AMARTIA

Avec Delicately, son troisième album, le groupe nordiste Amartia a franchi un nouveau palier vers une plus grande reconnaissance des critiques et du public. Entretien avec le sympathique guitariste Vincent Vercaigne au sein d’un casino Touquettois.

Exclusivité Noiseweb

Entretien avec Vincent Vercaigne (guitares) – Par Looner - Photos live : Looner
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Salut Vincent, ça va ?
Je te préviens d’entrée, je ne parle pas en anglais (rires) !

Oh, ce n’est pas grave, perso je ne parle que russe…(rires). Normalement, Delicately devait sortir à la mi-octobre et finalement, il n’est sorti dans les bacs qu’en début d’année...
Oui, en fait, on ne l’a reçu que fin octobre - début novembre en pré-commande et on aurait dû le sortir normalement mi-décembre. Mais c’est une très mauvaise période pour sortir des albums de metal. C’est plus des compiles pour les fêtes de Noël. Le distributeur et le label ont donc préféré repousser la sortie à début février pour que cela soit vraiment bien propice à la promo. Nous, on le vendait déjà dans les concerts et sur le site depuis mi-novembre mais la sortie officielle, c’est effectivement le 13 février.

Les retours sur Delicately ont été plutôt bons…
Très bons même ! On n’a vraiment eu que des excellentes chroniques, les gens adorent vraiment l’album.

Elles sont même bien meilleures que sur le précédent…
Oui, disons qu’elles sont moins… « diversifiés ». Avec Marionette, on a eu de très très bonnes critiques mais on a eu aussi des chroniques où les gens n’ont pas vraiment compris le sens dans lequel on allait ou qui n’ont pas forcément aimé le mélange des langues. Cela choquait un peu. Surtout peut-être chez des personnes un peu plus jeunes. Plus progressif, cet album a plu à un public essentiellement prog, plus âgé. Delicately est plus direct et fait plus l’unanimité par rapport à cela.

Pour en revenir un instant à Marionnette, deux ans plus tard, que retires-tu de cet album ?
Pour moi, Marionette a plus été un « second premier album », la formation ayant été remodelée avec l’arrivée de Britta et de Nicolas. Avec Maïeutics, on n’avait pas beaucoup tourné et il y avait beaucoup de tensions dans le groupe à l’époque. Ce qui a donné très très peu de concerts. Tandis que là, vraiment, on a fait renaître le groupe et il a fallu qu’on aille défendre l’album le plus possible sur scène. N’importe où, là où on pouvait, là où on voulait bien de nous. C’est ce que l’on a fait. Cela nous a permis de tourner avec Epica, Agua De Annique, Stream of Passion et des groupes français comme The Old Dead Tree, C-Rom ou The Last Embrace. Cela a permis d’avoir un public supplémentaire et de faire connaître Amartia au-delà des frontières, de porter le nom un peu plus loin qu’il ne l’était au temps de Maïeutics.

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Je trouve que Delicately va droit à l’essentiel, toi-même, tu as parlé voici quelques instants d’un album plus « direct »…
Il est beaucoup plus « live ». Je pense que les concerts que l’on a faits pour Marionette ont servi à Delicately. Après, la composition s’est faite d’une manière très spontanée, il n’y a pas eu de plan de composition ou quoi que ce soit. C’est vraiment une « photographie » de ce qu’est le groupe actuellement, de ce qu’il a été au moment de la composition de Delicately. Mais le son d’Amartia vient également du mixage de Bruno Levesque qui a été très important. On voulait une ambiance plus « live ». Marionette avait un côté plus « froid », les membres venant d’arriver au moment où la composition était pratiquement terminée. Ce qui n’a pas été le cas avec Delicately.

Les morceaux sont plus courts, plus condensés que sur Marionette…
Ils sont moins prog effectivement mais là, c’est pareil, ce n’est pas vraiment voulu. Déjà, il y a la patte Amartia mais on a essayé de ne pas tirer en longueur certains trucs qui n’étaient pas forcément utiles, d’aller un peu plus vers l’essentiel.

