Interview PENSEES NOCTURNES + ACTEURS DE L'OMBRE Prod. Mai 2009

Hello Vaerhon. Peux-tu nous dire quand tu as commencé à bosser sur ton album et quelle était ton idée au départ ? Pourquoi Pensées Nocturnes est-il uniquement un projet solo et pas un vrai groupe ?
Un projet solo n’est donc pas un « vrai » groupe ! Quelle étrange vision de la musique. Je ne suis sincèrement pas persuadé que le partage d’un album doit absolument prendre forme sur les planches. Bien au contraire, certaines atmosphères ne peuvent vraiment être appréciées que seul, lorsque l’on n’a aucun rôle à tenir et qu’aucun regard extérieur n’est à supporter. Tout comme rien n’égale le plaisir d’aller de temps en temps seul au cinéma pour se plonger dans le noir. Ou peut être n’entends-tu pas seulement la scène mais aussi la composition. Sans prétention aucune, je ne pense pas que composer pour des instruments aussi peu nombreux soit un exploit… Pensées Nocturnes autorise donc mon esprit à vagabonder sans avoir à affronter d’autres individualités. Y prennent part les genres avec lesquels j’ai des affinités, l’objectif étant de matérialiser le plus précisément possible mes idées tout en obtenant une musique qui reste la plus naturelle possible. J’ai commencé à travailler sur l’album en août 2008.

Quel est ton parcours musical ? Tes influences ?
Mon parcours musical est loin d’être palpitant. Excepté quelques années de piano trop vite oubliées je n’ai jamais suivi de formation particulière, ce qui m’a poussé à « apprendre » la musique seul, que ce soit pour la composition, l’interprétation ou le travail du son. J’ai déjà pu officier dans divers formations (Black, Death, Blues) et j’évolue actuellement dans Valhôll, que l’on pourrait qualifier de Black Metal Pagan assez dynamique. Mon instrument de prédilection est la guitare qui, par son adaptabilité, permet de progresser au travers de multiples genres. Il me serait par conséquent assez difficile de résumer mes influences, ou du moins les styles que j’apprécie, en quelques mots tant les horizons sont hétéroclites. Aussi bien le Black Metal et le Death Metal sous toutes leurs formes, que le Classique, le Jazz, le Blues, le Hardcore, le Post-Rock m’intéressent.

Ton album est le premier qui sorte via Les Acteurs de l’Ombre Prod. Pourquoi eux, comment cela s’est-il conclu et comment juges-tu cette nouvelle structure ?
Je connais les Acteurs de l’Ombre pour l’ensemble des évènements qu’ils organisent avec le mérite que beaucoup leur reconnaissent et je côtoie ces bénévoles pour leur donner un coup de main à l’occasion. Gérald, ancien président de l’association, avait dans l’idée de créer un label depuis un moment et « Vacuum » a été le coup de cœur qui l’a amené à faire le grand pas. Je n’ai pas hésité une seule seconde quant à la possibilité de travailler avec ces passionnés dont la motivation n’est plus à prouver. Je suis pour le moment plus que satisfait de cette collaboration. Le pari fut osé de lancer un groupe totalement inconnu, évoluant dans un style peu commun, ne faisant pas de concert… J’espère que l’association parviendra à rentabiliser cette sortie !

La musique sur cet album est très contrastée, entre parties déprimées à se pendre et éclaircies classiques. D’où te vient ce désespoir et peux-tu nous parler des parties classiques ? Qui les joue et quelle place tiennent-elles selon toi dans le concept ?
Je profite de cette perche tendue pour préciser que Pensées Nocturnes n’a aucunement la prétention de s’inscrire dans une lignée aussi prestigieuse qu’est la Musique Classique malgré ce qui se dit ici et là. Mais Pensées Nocturnes n’est pas plus de la Musique Classique que du Black Metal Dépressif. Peut-être la voix a-t-elle poussé le label à ranger « Vacuum » dans cette armoire archaïque mais il est clair que je n’ai pas composé cet album avec la prétention de rentrer dans une quelconque branche. Les parties « classiques » permettent de varier les atmosphères en élargissant considérablement le spectre des émotions et des nuances. Pensées Nocturnes est un projet solo, seule l’improvisation au piano sur « Coups de Bleus » a été exécutée par un compagnon car c’est un exercice qui m’est impossible sur un autre instrument qu’une guitare. Etant entouré de nombreux musiciens, j’ai pu avoir accès à pas mal d’instruments, les autres étant de la simulation numérique. Je tenais à ce que l’ensemble du procédé soit dans la mesure du possible de mon propre fait pour justement me rapprocher de ce que j’entendais. Quant à ce que tu nommes désespoir, « Vacuum » fait référence à la vanité des entreprises des hommes, condamnés à vagabonder lourdement d’illusion en illusion dans l’espoir d’occuper l’esprit et d’oublier leur existence. Comme si la vie se réduisait à l’ensemble des éléments qui permettent d’oublier la vie. Tout individu ne fait d’effort qu’avec l’aspiration d’améliorer son existence (religion, travail, idéal politique), sans avoir de réelle fin à mettre derrière tout cela. Nous faisons passer le temps et la musique est un outil des plus efficaces.

