HACRIDE

D’album en album, Hacride trouve sa formule et se détache petit à petit des autres groupes pour entrer dans une sphère unique. Fabuleux, ce Lazarus est un petit bijou de death metal à haute dose de prog’, qui fera date, c’est une certitude. 

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Benoist Danneville (basse) - Par Geoffrey et Gaet’
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Pour commencer peux-tu nous parler du précédent album, Amoeba ? Avec un peu de recul, comment le perçois-tu maintenant et comment se sont passées les dates pour le défendre sur scène ?
Même si au niveau de notre discographie, Amoeba était notre deuxième album, on le considère plus comme étant notre véritable premier album, car pour le faire, on s’est posé. On a pris notre temps pour en faire quelque chose de plus marquant. Donc c’est vrai que Amoeba nous a vraiment aidés à ça, à tourner un maximum, à faire tourner le nom du groupe, à s’imposer dans la scène française. Mais aussi à aller jouer au-delà de nos frontières, chose qu’on n’avait pas faite avant. On peut donc dire que le pari est réussi. Alors bien sûr, en termes de dates, on aurait pu faire plus mais on a fait de notre mieux et on en est très fiers.

En plus, l’album a eu de très bonnes critiques…
Oh ! Oui. D’ailleurs, c’était même hallucinant. Au niveau des critiques, on a dû en avoir une mauvaise sur tout le tas. Mais bon, ça devait être de la part d’un Allemand, alors… (rires)

Du fait, ça vous a mis un petit peu de pression pour préparer le nouvel album, ou pas du tout ?
Bien évidemment, un petit peu mais c’est surtout parce qu’on a voulu avec le nouvel album créer une personnalité encore plus forte. Donc, on n’avait plus trop de références auxquelles se fier. On a certes eu des moments de doute, mais on est très contents du résultat.

Une chose qui surprend encore à l’écoute de Lazarus, le nouvel album, c’est cette évolution constante entre chaque album…
En effet, on essaye de surprendre mais aussi de nous surprendre, en se fixant des challenges. D’ailleurs, le premier morceau qui ait été composé est celui de 15 minutes, qui ouvre l’album. On voulait créer un morceau très progressif. Alors bien évidemment, on ne partira jamais dans des horizons très différents. On ne va pas se dire : « Tiens, on va faire du ska, comme ça, ça va surprendre tout le monde », mais on aime bien ne pas refaire ce qu’on a déjà fait. Et du coup, faire des choses un peu différentes, devient aussi notre marque de fabrique.

Tu parles du premier titre. Il est vrai que les morceaux sont plus longs. Comme on dit, à partir du moment où un morceau est long, il est prog’. On retrouvait déjà un peu ça sur Amoeba. Vous avez vraiment développé cet aspect, finalement.
En fait, c’est plus dans l’esprit d’appuyer encore plus. Quand on se retrouvait sur scène, on se sentait bien sur ces morceaux. On voulait donc vraiment revenir là-dessus, en appuyant plus, avec des tempos moins fous, afin d’avoir le temps de s’exprimer. Au lieu de toujours changer de riffs, et encore changer de riffs. On voulait vraiment se poser, développer des ambiances. Etre un peu plus cool. Le côté prog’, c’est vraiment pour le côté développement. En plus, on a toujours eu ça au fond de nous. On est tous fans de Devin Townsend, de King Crimson… On a toujours écouté ce genre de groupes. Alors oui, peut-être qu’auparavant, on n’avait pas assez de recul pour sortir ça au niveau de la composition. On avait peut-être peur de se lancer là-dedans dès le début, peur que les gens n’accrochent pas de suite. Mais ça n’est pas intentionnel, donc on ne sait pas trop… On voulait vraiment marquer notre personnalité sur ce troisième album.

Même si c’est mon boulot, toi, comment décris-tu ces nouveaux morceaux ?
(rires)… oui, c’est ton boulot. J’ai encore du mal à les appréhender. Même au niveau de la prod’, il y a encore plein de choses que je redécouvre. Bien que l’album paraisse plus simple, plus organique, il y a vraiment beaucoup plus de couches de lecture que sur Amoeba. Il y a beaucoup plus de travail derrière. Je les sens plus simples, plus écoutables…

C’est un peu ça le paradoxe : c’est que les morceaux sont plus longs et on est constamment porté du début à la fin sur chaque morceau.
Oui, on a essayé de ne pas faire des morceaux longs pour en faire juste des morceaux longs. On a vraiment voulu que ça se tienne. Le principal atout, c’est qu’on ressent plus l’émotion qu’avant. J’ai plein de potes qui n’aimaient pas ce qu’on faisait et à l’écoute du nouvel album, ils ont ressenti plus les émotions que les notes. La musique pour nous, c’est avant tout de l’émotion, et on a voulu aussi mettre ça en avant.

HACRIDE

Justement, as-tu peur des réactions face à ce nouvel album ?
Je pense que les réactions seront beaucoup plus tranchées que sur Amoeba. Je peux comprendre que quelqu’un ne puisse pas du tout aimer cet album. C’est certain qu’il faut rentrer dedans. Si l’émotion ne te parle pas, tu te fais chier. Ce n’est pas un album que tu peux prendre à la légère.

