ELUVEITIE

Eluveitie, ou la surprise de taille de ce mois d’avril, ou comment passer d’un death mélodique jovial à carrément du folk acoustique. Assumant parfaitement ses choix, c’est Chrigel Glanzmann bien dans ses peaux de bêtes, mais pas très concerné, qui a bien voulu nous répondre, d’autant que nous accueillons ce mois-ci dans nos rangs un de ses compatriotes, en la personne de Gilles, aka Der Kaiser ! Vive la Suisse !  

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Chrigel Glanzmann - Par Geoffrey et Gilles Der Kaiser
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Tout d’abord, revenons un peu dans le passé. Comment ont été les les réactions pour « Slania » ?
Pour être hônnete, vraiment incroyables. On était plus que contents et tous surpris des réactions que nous avons eues. C’était vraiment génial.

Mais vous saviez que c’était un album génial…
Ben, pas toujours. Quand on et arrivé en studio, on a bien entendu essayé de faire un bon album, mais au bout du compte, on ne sait jamais comment un nouvel album sera reçu…

Comment se sont passées les tournées pour « Slania » ?
Tout aussi incroyables.

Avant de parler du nouvel opus, était-ce une surprise pour vous lorsque Rafii et Sevon ont quitté le groupe ?
Pas vraiment, non. Cela faisait un moment qu’ils y pensaient. Le temps qu’il fallait consacrer au groupe devenait de plus en plus important avec les tournées notamment. Après avoir tourné toute une année, voir encore plus, on a tous dû se demander au moins une fois si on pouvait faire avec. Tous les membres du groupe ont dû prendre cette décision. Donc oui, cela faisait un moment qu’ils y pensaient, parce qu’ils ont tous les deux un travail normal, mais aussi d’autres groupes. Donc après la première tournées aux USA, ils ont décidé que c’était le moment de partir. Parce que ça devenait trop pour eux.

Ca vous a fait peur pour l’avenir du groupe ?
Non, pas du tout. Bien entendu, c’était une grande perte, parce qu’ils étaient tout les deux des musiciens live vraiment géniaux, mais non, on n’a jamais vraiment eu peur de l’avenir. Il n’y avait pas de raison d’avoir peur.

Parlons maintenant de votre nouvel album. Cet album est basé sur l’acoustique pour les guitares. Pourquoi maintenant ?
C’et une bonne question. Faire quelque chose de purement acoustique, c’était comme un rêve qu’on avait depuis un petit bout de temps. C’était quelque chose que l’on avait en tête depuis un bout de temps déjà. Quelque chose comme 3 ans. Et durant la dernière année et demi, c’est devenu de plus en plus concret. Un jour, il faut juste se lancer pour faire quelque chose que tu as eu envie de faire depuis un moment. On s’est juste dit : « faisons-le maintenant ». Donc, il n’y a pas de raison spécifique. C’est juste quelque chose que l’on voulait vraiment faire. Au début de cette année, tous les morceaux de cet album commençaient à être bien en place et maintenant, tout est fini.

ELUVEITIE

Crois-tu que tous ceux qui ont aimé « Slania » vont comprendre le nouveau ?
J’éspère que oui, mais je suis presque sûr que ce ne sera pas le cas. On était conscient que ce serait un risque de sortir un album acoustique maintenant, après « Slania ». Je l’ai déjà dit, je pense qu’il faut suivre ses propres intentions. Faire un album acoustique est quelque chose que nous voulions faire depuis très longtemps, donc on s’est juste dit « faisons-le maintenant ». Qu’est ce que ça fait que des gens ne l’aiment pas ? Nous, on voulait vraiment le faire.

Comment s’est passé le processus de composition pour cet album ? C’était différent que par le passé ?
Pas vraiment. Ce qui a changé, c’est que nous l’avons plus écrit ensemble. Avant, c’était surtout moi qui écrivait la musique, mais cette fois-ci, tout le monde a été impliqué dans le processus de composition. C’est une idée qui a émergé pendant les tournées et les répétitions : on voulait faire quelque chose d’acoustique, donc tout le monde s’est plus impliqué dans l’écriture. Il y a même des morceaux où je n’ai rien fait du tout, comme pour « Voviso In Mori » par exemple. Il a été écrit par Anna et Merlin. Voilà donc la principale différence, mais pour l’enregistrement de tout le reste, c’était à peu près pareil.

Réalises-tu que c’est un album génial ? Certes différent de « Slania », mais déjà un très bon album…
Ben, disons qu‘on est content avec. (Rires).

Parlons maintenant de tous les invités sur cet album. Pourquoi autant ?
On voulait juste reproduire un son acoustique avec une diversité aussi riche que possible au niveau du son, des sons de différents instruments. Pendant l’écriture des morceaux, dans certaines chansons spécifiques, il y avait comme un besoin pour certains instruments. Par exemple, j’ai fait les arrangements de « Gobanno » et rapidement, ça a été clair qu’ici il fallait un accordéon. C’était à peu près pareil pour tous les autres instruments qui ont été joués par des invités. Donc, on avait un besoin de certains instruments et besoin de trouver des musiciens qui pouvaient jouer de ces instruments, car ce sont tous des instruments que nous ne jouons pas nous-mêmes. Tous les gens qui ont joué en tant qu’invités sur l’album sont des bons amis. Cela faisait déjà longtemps qu’on les connaissaient. C’était évident de leur demander à eux et ils étaient motivés.