L’abandon du chant en plusieurs langues qui était une des caractéristiques de Marionette, cela s’est décidé pendant l’écriture du nouvel album ?
En fait, on n’a pas décidé d’arrêter. C’est simplement que cette fois-ci, au fur et à mesure que l’on écrivait les titres, ils avaient plus une consonance rock et un feeling anglo-saxon que sur Marionette. Cela s’est fait naturellement. Il y a juste un titre, l’instrumental « Hightech Human », où il existe une version chantée en trois langues comme dans le morceau « Revolution Der Marionette »  mais on a préféré utiliser la version instrumentale qui a été composée dans cet état d’esprit là. Non, cela s’est vraiment fait d’une manière naturelle, Britta ressentait plus un feeling anglais pour les morceaux et même chose pour Marionette, il y avait certains titres qu’elle ressentait plus en allemand que d’autres. Il n’y avait vraiment rien de prémédité et on peut très bien revenir sur de l’allemand sur de futures compositions.

Sur les onze titres de l’album, on retrouve trois instrumentaux, sont-ce tes influences que l’on retrouve principalement ?
Oui et non. Le thème très Mike Oldfield du début de « Hightech Human », cela vient de moi mais le reste du morceau vient plus des idées de Nicolas avec des rythmes beaucoup plus appuyés, des influences un peu plus actuelles alors que le thème un peu folklorique au début, c’est plus les miennes. Egalement sur le morceau qui fait partie de la trilogie, c’est un titre qui a été écrit intégralement par moi-même mais arrangé par le groupe. On y retrouve donc les influences de tout le monde.

Au sein d’Amartia, vous avez tous des influences différentes, toi plutôt metal, prog ou rock, les autres rock voire jazz, cela ne pose pas trop de difficultés pour travailler ?
C’est moi qui commande donc ils n’ont pas le droit de... (Rires). Non, au contraire car Nico a quand même de grosses influences metal. En même temps, quand quelqu’un arrive dans Amartia, il y a déjà une identité qui est là. Le mec qui n’aime pas, il ne le fait pas. A l’époque où il est arrivé, les morceaux de Marionette étaient pratiquement terminés et il a accroché sur les titres. Tout comme Britta qui en a ressenti le feeling. Après, qu’importe le style, du moment que tu aimes la musique, tu la fais ou tu ne la fais pas. Qu’elle soit metal ou pas.

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A propos de l’artwork de l’album, tu peux m’en dire plus sur cette malle, sur ce qu’elle renferme voire… sur ce qui pourrait s’en échapper ! (Rires)
En fait, c’est très en rapport avec les textes personnels de Britta. Cette fois-ci, cela parle beaucoup de regrets, de douleurs, de choses dont on ne veut plus trop parler, qu’on a un peu renfermées ou oubliées. Cette malle, c’est une sorte de « malle à Pandore » qui renferme ses chagrins, ses déceptions, etc. Et cela commence à sortir grâce à la malle un peu entrouverte. C’est un artwork réalisé par Alexandra Dekimpe qui allait bien avec les textes de Britta. Elle travaillait pour Crypt'O Goths et désormais pour des groupes comme Kamelot. Comme c’est une amie et qu’on aimait beaucoup son travail, elle a tout naturellement réalisé la couverture avec les photos de Laurent Depla qui bosse avec nous depuis les débuts du groupe.

Lorsque l’on feuillette le livret, on s’aperçoit que vous êtes tous à l’intérieur de cette fameuse malle. Tous sauf une personne, Anthony Broggia, qui observe, en retrait, la malle qui s’entrouvre. Je sais qu’il a participé à l’élaboration de l’album mais quelle est sa place dans Amartia, peut-on parler d’un « sixième membre » ?
Non, il ne fait plus partie d’Amartia. Il est à l’extérieur de la malle car il a voulu s’investir dans un autre projet. A un moment donné, il y consacrait plus de temps qu’à Amartia. On a donc naturellement décidé ensemble d’arrêter. C’est toujours quelqu’un avec qui on pourra collaborer musicalement mais il ne prendra pas part aux concerts de la tournée Delicately ni sur les prochains albums. Du moins pas de manière directe. C’est pour cela qu’il est à l’extérieur de la malle, il part et nous regarde à l’intérieur en fait. Comme il a composé quelques titres et pratiquement enregistré 95% de l’album, on a voulu le faire figurer sur le livret.

