Ah ! Les joies de l’informatique, d’internet, des boîtes mails… Un fichier est envoyé et se perd, impossible de le retrouver. Du coup, on se râle dessus car on croit avoir définitivement perdu la trace d’un entretien très intéressant, celui d’une formation qui l’est tout autant, toujours en constante évolution, à la recherche d’expérimentations. Alors on insiste et on se retrouve à cliquer sur l’icône « spams » de notre boîte mail et là, surprise, se trouve nichée notre interview d’Ephel Duath, réalisée en décembre 2008, à l’occasion de la sortie de Through My Dog’s Eyes. Alors avec quelques mois de retard, la voici, et comme il y a toujours des retardataires, on se rassure en se disant qu’il n’y a pas de raison pour qu’on ne vous en fasse pas profiter, au vu de la qualité de ce dernier album.

Exclusivité NOISEWEB

ENGLISH VERSION after the French one...

 Entretien avec Davide Tiso (guitares) et Guillermo Gonzales (chant) – Par Gaet' et Will Of Death 
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Tout d’abord, je ne sais pas si vous êtes à l’origine de l’idée d’envoyer une peluche à l’effigie d’un chien pour accompagner le disque promo de l’album, mais en tout cas, ça nous a bien laissés perplexes pendant quelques instants à la rédaction, avant de comprendre pourquoi en voyant le nom de Through My Dog’s Eyes.
Davide
: Je n’étais pas au courant à propos de cette peluche. Il faudrait que je pense à en demander une à Earache pour moi...

Finalement, ça tombe bien car nous n’avions pas de vigile. Désormais, nous pourrons poster le chien à l’entrée pour assurer la sécurité (rires).
Davide : Oui, c’est une bonne idée. Les chiens sont de bons systèmes d’alarme. Mon chien, Bostoncoppa, un bulldog français, est très petit. Ce que j’aime le plus chez lui, c’est le fait qu’il ne réalise pas qu’il est un petit chien. Il est capable d’attaquer un gros adversaire pour faire son travail de gardien, pour protéger ma maison et moi.
Guillermo : Ma petite amie a aussi un petit chien, qui s’appelle Moli (Jasmine en chinois), mais elle ne sait faire que manger et te sauter dessus pendant que tu regardes la télé… (rires)

L’album s’intitule donc Through My Dog’s Eyes. D’où t’es venu cette idée d’écrire des textes racontant des histoires à partir du point de vue d’un chien ?
Davide : J’ai commencé à penser à ce projet après les cessions d’enregistrement de Pain Necessary To Know en 2005. J’aime beaucoup travailler sur des concepts. The Painter’s Palette en était un bon, l’album qui suivit n’en n’était pas un en soi, mais l’humeur des paroles de presque chaque morceau était connectée. Ainsi, une fois que je me suis décidé pour le nom de l’album, j’ai écrit des histoires courtes pour chaque morceau. Chaque mot des textes apparaît sous la forme d’une tache pour récapituler la signification de chaque histoire, dans l’espace restreint d’une chanson. Il y a un parallèle entre la nouvelle direction musicale du groupe et le concept du chien que nous avons choisi.
Deux aspects ressortent de cet album : le premier est que ce nouvel album est libre de structures complexes et d’arrangements dissonants, qui étaient présent sur les albums précédents. Cette fois-ci, nous avons décidé d’aller au cœur des genres que nous avions effleurés dans le passé, nous concentrant ainsi dans la direction rock-blues de certains riffs de The Painter’s Palette et de Pain Necessary To Know. Ensuite, le chien est l’un des animaux qui arrive le mieux à nous exprimer ses sentiments au travers de ses yeux. Les chiens, pour quelques aspects, peuvent être encore plus humains que l’homme lui-même, en termes de partage des émotions. Un chien est nu devant ses sentiments, il n'est pas capable de les cacher. Les hommes ont les filtres de centaines d'années d'évolution. Finalement, parfois, la seule façon de capter les sentiments d'une personne, est de se retrancher au plus profond de sa personnalité. Avec les chiens ça n’est pas nécessaire, il suffit juste de les regarder dans les yeux pour saisir ce qu’il se passe.

