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Pour beaucoup, Trivium, c'est le groupe qui énerve. Celui qui vient des States avec son metalcore opportuniste (Ascendency), puis son thrash piqué aux anciens (The Crusade) pour nous abrutir,  nous autres Français, fans de vraie bonne musique. Mouais. Ces sceptiques feraient mieux d'écouter sans à priori la musique du groupe (surtout l'excellent SHOGUN) avant de râler. Et en plus, ceux qui liront cet entretien comprendront que le groupe n'a aucune prétention sinon celle de se faire plaisir et de donner le maximum pour ses fans. En toute humilité. Les Trivium sont jeunes, mais ils ont la maturité, le professionnalisme et l'amabilité des plus grands. En plus, le leader du groupe, Matt, est une vrai crème. Trivium, un des coups de cœur de l'année ?

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°23 d'Oct. 2008

 Entretien avec Matt Heafy (vocals, guitares) - Par Geoffrey et Yath
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Comment vois-tu The Crusade avec un peu de recul ?
Matt : Simplement comme le meilleur album qu'on aurait pu faire à ce moment là. Je n'ai aucun doute là-dessus. On l'a voulu exactement comme ça, à l'opposé d'Ascendency. On voulait voir jusqu'où on pouvait aller, nous dépasser.

Donc la prise de risque était consciente.
Ouais, carrément. On voulait aussi montrer aux gens qu'on n'allait jamais stagner, qu'on aimait prendre des risques. C'est très important pour nous.

Et les fans ont suivi ? Il a marché comment cet album ?
Oui, complètement. Ascendency avait surtout bien marché aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. The Crusade a très bien fonctionné dans toute l'Europe, au Japon, en Australie et dans plein d'autres endroits différents dans le monde !

Venons-en au nouvel album maintenant : le titre Shogun sonne comme un titre de film de Kung-Fu. Vous aviez donc un esprit combatif pour l'enregistrement !
Humm, tu sais, j'ai ce titre là dans la tête depuis longtemps. J'ai fait une ballade en bus touristique au Japon, pendant notre 2ème tournée, et ils expliquaient ce qu'étaient les Shogun. Il s'agissait en fait des généraux les plus gradés de l'armée impériale. Quand j'ai entendu ça, j'ai imaginé toute cette atmosphère épique autour de grandes batailles glorieuses. J'ai gardé cette idée dans la tête. Quand on a composé des nouvelles chansons, j'avais envie justement de choses épiques et le titre Shogun est donc revenu tout naturellement.

Comment se sont déroulés l'enregistrement et la composition pour Shogun ?
C'est un album très intéressant. On a tous composé des trucs à droite et à gauche et on s'est échangé plein d'idées de riffs sur CD-R. On avait en tout 27 chansons. On s'est mis à 4 dessus, on a enregistré les démos et on a gardé les meilleures idées pour les travailler. Et la nouveauté, c'est qu'à chaque fois, on s'est réunis à 4 pour développer les chansons composées à l'origine par un seul des membres. C'est un effort très collectif au final.

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Comme d'hab’, on a une petite surprise avec Trivium. J'ai l'impression que vous avez mixé la furie de The Ascendency et le thrash old school de The Crusade cette fois-ci.
Super, c'est l'idée de départ. On a essayé de prendre les éléments clé du groupe pour les mettre à la base de notre son. Tout ce qui a fait notre force par le passé et tout ce qu'on veut définitivement adopter pour le futur constituent l'ossature même de Shogun.

Et l'enregistrement alors ?
C'était très différent. On a enregistré à Nashville en pleine campagne, dans le pays de la country ! Des studios où Willie Nelson, Billy Ray Sirius ont enregistré notamment. C'était génial de travailler dans une atmosphère de vrai studio, avec une façon très old school et un tas de matos excellent. Nick (Nick Raskulinecz, producteur) nous a fait répéter les prises 15, 20 fois pour être sûr de ne pas avoir à retoucher numériquement derrière. Vraiment super !!

