OBSCURA

OBSCURA… Pardon ? Qui c’est, ça ? On ne va pas faire de vieux jeux de mots sur le nom du groupe. Non, simplement vous dire que nous avons été littéralement scotchés par le deuxième album de ce groupe allemand, le meilleur album de death technique et progressif à paraître depuis des lustres (début mars), sorte de parfaite synthèse entre le death technique du début des 90’s et la nouvelle vague américaine, le tout étant supporté par un line up de folie. Il nous fallait donc en savoir plus : Steffen, le mainman de la bande, a bien voulu répondre à nos interrogations...

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°27 de Fév. 2009

 Entretien avec Steffen Kummerer (guitares, vocaux) – Par Geoffrey et Will Of Death
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On a élu Cosmogenesis « Album du Mois », mais avant d’en parler, revenons un peu en arrière. Quelles avaient été les réactions pour Retribution (2004) ?
Il n’y en a pas eu beaucoup en fait parce que nous avons du le sortir sur un tout petit label. L’album fut envoyé surtout à des magazines allemands et je n’ai pas lu de chroniques vraiment mauvaises. Rock Hard Allemagne avait quand même écrit qu’il était étonné de voir un guitariste allemand jouer comme ça (rires) ! C’est surtout en live que nous avons eu les meilleures réactions, surtout lors de la tournée européenne avec Suffocation en 2006.

Depuis, il y a eu pas mal de changements de line up. C’est si dur que ça de bosser avec toi ?
(rires) Merci ! Non, je ne crois pas. Après la tournée de 2007, les gars qui étaient avec moi ne pouvaient plus tourner, du fait de leur travail respectif. J’ai donc décidé de complètement revoir mon équipe à la fin 2007 mais nous sommes restés amis.

Et toi, Obscura est devenu un boulot à plein temps ?
A peu près, oui bien que je continue de faire des études. Mais la musique est plus importante (rires) ! Mes parents ne voient d’ailleurs pas ça d’un très bon œil (rires) !

Et donc, tu as été forcé d’engager Christian Muenzner (guitares, ex-Necrophagist), Jeroen Paul Thesseling (basse, ex-Pestilence) et Hannes Grossmann (batterie, ex-Necrophagist) ! (rires)
Oh, rien n’a été forcé, ça s’est fait progressivement. Je suis entré en contact avec Hannes à la fin de 2006. On s’est rencontré en tournée ou dans des festivals. Je lui avais déjà demandé s’il pouvait faire la tournée de 2007 mais ça n’avait pas été possible. Il vit près de chez moi et le fait qu’il ait joué dans Necrophagist fait qu’il n’a pas peur des trucs techniques ! C’est un mec cool, en plus. Jeroen, quant à lui, j’avais déjà essayé de l’avoir pour le 1er album, Retribution, mais comme je l’avais contacté 2 semaines avant l’enregistrement, c’était un peu trop court (rires) ! On a alors gardé le contact. Enfin, Hannes a contacté Christian afin qu’il nous rejoigne. C’est un très bon line-up mais il n’y a rien d’extraordinaire à notre histoire. Ça ressemble à plein d’autres groupes.

Comment s’est donc passée la composition ?
Env. 80% de la musique a été écrite par Hannes et moi, Christian a écrit un titre, Jeroen un riff et bien sûr toutes ses parties de basse. On a discuté de tous les titres et tous les arrangements ont été faits en commun. Obscura n’est pas mon projet solo avec des musiciens de session ! 

 OBSCURA

Quelle était l’idée ? D’écrire le futur du Metal extrême ?
(rires) ! Non ! Tu sais, nos idées viennent en grande partie du début des années 90, avec des groupes comme Pestilence, Atheist ou Cynic. Ces groupes sont toujours des influences majeures pour moi. Les autres ont leur propre parcours musical avec notamment du jazz, du flamenco, de la fusion-jazz ou du classique. Le résultat de tout ça est une combinaison de styles et ça donne Obscura. On essaie juste d’écrire des titres que nous aimons.

Et est-ce que tu réalises que le résultat est juste très bon ?
Les seuls retours que j’ai pour le moment viennent des journalistes et c’est vrai que c’est très positif jusqu’ici. Pour moi, c’est juste un album que j’apprécie, que j’aime encore écouter des mois après son enregistrement et c’est donc bon signe !

Le son est aussi très bon… une parfaite combinaison entre sonrités old school et new school. Qui s’en est chargé ?
Nous avons enregistré avec Victor Santura, le guitariste de Dark Fortress, qui fut aussi le guitariste live de Celtic Frost dernièrement. Il vient de bâtir un nouveau studio qui se trouve à une demi-heure de chez moi. C’est un bon ami avec qui j’avais déjà enregistré notre première démo et il avait même chanté sur Retribution. Il sait donc comment travailler avec moi et nous avons pu passer trois mois dans son studio, en travaillant à notre rythme. Tout a été disséqué dans les moindres détails ; je pense que ça s’entend sur l’album.

