L'ESPRIT DU CLAN

Réussir à interviewer L’Esprit Du Clan, on avait fini par croire que ça relevait de l’utopie, car pour le Chapitre III, nos interviews avaient toutes été squizzées pour on ne sait quelle raison. Mais comme on est tenaces, pas rancuniers et qu’on a aimé le nouvel album du groupe, beaucoup plus puissant que son prédécesseur, nous avons insisté et fini par parler avec Arsène, hurleur de son état, qui nous dit tout sur le nouveau bébé des Franciliens…

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Arsène (vocals) – Par Geoffrey et Will Of Death
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Comment vois-tu le Chapitre III aujourd’hui ?
On a l’impression d’avoir fait un album trop mature à la limite, en ralentissant les tempos. En comparant avec le dernier, qui est plus enlevé, on a l’impression aujourd’hui d’avoir fait un album de mecs de 40 ans (rire). On adore toujours ce style mais là, on a l’impression d’avoir fait un vrai album live.

Comment avez-vous abordé la composition cette fois ?
Là, on avait envie d’aller plus vite, d’aller plus fort, avec un album qui s’apprécie plus en live. On a rajouté des touches death-metal parce qu’on en écoute de plus en plus depuis 4-5 ans, du coup, l’album est plus brutal. On a gardé notre touche mélodique mais le sentiment général est plus brutal. Quand j’ai écouté les compos présentées par mes potes la première fois, j’ai été surpris de la qualité générale : depuis 15 ans, on a vachement progressé et j’en ai pris plein la tronche ! On a cette envie d’évoluer à chaque fois. Un groupe comme AC/DC fait toujours le même album, j’adore mais ce n’est pas notre logique.

Vous avez produit l’album seuls cette fois-ci, avant de le faire mixer par Tue Madsen. Pourquoi ?
On est très content d’avoir bossé avec Stéphane Buriez sur les deux derniers albums et avec André Gillen encore avant mais comme on avait cette fois le matos, on voulait faire notre son nous-mêmes, surtout en prenant notre temps. On était comme des rois… Prenons l’exemple du Chap. III : on avait 5 jours pour faire les prises de batterie et on a eu des problèmes lors des deux premiers… On a dû envoyer tout ça en 3 jours ensuite, ce n’était pas très confortable ni sérieux.

Vous avez bossé plus séparément cette fois…
On a plus d’expérience maintenant et chacun peut faire ses parties sans que les autres ne soient tout le temps là. On se retrouve ensemble pour faire les choix les plus importants comme choisir le nom des titres, les paroles, etc… Pour le reste, on est grands maintenant et c’est bien mieux. Ça évite aussi un peu la lassitude d’être tout le temps ensemble, même si on a encore des clashs. Ça fait de toute façon partie de la création parce qu’on est des passionnés…

Les textes sont très importants dans EDC… C’est venu de quoi cette idée de détourner un titre de JP Sartre ?
En fait, c’était le dernier titre de l’album mais on ne voulait pas reprendre un titre du disque pour le nommer, on trouvait ça trop convenu. Et puis, au fur et à mesure, en faisant l’album, on s’est dit que c’était une évidence. Les textes sont très critiques envers nous-mêmes, par rapport à ce qu’on peut faire dans la vie. Ce titre était donc parfaitement adéquat. Pour ce qui est de Sartre, il a un jour dit : « L’Enfer, c’est les autres » et dire ça aujourd’hui est une manière de se débiner et tous ceux qui mettent ça sur leur Myspace n’ont en fait rien compris, puisque Sartre faisait déjà son autocritique dans ce texte… Pour moi, le Metal, comme le Punk ou le hip-hop, sont des musiques revendicatrices mais cette fois, on se critique soi-même. On en est toutefois plus au stade du constat que de la recherche de réponses bien que la musique puisse être vue comme une thérapie. Faire un concert, c’est comme faire du sport, c’est physique et ça lave la tête.

L'ESPRIT DU CLAN

A partir de quand tu as senti que tu allais faire de la musique ton métier ?
On s’est connu vers 14 / 15 piges et on faisait de la musique un peu en dilettante, comme tout le monde. Mais quand j’ai eu 18 ans, après le Bac, je me suis inscrit en Fac mais je n’y suis resté que deux semaines. Quand j’ai vu le merdier que c’était, je me suis dit que ce n’était pas pour moi et que je ne voulais pas entrer dans le système classique du boulot, celui où tu te tues pendant 40 ans pour pas grand chose. On s’est alors dit qu’on allait pousser le truc musical à fond. Je me souviens que j’avais écrit une lettre à mon père, qui vivait à l’époque en Argentine, pour l’informer de ma décision de faire de la musique. Comme il a senti que ce n’était pas une lubie, il a accepté ma décision. Maintenant, notre objectif est de réussir à être ensemble le plus longtemps possible.

Trouves-tu que vous êtes assez exposés médiatiquement et que vous tournez assez ?
Oh non ! Quand tu fais de la musique, c’est pour la partager. On n’est pas dans un délire underground et nos ventes sur le dernier album, qui partent très fort, prouvent qu’on a un public. S’il faut avoir une fille dans son groupe ou des mèches pour être plus exposés, alors, ne comptez pas sur nous. On a joué dernièrement à Grenoble et c’était de la folie. On a également fait quelques dates en Pologne, au Canada ou au Portugal, et on a été super bien accueillis. Par contre, en France, certaines choses ne sont pas très logiques nous concernant… mais ça ne nous énerve pas plus que ça parce qu’on a quand même la chance de vivre de notre musique. Mais quand même, le Hellfest, on ne l’a jamais fait alors qu’on y voit des groupes qui ont vendu 10 fois moins que nous et qui ne tournent quasiment pas. Bref, c’est comme ça…

Malgré ça, vous avez déjà pas mal de dates de planifiées, là…
C’est la base ! Si on n’avait pas les concerts, ce serait vraiment dur. On a 23 dates d’ici juin, des dates sont planifiées pour septembre, on va retourner au Canada. Je te jure que là, on est les rois du pétrole à notre niveau (rire) ! Notre plus grosse attente avec le Chap. IV est de faire maintenant le maximum de dates.

Faire un disque, pour vous, ce n’est qu’un prétexte pour repartir en tournée ?
Non, non. Les deux se complètent. Par exemple, j’adore être chez moi et écouter de la musique. Je pense que le Metal, si c’est une musique qui se partage, est aussi un style de solitaire. Ceci dit, maintenant que notre album est fait, nous ne pensons qu’à le défendre sur scène.

Le fait de continuer à chanter en français, ça ne peut pas être un frein aujourd’hui ?
Si, peut-être, mais on s’en fout ! De toute façon, on ne sait pas parler anglais, donc on n’a pas le choix (rire) ! On fait la musique qui nous plaît d’abord, mais le fait de chanter en français fait que nous ne sommes jamais comparés à aucun groupe américain par exemple. C’est aussi un avantage.

Et la scène française, comment tu la vois ?
On va encore parler de Gojira mais c’est le seul groupe français que j’arrive à écouter bien que je trouve que leur dernier album est moins bon que le précédent. Pour le reste, on n’a pas un état d’esprit cocardier et on pourrait très bien parler aussi du Metal espagnol ou belge, tu vois ? Je m’en fous un peu en fait d’où viennent les groupes. Ceci dit, globalement, les groupes français sont un peu plus pris au sérieux qu’auparavant.


L’ESPRIT DU CLAN – Chap. IV, L’Enfer, C’est Le Nôtre
XIII Bis Records / Sony


Myspace : www.myspace.com/lespritduclan