JUDAS PRIEST


Unleashed in Zénith...


20 ans ! Ça fait presque 20 ans que Judas Priest n'avait pas foulé les planches parisiennes avec son line-up mythique (comprenant Rob Halford). L'occasion était trop belle pour qu'on rate un tel évènement ! Hop, ciao la province et bonjour Paris ! Avant d’assiter à ce concert déjà mythique (Cf live report), on a eu la chance de rencontrer et de discuter avec K.K Downing, guitariste du groupe, juste avant qu'il ne rejoigne la salle du Zénith pour envahir la scène. Le guitariste est détendu, heureux de jouer à Paris et semble remonté comme jamais : ce soir, ils vont mettre le feu au Zénith !

Interview parue également dans le METAL OBS' n°30 de mai 2009

Entretien avec K. K. Downing (guitares) – Par Yath]
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Alors Keith, comment ça va ? On est très fiers de parler avec toi, surtout pour ce concert évènement à Paris ! Ça fait un moment !
Ouais ! Ça va très bien ! C'est super de revenir au Zénith, ça fait un bail ! À une époque, Paris faisait partie du parcours habituel, on venait systématiquement en France, au moins à Paris. Certaines personnes se rappellent peut-être de cette époque, on est venue avec Saxon, et plein d'autres formations...

Vous avez presque fini la tournée là, il ne reste que quelques dates... Comment ça s'est passé ?
Écoute, c'était franchement super. L'année dernière, on n'a fait que des festivals l'été en Europe. Et après avoir tourné aux States, Canada, Australie, Japon, Corée... On est revenu et plein de gens se plaignaient qu'on ne soit pas venu leur rendre visite ! En France notamment, mais aussi en Grande-Bretagne, on n'avait fait qu'un seul show en Angleterre ! Les gens à Glasgow, en Irlande, voulaient nous voir et ils avaient raison... C'est coûteux, tu sais, d'aller à un festival... On a également joué au Portugal et en Espagne, où on n’avait donné qu’un seul concert à Bilbao, l'année dernière... Pour en revenir à ta question, même si ça s'est bien passé en Allemagne, ou en Belgique ou dans tous ces pays où on joue finalement plus souvent, il y a des endroits où c'était plus chaud puisqu'on ne leur avait pas rendu visite depuis un moment ! D'ailleurs, à Madrid, c'était la folie ! Déjà, tout le concert était électrique et à la fin, la foule nous a carrément obligés à jouer un morceau supplémentaire ! On se regardait avec Glen et je lui disais : “ce n’est pas possible, le matos est rangé !”  C'était presque un fiasco cette affaire, tu verras peut-être les images sur Youtube (rires) ! Rob ne savait pas non plus ce qu'on devait faire, mon guitar-tech était fou ! Scott s'est simplement remis derrière sa batterie et s'est mis à jouer l'intro de “Livin' After Midnight” ! Quel bordel, je suis sûr que c'est sur Youtube, j'te dis (rires) !

Ouais, on va vérifier !
NDRL : Effectivement, on a vérifié et la vidéo est en ligne ! On y voit Scott Travis jouer l'intro pendant que le reste du groupe se regarde longuement, se “rebranche” et revient sur scène pour finalement interpréter ce titre dans une ambiance brûlante ! Ça se passe ici : http://www.youtube.com/watch?v=U63qmx2pyOg

C'est vrai qu'en France, on vous attendait depuis un moment...
Ouais, la situation est assez compliquée. Les promoteurs nous assuraient qu'ils risquaient de perdre de l'argent en nous faisant venir...Tu ne peux pas les forcer, tu sais, les obliger à prendre ce risque... Mais cette fois-ci, ça s'est bien arrangé et comme tu le sais, la date est sold-out depuis un moment ! Comme quoi...

Ouais, et ce qui est intéressant aussi, c'est l'affiche : Judas Priest avec Megadeth et Testament. C'est un message intéressant pour les jeunes générations, les pionniers sont toujours là et ils remplissent les salles !
Yeah ! C'est aussi un message important pour les promoteurs aussi ! On a déjà plein de messages de la province française ! Imagine la frustration des fans de Marseille par exemple qui ne peuvent pas se rendre à Paris ! C'est à méditer tout ça... Ce qui est intéressant aussi avec cette affiche, c'est qu'on a remis sur pied la tournée nord-américaine de l'époque Painkiller en 1991 ! C'est une tournée “classique” et une opportunité inouïe pour les jeunes ! C'est aussi beaucoup de bons souvenirs pour nous aussi, il faut l'avouer...

