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Volbeat, groupe danois de son état, a réussi son pari qui était de parvenir à mixer le rock n' roll des 50's/60's avec le Metal des années 80/90. Ça fait un moment qu'ici, on a compris qu'on avait affaire à un nouveau phénomène, qui même s'il n'a pas encore submergé la France (on a toujours un wagon de retard) comme c'est le cas en Allemagne et dans les pays scandinaves, pourrait bien être la next big thing... Trois semaines après la sortie du troisième album, Guitar Gangsters And Cadillac Blood, et à quelques jours de sa venue à Paris pour démarrer sa tournée mondiale, nous avons interrogé Thomas Bredhal sur l'évolution du groupe. Entretien bien sympa...

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°23 d'Oct. 2008

 Entretien avec Thomas Bredhal (guitares) – Par Will Of Death
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Parlons un peu de la manière dont a été reçu Rock The Rebel / Metal The Devil... Disque de platine chez vous, album de l’année en Allemagne et en Italie ! Album du Mois dans de nombreux pays... On peut dire que c’est le succès complet, là, non ?
Oui, c'est quelque chose de fameux à vivre parce que ça signifie que beaucoup de monde apprécie notre musique et a fait l'effort d'acheter notre album. Nous avons reçu des bonnes chroniques de partout et nous en sommes vraiment heureux ; au Danemark, on peut même dire que c'est de la folie.

La dernière fois que j'avais interviewé Michael (Poulsen), en février, c’était pour la sortie du DVD et la petite tournée qui allait suivre. Parlons d’abord du DVD. A l’époque, je ne l’avais pas visionné. Et très franchement, c’est un superbe objet avec beaucoup de choses à voir. Félicitations. Comment a-t-il été accueilli ?
Par la presse, nous avons eu des commentaires disparates car c'est difficile de plaire à tous les journalistes. Le problème, parfois, c'est que vous avez un regard trop professionnel sur les choses, un peu trop technique si tu veux. On s'attendait à un peu mieux ! Par contre, les fans, eux, ont vraiment aimé car ils étaient contents de pouvoir revoir Volbeat en live dans leur salon et le deuxième DVD avec les interviews, l'histoire du groupe bien documentée, a aussi beaucoup plu. C'est en effet un bon moyen de faire rentrer les gens un peu plus dans le monde de Volbeat, chose assez peu aisée au final dans une interview. Encore une fois, par la presse, les commentaires ont été plus durs.

Oui, et bien, rassure-toi, je suis de la presse mais aussi et surtout avant tout, un vrai fan de musique qui voit passer pas mal de DVD et le vôtre est vraiment super, avec en plus une super présentation !
Merci à toi, ça fait plaisir.

Parlons de la tournée de 8 dates qui a suivi... Comment s’est-elle passée ? Notamment cette date à Paris, le 22 février ?
On a été très bien accueillis par les fans. Mais comme c'était notre première fois ici, nous n'attendions rien de précis. Nous n'avons rien changé à notre manière de faire, on a fait comme d'habitude dans les autres villes et les autres pays. Le club où nous avons joué était bien cool et il régnait une belle ambiance, c'est un bon souvenir. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu revenir ici sur la prochaine tournée.

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Venons-en à l’album. Déjà son titre : ça sonne américain à mort, dans la bonne tradition du rock n' roll old school ! Il y a une idée derrière ou c’était juste pour le fun ?
Hé hé, oui effectivement. Mais sinon, il y a bien une idée derrière ça : tout est en rapport avec les titres de l'album, la pochette et la manière dont sonne le groupe. C'est tout un concept, il y a une histoire.

