Pain

Enfin nous avons pu faire cette interview ! Repoussée, annulée, manquée, il nous est arrivé tellement de galères que nous n’avions plus espoir d’avoir ce cher Peter au téléphone. Nuclear Blast avait même proposé qu’on adresse nos questions par mail en espérant qu’un jour Peter trouve le temps d’y répondre… Mouais, scepticisme quand tu nous tiens. Et puis par miracle et grâce à la magie de ce cher label allemand, nous avons eu, deux jours avant le bouclage, un créneau pour discuter avec Peter. Cela donne une interview sympa et plus décontractée car ce fut la seule de la journée. Le nouvel album de Pain méritait bien qu’on se décarcasse…

Interview parue également dans le METAL OBS' n°24 de Nov. 2008

 Entretien avec Peter Tägtgren (vocaux, guitares) – Par Pierre-Antoine & Will Of Death
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Salut Peter ! Comment vas-tu depuis notre interview d'avril, faite par Will avant un show avec Nightwish ( à Lyon précisément : Interview Avril 2008) ?
Très bien, merci, je me souviens bien de cette interview...

Justement, quel bilan tires-tu de cette tournée avec Nightwish ? Parce que vous avez joué devant beaucoup de monde...
Oui, ça a été fantastique. Nous ne savions pas trop quoi attendre de cette tournée, comment les fans de Nightwish allaient nous accueillir. Que ce soit les fans de Nightwish ou leur crew, tout le monde a été super avec nous.

Oui, il me semble que vous soyez devenus très proches de Nightwish (Pierre-Antoine faisant allusion au fait qu'Anette Olzon se soit liée au bassiste de Pain... - Ndlr).
Oui, on peut le dire ! (mais Peter n'en dit pas plus – ndlr)

C'est pourquoi vous avez invité Anette sur le nouvel album...
Nous sommes tous devenus des amis très proches avec cette tournée et nous nous disions souvent que ça serait bien de faire quelque chose en studio ensemble. Une fois rentré à la maison, j'ai bossé les titres et l'ai invitée. Mais « Follow Me », par exemple, je ne l'ai pas composée exprès pour elle, j'avais ce titre bien avant de faire la tournée avec Nightwish.

Tu aurais donc pratiquement pu jouer ce titre avec elle pendant la tournée ?
Non, mais je lui ai dit : faisons celle-là parce que je sais que ça va fonctionner.

C'est d'ailleurs certainement la chanson la plus entraînante de l'album...
Oui. On a donc fait ce titre ensemble et je lui ai demandé d'essayer aussi sur « Feed Us ». Quand j'ai entendu le résultat, je lui ai dit : oui, c'est exactement ce qu'il me faut ! (rires).

Tu n'as pas peur de la réaction des fans ? Parce que la musique de Nightwish n'est pas celle de Pain.
Oui, c'est vrai mais si tu ne prends aucun risque dans la vie, tu ne risques pas de gagner quoi que ce soit (rires) ! Non, mais je n'avais jamais utilisé de vocaux féminins sur ma musique, j'étais excité de voir ce que ça pourrait bien donner. C'est un challenge et une chose intéressante pour moi.

On va t'avouer que nous ne sommes pas forcément de grands fans des vocaux féminins ici mais quand nous avons entendu le titre, on s'est dit que ça fonctionnait quand même très bien !
Oui, on ne va quand même pas faire un plat parce qu'il y a des vocaux féminins, parce qu'en plus, elle a essayé de chanter de manière plus radicale que ce qu'elle fait dans Nightwish ; pour moi, ça fonctionne nickel !

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Et qu'en est-il des quelques problèmes de line-up que tu as connus ?
En fait, c'est assez simple : notre guitariste habituel ne pouvait pas faire la tournée avec Nightwish pour des raisons qui lui appartiennent. Nous avons donc engagé un guitariste session. Or, il y a eu un break à un moment, au milieu de la tournée, et notre guitariste session n'a pas pu continuer avec nous. Il a donc fallu que je trouve très vite un autre guitariste, ce qui fut plutôt stressant ! Mais c'est comme ça, the show must go on ! C'est la chose la plus importante.

