintenir. Je n’ai jamais été comme ça, je ne le serai jamais.

 
SLIPKNOT - All Hope Is Gone
Roadrunner Records


Myspace : http://www.myspace.com/slipknot1