On sait que le troisième album est souvent crucial dans la carrière d’un groupe, car souvent, le premier album est celui de la découverte, le deuxième celui de la confirmation mais le troisième est souvent synonyme de répétition, les groupes ayant des difficultés à se renouveler. Penses-tu que vous ayez réussi à relever le défi, à trouver des idées fraîches ?
Oui, sans souci ! Pas mal de groupes cherchent parfois à donner de nouvelles versions de leurs propres morceaux passés, ils se répètent, et en fait, en voulant contrecarrer ça, ils font de la merde ensuite. Notre démarche est un peu différente : il n'est pas question de renier quoique ce soit et dès le départ, on a choisi de suivre notre chemin. Le nouvel album n'est donc qu'une partie d'un tout, basé sur cette mixture de rock n' roll des années 50 et 60 avec le Metal. C'est ce que nous voulions présenter sur le 1er album, poser le style et nous y sommes parvenus. Sur le 2ème album, on a mis des guitares acoustiques, un banjo, de la guitare slide, un feeling très Johnny Cash, si tu veux. Là, sur le 3ème album, on utilise encore plus d'instruments, comme la steel-guitar, une guitare 12-cordes, en explorant plus de sons de gratte électrique aussi. On a aussi élargi un peu nos influences, je pense à des trucs qui sonnent un peu comme les Manic Street Preachers. On n'est pas effrayés à l'idée de présenter ça, même s'ils ne sont pas un groupe Metal, tout comme le fait que nous présentons certains côtés punk. Je trouve qu'on a aussi été inspirés par un certain esprit gospel mais aussi par la country. Sans oublier les Misfits, Social Distortion ou encore Metallica. Nous avons maintenant la liberté de vraiment montrer ce qui nous inspire et c'est ce qui, selon moi, nous permet de sortir un nouvel album intéressant.

Sur quelle période s’est étalée la composition et quelles étaient les idées de départ ?
Déjà, c'est Michael qui compose la plupart des riffs mais j'ai apporté certaines idées de mélodies et aussi cette partie reggae sur “Still Counting”. D’ailleurs, je ne pense pas que beaucoup de groupes Metal aient déjà fait ça. On s'est dit que ce serait marrant d'inclure cette partie pour surprendre un peu les gens. Au début, quand j'ai parlé de cette partie reggae, les autres m'ont dit d'arrêter de déconner mais ils ont trouvé ça cool après, car ça nous permettait de jouer un truc bien différent. Sinon, la plupart du temps, les chansons de Michael sont finies quand il nous les présente mais parfois, elles nécessitent des arrangements et là, tout le groupe participe. Ce qui est bien aussi, c'est que tous nos titres étaient prêts avant d'entrer en studio. Tout au plus ai-je recomposé certains solos pour que ce soit mieux arrangé. En tout cas, nous n'arrêtons de bosser sur un titre que quand nous en sommes tous satisfaits.

Comment compose Michael ? Il part des textes ou de la musique ?
Non, ni les paroles, ni les riffs. En fait, le plus important pour Michael est de trouver une mélodie de départ. Ensuite, nous pouvons inclure les autres parties, les riffs et les paroles en dernier. Il y a effectivement beaucoup de groupes qui bossent à partir de riffs qu'ils assemblent entre eux mais pas nous. En fait, ce que nous faisons est beaucoup plus proche des bases du rock, comme le faisaient les artistes des 50's et des 60's. Les mélodies, les refrains étaient les clés des titres de cette époque : si tu arrives à trouver une ligne entêtante, tu peux ensuite y ajouter ce que tu veux.

Qu’est-ce qui t’es passé par la tête pour « Still Counting », et ce début reggae ?
Je n'avais pas d'idée particulière au départ. En fait, j'ai reçu une nouvelle guitare acoustique et j'ai bidouillé, histoire de voir ce que je pouvais en faire. Je jouais déjà un peu de reggae/ska avec mon ancien groupe et alors que je gratouillais, Michael, qui passait par là, me dit : « whaw, ce n'est pas mal du tout comme idée, on pourrait l'utiliser dans une chanson de Volbeat » (rires). Euh... ok, pas de souci (rires). Je sais bien que certains metalheads vont avoir du mal avec cette partie mais c'est ça justement qui est drôle : réussir à inclure cette partie dans un de nos titres sans que ça ne choque plus que ça...