De quoi parlent les textes cette fois ?
En un sens, c’est un peu comme un album concept. L’idée de base était vraiment d’incorporer la mythologie celtique dans notre musique. Ca exprime vraiment la mythologie celtique. Ca ne fait rien s’il y a des paroles ou pas. Donc, les morceaux qui ont des paroles sont à propos de la mythologie celtique voire même la mythologie gauloise. Comme je l’ai déjà dit, nous voulions présenter la mythologie gauloise sous une forme musicale. Nous avons essayé de la garder aussi authentique que possible. L’idée nous est venue de faire tout un album avec des paroles qui contiennent des  textes originaux du gaulois. Ce qui veux dire que la majorité des paroles sont des textes qui ont été écrits il y a deux mille ans. Ce sont des vieux textes qui ont été trouvés durant des fouilles pendant les deux derniers siècles. C’était inscrit sur de la poterie, ou sur des tablettes, etc.. Et donc bien entendu, il y a beaucoup d’anciens textes comme ça. Nous en avons juste choisi quelques-uns dépendant de notre idée de concept, à savoir des sujets mythologiques ou même magiques. Au final, je pense que le contenu lyrique de l’album est assez sombre. Il y a des textes, comme « The Arcane Dominion »,  où c’est assez spirituel.

Comment ça c’est passé en studio ? Cela devait être très différent que pour « Slania », un album plus métal… C’était un challenge ?
Oui, mais pas parce qu’il est acoustique. Pour cela, nous avons juste choisi des studios différents que pour Slania, des studios adéquats pour la musique acoustique. Mais ce qui était différent cette fois-ci et ce qui était un challenge, c’est que nous avons fait une bonne partie de la production nous-mêmes. Pour la première fois. Donc, ça, c’était vraiment un challenge. Mais c’est aussi quelque chose que nous voulions faire. On a beaucoup appris et c’était une très bonne expérience.

Comment Nuclear Blast a-t-il réagi lorsque vous leur avez dit que votre nouvel album serait entièrement acoustique ?
On s’attendait un peu à ce qu’ils nous disent « vous êtes fous », mais ça n’a pas du tout été le cas. Comme je l’ai dit plus tôt, cela faisait déjà un moment qu’on l’avait décidé et on leur a dit juste après avoir signé chez eux. On leur a dit : « Eh, les mecs, un jour, on aimerait faire un album acoustique » et ils ont vraiment beaucoup aimé l’idée sans pour autant avoir une idée de comment le résultat final sonnerait. Mais ça leur était égal, car ils sont vraiment très ouverts d’esprit. Ils nous ont fait confiance. Et lorsqu’ils ont entendu les pré-productions, il étaient vraiment contents et motivés. Ce qui est cool bien sûr.

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Allez-vous faire la deuxième partie juste derrière ? Ou après quelques années ?
Non, nous allons vraiment prendre notre temps pour la deuxième partie. La prochaine chose que nous allons faire est un album plus classique. Et après celui-là, nous allons commencer à composer et à faire les arrangements du deuxième volet d’« Evocation ».

Comment vois-tu l’évolution du groupe pour les années à venir ?
Si tu regardes ça musicalement, maintenant, nous avons fait quelque chose de très différent avec l’album acoustique, mais je ne pense pas que nous allons beaucoup changer musicalement. Notre processus d’écriture se fait toujours très naturellement. Donc, ça ne change pas beaucoup. Mais ce qui a beaucoup changé, c’est la production. Enregistrer un album avec autant d’instruments (sur « Spirit » et « Slania », nous en avons utilisé une quinzaine) et le mixer lorsqu’il y a tellement de pistes représente vraiment un gros challenge. C’est quelque chose de difficile. Et bien entendu, chaque fois que tu es en studio, tu apprends plus à ce sujet. On apprend comment faire les choses mieux. Donc, je pense que l’évolution principale entre les albums concerne la production. Et en tant que groupe, avec les années, on s’est vraiment unis, en tant que personnes. Ce groupe demande tellement de temps, on est tellement souvent en tournée, qu’il n’y a que très peu de temps pour faire des choses à côté du groupe. On est comme une famille. Donc ça aussi, je pense que c’est un développement important. Et je crois que ça s’entend lorsque nous jouons ensemble live. Nos vies privées ont aussi beaucoup changé. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus avoir de travail régulier. On est beaucoup trop en tournée pour ça.

Avec autant de membres dans le groupe, est-ce facile de faire avec les humeurs de chacun, tous les jours ?
Je ne pense pas que cela fasse une grosse différence si le groupe a quelques membres ou s’il en a une vingtaine. Si tu es sur la route ensemble, ou que tu passes beaucoup de temps en local de répétition ensemble, tu dois t’entendre avec les membres du groupe, peu importe leur nombre. C’est quelque chose que tu dois apprendre. Tu dois apprendre à faire avec les humeurs de chacun. C’est quelque chose de naturel.

Pour les concerts, pour soutenir ce nouvel album, vous allez mélanger les morceaux de vos différents albums, ou plutôt faire une petite tournée acoustique ?
Ce n’est pas vraiment sûr. Peut-être ferons-nous une tournée acoustique. On en avait une de bookée, mais elle a été annulée dans son intégralité. On était censé jouer pour la deuxième partie du Pagan Festival en acoustique, mais comme je viens de le dire, ça a été annulé. Donc, on ne sait pas encore ce qui va se passer niveau concerts acoustiques pour « Evocation ». Mais à coup sûr, nous allons jouer des festivals médiévaux et de folk. Nous allons aussi faire quelques dates plus classiques. Pour tout cela, nous allons mélanger la tracklist et jouer des morceaux acoustiques et des morceaux métal.

Et vous allez revenir en France, j’espère…
J’espère aussi. Comme je l’ai dit, nous ne savons pas encore vraiment. On était censé jouer en France sur la tournée qui a été annulée, donc pour le moment, nous n’avons rien de confirmé en France. Mais peut-être, je l’espère en tout cas.



ELUVEITIE – Evocation 1 - The Arcane Dominion
Nuclear Blast / PIAS


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