THE SEVEN GATES

N’y allons pas par quatre chemins : les Mâconnais/Lyonnais de THE SEVEN GATES sont devenus nos chouchous, ici à la rédac’, en matière de death-metal originel, depuis qu’on les a découverts en juillet 2007. On avait pris une baffe phénoménale et depuis, on n’a jamais été déçus. Le groupe va enfin sortir son premier album sur Heavy Artillery Records, un label américain (ce qui est du jamais vu pour un groupe français de death) avec un DVD live bonus de haute volée, en attendant de carrément partir en tournée européenne cet été ! Il nous fallait donc vous faire mieux découvrir ce groupe exceptionnel qui va tout ravager sur son passage avec son album, Angel Of Suffering, qui sort chez nous le 2 juin.    

Interview parue également dans le METAL OBS' n°30 de mai 2009

Entretien avec Vincent Urbain (basse, vocals) – Par Will Of Death – Photos promo officielles : Will Of Death
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Depuis notre première interview de janvier 2008, il y a eu des changements de line-up. Tu peux nous en parler ?
Régis (batterie) a exprimé le désir de nous quitter l’été dernier après notre petite tournée française. Il en avait un peu marre et voulait passer à autre chose. Ça faisait pas mal d’années qu’on jouait ensemble, même avant The Seven Gates. On a fait des auditions et c’est notre ami Kévin Ivancic, de Lyon, qui nous a rejoints car il avait un super niveau et semblait bien motivé. Il avait joué dans divers groupes avant mais n’était pas parvenu à se stabiliser. Un peu avant, vers janvier, c’est Adrien Madrignac qui est arrivé dans le groupe, d’abord comme remplaçant live de Djé, qui joue dans un autre groupe, Akirise. Djé donnant pas mal de concerts avec son groupe, on avait pris Adrien comme remplaçant en cas d’absence mais finalement, on s’est dit que c’était con d’avoir deux guitaristes pour le même poste, dont un qui avait deux groupes et un qui n’avait que nous, mais comme remplaçant… Il s’est avéré en plus qu’Adrien avait une super technique, de la précision et il a même commencé à composer avec nous, là, pour le prochain album. On espère que ce line-up, qui est solide, sera également durable parce que c’est difficile de trouver des musiciens vraiment motivés et avec qui tu t’entends parfaitement ! Ça engage tellement de choses, un groupe !   

Depuis que tu joues, tu penses que tu tiens là le line-up le plus solide de ta carrière de musicien ?
Pendant quelques années, je ne me suis pas posé la question puisque dans Akhenaton, j’étais seul (rires) ! L’avantage, c’était que je ne pouvais pas me virer bien que parfois, j’arrivais quand même à m’auto-engueuler (rires) ! La seule chose que je puisse dire pour le line-up actuel de T7G, c’est qu’il est certainement un des plus aboutis et des plus matures que j’ai eus. Il y a un super niveau et j’espère que Kévin et Adrien vont rester avec Michel et moi car on a plein de choses en préparation, ce qui devrait resserrer les liens. Tu vois, je préfère ne pas trop m’avancer en disant qu’on a trouvé la formation ultime, même si je le pense, parce que l’expérience m’a montré qu’il suffisait de pas grand chose pour que ça parte en couilles. En 5 ans de Winds Of Sirius, avant T7G, on a changé au moins 15 fois de line-up !  

Pourquoi, c’est si difficile que ça de jouer avec Michel et toi ?
Ben, faut croire que oui (rires) ! Non, mais je pense que c’est surtout une histoire de motivation, pas seulement de niveau. Faut être prêt à faire des sacrifices dans le Metal et pouvoir te libérer pour répéter et tourner. Il y a aussi le problème des mecs qui ont trop de groupes, c’est même presque à la mode en ce moment. Là, Kévin et Adrien jouent aussi dans un groupe de grindcore à Lyon, mais comme ils font du grind, ils n’ont besoin de répéter qu’une fois tous les 6 mois (rires), donc, ça va.

THE SEVEN GATES

On va parler de l’album, Angel Of Suffering. De quand datent les compos ?
Il y en a qui sont très vieilles en fait, qui ont été remodelées mais je dirais que le point de départ est notre mini-CD sorti en 2007. En fait, dès cette époque, on voulait enregistrer l’album mais on s’est aperçu que certaines chansons n’étaient pas suffisamment rodées, que des chansons n’étaient pas vraiment « terminées ». Plutôt que de sortir un album bancal, on a pris celles qui tournaient le mieux pour les mettre sur le EP et on a retravaillé le reste et carrément jeté certaines compos. On a réécrit et on a surtout pas mal rodé ces titres en concerts car ce qu’on voulait, c’était de faire un album avec une énergie live.