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Qui est cette jeune femme qui chante avec Michael sur « Mary Ann’s Place » ? Elle a une très belle voix...
C’est une jeune chanteuse danoise de pop rock nommée Pernille Rosendahl, du groupe Swan Lee. Elle a d’ailleurs un nouveau projet avec son mari (Johan Wohlert) appelé The Storm. 

Tout le monde ne le sait pas mais cette chanson fait en fait partie d’une histoire commencée sur les deux premiers albums... Tu peux détailler un peu ?
C'est une histoire à propos de Dany et Lucy, qui est une jeune fille, tandis que Dany est un vrai rebelle qui conduit comme un cinglé, à l'instar des personnages qu'on rencontre dans les road-movies. Elle s'est opposée à ses parents qui ne voulaient pas qu'elle traîne avec ce mec. Or, ils meurent dans un accident de voiture ; c'est l'histoire dans le premier album, dans « Rebel Monster ». Dans le deuxième album, dans « Mr and Mrs Ness »  (qui sont en fait les parents de Lucy), on parle de la mère de Lucy qui se suicide en se tirant une balle, car elle ne supporte pas la mort de sa fille. Quand les flics sont arrivés, ils ont trouvé le père de Lucy avec l'arme dans les mains et la Police l'a arrêté alors qu'il n'y est pour rien. Et donc, dans notre nouvel album, on retrouve le père à « Mary Ann's Place », qui est en fait le nom du cimetière où sa femme et sa fille sont enterrées l'une à côté de l'autre.  Il n'a plus que ses yeux pour pleurer. C'est une chanson très forte, très triste.

Vous aviez annoncé que vous alliez faire une reprise de Social Distortion, mais le titre « I’m So Lonesome I Could Cry » est une surprise. En plus, par rapport à l’originale, c’est un peu plus nerveux ! Tu peux nous en parler ?
En fait, c'est aussi un titre qu'on a aimé chez Social Distortion, tout comme « Make It Believe », qu'on retrouve en bonus dans l'édition limitée. La première fois qu'on a entendu cette chanson, c'était la version de Social Distortion, sauf qu'en fait, elle n'est pas d'eux. C'est un titre qui a été écrit au départ par Hank Williams, un artiste country des années 50, popularisée ensuite par Johnny Cash. La manière dont ils la jouent nous convenait plus ; c'était notre manière de leur rendre hommage parce que nous sommes de gros fans de Social Distortion. Notre version est très proche de la leur, sauf que c'est à la sauce Volbeat.

Il y a un autre titre qui me plait bien, c’est « Wild Rover Of Hell », qui m’a fait immédiatement penser à « Battery » de Metallica. Là, ça y est, vous avez fait votre coming out ! (rires)
He he, en quelque sorte, oui ! En fait, c'est vraiment un titre hommage à Metallica, sans être une reprise. Si tu lis les textes de cette chanson, tu retrouves les mots Metallica, ride the lightning... C'est une chanson bien puissante où on retrouve effectivement la furie des riffs du morceau « Battery ».

Je suppose que comme tout le monde, tu as écouté leur dernier album d’ailleurs (Ndlr : interview réalisée le 15 sept.). Qu’en penses-tu ?
En fait, je ne l'ai écouté pour la première fois qu'hier sur mon PC portable, donc le son n'était pas terrible. J'attends de voir ce que ça va donner chez moi sur ma chaîne hi-fi mais pour ce que j'en ai entendu, ça sonne bien.

L’album est sorti depuis le 1er septembre. Quels sont les retours pour le moment ?
Tout se passe bien, ça semble bon. Il a déjà été désigné album du mois sur Metal Hammer et Rock Hard Allemagne, avec des notes de 6/6. Dès sa sortie, il a été aussi n°1 au Danemark, n°4 en Suède, n°1 en Finlande aussi ; enfin, ça, ça ne va pas durer car les ventes de Metallica ne sont pas encore parues (rires)! On est vraiment contents.