Les paroles traitent de quoi en particulier sur Shogun ?
On a toujours bien défini le cadre des paroles, chaque chanson parlait d'un truc bien précis et clairement expliqué. Cette fois-ci, les paroles seront plus sujettes à interprétation. Chacun y trouvera son compte selon son histoire personnelle. Certaines chansons évoquent plusieurs thèmes différents, et c'est nouveau pour nous en fait. On a envie de pousser les gens à trouver par eux-mêmes la signification des paroles.

Et c'est facile de sortir un album de thrash le même mois que Metallica ?
(rires) C'est encore pire que ça, man ! On a Slipknot, Metallica et AC/DC ! Ça va être chaud pour nous !

Comment tu vois la jeune histoire du groupe ? Vous avez eu un peu de réussite.
Bien sûr, on se sent chanceux, mais il y a aussi beaucoup de travail derrière tout ça. On toujours pesé chaque erreur, chaque bonne décision. Donc on n'a aucun regret, je n'y changerais absolument rien !

C'est allé très vite pour vous...
Vu de l'extérieur oui, mais pas pour nous. On a monté le groupe en 1999, on a fait notre premier show en 2000, en 2004 on a signé notre premier deal. Ensuite, de 2004 et jusqu'à l'année dernière, on a donné 750 concerts ! C'est ce que fait un groupe normal en 10 ans. On a mis énormément de temps et d'effort ces dernières années.

Tu penses que ces tournées sont une des clés du succès ?
De manière générale, je pense que notre travail paye, tout simplement. On n'arrête jamais, c'est ce qui nous plait, on n'arrête pas, on veut qu'on parle continuellement du groupe.

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C'est pas mal de pression aussi...
Oui, mais ça ne fait pas de mal. Une pression bien gérée permet au contraire d'avancer.

Sur un plan plus personnel, te rappelles-tu ta première expérience « rock » ?
Le premier truc rock que j'ai entendu, c'était Van Halen 1, dans la voiture de mon père. J'étais tellement jeune que je m'en souviens à peine. Par contre, le premier album que j'ai acheté était un des Presidents Of The USA. Ça avait un joli succès à l'époque et y avait de très bonnes chansons. Ensuite, je suis passé à Metallica, Black Album. J'avais 12 ans, et je me suis dit : merde, faut que je m'y mette ! Je me suis mis à bosser comme un dingue ! Ce disque à définitivement déclenché ma vocation.

Et qu'as-tu appris depuis niveau « Music buisness » ?
Plein de gens crachent dessus, tu sais. Mais je pense que c'est un job comme les autres. Si un groupe fait les choses comme il faut, sérieusement, professionnellement, et qu'il apprend à gérer sa vie en fonction de son job, il s'en sort très bien. Les groupes doivent apprendre à gérer le music business, et pas juste geindre en permanence et pleurer. Ça s'apprend et ça se maîtrise tout simplement !

Et comment marche Trivium aux USA aujourd'hui ?
Ça marche bien franchement. On ramène 1000-1500 par date. Ascendency s'est bien vendu, The Crusade un peu moins. Notre plus gros marché est en fait le Royaume-Uni, ensuite l'Europe, le Japon, l'Australie, puis le Canada et les USA. Les USA c'est un marché tellement difficile à conquérir, car il est tellement grand et la concurrence y est rude ! Pour percer aux USA, faut faire les radios. Ce n'était évidemment pas notre cas.

C'est très sujet aux modes aussi, comme marché...
Exactement. Un groupe arrive puis repart directement après. Les styles musicaux à la mode changent énormément aussi... ça n'arrête pas !

Quels sont vos objectifs pour Shogun ? À part faire plein de concerts en France bien sûr...
(rires) J'espère !!! Ecoute, on n'a pas vraiment d'impératifs. On est très heureux de l'album, on aimerait le défendre sur scène et convaincre notre public, l'emmener dans notre nouvel univers, tout simplement.

Merci pour cette interview Matt !
Merci beaucoup!!! (En français dans le texte)

En plus, il parle français !
(rires) Juste quelques politesses, rien de plus !

Ceux que tu cries sur scène (rires) !
Ouais ! Bougez-vous ! (en français encore)

 


TRIVIUM – Shogun
Roadrunner Records


Site : www.trivium.org

Myspace : www.myspace.com/trivium