Nous avons vu Pain plusieurs fois cette année, en festival et dans des salles. Tu préfères jouer en extérieur ou dans des salles plus sombres ? Par exemple, on t'a vu au Biebob, en Belgique et...
... oui ! C'est la salle la plus chaude où je n'ai jamais joué de toute ma vie ! C'est même là que j'ai donné mon tout premier concert à l'extérieur de la Suède en 1993, avec Hypocrisy, en première partie de Cannibal Corpse ! La prochaine fois que je vais jouer là, je prendrai des aérateurs et je prendrai plusieurs minutes entre chaque chanson pour récupérer (rires) ! Ceci dit, même si j'aime jouer en festival, je préfère ces salles sombres où on sue comme des porcs, c'est vraiment super ! C'est génial de jouer dehors devant 30.000 personnes mais c'est moins intense que dans une salle.

On n'espérait pas un album de Pain aussi rapidement. Psalms Of Extinction n'est sorti qu'il y a à peine un an... tu as bossé vite !
Les choses se sont déroulées comme avec un jeu de domino : quand j'ai fait la tournée avec Nightwish, j'avais déjà 4 titres de prêts avec les vocaux et 4 autres sans les vocaux, donc en gros, 8 titres presque aboutis. Durant le break que nous avons pris au milieu de la tournée, j'ai ajouté les vocaux sur deux autres titres. Les choses se sont enchaînées d'elles-mêmes de manière très positives ; c'est certainement l'album le plus simple que j'ai eu à réaliser de toute ma vie.

Tu penses qu'il s'était passé trop de temps entre Psalms Of Extinction et Dancing With The Dead ?
Oui parce que jusque là, je me focalisais beaucoup plus sur des détails de production et c'était donc plus long. Là, pour le nouvel album, j'ai dit : fuck la production ; plutôt me concentrer pour écrire les meilleures chansons possibles ! Tout est venu très naturellement.

Après avoir écouté l'album, on a eu une impression étrange. On a eu l'impression que tu faisais un pas en avant, puis un autre en arrière comme tu le chantes d’ailleurs sur l’album: tu as composé des titres très entraînants et d'autres beaucoup plus indus dans l'âme, un peu comme sur Nothing Remains The Same…
Oui, c'est exactement ce vers quoi je voulais aller, revenir à des choses plus industrielles, comme aux débuts de Pain. Je voulais des choses simples dans les titres, un peu à la manière d'AC/DC (rires) !

L’album ne semble pas très optimiste, que penses-tu du monde qui nous entoure ?
Ca n’est pas vraiment optimiste, c’est vrai (rires) ! Certains titres sont à propos des labels, de la stupidité des politiciens ou sur des thèmes plus personnels qui concernent ma vie. Il y a des idées bien différentes mais abordées  avec toujours beaucoup d'ironie et si tu mets tout ça ensemble, tu obtiens effectivement une vision assez pessimiste des choses !

Tu viens de parler des labels. Te voilà chez Nuclear Blast, comme pour Hypocrisy. Pourquoi avoir quitté si tôt Roadrunner ?
Je dirais que ça a été un beau bordel ! Tout ! Les trois derniers albums sont sortis sur 3 labels différents, avec 3 managements différents aussi. C'est vraiment vite devenu la merde et ça a été très  frustrant. Avec NB, maintenant, je sais que j'ai la bonne équipe autour de moi.
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Il semble qu'il y ait beaucoup de choses qui t'énervent ces temps-ci. Mais qu'est-ce qui te fout le plus en rogne en ce moment ?
Les gens qui font des bla bla, qui te promettent des choses, du pognon, alors qu'ils sont incapables de tenir leurs engagements, ce genre de trucs. Ça, ça m'énerve vraiment !

Les élections américaines ont lieu demain (interview réalisée le 4 nov, 2008), tu penses que le discours d'Obama, c'est aussi du bla bla ?
Je pense que chaque candidat qui se présente à une telle élection a une pensée positive de ce qu'il veut faire. Mais une fois qu'ils sont élus, il gravite autour d'eux un grand nombre de merdeux qui font que les conneries se répètent. Il y a toujours un mec qui va te dire : on faisait comme ça avant, il faut donc continuer..., tu vois ? J'espère que s'il est élu, ça ira mieux mais on n'en sait rien. Un président doit savoir dire fuck you à tous ces mecs qui font que le système est sclérosé, s'il veut pouvoir changer quelque chose dans le monde. C'est difficile pour moi de me prononcer sur Obama ou Mc Cain parce que ces derniers temps, j'ai passé mon temps à donner des interviews et je n'ai pas pu vraiment m'intéresser au contenu de leurs discours.

