STRATOVARIUS


En quête de rachat...


Stratovarius, depuis 4 / 5 ans, c’était vraiment devenu comique, à cause des problèmes mentaux de Timo Tolkki qui ont abouti au split du groupe et à des procès très coûteux entre les deux parties. On n’espérait vraiment plus rien du groupe finlandais. Mais il y a un an, Timo Kotipelto, Jens Johansson et Jörg Michael ont fini par récupérer les droits sur le nom du groupe et ont donc relancé la machine avec de nouveaux musiciens, pour aboutir aujourd’hui à la sortie de Polaris, leur nouvel album. C’est un Timo Kotipelto encore assez marqué par les évènements qui a bien voulu répondre à nos questions, tout en nous rassurant sur l’avenir du groupe et en nous donnant rendez-vous au Hellfest en juin.  

Interview parue également dans le METAL OBS' n°30 de mai 2009

Entretien avec Timo Kotipelto (chant) – Par Will Of Death
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Hello Timo ! Comment se passe cette journée de promo à Paris ?
Très bien ! Je suis très content d’être ici parce que si on se replonge un an en arrière, il n’y avait plus de groupe, plus de guitariste, aucune chanson, aucun futur pour Stratovarius. Là, il semble que les gens s’intéressent à nouveau à nous et à l’album, car nous avons fait du très bon boulot. Tu sais, pour l’instant, il n’y a qu’en Finlande, en Suède, en Italie, en Allemagne et en France où j’ai pu faire des interviews. La France a toujours été très importante pour le groupe donc je suis ravi d’être là à nouveau.

Je suppose que ça n’a pas dû être facile mais comment les autres et toi avez vécu les cinq dernières années, et tout ce bordel avec Timo Tolkki et Jari ?
Déjà, avec Jari, il n’y a eu aucun problème. C’est un super bassiste. Quant à Timo, voilà quelqu’un que je respecte énormément en tant que compositeur, producteur et comme guitariste mais il a vraiment trop de problèmes mentaux. Parfois, il était très frustrant d’être dans le même groupe que lui mais je dois dire que plus des 95% du temps que nous avons passés avec lui ont été de bonnes expériences. Ça me fait vraiment pitié pour lui, tous ses problèmes mentaux.

Comment vois-tu aujourd’hui le dernier album que vous ayez sorti avec lui, avant le nouveau, là ?
Je ne suis pas un grand fan de cet album ! Il est très sombre et pour moi, ça ne sonne pas comme du Stratovarius. Je pense que ça vient du fait que quand Timo a composé les chansons, il était très malade. Quand cet album est sorti, Timo était interné pour se soigner. Comment veux-tu que je sois fan d’un tel album ? Je n’ai pas réécouté les titres depuis sa sortie, même s’il y a de bons passages dedans.

Où avez-vous trouvé la force et la motivation de faire quand même un nouvel album ?
Nous avons reçu un email de Timo, en octobre 2007, où il nous a annoncé qu’il ne voulait pas continuer avec le groupe. Ce fut un choc pour nous. J’ai alors appelé Jens et Jörg, pour leur dire que quelque soit le nom du groupe sous lequel nous ferions ça, je voulais continuer à jouer avec eux, parce qu’on s’est toujours bien marré ensemble… Le problème est que nous ne pouvions rien faire parce que Stratovarius était toujours en contrat avec Mayan Records.

Peut-on dire que vous êtes soulagés aujourd’hui que Timo se soit tiré définitivement ?
Oui, je crois qu’on peut dire ça comme ça. Comme je te l’ai dit, je le respecte toujours et lui souhaite le meilleur mais c’était vraiment trop de stress. Pour être clair, je ne veux plus jamais avoir à travailler avec lui, on a tous trop souffert.

Financièrement, ça a été dur aussi apparemment…
Oh oui, ça, tu peux le dire ! On a dû payer pas mal d’avocats pour ne pas perdre nos droits sur le dernier album. Quelqu’un en a parlé sur Internet et ça s’est assez vite réglé ensuite. Le truc qui me gêne, c’est que suite à toute cette affaire, la fabrication de l’album a été arrêtée et il est devenu introuvable dans tout un tas de pays. Pour tout dire, dans cette affaire où on a été obligé de se défendre sur plein de trucs, on a perdu à peu près tout ce qui nous appartenait, mais c’est comme ça (Ndlr : on parle de plus de 330.000 $...).