Pour moi, cet album est novateur dans le sens où mixer black dépressif et classique n’avait jamais été aussi poussé… Mais qu’en est-il des textes ?
Pour aborder cet aspect novateur dont tu parles, ce n’est pas une fin en soi mais bien l’expression du fait que je cherchais à matérialiser le plus précisément possible mes idées. Je ne cherche pas à créer quelque chose qui peut paraître nouveau à des yeux extérieurs pour leur seul plaisir mais plutôt à être au plus proche de mes envies. Je souhaitais des paroles à l’image de la musique. Un morceau évolue en fonction d’un grand nombre de facteurs : état d’esprit et passé de l’auditeur, nombre d’écoutes, environnement, support audio, écoute collective ou solitaire… Il est indispensable de laisser une marge de manœuvre pour que chacun puisse aborder les morceaux à sa manière. Fixer un concept avec des paroles trop précises entrave cruellement cela et c’est ce que j’ai tenté d’éviter. J’ai donc préféré des textes poétiques et rêveurs. On peut aborder le fond conceptuel de Pensées Nocturnes en interview par exemple, mais laisser une certaine souplesse à l’auditeur est primordial.

Qu’attends-tu de la sortie de cet album ? Quelles sont pour le moment les retombées ?
En toute honnêteté, je n’en attends pas grand-chose. « Vacuum » est une étape franchie qui me permettra d’aller plus loin avec l’autre album mais ce qu’il advient ne m’importe pas tellement sinon le retour sur investissement de Les Acteurs de l’Ombre. Les critiques sur lesquelles je suis tombées m’ont fait comprendre par leur vision si éloignée de la mienne qu’il ne m’appartient plus et j’ai maintenant une idée assez précise de l’avenir de Pensées Nocturnes pour avoir à prendre en compte ces avis extérieur. Par conséquent, gardant une certaine distance, j’aurai du mal à tenir au courant de l’accueil dont a pu bénéficier « Vacuum ».

Y a-t-il une chance pour qu’un jour, tu puisses développer cet album sur scène ?
On me pose souvent cette question mais je n’envisage toujours pas de donner vie à Pensées Nocturnes sur scène pour le moment. Je ne suis pas convaincu de pouvoir plonger un auditoire dans l’univers de « Vacuum » avec autant d’efficacité que sur album. Le partage d’une telle mélancolie est quelque chose qui me semble décalé (contrairement au Blues) et me gène sincèrement. Je préfère m’attacher à développer la discographie du groupe, ce que je continue à travailler, plutôt que de perdre du temps à monter une adaptation boiteuse de cette musique sur scène. Qu’importe les considérations promotionnelles.

Comment vois-tu la scène black metal française ?
J’écoute évidemment énormément de Black Metal mais les chauvins me pardonneront, je ne considère pas vraiment la scène française avec un œil particulier. Seule la musique m’intéresse, les individus qui lui donnent vie m’importent peu. Je suis absolument contre classer les groupes ou les albums pour des considérations autres que sonores comme la nationalité. Il me semble en effet plus logique de soutenir un artiste dont la musique me plaît plutôt que quelques lettres sur une carte d’identité. Je n’ai donc clairement pas l’intention de la comparer à d’autre car c’est bien de cela qu’il s’agit mais je peux néanmoins te citer quelques groupes que j’affectionne : Deathspell Omega, Peste Noire, Reverence, Arkhon Infaustus, Asmodée, Sael…

Merci à toi pour tes réponses… Un dernier mot pour nos lecteurs, n’hésite pas à dire ce que tu veux pour le bien de l’album ou sur un sujet qui te tienne à cœur… Tu as carte blanche !
Merci à toi d’avoir pris le temps de monter cette interview et d’avoir porté une oreille sur Pensées Nocturnes. Puisque j’ai carte blanche, je ne saurais que trop conseiller aux lecteurs de prendre le temps de découvrir de nouveaux horizons et d’éviter de se laisser aiguiller par des étiquettes stylistiques précises. Les émotions que l’on rencontre dans le Metal Extrême se retrouvent sous un nombre de formes incalculable. Se limiter à un aspect est malheureux, rien ne vaut le goût sucré de la découverte.