Bon et bien, désolé de te faire perdre ton temps avec cette interview !
(rires) Non, non ! Ca, c'est mon job ! Je crois vraiment en cet album alors mon boulot est de le pousser à fond au travers de la promotion. Après, je pourrai m'intéresser dans plusieurs semaines à ce qui va se produire aux USA (rires).

Alors, même si tu donnes beaucoup d'interviews, tu dois quand même être au courant de la crise financière mondiale. Quel impact a-t-elle en Suède ?
Ca doit être la même chose qu'en France : les gens deviennent dingues et vont retirer leur fric des banques de peur de tout perdre si les établissements venaient à se planter. Je connais un gars dont le grand-père est en Allemagne et il m'a dit que ça faisait la deuxième fois qu'il perdait toutes ses économies ; la première fois, c'était au début des années 90 pour je ne sais trop quelle raison et là, c'est la deuxième fois. La royauté ici essaie de contrôler les choses mais c'est très compliqué car les gens qui ont acheté une maison avec un taux variable se retrouvent aujourd'hui dans une merde noire, ce genre de trucs. C'est quand même dingue de se dire que le Monde entier est affecté parce qu'une seule banque américaine s'est plantée au départ ! 

C'est étrange pour nous d'entendre ça parce qu'on a toujours ici l'image d'économies très riches et solides quand on pense aux pays scandinaves. Or, c'est la même chose partout apparemment...
Oui, c'est vrai mais je peux te dire que tout le monde ici est très nerveux et s'attend au pire... Du coup, les ventes de produits manufacturés comme les téléviseurs ou ce genre de trucs sont en baisse car les gens ont peur de ce qui pourrait arriver. Ils préfèrent garder leur argent... Je suis certain que ça aura aussi un impact sur l'industrie du disque : encore une fois, il y a un effet domino.

Tu gardes espoir pour l'industrie du disque ? Tu sais, par rapport aux téléchargements, les ventes de disques en baisse, etc...
Oui ! Je pense que les gens écouteront toujours de la musique ; je pense même qu'on en écoute plus maintenant avec les ordinateurs même s'il y a évidemment des excès.

Il n'y a pas de reprise cette fois sur ton nouvel album mais tu as déjà parlé d'un album de reprises qui devrait voir le jour ; qu'en est-il ? On en avait déjà parlé un peu la dernière fois...
Pfff, j'ai commencé à parler de ça il y a déjà... 4 ans  ! Mais tout ça a périclité pour l'instant à cause des changements de labels ; quand j'ai signé avec Roadrunner, il était question qu'on sorte ensemble cet album mais ils voulaient un album original pour commencer. Maintenant, je suis chez Nuclear Blast, qui voulait aussi un album original (rires) ! Du coup, pour le moment, je me sers de ces reprises pour les bonus tracks des albums, des trucs comme ça.

Forcément, sur les deux derniers albums, il y avait à chaque fois une super reprise. Du coup, on en attend toujours au moins une !
Oui, et bien, justement, sur l'édition double CD de l'album, tu as deux reprises. Une de Depeche Mode et une d'Electric Light Orchestra.

Dernière question. Je ne sais pas si ça va te déranger mais les lecteurs veulent savoir : qu'en est-il d'Hypocrisy ?
Je suis toujours en train de composer tranquillement des riffs pour le prochain album. Ca fait un moment que nous n'avons plus rien sorti donc les gens flippent mais pour le dernier album, nous avons tant tourné que les choses étaient devenues trop intenses. Il fallait faire un break. De plus, Horgh bosse actuellement sur le nouvel album d'Immortal qui va sortir en février donc plutôt que de faire les choses de manière stupide, à la va-vite, on préfère repousser et attendre que tout le monde soit dispo pour bosser. Il y aura bien un nouvel album d'Hypocrisy !




PAIN – Cynic Paradise
Nuclear Blast



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