Et vous avez enregistré en 2008…
Oui, c’est Serge de Almeida, notre ingé-son répètes et live, qui est en fait comme le 5ème membre du groupe, qui nous a enregistrés, et on a fait masteriser l’album par JP Bouquet à l’Autre Studio. Ensuite, on a démarché les labels avec un produit fini (pochette, layout, CD, etc…). L’enregistrement a été un peu chaotique quand même car à part les guitares et les vocaux, les autres instruments ont tous été enregistrés dans des endroits différents. Moi, par exemple, j’ai galéré avec ma basse, qui s’était déréglée à force de tourner et après l’enregistrement, je me suis rendu compte qu’il y avait un décalage. Il a donc fallu que je refasse tout après l’avoir faite re-réglée… Par contre, je suis content du chant, que j’ai fait très rapidement, tout en une prise, comme ça : bam !! Aujourd’hui, on est vraiment contents du résultat même après plusieurs mois de recul ; c’est même mieux que ce qu’on espérait à la base. Les retombées sont bonnes pour le moment, c’est cool.

Justement, vous commencez à avoir des retours de la promo ?
Déjà, merci à toi et à Metal Obs’/Noiseweb pour la super chronique que tu nous as faite et le support constant que vous nous apportez depuis plusieurs mois. Là, la promo vient juste de démarrer en fait (Ndlr : interview réalisée fin avril) car l’album sort aux USA le 18 mai et en Europe le 2 juin. Les chroniques de webzines commencent à arriver et on a également beaucoup de retours positifs via les radios aux USA qui passent déjà pas mal nos titres. De toute façon, y aura toujours des gens à qui ça ne plaira pas… Et heureusement d’ailleurs !

Les gens ne se rendent peut-être pas compte mais vous venez de signer sur un label américain (Heavy Artillery Records) qui a une renommé mondiale et une super distrib’ ! Du jamais vu pour un groupe de death français ! Comment êtes-vous arrivés chez eux ?
On a démarché beaucoup de labels avec notre album fini, des gros et des moyens. Eux, on ne les avait pas démarchés mais ils ont entendu parler de nous par le biais d’un des labels à qui nous avions envoyé l’album, comme quoi… Ce sont eux qui nous ont contactés par Internet en fait. On a eu plusieurs propositions de contrats en Europe, même au Canada mais à chaque fois, il y avait un truc qui n’allait pas par rapport à ce qu’on demandait. Heavy Artillery a été celui qui était le plus proche de nos exigences minimum donc on a signé chez eux. On est quand même un peu plus éloigné maintenant du simple loisir et de la passion pure de l’underground, donc, on voulait certaines choses précises. On voulait un label professionnel. Pour l’instant, ils sont à fond derrière nous pour la promo. Ils ont par exemple refait complètement notre page Myspace officielle, qu’ils gèrent eux-mêmes à distance.

Ce qui est aussi du jamais vu pour un groupe français de death, c’est que vous allez sortir votre premier album accompagné d’un DVD bonus, en édition limitée pour les 2.000 premiers exemplaires !
C’est un live que nous avons enregistré en 2008 à la Cave à Musique de Mâcon, donc, chez nous, devant un public déchaîné et une salle pleine. Le son a été mixé et masterisé aussi, ça a été filmé par plusieurs caméras. On y trouve également le clip d’ « Angel Of Suffering » qu’on a réalisé avec Stéphane Goursaud, un photographe de Lyon, un autre clip issu du live, pour le titre « Serpent’s Wheel » et une grosse galerie photos. Ce live, c’était une demande de nos fans et le DVD était sorti à 100 exemplaires, uniquement via notre Myspace, l’année dernière. Là, tout a été évidemment refait professionnellement et ça devrait donc pouvoir intéresser les gens quant à un achat, plutôt que de télécharger l’album vulgairement. Aujourd’hui, sortir un album sans bonus, ça devient suicidaire. Il y a 1.000 copies pour les USA et 1.000 copies pour l’Europe, qui seront vendues au prix d’un CD normal. Le reste sera vendu en boîtier cristal par la suite...

THE SEVEN GATES

Alors, pour les gens qui vont acheter l’album, comment tu décrirais votre musique ?
Nous, on a appelle ça du True Death-Metal. Il y a des riffs, c’est macabre, lugubre, sans concessions et c’est brutal quand ça doit l’être ou entraînant quand c’est nécessaire. Ça répond peut-être aux mêmes critères que le true black, mais pour le death-metal, je n’en sais rien… La démarche est originelle car on joue une musique qui ressemble à celle qui nous plaisait dans le death-metal du départ, fin des 80’s / début 90’s. Beaucoup ont oublié ça aujourd’hui, avec cette course à la vitesse et à la technique. Nous, on est loin de ce côté démonstratif où on oublie le truc qui va te faire secouer la tête ou taper du pied. Nous, on reconnaît nos morceaux, nos riffs, à la manière d’un Slayer, d’un Morbid Angel ou d’un Deicide. Je n’aime pas trop le terme old school death-metal parce que tous les vieux groupes se sont aujourd’hui reformés (les Obituary, Morbid Angel ou Pestilence…) ; c’est pour ça que je préfère employer le terme True Death-Metal, une sorte de musique avec beaucoup de feeling et des vrais riffs lourds, puissants ou rapides, que tu retiens.