PENSEES NOCTURNES – Vacuum
Les Acteurs de l’Ombre Prod

Myspace : http://www.myspace.com/penseesnocturnes

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Intw Gérald – LES ACTEURS DE L’OMBRE Prod’

Quand es-tu entré chez les Acteurs de l'Ombre et quel a été ton parcours depuis ?
En réalité, j’ai co-fondé les Acteurs De L’Ombre Webzine avec Sadneth en 2001. Alors que nous étions dans d’obscures formations, nous avions à l’époque en tête de monter un webzine afin d’aider à promouvoir les groupes Underground. En parallèle, et depuis 98, j’organisais des concerts sur Marseille et environ pour le groupe dans lequel je chantais, Atropos. En 2003, j’ai été muté pour le taff sur Paris. J’ai continué à organiser des concerts sur la capitale dans un premier temps sur la Péniche Alternat (1 par mois). En même temps et au fil de mes rencontres, j’ai décidé de monter une équipe rédactionnelle pour rendre le zine plus actif. Les concerts se sont de plus en plus intensifiés, puis le 5 Février 2005, j’ai organisé la première édition du Black Metal Is Rising à la Loco. Suite à celui-ci et au succès rencontré, j’ai voulu monter une équipe orga afin de m’entourer de passionnés motivés. Par la suite, nous avons monté 3 festivals annuels qui sévissent encore aujourd’hui (le Black Metal Is Rising, le Doom Over Paris, et le Cernunnos Pagan Fest). J’ai d’ailleurs créé l’association de manière officielle en 2005. Depuis 2006, nous sommes une des assos en résidence au Klub à Paris et organisons depuis 1 à 2 concerts par mois là-bas + quelques dates de tournées que nous bookons de moins en moins. Et voilà, en début d’année, j’ai lâché la présidence de l’association suite à une demande de mutation professionnelle et pour essayer de me concentrer sur un nouveau projet pour l’asso : le label. En parallèle à mes activités associatives, j’ai chanté dans les groupes suivants : 96 à 98 – In The Mist / 98 à 2002 – Atropos / 2002 à 2006 – Funerarum / 2005 à 2008 – Wargasm.

Après le webzine, tu t'es lancé dans l'organisation de concerts underground sur Paris. Quels ont été les résultats ?
J’ai, en fait, commencé à organiser des concerts avant de créer le Webzine, dès 98. Depuis cette époque, j’ai (jusqu’à 2005) et nous avons organisé des concerts d’importance très variées et pour des groupes plus ou moins Underground (une centaine de concerts à l’heure actuelle). L’affluence de nos concerts a été la plus part du temps relativement satisfaisante s’échelonnant de 80 à 1000 personnes (suivant la notoriété des groupes se produisant et la taille des salles de concert). C’est l’affluence record du concert Black Metal du 18 Septembre 2004 sur le Péniche Alternat (240 personnes) qui m’a poussé à organiser des festivals dans de plus grosses salles. Et c’est comme cela que le BMIR est né en Février de l’année suivante avec 330 entrées pour la première édition à La Locomotive et un nombre grandissant de public à chaque édition. 2 ans plus tard, nous organisions notre premier Pagan Fest pour 440 personnes, qui s’est ensuite appelé Cernunnos Pagan Festival avec près de 1000 personnes dès la deuxième année et un petit peu moins l’année dernière. Nous avons par contre dû revoir à la baisse les lieux d’accueil du festival Doom Over Paris car le public Doom en France s’est avéré vraiment très restreint. C’est une activité dans laquelle nous aimons nous épanouir, et tant que nos finances nous le permettront, nous continuerons… Mais ce n’est pas évident tous les jours… Et nous avons déjà dû restructurer certaines choses pour pouvoir continuer.