Et le mix, avec tous ces excellents musiciens, ça a été facile ? Ils ont du se battre pour qu’on entende plus leur instrument respectif, non ? (rires)
(rires) Tu ne crois pas si bien dire ! Il nous a fallu 3 mix en fait et Jeroen, par exemple, voulait à chaque fois avoir 1 décibel de plus (rires) ! Ce ne fut pas des plus reposants mais ça s’est bien passé.

Y a-t-il une relation entre les textes et le titre, Cosmogenesis ?
Oui, c’est un peu comme un film, le même film mais avec des histoires différentes. Je me suis basé sur des écrits d’un philosophe français du XVIIIème siècle où il décrivait l’époque comme une totale naissance de l’univers, le début de tout. J’ai pensé que c’était une bonne idée vu les changements de line up dans le groupe.   

Tu vois Cosmogenesis comme le premier véritable album du groupe ou plus comme une renaissance ?
Oui, plus comme une renaissance. Nous existions avant cet album.

Qu’espères-tu de ce nouveau contrat avec Relapse Records ?
Je suis très satisfait du montant que Relapse a voulu investir dans ce projet car ça va nous permettre de conserver le même line up et de partir en tournée. Tout le reste ne sera que du bonus. Quelles que seront nos ventes, nous pourrons quand même partir en tournée dans de bonnes conditions, c’est écrit noir sur blanc. 

Comment vois-tu la scène death metal aujourd’hui ?
Très vivante et beaucoup plus ouverte d’esprit qu’avant. J’ai par exemple discuté avec Paul Masvidal de Cynic récemment à Amsterdam et il m’a dit que quand ils avaient tourné avec Cannibal Corpse dans les 90’s, des gens lui avaient jeté des bouteilles à cause de son chant clair ! Aujourd’hui, un groupe comme Opeth, qui combine le death avec du rock 70’s a un énorme succès, tout comme Meshuggah, qui œuvre plus dans le death déstructuré. Beaucoup de tournées sont organisées et des groupes comme Cynic, Pestilence ou Atheist (on y revient, décidément…lol… - je pense aussi à Sadist) sont maintenant acceptés. C’est signe que les esprits se sont ouverts.

 OBSCURA

Comment vois-tu le futur du death metal ?
Je ne suis pas sûr… Les gens semblent être de plus en plus intéressés par la musique extrême car ils se rendent compte que c’est de la vraie musique jouée par des gens qui travaillent beaucoup. Il n’y a pas de place pour les ordinateurs dans ce style, sauf à la fin, pour des arrangements.

C’est facile de jouer ce style de musique quand on vient d’Allemagne ?
Tu dis ça parce que tu ne joues pas de guitare, c’est ça ? (rires) Non, mais c’est un étrange parce que l’Allemagne est un très gros pays pour le Metal mais personne ne s’intéresse trop à des groupes comme Obscura ici. On a du faire 25 interviews jusqu’ici et aucune pour l’Allemagne ! A croire que les gens ici ne sont intéressés que par Sodom, Destruction ou Kreator ! A part Necrophagist, il n’y a pas beaucoup de groupes de death metal allemands bien connus. Je pense que les groupes français, hormis Gojira, ont les mêmes problèmes avec leurs gros magazines. Ils ne sont pas assez supportés.

Nous, au Metal Obs’, en tout cas, nous essayons de supporter nos groupes autant que nous le pouvons. (Il n’y a qu’à voir le sommaire de ce mois-ci, même si on met en avant Gojira en raison de la tournée…)
Oui, il le faut, parce que votre scène death metal est très bonne ! Et il n’y a pas que Gojira (rires) !

Quel est le futur d’Obscura ?
On va tourner aux USA avec Cannibal Corpse mais pour le reste, on étudie des propositions parce qu’avec notre style, ça n’aurait aucun sens de tourner avec un groupe de pagan par exemple (rires) ! Ensuite, on fera une tournée européenne et j’espère qu’on pourra jouer en France autant que possible. J’ai entendu parler de dates à Paris et à Marseille. J’espère aussi que notre bookeur pourra nous faire jouer au Hellfest. Mais peut-être que notre album sort trop tard pour pouvoir être calé sur les gros festivals. Peut-être l’année prochaine.

Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie de l’album (interview réalisée fin janvier) ?
Je suis très satisfait des réactions des journalistes. Il semble que beaucoup de personnes s’intéressent à nous et c’est formidable. La promo semble porter ses fruits auprès de la presse.

Encore une fois, bravo pour votre album ! C’est vraiment énorme ! Je pense que vous pouvez vous attendre à avoir beaucoup de succès !
Oh, merci, 10/10 chez vous, c’est quelque chose ! C’est beaucoup de pression pour le prochain (rires) ! Tu n’as plus qu’à nous mettre 11/10 et on sera les Spinal Tap du death metal (rires) ! Merci encore à vous, les gars ! A bientôt sur la route…
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OBSCURA – Cosmosgenesis
Relapse Records / PIAS

Myspace : www.myspace.com/realmofobscura