Que vas-tu par avance répondre aux gens qui vont immanquablement vous comparer à Morbid Angel, pour ce même côté feeling et les soli de Michel ?
Que Gojira ressemble à Zyklon (rires) ! Non, mais je ne trouve pas qu’on ressemble tant que ça à Morbid Angel : il y a peut-être une histoire de toucher, de doigté, qui ressemble mais nos influences viennent aussi de Slayer, Deicide ou Bolt Thrower. Au niveau du chant par exemple, je me reconnais plus entre Deicide et Bolt Thrower, au niveau des harmonies vocales un peu lourdes, assez longues… Mais en fait, on s’en fout, ça fait longtemps qu’on ne se pose plus la question : on joue ce qu’on aime et si des gens veulent nous comparer à Morbid Angel, grand bien leur fasse car il y a pire comme référence (rires) !

Et puis, quasiment personne n’est au courant, mais Michel a déjà joué avec Trey Azaghtoth de Morbid Angel, qui avait même été assez impressionné de sa performance, selon ses dires !
Ouais, enfin, c’était sensé rester un peu secret ça, Will…

Ouais, mais moi, tu sais bien qu’il ne faut rien me dire (rires) !
(Rires) En fait, ils correspondaient ensemble dans les années 80, à l’époque du tape-trading et ils se sont effectivement rencontrés, ont joué un peu ensemble, etc… Ça s’est très très bien passé entre eux en tout cas mais vous n’en saurez pas plus car normalement, je n’ai pas trop le droit de le raconter (rires) ! Michel (Ndlr : qui forma MUTILATED à l’époque, un des pionniers du death-metal en France) est vraiment de la génération de tous ces gens-là et correspondait vraiment avec les Carcass, Bolt Thrower ou Samael… Il les connaît bien. Moi, je suis juste de la génération suivante, vers 90/92, et je correspondais avec Rotting Christ, Moonspell, Absu, Emperor, Darkthrone… C’est pour ça que je n’aime pas le terme old school, car tous ces groupes pionniers existent toujours et font toujours les couvertures des magazines, les Obituary, Morbid Angel, Deicide, Cannibal Corpse, etc…!

En quoi tu penses que The Seven Gates a encore progressé cette année ?
Déjà parce qu’on a vachement joué ! Il n’y a pas de secret, t’es sensé progresser et le nouveau line-up est plus efficace. On a commencé à composer ensemble pour la suite et on trouve qu’on a encore progressé à ce niveau-là également.

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Et penses-tu que votre nom prend de plus en plus d’importance en France ?
Le truc que je trouve génial parce que je n’avais jamais connu ça auparavant, c’est qu’il y a des gens qui n’hésitent plus à faire plusieurs centaines de kilomètres parfois pour nous voir jouer et c’est vrai que nous avons un support qui est de plus en plus important en nombre. Cette réponse vient principalement des concerts qu’on a faits pour le moment mais je pense que l’album va décupler ça. Les gens qui nous ont vus en live nous font de toute façon beaucoup de pub car ils ne sont jamais déçus. On leur est vraiment reconnaissants.

J’ai vu sur votre Myspace que vous aviez même des street teams aux USA et en Amérique du Sud, en Asie et même en Afrique ! Délire…
En fait, ce sont des fans qui nous ont contactés et qui s’occupent maintenant de réunir des gens dans leur pays ou leur continent, pour trouver des contacts, faire de la promo, des éventuelles tournées plus tard. Honnêtement, on ne leur a rien demandé donc ça fait encore plus plaisir (rires) !

Qu’est-ce qui se prépare donc, là, pour la promotion de l’album ? Une tournée ?
On va faire une tournée européenne d’une quinzaine de jours en août avec EXMORTUS, nos collègues de label. On va jouer en France, Allemagne, Autriche, Pologne, Hongrie (le 18 août à Budapest, 1ère date confirmée), Tchéquie et Italie. Exmortus vient jouer en Europe cet été sur notre matos et on ira jouer avec eux également aux USA vers la fin de l’année sur le leur… Pas mal d’organisateurs français sont également en train de nous booker des dates pour la rentrée, de septembre à novembre…

Nos collègues du webzine French Metal vont aussi sortir une compile death-metal sur laquelle vous allez figurer, je crois…
Ouais ! C’est une compile triple-CD avec 60 groupes et on apparaît effectivement dessus. Cette compile est leur 4ème je crois, et celle-là s’appellera « A Tombeaux Ouverts », avec un visuel magnifique. Ils ont une chouette démarche pour défendre l’underground. On va aussi faire une émission radio importante sur Radio Metal, le 3 juin, le lendemain de la sortie de l’album. Ce sera une émission spéciale The Seven Gates, et Julien de Benighted et Moreno de No Return seront de la partie.

Ecoute, je te remercie pour tes réponses et ton temps. Un dernier mot pour les lecteurs ?
Nous ne sommes pas un truc cool ou à la mode à écouter et nous ne reposons pas en paix. DEATH METAL is Real !


THE SEVEN GATES – Angel Of Suffering
Heavy Artillery Records / Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/thesevengates


ANGEL OF SUFFERING, Album du Mois de mai 2009 de Metal Obs' magazine :

THE SEVEN GATES