Tu as donc également été l'organisateur des deux Cernunnos Festivals. Là aussi, comment cela s'est-il passé ? Les deux éditions ont-elles été des réussites et y en aura-t-il un 3ème ?
Je n’étais pas à proprement parlé responsable du 1er Cernunnos. J’ai bien sûr fait partie de l’équipe orga, mais j’ai surtout joué le rôle de conseil d’ordres généraux (affiche, running, logistique…) et je me suis occupé de la partie alternative du festival (Taverne, animations, groupe musique trad, échoppes…) et la promotion d’une manière générale. J’ai été par contre responsable du 2ème Cernunnos, pour lequel j’ai voulu proposer un évènement qui allait encore plus loin avec plus de spectacles et d’animations, une véritable programmation musicale à la Taverne (une 3ème scène) et des démarches administratives (lourdes) pour obtenir l’autorisation des spectacles de feu. Cette dernière édition fut en quelque sorte un aboutissement personnel pour lequel je voulais donner le meilleur de ma personne. Je voulais organiser un événement sans précédent dans l’histoire de l’association, mais ce fut un véritable enfer !!! Bosser pour me nourrir la journée et la nuit pour le plaisir et le festival ! 8 mois à vivre au rythme du Cernunnos et de ses galères. Heureusement, ma compagne qui est la trésorière de l’association et responsable de la première édition du Cernunnos, entre autre, s’est autant investie que moi dans ce projet. Au final, même si l’affluence de cette dernière édition fut un peu décevante et qu’elle a coûté à l’association, ce fut une expérience inoubliable… Que je ne renouvellerai pas. Je ne saurai te dire à l’heure actuelle s’il y aura une nouvelle édition. Si tel est le cas, c’est Marie, la nouvelle présidente de l’association, qui prendra la date sous sa responsabilité. L’asso n’a pas encore commencé à bosser dessus, mais s’il y a une nouvelle édition du Cernunnos Pagan Festival 3, elle devrait être plus intimiste que les précédentes.

Te voilà lancé dans la prod d'artistes... Peux-tu présenter ta structure ?
Les Acteurs de l’Ombre Productions (LADLO Prod) n’est ni plus ni moins qu’une activité supplémentaire de l’association. J’en suis l’unique décisionnaire artistique et promotionnel mais le label dépend financièrement de l’association avec tout ce que cela sous-entend.

Pourquoi Pensées Nocturnes en tant que première signature ?
Ça faisait longtemps que je pensais monter un label, mais je n’avais jamais eu le temps jusqu’alors. L’écoute de la maquette de Pensées Nocturnes fut le coup de cœur qui fit tout basculer. J’avais dans l’idée de sortir un premier album original et en marge de ce qui se fait dans le Black Metal, quitte à ce qu’il ne plaise pas à la majorité des gens mais dont on saluerait la qualité artistique. En quelques sortes, un album dont je me sens proche et qui me correspond. Ça fait des années que je me sacrifie pour le metal de manière bénévole et ce n’est pas fini. Il était important pour moi que je croie en cet album pour me donner la force de le défendre comme si c’était le mien. Je ne voulais pas sortir un album pour sortir un album. Je suis un passionné, et c’est ce qui me guide.

Y a-t-il d'autres artistes en vue ?
Je commence à recevoir quelques propositions. La productivité est loin d’être la priorité pour moi. Hormis si j’ai un autre réel coup de cœur d’ici là, le prochain album que produira l’association sera surement le deuxième opus de Pensées Nocturnes en 2010. Il s’annonce énorme et au-delà de toutes mes espérances. Croisons les doigts pour que nous ayons la chance d’avoir ce plaisir.

LES ACTEURS DE L’OMBRE Prod

Site : http://lesacteursdelombre.com/productions

Myspace : www.myspace.com/ladloproductions

Vous donner envie de vous pendre ou vous tirer une balle, voilà ce que pourrait vous donner envie de faire le premier album de Pensées Nocturnes, le one-man project de Vaerhon, qui joue également dans Valhôll. Mais plutôt que de s’appesantir sur les sombres pensées de l’homme, c’est vers le musicien que l’on s’est tourné, afin de savoir quel message musical Pensées Nocturnes voulait faire passer en mariant à merveille un black metal d’une froideur extrême, à la limite du dépressif et la musique classique dont il est parsemé. Et comme en plus, ce disque est le premier sorti par nos confrères des Acteurs de l’Ombre, un petit coup de pouce s’imposait… Dans la deuxième partie, nous avons profité de cette interview pour demander à Gérald, des Acteurs de l'Ombre, de nous présenter sa nouvelle structure... Bonne chance à lui ! Interviews exclusives NOISEWEB
Entretien avec Vaerhon et Gérald Milani (pour les Acteurs de l'Ombre) – Par Will Of Death
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