Vous avez beaucoup communiqué sur votre site pour expliquer aux fans ce qui se passait… Pour vous, c’était vital ?
C’est surtout Jens qui a communiqué, notamment sur le forum officiel du groupe. Sur le site, nous n’avons commenté publiquement qu’un seul communiqué de Timo Tolkki parce qu’il y avait des mensonges là-dedans. Si nous avons fait ça, c’est parce que nous respectons nos fans mais il n’est pas toujours aisé de répondre à tout le monde par rapport à ce qui se passe. Sur la prochaine tournée, je ferai en sorte d’aller à nouveau à la rencontre des fans, c’est important de rester accessible.

En un mot, peut-on faire à nouveau confiance à Stratovarius ?
OUI !

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Tu peux nous présenter Mathias Kupiainen et Lauri et nous dire pourquoi vous les avez choisis, eux…
Ce n’est pas facile de remplacer un guitariste comme Timo car c’est un monstre. J’ai rencontré Mathias il y a deux ans et je me suis vite rendu compte qu’il était excellent. Quant à Lauri, je l’ai remarqué lors d’un show TV diffusé l’année dernière pour promouvoir un album appelé Guitar Heroes, à Helsinki. Le jour suivant, il me dit qu’il connaissait un guitariste qui pouvait jouer ce qu’il voulait techniquement et c’était Mathias. J’ai alors répondu à Lauri que je le connaissais. Je l’ai donc appelé pour voir s’il serait capable de jouer les soli de Timo Tolkki et apporter sa touche ; je n’avais pas besoin d’un mec qui ait un bon look mais qui joue de la merde, mais bien d’un gars avec qui on pouvait se tourner vers le futur. Au bout de 30 minutes d’audition, on lui a demandé s’il voulait rejoindre le groupe et il a dit oui. Depuis, on le connaît mieux et c’est vraiment un bon gars. Certes, il est jeune mais il a les pieds sur Terre, et surtout, ne part pas en vrille sans arrêt.

Comment s’est passée la composition du coup, cette fois ? Est-ce que ça a été plus collectif ? Comment décris-tu le nouveau matériel ?
Par le passé, Timo composait quasiment tout, seul de son côté. A vrai dire, ça nous allait très bien car ça marchait. Cette fois, tout le monde excepté Jörg a composé et on a fait des démos en répète, en buvant quelques bières. Ensuite, on a envoyé les démos à Jörg en Allemagne pour qu’il bosse ses parties et il est ensuite venu en Finlande répéter avec nous. On n’a vraiment rien planifié à l’avance et on n’a pas pris de producteur. On s’est dit : « faisons notre truc nous-mêmes et on verra bien ce qui en sortira ». Pour être honnête, nous n’étions pas certains nous-mêmes, il y a un an, d’être capables de composer de bons titres. Maintenant, je pense que nous nous sommes bien débrouillés et j’espère que les fans aimeront l’album. De toute façon, quels que soient les titres, comme je suis toujours là avec Jörg et Jens, ça ne peut que sonner comme du Stratovarius.

Vous n’aviez pas peur de perdre l’essence du groupe du fait que Timo Tollki composait la plus grande partie de la musique ?
Oui, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, quand on a commencé à composer les titres en août l’année dernière, nous ne savions pas encore si cet album sortirait sous le nom Stratovarius car si les titres avaient vraiment sonné de manière différente, nous aurions changé de nom. Mais maintenant que cet album est fini, je n’ai qu’une chose à dire : fuck, ça sonne comme du Stratovarius (rires) !

Comment ça s’est passé en studio cette fois ? L’ambiance devait être plus détendue, non ?
Tu m’étonnes ! Il s’est passé une chose assez étrange quand j’y étais : j’ai ressenti à nouveau beaucoup de colère, de passion, comme à l’époque où j’ai rejoint le groupe, en 1995. A force de tourner, de faire des albums, tu peux perdre ce feeling à la longue, tu ne sais plus pourquoi tu fais de la musique… Mais quand tu te retrouves sans groupe, sans musiciens et sans chansons, quand tu entres à nouveau en studio, tu as le couteau entre les dents ; c’est ce qui s’est passé pour moi et ça fait du bien ! J’aime faire de la musique et c’est vrai que les conditions ont été très différentes des deux derniers albums avant Polaris, où on ressentait un stress maximum. Ce nouvel album est une sorte de miracle…

Est-ce que Polaris est un concept album ?
Non, Polaris n’est pas un concept, c’est juste un bon nom d’album pour plusieurs raisons : bien sûr, l’Etoile Polaire flotte au-dessus de nos têtes en tant que Finlandais et Suédois mais « Polaris » sonne surtout comme un nom d’album typique de Stratovarius.

