CHIMAIRA

INFECTED SOULS

Chimaira, vous l’aurez remarqué si vous avez lu les deux derniers numéros, nous, on aime sans compter ! Alors, à l’orée de la sortie du nouvel album du groupe, The Infection, nous sommes allés interroger Matt DeVries pour en savoir un peu plus, notamment quant à la direction prise par le groupe sur ce disque, qui se révèle au final plus heavy et sombre que ses prédécesseurs.

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Matt DeVries (guitares) – Par Geoffrey & Will Of Death]
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Comment vois-tu Resurrection, deux ans après sa sortie ?
J’aime toujours le disque. Andols (batterie) était de retour dans le groupe et Andy Sneap a fait du super boulot à la production. On a franchi un autre palier et quand je regarde en arrière, c’est probablement le disque que je préfère.

Nous pensons que The Infection est réellement votre meilleur album à ce jour…
C’est ce qu’on dit toujours dans ce cas-là (rires). J’apprécie, merci !

Resurrection ayant été un gros succès, avez-vous ressenti une certaine pression avant d’écrire le nouvel album ?
Non, pas vraiment. On n’a pas changé grand chose à nos méthodes d’écriture : Matt et Rob ont bossé ensemble, moi, de mon côté, j’ai écrit 4 chansons avec des Pro-Tools et on a mis tout ça en commun dans notre salle de répètes. Matt et Rob ont écrit pas mal de trucs lors de notre dernière tournée, moi, j’en suis totalement incapable car j’ai besoin d’être au calme à la maison pour y parvenir. Ils ont écrit 6 ou 7 titres comme ça. Quand nous sommes rentrés, il m’a fallu un mois pour bien saisir où ils voulaient en venir et j’ai écrit à mon tour. Mais parler de pression, non. Nous en avions plus il y a quelques années quand nous devions à tout prix faire nos preuves mais là, notre label aime vraiment ce que nous faisons, donc ils nous foutent la paix. C’était parfois plus tendu avec Roadrunner.

Quelle était votre idée au moment de l’écriture, parce que pour nous, cet album est plus heavy que jamais mais aussi plus sombre ?
Ce n’est pas une question anodine parce qu’en fait, on n’a rien prémédité, c’est venu comme ça. On s’est retrouvé avec des titres plus heavy et des ambiances plus sombres. C’est cool parce que ça va montrer aux gens une autre facette du groupe, qui, de plus, me paraît très honnête et plus naturelle. On s’est rendu compte de ça quand nous étions en train de faire la pré-production des titres en studio.

Et es-tu d’accord avec nous si nous te disons que cet album demande plus d’écoutes pour bien rentrer dedans ?
Oui, je pense, bien que j’aie un peu de mal à prendre du recul vu qu’on l’a réécouté et réécouté des dizaines de fois ces derniers temps. Peut-être que la direction que nous avons prise là va surprendre les gens et qu’il leur faudra un peu de temps pour l’apprivoiser, surtout au niveau des mid-tempos et des trucs bien groovy. On ne sait jamais trop à quoi s’attendre avec nous et c’est très bien comme ça !

Encore une fois, le son de cet album est fantastique. Comment ça s’est passé en studio ?
Nous sommes très satisfaits du résultat. Chimaira est un groupe qui s’apprécie vraiment en live et je pense qu’on a réussi à capturer cette puissance sur l’album et la vision que nous en avions au départ.

CHIMAIRA

Est-ce que tu réalises que ce nouvel album est encore une fois un grand pas en avant pour le groupe ?
Au départ non, mais à force que les gens me le disent, je vais bien finir par le croire (rires) ! C’est d’autant plus cool que l’album est différent de ceux sortis auparavant et que les gens ont des avis différents sur la question. On ne laisse pas les auditeurs indifférents, c’est bien. 

Après plusieurs albums, est-il aisé de trouver de nouvelles idées ou directions pour le groupe ?
Oui et non… Personnellement, écrire ne me fait pas peur, je suis rarement bloqué. Quand je trouve un riff qui tue, j’appelle Matt ou Rob et je leur demande leur avis. Nous sommes chanceux d’être des musiciens qui parviennent à trouver des idées fraîches à chaque fois. La seule chose qui m’inquiète, c’est quand je sens qu’un riff ressemble trop à un autre du passé, là, on le vire illico.

C’est ce qui fait que vous avez su développer votre propre univers musical au fil du temps, ce qui n’est pas forcément évident de nos jours dans l’industrie musicale…
Oui, bien qu’on ne dise pas non plus que nous sommes le groupe le plus original de la Terre. Je suis déjà très content que les gens connaissent Chimaira, ça me rend fier.

Comment vois-tu l’évolution du groupe au fil des années ?
On a toujours essayé d’avancer selon nos goûts sans vouloir forcément être les nouveaux Metallica. Notre fan-base a grandi en même temps que nous évoluions. C’est quand même cool d’en être arrivé là quand je repense à d’où nous venons. Je suis en fait très satisfait d’avoir toujours su évoluer, de ne pas avoir stagné.