Avec le line-up qui tend à se stabiliser depuis quelques temps, tu penses avoir la formation idéale pour Amartia ?
Idéale ? Humainement, oui. Et musicalement aussi car Delicately est vraiment un effort de groupe. Humainement, je pense que cela se ressent dans l’album : il s’est vraiment passé quelque chose durant la composition de l’album. Après, je ne peux vraiment pas te dire si c’est la version définitive, tu n’es jamais à l’abri de quelqu’un de démotivé par x raisons. Il faut savoir aussi qu’un groupe de metal, financièrement, ce n’est pas forcément évident et quelqu’un peut très bien en avoir marre de cela, tout comme changer de région. Dans ces cas-là, tu es obligé de continuer. Cela me ferait ch... car tous les membres s’entendent bien dans Amartia, ce sont vraiment tous des amis mais tu ne sais jamais ce qui peut arriver. Mais j’espère en tout cas que cela sera la formation définitive.

C’est vrai que la formation a subi pas mal de changement de line-up depuis quelques années…
Oui, il y en a qui sont partis, d’autres qui sont revenus.

Les choses de la vie…
Les choses de la vie effectivement.

Comment vois-tu l’avenir d’Amartia ? Penses-tu qu’il y aura un avant et un après Delicately ?
Woah ! Bonne question ! Je note (rires) ! Je pense qu’il y a un avant et un après Marionette. Delicately en est la continuité. On affirme avec ce nouvel album ce que l’on a commencé avec Marionette. Maintenant, j’espère que cet album nous apportera d’autres choses que nous a apportées à l’époque son prédécesseur. Toucher plus de monde, le public premièrement, les médias, plus de scènes également. C’est clair qu’actuellement, ce n’est pas évident. De toute façon, pour avoir un super truc, il n’y a pas de secret, il faut ramener de la thune. Il reste les festivals mais même maintenant sur certains, il faut payer pour pouvoir les faire. Après, si un tourneur ou un manager est prêt à travailler sur Amartia, on est prêt à s’investir de notre côté.

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En tout cas, vous faites beaucoup plus de dates qu’auparavant…
C’est grâce à Atom Music qui nous aide à booker les dates. Je participe aussi activement au truc mais c’est Sylvain d’Atom qui nous aide énormément.

Question qui n’a pas grand-chose à voir avec les autres : toi qui es un grand fan de Queensrÿche, l’écriture d’un concept-album, cela te brancherait ?
Oui, cela me brancherait bien. Il faudrait trouver le temps, le sujet surtout.

C’est quelque chose qui t’a déjà traversé l’esprit ?
Qui m’a traversé l’esprit oui mais qu’on n’a pas encore mis en application. Il faudrait trouver un sujet qui ne fasse pas « cliché ». C’est très délicat mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. En même temps, tu restes un peu prisonnier. Regarde des gens comme Queensrÿche, on leur demande toujours de faire Operation Mindcrime, d’en faire un second, alors qu’ils ont peut-être envie de défendre des albums différents mais qui ne sont pas mauvais. Mais si un jour, un sujet peut être développé et que tout le monde adhère, pourquoi pas ?

Et pour terminer…
Le mot de la fin ?

Ouaip ! Ce soir, tu fais des reprises des années 80…
Oui… Salaud ! (Rires)

Avec ton groupe de reprises, Melodic Stenza, et en compagnie de Soraya (Hostens – Syrens Call), tu crois que tu aurais la possibilité de placer un petit « Spring Evolution » ou un « Revolution der Marionette » au milieu de la set-list ?
Non ! (Rires) Je ne pense pas ! Ou alors, il faudrait vraiment qu’ils soient tous bourrés ! (Rires)


AMARTIA – Delicately
Manitou Music / Socadisc



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