nevermore


S'il y a bien un groupe qui fait l'unanimité à la rédaction du Metal Obs' et de Noiseweb, c'est Nevermore, sans aucun doute ! Les Américains ont sorti des perles de heavy-thrash ces dernières années et ne nous ont jamais déçus en live. Mais en plus de 15 ans de carrière, il manquait un élément à leur discographie, à savoir un DVD ! C'est enfin chose faite avec la sortie de The Year Of The Voyager qui retrace leur dernière tournée. C'est Jeff Loomis, toujours aussi cool, qui nous a appelés d'Allemagne pour nous en dire un peu plus.

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°24 de Nov. 2008

 Entretien avec Jeff Loomis (guitares) – Par Geoffrey & Will Of Death
Rechercher : dans l'interview

Salut Jeff ! Content de te retrouver ! Alors, comment se passe la promotion pour le DVD ?
Oh, très bien, on s’amuse bien. Là, je suis en Allemagne, chez Century Media, et le temps me rappelle un peu celui de Seattle (rires), où je retourne demain !

L’Allemagne a toujours été une seconde maison pour le groupe…
Oui, nous avons déjà passé beaucoup de temps ici : notre maison de disques s’y trouve, on loge toujours dans le même hôtel et c’est toujours cool de retrouver nos potes du label.

C’est votre premier DVD live, pourquoi maintenant et pas plus tôt ?
Je ne sais pas… C’est vrai qu’on voit de plus en plus de groupes qui ont deux ans d’existence sortir des DVD alors que nous existons depuis environ 15 ans. C’est vrai qu’il y a eu une demande de la part des fans et du label ; effectivement, il semble que c’était le bon moment puisque nous avons eu la liberté d’enregistrer à peu près tout ce que nous voulions mais comme nous tournons depuis 1995 en Allemagne, que notre label s’y trouve et que surtout, nous avons ici une solide fan-base, nous avons décidé d’enregistrer ici. Enregistrer dans son deuxième pays quand tu es loin du tien, c’est une idée assez cool (rire). J’espère que les fans vont l’apprécier car il y a quand même 21 titres + des bonus, le produit est cool. Plutôt que de voir les traditionnelles conneries d’un groupe qui déconne en backstages, nous avons préféré privilégier les titres en live et c’est à nouveau Andy Sneap qui a mixé le produit donc la qualité du son est vraiment intense.

En plus, la manière dont le concert principal a été filmé est différente de ce qu’on a l’habitude de voir…
Oui, je crois. Déjà, la salle où nous avons filmé n’est pas un truc immense mais nous avons disposé des caméras un peu partout. Du coup, on peut voir le groupe et les gens de manière simple, vachement proches les uns des autres, le tout sans ajout d’effets quelconques. C’est du pur Nevermore en concert !

Justement, pourquoi un petit club et pas une salle plus grande ?
Je ne sais pas, peut-être parce que c’était une salle pas trop loin de la ville de notre label et que c’était plus pratique pour l’équipe qui a filmé de venir là.

Qu’est-ce qu’il y a de spécial dans cette salle, parce que les mecs d’Amon Amarth vont enregistrer 4 concerts de suite là en décembre, pour un DVD aussi ?
Déjà, le son dans cette salle est terrible et comme ce n’est pas trop grand, le public est vraiment juste devant toi. Parfois, ça ne fait aucune différence d’avoir 30.000 ou 1.000 personnes devant toi : en festival, tu joues devant une marée humaine mais tu n’as pas ce contact direct que tu peux avoir dans un club. Alors, Amon Amarth va jouer 4 shows déjà sold out mais tout le monde remplit cette salle de toute façon (rires) !

nevermore

Ce DVD est en fait la conclusion de trois années de tournées assez intensives pour le dernier album. Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Ben, en fait, rien que le fait de pouvoir tourner autant pour un seul album est une bonne chose. Je pense qu’on a du faire un truc comme 300 concerts dans 23 pays différents, en jouant tous les soirs pendant de longues périodes avec quelques journées de repos. En fait, c’est excellent parce que ça n’arrive pas à tous les groupes d’autant que le dernier album est celui qui s’est le mieux vendu de toute notre carrière qui a commencé il y a plus de 15 ans. Les choses ne vont qu’en s’améliorant pour nous, ce qui nous donne la force de faire encore mieux à chaque fois. Notre liberté de pouvoir partager notre art avec tout le monde, voilà ce que je préfère ! Du coup, j’ai hâte de retourner en studio pour sortir un nouvel album, juste pour pouvoir rejouer ensuite ! Et ça pourrait être dans pas trop longtemps (rires) !