D’autant plus que vous commencez par le morceau le plus long, d’entrée de jeu…
On aime bien les risques aussi… (rires) La plupart des morceaux prog’ sont souvent à la fin. On aime beaucoup ce morceau, on le considère un peu comme notre bébé, voilà pourquoi on a tout de suite voulu le mettre en avant.

L’idée du concept album, le syndrome de Lazare, est venue assez rapidement ou ça s’est fait tout doucement pendant son écriture ?
C’est venu lorsque l’on cherchait un titre pour l’album. On aime bien les noms simples, avoir le visuel avant de rentrer en studio, d’écrire les textes, afin d’être le plus cohérent possible. On a vraiment besoin d’une ligne directrice pour ne pas partir dans tous les sens. C’est en cherchant un thème que je suis tombé par hasard sur cette idée. Et on a trouvé l’idée intéressante par rapport au côté progressif. Partir sur le côté traumatique, résurrection, voyage après la mort, réveil… Ca nous a donc permis de développer ce thème selon plein de points de vue différents.

Quelles sont vos attentes par rapport à la sortie de Lazarus ?
Evidemment de faire le maximum de concerts, d’être encore plus reconnus par la scène. On aimerait pouvoir plus côtoyer la professionnalisation. Depuis Amoeba, on est vraiment le cul entre deux chaises, car on ne gagne pas assez de la musique pour pouvoir en vivre. On est encore obligé de travailler. Mais le groupe a une renommée. On doit être présent, faire des dates, des festivals… et les deux sont assez difficiles à gérer finalement. On aimerait pouvoir passer le cap, voyager encore en Europe mais pourquoi pas les Etats-Unis. Le but d’un groupe est de faire connaître sa musique, alors on aimerait aller vers d’autres contrées.

D’ailleurs, comment vois-tu l’évolution du groupe depuis ses débuts ?
En répète, on se dit souvent qu’on ne s’attendait pas à ça lorsque l’on a commencé le groupe. A la base, on est des potes qui se sont donnés les moyens. Certes, on a eu de la chance aussi de signer chez Listenable, qui est un très bon support pour le développement d’un groupe. On s’est investi dans les tournées…

Mais sur le plan musical, l’évolution s’est vraiment faite progressivement…
En fait, on essaye de ne pas stagner, d’aller toujours de l’avant. On se prend la tête pour les concerts… Bon après, avec la conjoncture du monde du disque, des concerts, on ne se voile pas la face. On reste persuadés qu’il ne restera malheureusement que ceux qui se sont battus, et on espère en faire partie.

Question que l’on pose souvent aux groupes, mais comment vois-tu la scène française actuelle ?
Je fais un peu de tour management avec Klone. J’ai suivi Trepalium sur la tournée avec Gojira. On se rend compte que tout le monde se donne les moyens. Bon, on va encore parler de Gojira, mais on ne peut pas s’identifier à tout ce qu’ils ont fait, alors qu’on aimerait bien évidemment. Il y a ce côté buzz que l’on ne peut pas expliquer. D’ailleurs, j’en parlais avec Mario et Jo, ils n’arrivent même pas l’expliquer. Ils ont la chance d’avoir accès à des choses qui nous sont étrangères pour le moment. Mais il n’y a pas de secret, il faut y aller, il faut travailler. Dagoba s’en sorte très bien aussi. Mais il faut travailler, ça c’est certain.

Et faire les bonnes rencontres…
Oui, de toute façon, au départ pour un groupe, il faut savoir bien s’entourer, faire de bons choix. On a eu la chance de faire partie du collectif Klonosphère avec Klone, Trepalium et Mistaken Element. On s’est tous aidé les uns les autres. Si on savait qu’un plan n’était pas à faire, on prévenait les autres. Dès que quelqu’un faisait des erreurs, les autres ne les faisaient pas. Il y avait cette petite compétition positive à vouloir toujours sortir un meilleur album que les autres, mais sans méchanceté, juste dans l’idée d’évoluer tous ensemble. C’est ça qui nous a permis de ne pas être livrés à nous-mêmes dès le départ. Je pense que c’est pour ça que l’évolution a été assez simple et rapide aussi. Le fait d’être tous ensemble, ça nous permet aussi de nous rendre compte de l’impact du collectif, qui finalement, est reconnu.

Quelle est la suite pour le groupe, après la sortie de l’album ?
Le Hellfest, le Legacy Festival en Allemagne, une release party au Nouveau Casino à Paris, une à Anvers en Belgique, où on a beaucoup de fans en fait. On s’en est rendu compte lorsqu’on a joué au Graspop, devant 3500 personnes sous chapiteau. On s’est rendu compte de l’impact qu’on avait donné sur la Belgique. Et sinon après, ce sont des dates. Notre but est de partir dès septembre en tournée en Europe, si on peut aux Etats-Unis. Mais je ne sais pas comment tout ça va se goupiller.

Vous allez mélanger les morceaux ou pas, au niveau de la set-list live ?
Ce n’est pas évident, surtout à cause de l’accordage, vu qu’on n’est pas accordé pareil que sur les albums précédents. Ça implique des changements de guitare, de basse… donc le set n’est pas évident à gérer. On arrive toutefois à trouver des compromis intéressants, mais le plus dur reste à placer les ambiances, les relâchements du jeu, tout en gardant la même dynamique… Réponse sur scène.



HACRIDE - Lazarus
Listenable Records


Myspace : www.myspace.com/hacride