Ce succès n'entraîne pas trop de pression ?
Tu as toujours une forme de pression quand tu écris un album car tu essaies toujours de faire mieux mais la plus grosse pression vient de la scène car on joue devant plus de monde. Ça entraîne plus de responsabilités. Ceci dit, on fait vraiment ce qu'on aime ; ce n'est que du plaisir au final. Ce succès nous permet de ne plus devoir bosser à côté, c'est vraiment spécial pour nous ; c'est un rêve qui est devenu réalité.

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Ici, on vous a mis 7/10, ce qui est une bonne note car notre notation est plus sévère que l’an dernier. J’ai juste dit dans ma chronique que l’album était excellent une fois de plus mais que l’effet de surprise ne fonctionnait plus. Est-ce selon toi, d’ailleurs, le plus grand risque que court Volbeat ? Celui de se répéter, de ne plus surprendre à l’avenir ?
C'est un risque en effet. Ceci dit, comme je te l'ai dit auparavant, on n'a pas peur d'expérimenter un peu et de jouer d'autres styles. Rien ne dit que l'album suivant ne sera pas totalement différent : on aime ça, tenter des trucs.

La tournée commence le 8 octobre à Paris. C’est un hasard ou c’est vous qui l'avez voulu ainsi ?
On a voulu revenir dans la même salle que la fois dernière parce qu'on a trouvé ça bien cool mais pour être honnête, ce n'est pas un choix ; ce sont les tourneurs et notre manager qui s'occupent de ça. Ceci dit, je suis bien content de commencer la tournée mondiale dans cette salle (La Scène Bastille) parce que c'est une salle à taille humaine, une sorte de retour aux sources pour nous, bien dans l'esprit du rock, quoi et en plus, on va pouvoir arriver 2 / 3 jours avant et visiter Paris comme on veut.

Vous avez déjà joué aux USA ?
Non, pas encore. J'espère qu'on va pouvoir s'y rendre pour cet album, en 2009.

Avec votre style très rock n’ roll et vos influences country, vous devriez être appréciés là-bas, non ? C’est un objectif pour vous ?
Yeah. Rock The Rebel / Metal The Devil a été publié aux USA et on a eu de bonnes critiques. On est pas mal passé en radio aussi, on a fait de nombreuses interviews. Donc, effectivement, on a un intérêt certain pour les USA. Ce n'est pas forcément un de nos buts principaux mais ça nous paraît naturel de pouvoir aller jouer là-bas avec le style qu'on pratique. Si les USA sont prêts à nous accueillir, sois certain que nous leur botterons le cul là-bas (rires) ! Je pourrai peut-être t'en dire plus l'année prochaine (rire).

Tu peux nous parler de la rencontre organisée entre Michael et Dave Mustaine en mai pour ce magazine danois ? De quoi ils ont parlé ?
Je ne sais pas trop mais je pense que ça a du être un gros truc de rencontrer une de tes idoles, parce que Michael est aussi un fan absolu de Megadeth.

Que peut-on vous souhaiter pour les mois à venir ?
Déjà, nous dire bonne chance, c'est pas mal. On ne veut rien de particulier, juste avoir de la chance (rires) !

Tu veux rajouter quelque chose pour les fans français ?
Rien de particulier sauf peut-être les inviter à poser une oreille sur l'album sur Internet et si vous l'appréciez, allez l'acheter ! On espère vous voir en live si vous êtes dans le coin. On fera certainement d'autres dates en France l'année prochaine, donc, surveillez ça de près ! Merci à toi pour cette interview bien cool...

 


VOLBEAT – Guitar Gangsters And Cadillac Blood
Mascot Records


Site : www.volbeat.dk

Myspace : www.myspace.com/volbeat