Oui, on espère aussi ! 
Je pense que nous serons en studio aux alentours de décembre / janvier. Alors ça fera 4 ans entre les deux albums mais ce n’est pas pénalisant dans le sens où les fans nous ont vus en live, que nous avons sorti des albums solo et que ce DVD déboule maintenant. D’ailleurs, pouvoir sortir cet album instrumental m’a fait beaucoup de bien car il n’est pas donné à tout le monde d’avoir ce genre d’opportunité. Alors, quand des gens ont vu que Warrel et moi sortions des albums solo, ils ont commencé à dire que nous ne nous entendions plus (rires) mais il n’en est rien : c’est juste que faire ça nous permet de nous vider la tête pour avoir des idées encore meilleures pour le prochain album.

Si ça se trouve, trop de Nevermore aurait pu tuer Nevermore en fait… d’où la nécessité de ces albums solo.
Exactement ! Trop de groupes ont brûlé leurs ailes à cause de ça en ne sachant pas faire de break. Nous, on a eu la chance d’avoir à un moment un peu de temps, nous en avons profité. J’espère donc que les fans comprennent cette démarche car c’est important pour notre futur, pour que nous continuions ensemble en tant que groupe.

Oui, et en plus, on a mis 9/10 à ton album solo, car ça déchire !
Ahh ! Excellent, les mecs ! Super ! Merci.

nevermore

Penses-tu que le live soit le meilleur moyen d’apprécier votre musique ?
Je pense surtout que pour nous, être sur scène est ce qu’il y a de mieux. Je n’ai pas envie d’être comme Metallica et de passer des mois voire des années dans un studio (rires) ! Voilà notre album après 627 jours passés en studio (rires)… non, merci ! Les instants les plus magiques se produisent sur scène, il y a plus d’énergie, ce qui pousse notre musique à un autre niveau. Je pense qu’une personne qui a l’opportunité de nous voir en live repart contente car nous sommes ensemble depuis tellement de temps que ça se passe à merveille sur scène. Je n’ai donc qu’une seule chose à dire à tes lecteurs : venez nous voir !

Une des premières fois où on a eu l’occasion de vous voir en live, c’était à Anvers, sur la tournée avec Dimmu Borgir et In Flames et Warrel était malade ! Bon, depuis, on s’est rattrapés et plein de photos ont été publiées sur notre site, Noiseweb… On est des vieux fans du groupe, ici !
Oui, je me rappelle de ce show, c’était il y a plus de 7 ans. C’est cool de nous suivre depuis si longtemps.

Oui, ici, certains écoutent du death ou/et du heavy, du thrash, du black mais pourtant, tout le monde à la rédaction est fan d’un groupe, c’est Nevermore ! Qu’est-ce que votre groupe a de si spécial pour réussir à ce que des gens qui ont des goûts très différents vous apprécient quand même ?
Probablement notre diversité. Nous essayons aussi de ne pas nous répéter d’album en album. Nous avons des éléments thrash, même death metal : je pense à une chanson comme « Born » où ça riffe sévère. Nos titres plus ballades permettent aussi de captiver des fans qui préfèrent des trucs plus cool. Le truc le plus drôle est que nous ne le faisons pas exprès, tu vois ? C’est bizarre quand je compose : ça me vient comme ça, je ne prémédite rien du tout. Notre diversité est notre force, c’est vraiment cool. On doit avoir quelque chose que les autres n’ont pas, c’est positif pour nous, je ne sais pas trop…

Tu pensais avoir un jour un tel succès quand Nevermore est né des cendres de Sanctuary, votre ancien groupe ?
Jamais !! D'autant que notre premier album, intitulé Nevermore, sorti en 1995, est composé en réalité de deux démos qu'on a mises ensemble. Le pire, c'est qu'avec cet album, nous avons commencé à pouvoir beaucoup tourner et à répandre notre nom.