JUDAS PRIEST

Justement, vous devez voir pas mal de jeunes dans votre public, ça doit être très gratifiant, ça...
Bien sûr. Le sujet est très intéressant, et j'en parle souvent avec les journalistes depuis des lustres ! Et je vais te le redire : dans tous les genres de musique, il ya ce passage de témoin, mec (rires) ! Vous, journalistes, pensez que ça n'arrive que dans le métal, mais ce n'est pas vrai (rires) !

OK, j'arrêterai de poser cette question, alors (rires) !
Ouais, plein de parents emmènent leurs enfants assister à des shows (rires) ! C'est vrai que pour nous, fans de métal, on aime aller à des festivals, des concerts, pendant que d'autres emmènent leur famille à la plage... J'adore ce côté-là de ma passion, assister à ces évènements qu'on considère comme “historiques”, et tu vois souvent les plus vieux acheter des t-shirts des concerts, comme un témoignage de leur présence !

Ce passage de témoin peut également s'expliquer par le fait que Judas Priest ne refait jamais deux fois le même album, vous essayez toujours de vous renouveler...
Ouais, c'est assez extraordinaire, mec, mais c'est très important pour nous. En poussant nos frontières, on s'épanouit totalement. Ne serait-ce qu'en tant que musiciens... Et c'est le cas avec Nostradamus. Ça vient de nos débuts en fait, quand on galérait à trouver des dates, un public, on a toujours essayé de progresser, de changer pour trouver un nouveau souffle. On a essayé de créer une musique qui dépasse les frontières. Il y a plein de gens, qui ont des a priori sur le métal, on a essayé d'aller les chercher ! Et souvent, des gens disaient : “je n’aime pas le métal, mais c'est bien ça, c'est qui ? - C'est Judas Priest. - Judas Priest ? Pas possible, ils font du métal eux ? Je n'aime pas d'habitude !” C'est ce genre de situation qu'on a toujours essayé de provoquer : faire tomber les barrières...

C'est souvent comme ça d'ailleurs qu'on oublie ces frontières : on commence par un album plus accessible ou différent, avec de redécouvrir un genre qu'on pensait détester...
Exact, la versatilité de Judas Priest est très importante. Certains groupes gardent la même position toute leur carrière, ils vont même jusqu'à garder le même son de guitares. Je ne pourrais pas m'empêcher d'essayer de nouvelles choses...

Il y a beaucoup de concerts événement en ce moment, avec des groupes qui rejouent un album classique de leur carrière, pour fêter les 20 ans, 10 ans d'un disque. Vous avez vraiment de quoi faire chez Judas Priest : avez-vous envisagé une telle date ou une telle tournée ?
Effectivement, et on va le faire ! On va remonter la tournée de l'album British Steel aux US cet été. On va jouer l'album en entier en plus d'une sélection habituelle de morceaux.

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C'est la tournée avec Whitesnake, n'est-ce-pas ?
Oui, tout à fait. Tu disais que beaucoup de groupes font ça actuellement, et c'est vrai que c'est passionnant ! Ce qu'on aime à propos de cette idée, c'est qu’on ne va pas se poser 36000 questions à propos de la set-list (rires) ! On va surtout essayer de fêter les 30 ans de cet album avec ceux qui étaient là, et on va montrer aux jeunes comment ça se passait exactement à l'époque ! On va adopter notre vieux look, je pensais ressortir le matériel et les guitares de l'époque. On va essayer de faire en sorte que ça ressemble vraiment à la tournée originale d'il y a 30 ans ! C’est très excitant !

Justement, tu parlais du casse-tête des set-lists, vous ne vous sentez pas un peu prisonniers de tous ces classiques que vous êtes obligés de jouer et rejouer tous les ans ?
Honnêtement oui, mais c'est le jeu ! Ces morceaux sont les plus demandés par les fans et on ne peut pas leur en vouloir ! Si j'achète un billet pour voir mon groupe préféré, j'ai envie de le voir jouer mes chansons préférées, pas des trucs bizarres que je n'ai jamais entendus !

D'ailleurs, ce qui est marrant avec Judas, c'est que certaines personnes qui n'ont aucun album du groupe connaissent toutes les chansons de vos set-lists, il n'y a que des classiques du genre !
Ah, c'est bien ça (rires) ! C'est super d'en être arrivé là... On va également essayer de convaincre les fans de choses plus extrêmes qui viennent voir Testament et Megadeth...

