OTARGOS

Il y a quelques mois, dans une petite salle près de Lyon, Otargos se produisait avec d’autres groupes extrêmes dans un festival organisé par Mick de Destinity. Pour notre part, c’était la première fois que nous les voyions en live et dire que nous avons été scotchés ce jour-là est un faible mot, malgré le fait que les conditions n’étaient pas optimales. Avec leur black haineux, inspiré et une interprétation sans faille, les Français avaient mis tout le monde d’accord. Bien sûr, Otargos, on en avait déjà entendu parler en bien, les albums précédents étant de très bonne qualité mais nul doute qu’avec ce Fuck God-Disease Process infernal et une tournée française massive qui se profile ce mois-ci, le groupe risque bien fort de devenir une vraie tête de file d’un black metal français qui n’a plus rien à envier aux pays scandinaves. Entretien avec Astatoth, guitariste de son état.

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°27 de Fév. 2009

 Interview d’Astatoth (guitares) – Par Geoffrey / Intro : Will Of Death

Quels ont été les retours du public sur Kinetic Zero ?
De façon générale, les critiques ont été assez bonnes. Les compos, le son, le layout et le concept ont été appréciés. Cependant, on nous a plusieurs fois reproché de ne pas avoir marqué d'évolution par rapport à notre précédent album, Ten-Eyed Nemesis. Il est vrai que Kinetic Zero était dans la lignée de son prédécesseur contrairement à Fuck God-Disease Process qui, pour sa part, explore de nouveaux horizons musicaux.

Le niveau que s’est imposé le groupe depuis ses débuts en terme d’excellence n’est-il pas finalement un poids, une pression supplémentaire, quand il faut composer un disque ?
Il est vrai que nous avons toujours été très exigeants dans la gestion de notre groupe. Nous ne laissons jamais place au hasard et nous savons ce que nous voulons. Les places sont rares et chères pour les groupes de Black Metal français qui veulent tourner un maximum et c'est pourquoi nous nous imposons cette rigueur. Pour ce qui est de la composition d'un disque, nous faisons notre musique. On ne se soucie pas de rentrer ou non dans les conventions habituelles du style. La seule pression que nous avions était d'être prêts à temps pour entrer en studio, ce qui a été le cas !
 
Et surtout, le style du groupe, tout en s’affinant, a des contours bien distincts. Ne vous sentez-vous pas prisonniers parfois, pas vraiment libres d’expérimenter à outrance, justement parce que les gens ont des attentes précises ? Mais ce n’est peut-être pas le but, non plus…
Absolument pas. Comme je te le disais, nous avons composé Fuck God-Disease Process sans se soucier de ce que le style musical impose généralement. Nous avons expérimenté beaucoup de choses dans cet album qui marquent une évolution certaine dans notre musique. Le prochain album sera peut-être à son tour lui aussi différent !

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Quels ont été les axes de travail pour ce nouveau disque ? Sur quels points vouliez-vous appuyer votre musique ?
Nous avons absolument tout fait à distance par le biais d'Internet. Il faut savoir que deux membres du groupe sont à Bordeaux, un est à Paris et le dernier à Nice ! Donc, je te laisse imaginer l'inexistence de nos répétitions ! Dagoth a composé 90% de la musique qu'il m’a ensuite présentée afin d'enregistrer des pré-prod solides, qu'on a ensuite transmis au reste du groupe pour que chacun puisse travailler dans les meilleures conditions possibles avant de rentrer en studio. Les morceaux se sont d'eux-mêmes orientés vers quelque chose de plus sombre, plus lourd et plus chaotique tant au niveau de la musique que des textes.

Comment décrierais-tu la musique de ce nouveau disque ?
Noire, chaotique, oppressante. Nous voulions que notre musique mette mal à l'aise l'auditeur.

Le titre Fuck God trouve d’entrer un écho avec la pochette de l’album… Après tout, Dieu ou pas Dieu, on finira tous à l’état de squelette…
C'est parfaitement ça ! Aucun dieu ne nous a amené sur cette Terre, aucun dieu ne viendra nous chercher après la mort. Cette cover est en parfaite adéquation avec les textes.

