TREPALIUM

En preview le mois dernier dans nos pages, on vous parlait de la sortie avancée du troisième album des Picto-Charentais de Trepalium. Le groupe ouvrant pour Gojira sur toute leur tournée française, « XIII » se devait d’être prêt à affronter un public impatient. Avec un changement de label, une production claire et puissante, Ludo et Harun nous parlent du groupe depuis la sortie de leur précédent opus, du nouvel album et de la tournée à venir. 

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°27 de Fév. 2009

 Entretien avec Ludovic Chauveau (basse) et Harun Demiraslan (guitare et keyboards) - Par Gaet’
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Voilà bientôt trois ans que votre second album est sorti. Vous avez écumé une trentaine de dates pour le promouvoir. Avec ces quelques années de recul, comment ressentez-vous l’engouement que Alchemik Clockwork Of Disorder a pu obtenir auprès du public ?
Ludo : On est content. Les concerts pour promouvoir cet album se sont très bien passés et on a eu la plus part du temps de très bon échos… Après, on ne pas plaire à tout le monde, mais je pense que cet album nous a sortis des clichés dans lesquels on était classé à la suite de « Through The Absurd ». On a affirmé l’identité du groupe et le public l’a compris.

Harun, le fait que tu sois contraint de ne pas pouvoir assumer la première partie de la tournée en 2006, juste après la sortie de l’album (ndlr : à cause de tendinites), ça a dû être une situation assez frustrante, aussi bien pour toi que pour le reste du groupe ?
Harun : Ayant composé une grande partie de cet album, assez oui. Je ne m'attendais pas à ce que ma santé déraille à ce moment. Le tout début à été plutôt dur. En même temps, j'en avais besoin. J'étais en charpente à cette époque et j'abusais de la guitare durant cette période... souffrant constamment des deux bras depuis quelques temps déjà, une dizaine de mois furent nécessaires pour calmer mes douleurs. Dès que j'ai vu les ennuis arriver, on a fait appel à Aldrick Guadagnino, un guitariste hors norme ! Il avait repris nos deux premiers albums en l'espace de deux/trois semaines... étant très bons amis, il me remplaça au pied levé. On lui en est reconnaissant. Mais bon, finalement, ce fut une bonne expérience dans le sens où j'ai pu observer les points forts et les points faibles de notre musique. Cela m'a permis de redécouvrir la musique sous un autre angle.
Ludo : Il est clair que les quatre autres membres du groupe étaient un peu inquiet au départ, perdre un guitariste comme Harun dés le début de la tournée, ça vous fait cogiter… Mais comme le dit Harun, Aldrick nous a très vite rassurés, musicalement comme humainement. Donc, le groupe n’en a pas pâti.

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Je vous avais vus sur une date à Arras avec Pitbulls In The Nursery et Kaizen. En ce temps-là, je jouais dans un groupe de la région, Down For Go(o)d, on avait ouvert les hostilités de la soirée. Je me souviens Harun, que tu étais présent…
Harun : Oui en effet. J'étais présent sur toutes les dates pour m'occuper de mon matériel qu'Aldrick utilisait, du merch ou des lights quand notre ingénieur n'était pas disponible.

Vous avez honoré votre contrat en sortant vos deux premiers albums chez Holy Records. Là, XIII sort chez Season Of Mist. Vous souhaitiez changer de crémerie ou tout ça s’est fait naturellement ?
Harun : Nous étions dans cette période de la vie d'un groupe où il faut faire des choix. Nous étions fatigués de devoir s'investir dans une passion et que rien ne se passe. Il devenait capital de mettre les choses à plat et de réfléchir sur la situation. Entre les dettes et un risque de démotivation générale, nous avons pris le risque de quitter Holy Records en espérant trouver une situation qui réponde à nos besoins. Çe fut dur, mais nous ne regrettons rien de nos choix.

La première chose qui nous frappe en écoutant « XIII », c’est la production beaucoup plus « rentre-dedans », qui met d’emblée plus en valeur le caractère agressif des morceaux, avec un son beaucoup plus massif. Pourtant, comme sur le précédent album, vous l’avez enregistré avec Sylvain Biguet, qui se charge en plus ici du mixage. C’est de lui qu’est venue l’idée de rechercher un son plus valorisant ou c’est ce que vous vouliez, vous ?
Ludo : Vu que c’était la seconde fois qu’on travaillait avec Sylvain Biguet, on avait entièrement confiance en lui. De plus, le fait qu’il soit chargé du mixage a facilité son travail sur les prises de son, il savait dès le départ dans quelle direction il voulait aller. Évidemment, on cherchait à avoir un meilleur son que sur l’album précédent, comme tous les groupes d’ailleurs, mais on l’a vraiment laissé maître de notre son, sans aucun regret.