Que penses-tu du music business ? Comment le vois-tu ? 
Ompphhh (rires) ! Comme tous les autres groupes, je crois ! Quand je suis entré dans ce groupe, mon but était de rester guitariste à vie sans m’occuper du reste. Mais nous avons été signés et nous avons dû quand même nous poser des questions pour savoir ce qu’il était bon de faire. C’est beaucoup de boulot, le business est une nécessité mais je préfère ne pas trop y penser. Nous avons la chance aujourd’hui de ne pouvoir penser qu’à notre musique mais ça devient dur pour tout le monde : le problème des téléchargements fait baisser les ventes et les labels cherchent toujours des solutions pour s’en sortir.

Tu te vois sortir ton prochain disque uniquement en mp3’s ?
Non parce que je suis un pur collectionneur de CD’s, tout comme nos vrais fans. J’aime ouvrir le livret et lire ce qu’il y a dedans. Je l’espère mais je sais très bien que ça n’arrivera jamais, mais si les gens pouvaient arrêter de télécharger les disques, ça serait une très bonne chose pour tout le monde ! Je pense qu’en tant que fan, je veux avoir un disque en entier, ce qui inclut le livret, la couv’, le CD gravé légalement, etc…

Parlons un peu de toi, Matt. Tu te rappelles du premier album de rock que tu as entendu quand tu étais un gosse ?
Pour le rock, je ne sais plus très bien parce que mes parents en écoutaient tout le temps. Par contre, mon premier album Metal a été un disque de Metallica parce que je trouvais que les parties de guitare étaient fantastiques, des purs riffs. C’est comme ça que j’ai commencé, en essayant de reproduire les lignes de gratte et au début, ça n’a pas été de la tarte (rires) !

Et la première fois que tu as touché une guitare ?
C’était une guitare acoustique et j’avais 12 ans. Mais très vite, il m’a fallu une guitare électrique pour riffer, j’avais 14 ans. Je n’en avais rien à cirer du sport et comme mes parents ne voulaient pas que je glande indéfiniment, ils m’ont poussé à jouer pendant des heures, à progresser. Je les en remercie aujourd’hui parce que c’est vite devenu également un bon moyen pour emballer les nanas (rires) !

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Quand as-tu réalisé que tu voulais faire de la musique ton métier ?
Je ne l’ai pas décidé mais plutôt espéré. Avec Jimmy, on était déjà potes à l’âge de 15 ans et on s’y voyait déjà… En 1993, on a donc donné notre premier show et je peux te dire que ce fut une expérience inoubliable, qui nous a marqués à vie. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il serait peut-être cool de persévérer là-dedans parce que c’était trop bon d’être sur une scène. Je suis toujours dans cet état d’esprit.
Comment décris-tu ta manière de jouer de la guitare ?
Je dirais que j’ai surtout une super main droite qui me permet de jouer ce que je veux, des trucs très mélodiques, des trucs extrêmes comme du Napalm Death ou encore du hardcore…

Tu as essayé de nouvelles choses sur le nouvel album ?
Non, pas vraiment. Il y a peut-être plus d’harmonies mais au niveau guitare, c’est la même chose. Je me sens en sécurité quand je joue à mon niveau des choses que j’aime. Nous ne sommes pas un groupe de Metal extrême mais c’est vrai que nous aimons écrire des parties qui relèvent parfois du challenge technique, ça nous fait progresser d’album en album.

Comme la dernière chanson de l’album, qui est assez expérimentale pour vous…
Rob écrit pour son side-project et pour nous et c’est vrai que nous nous sommes demandés si cette chanson plus lente et plus mélodique qu’à l’accoutumée avait sa place dans un album de Chimaira. Mais moi, elle m’a bien plu ainsi qu’à Matt Hunter. On l’a triturée un peu au niveau des riffs et ça donne une nouvelle couleur à notre musique.

Et après toutes ces années, c’est facile de supporter les humeurs de chacun dans le groupe ?
Hummm, oui et non (rire). Habituellement, nous sommes 6 dans le groupe plus les techniciens alors c’est vrai que parfois, on se marche dessus dans le bus et il y a des frictions. Mais tu sais, nous sommes plus comme une famille maintenant et nous connaissons bien nos personnalités, ce qui est très important quand on tourne.

Qu’attends-tu de la sortie de l’album ?
Ce que nous voulons est que cet album touche encore plus de gens afin que nous puissions donner encore plein de concerts. Nous sommes confiants et aussi satisfaits du fait que notre line-up a très peu évolué depuis nos débuts.

On va vous revoir au Hellfest, là, cette année…
Oui, on était venus il y a deux ans pour Resurrection. C’était… marrant mais complètement dingue !

Oui, mais ne t’inquiète pas, tout a changé et c’est devenu complètement professionnel. L’année dernière, ce fut fantastique !
C’est cool. Je me rappelle il y a deux ans qu’une table de mixage avait cramé à cause du mauvais temps, que tout avait pris du retard et que les kids et nous étions très en colère. Quand nous sommes montés sur scène, du coup, ça a été la guerre et ça reste un de mes plus grands souvenirs de festival ! Un show vraiment intense. J’espère que ce sera encore comme ça cette année !



CHIMAIRA – The Infection
Ferret Music


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