En plus, vous veniez de Seattle, en pleine période grunge (rire) !
Oui, c'était dingue. Je me souviens bien que quand nous avons commencé à composer pour l'album suivant de Sanctuary, après que j’aie déménagé à Seattle pour remplacer Sean Blosl, notre deuxième guitariste, Lenny Rutledge, a commencé à nous sortir des riffs que je qualifierais de « non-Metal » (rires) ! Nirvana, Soundgarden et Alice In Chains cartonnaient ici ; je lui ai demandé ce qui lui arrivait (rire)... On s'est alors engueulés violemment et c'est comme ça qu'avec Warrel et Jim, on a décidé de former Nevermore.

Et maintenant, le grunge est mort mais pas Nevermore !
Oui, mais nous avons toujours continué à donner plein de concerts à Seattle, même à cette époque et les gens venaient à nos shows. Tout le monde n'écoutait pas du grunge, heureusement ! Et aujourd'hui, nous sommes toujours ensemble, c'est réconfortant pour mon esprit (rire) !

nevermore

Qu'as-tu appris du music business durant toutes ces années ?
J'ai appris beaucoup car ce business est très différent de l'époque où on jouait entre potes dans un garage : il faut surtout être très attentif pour savoir où va ton argent. Notre boulot est de jouer de la musique mais il te faut t'entourer d'un bon label, d'un bon cabinet d'avocats et d'un management solide qui va gérer tes affaires sinon les choses peuvent vite devenir effrayantes ! Le pognon vient de partout : du merchandising, des promoteurs, du label, des ventes d'albums, ça devient vite dingue si tu n'es pas très attentif.

As-tu peur de la tournure actuelle que prennent les choses dans le music business ?
Un peu, oui. En tant que musicien, je sais bien que mon album solo a été bombardé sur Internet un mois avant sa sortie. Ça fait chier de travailler autant et de voir que ton truc a été piraté avant sa sortie... Que ça soit mis en ligne après la sortie, maintenant, on est habitués, mais là, c'était 1 mois avant !

Pourtant, ici, on a eu un promo watermarké...
(Jeff, visiblement désolé – Ndlr) Ah ouais ? Pfff, c'est encore pire. Ça veut dire que ça vient de quelqu'un du business... C'est dingue comme les choses ont changé en quelques années pour l'industrie du disque. Il y a aussi ce jeu, là, Guitar Hero, qui fait que les gens passent des heures à jouer à ce truc au lieu de vraiment s'entraîner à la gratte. Ce n'est pas de la vraie musique !

Allez, avoue : c'est parce qu'il n'y a pas de chansons de Nevermore dans le jeu que tu es en colère (rires) !
He he ! Non, non. J'ai même vu que des mecs avaient mis sur Youtube une vidéo de guitar hero sur du Nevermore, c'est dingue. Et en fait, c'est carrément cool (rires) ! Bref, les choses sont de plus en plus virtuelles ; j'espère qu'on continuera à jouer de la vraie musique, sortir des albums et tourner.

Bon, justement, vous avez du matos déjà prêt pour le prochain album ?
Oui, j'ai 5 / 6 chansons terminées et dès que je serai retour chez moi suite à cette tournée promo, je retourne en studio et me focalise complètement sur la fin de l'écriture des derniers titres. En décembre ou janvier, nous entrerons donc certainement en studio pour enregistrer et je pense que quelque chose sortira au plus tard l'été prochain. Alors, évidemment, on ne veut pas faire un Godless Endeavour 2 mais ça restera forcément très heavy, très mélodique et j'espère pouvoir sortir des riffs terribles encore une fois. Ça devient vraiment de plus en plus difficile de faire mieux à chaque fois, tu sais (rires) ! On verra bien...

Tu penses qu’un jour, il te sera possible de réaliser un mauvais album avec Nevermore ? Je ne pense pas !
Je ne l’espère pas en tout cas (rires) !



NEVERMORE – The Year Of The Voyager DVD
Century Media


Site : www.nevermore.tv

Myspace : www.myspace.com/nevermorefans