Allez-vous jouer des titres de Nostradamus ? C'est un album assez particulier, qui a notamment divisé les fans...
On va jouer quelques titres seulement. On laisse le temps à cet album, il faut que les fans l'apprivoisent. Je n’arrête pas de le rappeler, parce que tout le monde semble l'avoir oublié : l'album Painkiller a fait un flop au début ! Il a été tellement décrié au début ! D'ailleurs, sur la tournée américaine avec Testament et Megadeth, on avait commencé par jouer 5 titres de Painkiller dans le set. À la fin de la tournée, on n'en jouait plus que 2 ! On abandonnait les chansons au fur et à mesure (rires) ! Ça ne marchait pas, l'album s'est mal vendu ! Quand l'album est sorti, il a été détesté ! Les gens voulaient des trucs comme Livin’ After Midnight... Et aujourd'hui, les gens parlent de Painkiller comme d'un classique métal... Comme quoi...

JUDAS PRIEST

J'ai quand même l'impression que Nostradamus est un album assez égoïste de Judas Priest. Vous vous êtes fait plaisir, quitte à décevoir beaucoup de fans...
J'ai une idée précise sur la question : on fait toujours les choses comme on les sent. Ce qui nous fait plaisir avant tout. Le problème, c'est qu'on s'est toujours trompé dans le planning par rapport au public ! On arrive souvent trop tôt ou trop tard d'ailleurs, puisqu'on repousse toujours nos limites. Peut-être que dans deux ans, les gens trouveront cet album formidable... On a déjà connu ça avec Painkiller, donc on sait ce que ça fait. À l'époque, on avait fait cet album puisqu'on avait été lâchés par notre batteur et on en a recruté un capable de jouer aussi vite ! C'était comme saisir enfin une opportunité qu'on attendait !

Painkiller est d'ailleurs presque un album de métal extrême ! Avec une influence importante sur la scène métal...
Ouais, il a agi comme un accélérateur. Il a un peu sonné la fin d'une époque, tu sais, avec le départ de Rob. Et Maiden qui perdait Dickinson... Un nouveau mouvement a pris le relai, de nouveaux groupes ont explosé, le grunge est arrivé. Les gens avaient l'impression que les 70’s et 80’s étaient finies, et que les 90’s allaient tout faire oublier...

J'ai envie de terminer avec une question plus personnelle : que fais-tu quand tu rentres chez toi, après une telle tournée ? Tu oublies un peu le métal et Judas Priest ?
Ce n'est pas évident de se remettre de périodes comme ça ! Tout le monde en a fait l'expérience, quand tu rentres chez toi après une si longue absence (pour des vacances, par exemple), tu te dis : « Merde, la baraque est crade, le frigo est rempli de truc pourris, t'as de la famille à visiter, des factures à payer (rires) ! T'as un tas de trucs bien merdiques à rattraper !

JUDAS PRIEST

On est loin de l'image des zicos riches qui traînent autour d'une piscine !
Non, non ! J'essaye juste de profiter des choses simples, de mon pays... D'avoir une notion du temps qui passe, de voir les saisons changer... On n'a pas tous cette chance-là ! On visite tellement de pays et d'endroits différents qu'on essaye de profiter du temps passé à la maison, tranquillement dans un endroit un peu familier.

Et pendant ces tournées, vous arrivez quand même à profiter un peu des villes visitées ?
On essaye, autant que faire se peut. Par exemple, on est arrivé hier à Paris et je n'avais qu'une obsession : avoir le temps d'aller au Louvre aujourd'hui ! J'avais essayé deux fois par le passé, mais c'était fermé ! Mais on est samedi, donc j'ai encore raté ! Mais bon, hier soir par exemple, on est sorti un peu... On adore ce pays, on avait enregistré Painkiller d'ailleurs dans le sud de votre pays, c'est un souvenir fantastique ! Très beau cadre...

J'espère que tu n'as pas passé ton samedi à donner des interviews avec des mecs comme moi, il a fait beau aujourd'hui !
Non, non, t’inquiète (rires) ! J'ai dormi en fait (rires) ! On est sorti hier, quelques clubs dans le coin. Putain, c'est huppé ici ! 4 euros la bière, tu te rends compte (rires) ! ! Mais bon, on a passé un bon moment, y avait de belles filles...

Merci beaucoup pour cet entretien Keith, je suppose que vous allez rejoindre le Zénith là, non? (Ndlr : le groupe monte sur scène dans 1h30 à ce moment là…)
Ouais, on y va tout suite ! Merci pour l'interview mec et j'espère que tu passeras un bon moment ce soir au Zénith !

(Ndlr : K.K.Downing repart en courant. Nous aussi !)

Note : Merci à Keith pour sa disponibilité, mais aussi à Roger et Olivier de Replica Records pour l'organisation.


JUDAS PRIEST – Nostradamus
Sony / BMG



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