Il y a des titres bien speed mais aussi d’autres plus clames, des ballades. Je suppose que le but était de faire passer des sentiments contrastés par la musique, non ?
Tout à fait, tu as raison. La musique en elle-même véhicule des émotions mais il est certain que les trois dernières années nous ont beaucoup affectés. Certains titres sont plus positifs que d’autres, c’est sûr. Ma chanson « Higher We Go » parle justement du fait que nous sommes tombés très bas mais qu’ensemble, nous ne pouvons qu’aller plus haut dans le futur. 

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Tu sais, je me demandais justement si les titres « Falling Star » ou « King Of Nothing » ne parlaient pas de Timo Tollki (rires) ?
(Rires) Ça aurait pu, oui ! Bien vu… Elle est bonne, celle-là, tiens ! (rires) Mais ça n’a rien à voir et je préfère que les gens se forgent une opinion en lisant nos paroles, plutôt que de tout expliquer. 

Ça fait 25 ans que Stratovarius s’est formé, 14 ans que tu es dans le groupe. Quand tu regardes en arrière, comment analyses-tu ton parcours ?
Je dirais que ça a été intéressant. Il y a eu tant de bons moments que je ne parviens pas à m’en rappeler, mais les premiers concerts que j’ai donnés avec ce groupe restent des souvenirs à part, forcément. Pour le reste, sur scène, je ne voudrais rien changer même si tu as tendance parfois à ne te rappeler que des choses négatives mais j’ai pu rencontrer tellement de gens cool que cette expérience est de toute manière irremplaçable. Il n’est pas donné à tout le monde de tourner partout autour du Monde, et surtout à Paris (rires).

Vous allez jouer en live avec la nouvelle formation pour la première fois en mai, en Grande-Bretagne… A quoi peut-on s’attendre ?
On est justement en train de répéter en ce moment à Dortmund, où habite Jörg et ça se présente très bien. On bosse sur une quinzaine de titres pour cette tournée et les festivals d’été, dont le Hellfest.

Qu’attends-tu de cette nouvelle formation ?
J’espère qu’on va donner de très bons shows, d’autant plus que tout le monde maintenant veut jouer live ! Lors de ses trois dernières années dans le groupe, Timo n’aimait plus partir en tournée et ça faisait chier parce que nous, nous étions toujours à fond dedans ! Là, si tout se passe bien, on part pour quasiment deux ans de tournée. J’ai hâte !

Impatient d’être au Hellfest ?
Alors, comme c’est un festival, je ne sais pas combien de temps nous allons pouvoir jouer mais j’ai vu que nous allons jouer le même jour que Dream Theater et Manowar, et c’est une super affiche. Ça sera de toute façon une super date pour nous mais aussi pour nos fans. Pour moi, c’est normal que vous ayez enfin un festival Metal digne de ce nom parce que la France a un super public et d’après ce que j’ai compris, les autres festivals européens ont du souci à se faire niveau concurrence maintenant.

Vous avez toujours eu beaucoup de fans en France. Quel lien unit selon toi Stratovarius aux fans français ?
Il n’y a pas de secret. Nous avons beaucoup tourné par le passé en France, notamment dans des petits clubs aux alentours de 1996, et ça a fidélisé la base. A chaque fois que nous sommes revenus après, les réactions étaient plus fortes. Ce n’est pas la seule raison pour laquelle je suis toujours content de revenir en France : en fait, j’adore le vin rouge (rires) et pour ça, vous êtes les champions du Monde !

Un dernier mot ?
Déjà, un grand merci à toi pour cette très sympathique interview et votre support. Quant aux fans, j’ai envie de leur dire que ça a toujours été un plaisir de jouer ici et que nous avons toujours apprécié leur support. Alors, évidemment, beaucoup de conneries ont été dites ces derniers temps dans la presse et j’en suis vraiment désolé : j’espère que les fans sauront faire l’impasse là-dessus et qu’ils seront aussi impatients que nous d’assister à nos concerts. J’espère donc que les gens apprécieront l’album car on y a mis tout notre cœur. Donc, à bientôt et merci beaucoup (Ndlr : en français dans le texte).


STRATOVARIUS – Polaris
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