Tangaroa


Les Anglais de Tangaroa avait annoncé la couleur avec un premier EP intitulé Day (sorti en 2006 chez Anticulture), qui faisait preuve d’une extrême maîtrise technique sur fond de death barré et original. Ils reviennent en cet automne avec leur premier album, One Hand For The Knife, One Hand For The Throat, qui confirme leur talent et risque de ne laisser personne indifférent. Petit entretien décontracté avec l’une des deux têtes pensantes du groupe…  


 Interview de Matt « Baldi » (guitare) – Par Gaet’
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Parlons vite fait de votre EP précédent, « Day ». Les retombées ont été plutôt bonnes, non ?
Ouais, carrément. Nous avons eu de bonnes critiques et un réel support de la part des médias, des radios et des webzines. « Day » a été sans aucun doute le tout premier disque dont nous étions tous vraiment fiers, et je pense que ça s’est reflété au travers de l’accueil et des réactions de nos fans et des médias. 

Il y a dix ans, lorsque vous avez commencé le groupe, vous vous imaginiez un jour atteindre le niveau où vous êtes actuellement ? Le fait d’être signé chez Anticulture, ça a été un pas en avant dans la carrière de Tangaroa quand même ?
Signer chez Anticulture a certainement été un énorme pas en avant pour nous mais je ne pense pas que nous avions un but spécifique en terme du nombre d’albums à vendre, etc... La principale chose pour nous est d'aimer ce que nous faisons, indépendamment de savoir si les gens apprécient ou détestent notre musique. Nous cherchons à rester intéressés et inspirés plus qu'autre chose. Je pense que musicalement, nous avons réalisé bien plus que ce que nous pouvions imaginer il y a dix ans et ça, c’est ce qu’il y a de plus important.

Parlons du nouvel album.  Comment se sont déroulés la composition et l’enregistrement de celui-ci ?
Après la sortie de « Day », nous avons aussitôt commencé à écrire de nouveaux morceaux. Le processus d'écriture commence généralement par Gaz et moi. On écrit les parties de guitare, on confronte nos idées, on partage ensemble des idées techniques et théoriques, et puis de ça, les morceaux commencent à se développer. Pendant que nous écrivions et enregistrions l’album, Si, Bishop (ndlr: respectivement batteur et chanteur) et moi vivions dans le même appartement. C’était donc beaucoup plus facile pour travailler ensemble. Nous testions et écrivions presque chaque nuit. Ca a demandé beaucoup de boulot ; ça m’a pris environ un mois pour réunir toutes ces horribles pistes compliquées enregistrées au click. Une fois les sessions d’écriture terminées, nous avons réservé le studio avec notre ami/producteur Rob (ndlr: guitariste de Execution Distraction Tasks, groupe de Leeds). Nous avons partiellement converti la maison de Rob en un studio d’enregistrement avec une pièce pour les prises et une autre pour le mixage. Nous avions tous un créneau par semaine pour enregistrer nos parties mais comme ça arrive souvent, nous avons dépassé le délai prévu et c’est là que les contretemps infinis ont commencé. A l’origine, nous avions prévu une sortie pour septembre 2007. Nous avons envoyé le mix final à Dan et Justin de SikTh pour être masterisé fin 2007. Ca leur a pris quelques mois pour finaliser l’album et autours de mars-avril de cette année, l'album était terminé.

Avec un titre comme « One hand for the knife, one hand for the throat », on imagine qu’il ne faut pas trop vous faire chier ? (rires…) Ce titre fait donc référence à qui, à quoi ?
L’idée est de Bishop. C'est une métaphore de ce qu'il voudrait faire à la télé de temps en temps si celle-ci était une personne. C’est aussi le nom d’un morceau de l’album.

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Qu’est-ce qui s’est passé avec votre ancien bassiste ?
Pour des raisons personnelles, il a voulu aller de l’avant et faire quelque chose dont il savait qu’il vexerait en tant que membre de Tangaroa, et mettrait donc en danger son avenir dans le groupe. L'inévitable est arrivé, il l’a fait. Quand on y regarde bien, on ne s’entend pas très bien avec les bassistes, nous n'avons jamais eu de bons rapports avec eux (rires…).

Concernant vos influences : vous vous inspirez de quels groupes pour en arriver à créer votre propre identité ?
Nous sommes influencés par une quantité de styles, si je devais commencer à énumérer des groupes, j’en aurais pour toute la journée (rires...). La moitié des groupes/artistes que j’écoute en ce moment ne sont pas forcément des groupes de metal.

Sur le plan technique, vous avez un sacré niveau. Ca doit vous demander beaucoup de concentration  en concert ?
Oui !! Ca exige beaucoup de concentration si nous voulons être précis et tout jouer. Donc aucune cuite avant les concerts. L'alcool n'aide vraiment pas donc nous évitons de picoler avant de monter sur scène (rires…).