Un concept original pour une musique qui l’est tout autant. On sent une réelle évolution entre chaque album en termes de style et d’expérimentation. Davide, est-ce un challenge pour toi de ne jamais refaire la même chose et de t’aventurer vers de nouveaux horizons à chaque album, ou est-ce que cette évolution se fait naturellement ?
Davide : Je change en tant qu’individu et du coup, le groupe change aussi. En tant qu’homme, j’aime réinventer ma vie et je dirais que grosso modo tous les deux ans, je tourne la page et je ne regarde pas derrière moi.  En tant que musicien, j’aime me diriger vers des directions qui me fascinent, même si souvent, je n’en connais pas les règles. J’aime bien sauter dans l’inconnu, il y a tant de leçons à tirer en agissant de cette manière.
Guillermo : C’est exactement ce que j’ai toujours aimé dans la musique de Davide, il n’y a aucune crainte du tout, au point qu’il en est totalement insouciant. Et puis parfois, il m’effraye avec ses nouveautés musicales, je trouve souvent que certains riffs ne peuvent être joués dans un style de chanson, mais Davide, lui, trouve toujours le bon chemin pour y arriver avec ses acrobaties musicales.



L’album est donc beaucoup plus brut et moins violent que les précédents, voire même orienté jazz avant-gardiste. Musicalement, certains passages m’ont fait penser à du John Zorn, aux albums solo de Trevor Dunn aussi. Quels sont les artistes qui t’ont le plus marqué et influencé ?
Davide : Derrière chaque album, il y a différentes influences. Je dirais que Through My Dog’s Eyes a été composé en écoutant “Uprising” de Entombed, “In the Arms of God” de Corrosion Of Conformity, “Era Vulgaris” de Queen Of The Stone Age, les quatre premiers albums de Danzig, les premiers de Down et Tomahawk, Poison The Well et bien d’autres...
Guillermo : Quand je pense à tout ce temps que j’ai passé avec Davide - je viens certes d’intégrer le groupe mais ça fait longtemps que nous sommes amis - une chose qui est claire pour moi, c’est que quelque soit l’endroit où nous nous trouvons, quoique nous fassions, sauf quand nous répétons bien évidemment, nous écoutons Meshuggah.

Pourquoi avoir écarté la présence d’une basse sur ces neuf nouveaux titres ?
Davide : C’était un défi. Quand nous nous sommes séparés de Fabio Fecchio, j’ai décidé que nous allions faire notre album le plus rock, et j’ai décidé que nous le ferions sans utiliser l’un des outils les plus rock : la basse. En même temps, je n’ai pas essayé de cacher le fait que ces fréquences manquaient, j’aime bien cette absence, et j’ai concentré toute mon attention sur mon son de guitare, que j’ai voulu gros mais bien défini.
Guillermo : Je suis un grand fan des lignes de basse de Fabio, j’aime vraiment son jeu sur les précédents albums. Néanmoins, la nouvelle composition du groupe est très stimulante, et c’est ce qu’Ephel Duath devrait toujours faire : faire face à de nouveaux challenges. Dans la nouvelle configuration que nous établissons, il y aura un deuxième guitariste et la guitare de Davide pourra être travaillée comme une basse.

Sur le plan des concerts, il faut donc s’attendre à une formation chant-guitares-batterie, ou bien vous allez vous faire accompagner d’autres instruments ?
Davide : Comme vient de l’annoncer Guillermo, nous promouvrons donc Through My Dog’s Eyes à quatre sous la forme : un chant, deux guitares et une batterie. Ephel Duath a une nouvelle configuration live qui fout un coup de pied au cul, croyez-moi. (rires)
Guillermo : En effet, le deuxième guitariste et le batteur sont des musiciens étonnants. Ca va donner de bons concerts, j’en suis certain.

Davide, la collaboration avec Benjamin Weinman sur « Bark Loud », tu peux nous raconter comment tout ça s’est fait ?
Davide : En 2005, nous étions en tournée en Angleterre avec Dillinger Escape Plan et Poison The Well, une grande expérience. Alors que je composais un morceau instrumental, je me disais que quelques incrustations électroniques seraient les bienvenues. Et j’ai immédiatement pensé à Ben, car il est devenu bon dans ce type de son. Le dernier album de Dillinger est d’ailleurs plein de bidouillages très intéressants. Je lui ai donc écrit en lui demandant s’il était intéressé pour travailler sur ce morceau, et il a accepté. Je ne lui ai rien demandé en particulier, juste voir ce qu’il pouvait ajouter de plus à ce titre. Une fois que je lui ai balancé les pistes de guitares et de batterie, il m’a dit qu’il hésitait juste entre de la confiserie électronique et quelque chose de plus lourd. J’ai choisi la deuxième solution, et il m’a renvoyé ce que l’on peut entendre sur le disque. Je suis très content du résultat, et je pense d’ailleurs que « Bark Loud » est un morceau stupéfiant.



Guillermo, tu rejoins le poste de chanteur. Que s&rsqu