Quel est d’ailleurs le concept de ce nouveau disque ?
La réponse est en partie dans ta question précédente ! Les paroles du morceau “Nullabsolut”, Nothing to pray a god, No fool to fear a god, No living to create a god, This is your Satan, résument bien le concept. Pour nous, Dieu est un virus, une maladie.

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Le titre est très fort, mais n’avez-vous pas peur que ça sonne un peu cliché ? « On fait du black, alors fuck god » ; on vous sait plus subtils…
Justement, non ! Il n'est pas du tout cliché, nous cherchions un titre brut et direct, loin des thèmes théâtraux habituels. Tout est résumé dans le titre.

La pochette et l’artwork sont d’ailleurs les plus sombres que vous ayez utilisés depuis les débuts du groupe… L’aspect visuel semble très important pour vous…
Il est vrai que nous avons toujours travaillé le visuel. Pour Fuck God-Disease Process, il était évident qu'il fallait travailler sur la mort, le néant. L'extinction de Dieu passe par l'extermination de l'homme et comme tu l'as dit, on finira tous à l'état d’un putain de squelette.

D’ailleurs, l’édition limitée contient un DVD très bien fait et bien rempli, peux-tu en parler un peu ?
Le DVD contient 3h30 d'images parmi lesquelles figure notre concert filmé en multicam à l'Hérétic Club à Bordeaux en mai dernier, qui en est la pièce maîtresse, ainsi que deux autres concerts filmés à Irun et Paris. Il y a des vidéos de différents show du Kinetic Tour, un « On the road » de cette même période, un studio report de Fuck God-Disease Process, des clips, des photos. Nous voulions qu'il soit le plus complet possible. Nous avons souvent, nous-mêmes, été déçus par des DVD. Nous ne voulions pas que nos fans éprouvent la même frustration. Nous voulions également montrer qu'Otargos sait assumer ses compositions sur scène, contrairement à d'autres...

Pour faire du black metal en France, il ne faut pas trop afficher sa nationalité… Est-ce un frein parfois pour l’étranger d’être français et de jouer du black ?
Le milieu du black metal en France est assez particulier ! Beaucoup de rivalités, beaucoup de groupes, beaucoup de merdes ! Il est très facile de cacher son piètre niveau musical derrière une étiquette « true ».  Heureusement, certaines formations valent le coup ! Notre nationalité n'a jamais été un frein en ce qui concerne l'étranger, bien au contraire ! Nous en avons fait l'expérience lors de notre dernière tournée en Europe de l'Est où nous avons été fort bien accueillis.

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Comment vois-tu l’évolution du groupe ?
Nous ne manquons pas d'ambition ! Nous voulons répandre notre musique dans le monde entier, comme tout groupe qui se respecte, nous voulons évidemment aller le plus loin possible. Pour nous, le black metal ne se limite pas à une cave humide et un son douteux...

Quelle est ta définition du black metal ?
Il n'y a pas de définition propre, surtout de nos jours ! En ce qui nous concerne, le black metal est plus une ambiance qu'un style musical. La preuve, le mouvement a évolué depuis ses débuts. En tout cas, ce ne sont ni les instruments, ni le son et encore moins une paire de New Rock, qui définissent le black metal.

La suite pour le groupe, c’est quoi ?
Nous partons en tournée le 19 février en France pour une dizaine de concerts. D'autres dates « isolées » sont prévues jusqu'à cet été. Season Of Mist gère depuis peu la distribution mondiale, chose que nous avons longuement attendue avec Rupture Music (ETSLM). Fuck God-Disease Process vient juste de sortir et les critiques sont pour le moment excellentes, nous verrons si cet album nous permettra de passer à l'étape supérieure... Quoi qu'il en soit, nous ne restons pas les bras croisés à attendre la suite, une seconde tournée Européenne est en prévision pour la fin de l'année et nous travaillons déjà sur le prochain opus d'Otargos.



OTARGOS - Fuck God-Disease Process
Rupture Music / Season Of Mist

Myspace : www.myspace.com/otargos