Et la tournée 2006 avec Ephel Duath en Angleterre, vous en gardez de bons souvenirs ?
C'était génial, probablement le point culminant de l'histoire de Tangaroa jusqu’à maintenant. Ils étaient si inspirants à observer chaque soir sur scène. Ce sont des mecs terre-à-terre, stupéfiants, nous sommes restés en contact avec eux depuis la tournée. Je travaille actuellement sur un nouveau projet avec Sergio (ndlr : batteur de Ephel Duath) et je projette de me rendre en Italie à la fin de l’année pour travailler sur ce nouveau projet. Leur approche pour composer et jouer est tellement originale. En tant que musiciens, ils sont incroyablement disciplinés, c'était très enrichissant de parler avec eux, d’échanger sur le plan technique, sur les idées... C’était une très bonne expérience.

Donc là, vous remettez ça courant octobre. Vous comptez traverser la Manche par la suite et jouer en Europe ?
Ouais, nous partons en tournée à la fin du mois d'octobre avec des potes du label, Evisorax, et nous ferons aussi une mini tournée en Ecosse la semaine précédente avec nos amis de White Boys For Gay Jesus. Nous aimerions et envisageons de tourner en Europe et nous sommes d’ailleurs souvent sollicités par des promoteurs et des groupes de là-bas, mais nous sommes malheureusement encore dans une triste réalité, qui consiste à payer pour pouvoir jouer. Donc si nous partions actuellement jouer en Europe, ça nous plongerait dans une merde financière. Ca nous coûterait bien plus que ça nous rapporterait. Nous serions probablement obligés de devoir vendre tout notre matos une fois rentré chez nous (rires…).

Tangaroa

Vous n’avez pas l’impression que le poids de groupe comme Iron Maiden et Napalm Death, étouffe le potentiel de la scéne metal anglaise ?
Non, pas du tout. Iron Maiden est un grand groupe et on ne joue pas dans la même catégorie. De même avec Napalm Death, ils sont plus « metal » mais c'est un style complètement différent ainsi que leur manière de composer. Ils ont un jeu différent. Il y a de très bons groupes vraiment stupéfiants et intéressants dans la scène metal anglaise et heureusement, ils obtiennent une certaine reconnaissance de la part de magazines comme Terrorizer et de radios comme Total Rock. Mais je ne pense pas que ce soit la stature de groupe comme Iron Maiden ou Napalm Death qui étouffe cette scène mais plus la prolifération et la saturation de groupes de mauvaise qualité. On voit souvent des mecs qui sont dans un groupe parce qu'ils trouvent chouette l'idée d'être dans un groupe, au lieu de mettre tout leur effort à profit dans quelque chose qui les passionnent. Il y a ceux aussi qui possèdent un drumkit et une guitare et qui pensent « je peux faire beaucoup de bruit, je vais monter un groupe de grind ». Une fois que les gens ont assisté à des concerts de ce genre, ils ne s’en remettent pas forcément. Je sais que ça paraît un peu élitiste, mais ce n’est pas le cas, et je ne veux pas faire preuve de snobisme, mais ce que je veux dire, c’est que ce qui sépare les bons groupes des merdiques, c’est la passion et la motivation indépendamment de leurs capacités musicales. Si quelqu'un aime, et est vraiment passionné par ce qu’il fait, alors ça se ressentira dans sa musique.

Quand on visite votre page Myspace, on y trouve pas mal de photos sur lesquelles vous faites les cons. C’est un état d’esprit que vous défendez, de ne pas vous prendre au sérieux ?
(Rires…) Ouais... nous sommes tous des idiots ! Nous sommes un groupe et vous, vous écoutez notre musique, mais nous ne formons pas un groupe de musique pour que les gens puissent regarder des photos de nous et se dire « ils sont cool ces mecs », ce n'est pas ce que nous recherchons. Ce que vous voyez, c’est ce que nous sommes vraiment. Il y a des attitudes dans la scène metal qui m'ennuient, genre quand les groupes jouent un rôle, quand ils essayent de sembler cool ou méchants en travaillant une image qui vendra aux masses. Pour moi, ce sont des conneries! Nous préférons mettre nos efforts dans la musique. Nous aimons rire, et il y a beaucoup de caractéristiques étranges dans nos personnalités. On essaye d’être les plus représentatifs de nous-mêmes … Donc, toutes les photos sur notre page Myspace sont une représentation honnête de tout le non-sens auquel nous nous plions. Nous avons essayé de faire des photos de poses « metal » sérieuses mais ça n'est vraiment pas du tout pour nous.

Un dernier mot pour nos lecteurs français qui ne vous connaissent pas encore ?
Ignorez la note de Noiseweb et de Metal Obs’, l’album mérite plus que 6/10 (rires…) – (NdeWill : 6/10 correspond ici à « bon album »). En tout cas, on espère bientôt pouvoir voir nos fans français sur la route.



TANGAROA – One Hand For The Knife, One Hand For The Throat
Anticulture Rec.



Myspace : www.myspace.com/uglypeoplebreedfast