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Vous avez eu un long moment d’absence après l’épisode Alchemik Clockwork Of Disorder. Vous avez mis tout ce temps pour travailler sur l’élaboration du nouvel album ?
Harun : Non pas vraiment. L'élaboration de cet album à été plutôt rapide. Ça s'est fait de manière très spontanée. Suite à cette période difficile pour le groupe, nous nous étions mis un coup de pression sur notre  planning. Nous le voulions absolument pour janvier 2008. Du coup, j'avais apporté les bases de onze des titres durant mai/juin 2007, le reste ayant été travaillé ensemble durant septembre/octobre 2007 de manière plus détendue. C'est en fait suite à cette période de remise en question totale sur notre fonctionnement que ça été long. Il nous fallait retrouver un nouveau label ainsi qu'une structure qui réponde à nos envies. Ça n'a pas été de tout repos, mais ça valait le coup de prendre notre temps.

Le nouvel album s'appelle donc XIII. Vous pouvez nous en dire un peu plus sur sa signification ?
Harun: C'est en fait la suite de "Alchemik Clockwork Of Disorder". Ça raconte l'histoire d'un personnage qui n'a plus de limites. Qui se laisse aller à ses pulsions les plus violentes. Mais les symboliques y sont nombreuses... Ce chiffre représente entre autre la mort dans les cartes de Tarot de Marseille. Mais bon, pour saisir pleinement les subtilités du concept, il faudra bien lire les textes...

Ca se passe donc comment une répète chez Trepalium ?
Ludo : On habite encore ensemble Sylvain (batterie),  Nico (guitare) et moi, à Boismé, dans le 79.  A la maison, il y a un petit grenier qui nous sert de local de répétition, on s’y sent à l’aise et ça possède donc un côté pratique. En gros, il y a deux sortes de répètes : celles où on travaille les nouveaux riffs, et celles où on travaille le set pour les concerts. Dans les deux cas, on essaye de faire ça tous ensemble quand c’est possible, et dans les deux cas, il y a toujours un pack de bière qui traîne pas loin. Bref, c’est dans la bonne humeur, il faut que ça reste un plaisir avant tout. Si tu veux passer voir un de ces jours, tu seras le bienvenu…

Et bien pourquoi pas, je note l’invit’… le jour où je passerai dans le coin, j’amènerai ma contribution en houblon bullé (rires). Et sinon, on sent beaucoup d’influences au travers de ces nouveaux titres…
Harun : Oui. Depuis Alchemik Clockwork of Disorder, le métissage est l'un des aspects du death que nous pratiquons. Ce mélange nous permet d'explorer diverses émotions.

Désormais, c’est Twiggy qui se charge du booking pour les dates de concert, c’est bien ça ?
Harun : Dans un premier temps, oui. Il est en fait notre manager. C'est Fred de Garmonbozia qui s'occupe du booking. C'est juste le temps qu'on prenne nos marques, ils s’entraident pour gérer tout ça.

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Bon et donc cette tournée avec Gojira s’annonce comme une « belle grosse chouille en famille » pendant un mois ? Stressés parce que Gojira a quand même pris pas mal de galon ces derniers temps, ou tout simplement heureux de pouvoir partager la promotion de votre nouvel album avec des potes ?
Ludo : Les deux en fait, stressés car c’est la première fois qu’on fait autant de dates sur un laps de temps aussi court, et comme tu le sous-entends, Gojira, ça va être une putain de machine de guerre sur scène. Il va donc falloir être au taquet. Et bien évidemment, on est super content, l’album sort enfin après une longue série de remises en question. Il y a une grosse tournée française derrière, ça faisait un petit moment qu’on attendait ça, et là, tout devient enfin concret. Pour la «belle grosse chouille en famille», on va essayer de faire attention un minimum, car va falloir être en forme (sourires).

Et après cette tournée française, vous comptez vous exporter en dehors de l’Hexagone ?
Ludo : Évidemment, c’est un souhait, on va voir ce qui est possible de faire là-dessus, mais le passé nous a appris qu’il faut faire les choses dans l’ordre, quitte à prendre son temps.

Vous faites désormais partie de l’élite du métal français. Vous gérez finalement ce statut sans vous prendre la tête. Si les choses avaient à prendre une tournure beaucoup plus grande, vous seriez prêts à tout plaquer pour vous investir à fond dans cette aventure ?
Ludo : C’est ce qu’on a toujours fait, la motivation ne nous a jamais quittés. Ça fait plus de huit ans qu’on donne tout ce qu’on a pour ce groupe, on a tous déjà lâché des boulots pour ça et si c’était à refaire ou à faire dans l’avenir, on serait encore partant.

En tout cas, là, vous sortez une vraie bombe, qui a le potentiel de tout ravager autour d’elle…
Ludo : Merci pour le compliment, content que ça te plaise.


TREPALIUM – XIII
Season Of Mist



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