ANTIGUA

Ah !  L’Espagne… et son climat méditerranéen, ses ferias, sa sangria, son chorizo, sa paella, ses tapas, son flamenco, ses villas, son cinéma (qu’on ne comprend pas toujours très bien), son « chocolaté » (ça y est, vous êtes repéré)… Un pays où il fait bon vivre, à partir du moment où on n’est pas des férus de boulot (de toute façon, y en n’a pas… surtout en cette période). Enfin, ça dépend pour qui. Car si on creuse un peu plus en profondeur, on y trouve des acharnés, prêts à tout pour exploser. C’est le cas de Antigua Y Barbuda. Portrait donc d’un groupe, totalement atypique (dans son pays et dans sa musique), au potentiel plus qu’irrésistible et qui, dès le premier album, s’octroie les félicitations de la rédac’.

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Guille (Batterie, Synthétiseur et Chant) – Par Gaet’
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Tout d’abord, pourquoi avoir choisi Antigua Y Barbuda comme nom de groupe ?
Comme tu le sais peut-être, Antigua & Barbuda est une nation d’îles située sur la frontière orientale de la Mer des Caraïbes, dans l’Océan Atlantique. On aime beaucoup ce nom car on considère qu’on a beaucoup de relations avec. Les gens d’ailleurs cherchent toujours à savoir la raison et le rapport qu’on a avec ce nom. En fait, c’est simple. Nous jouons de la « vieille » musique (Antigua en espagnol signifiant « antique ») mais avec beaucoup d’influences, de folie, de psychédélisme (Barbuda signifiant « une femme à barbe » en espagnol). German (ndlr : Chant et guitare) travaille dans une maison d’édition de livres, et donc notre langue l’a toujours fasciné. Mais il n’acceptait pas qu’on utilise l’espagnol pour écrire nos textes, bien que nous nous soyons quand même aventurés à le faire. Il considère avoir trop de respect envers notre langue pour ça. Donc garder un nom de groupe dans cette langue, était un moyen d’honorer sa façon de penser. En fait, on n’aime pas les groupes espagnols avec des noms en anglais (rires).

Donc, peux-tu nous présenter le groupe ?
Nous sommes donc Antigua Y Barbuda de Pamplona (Pampelune), petite ville située au nord de l’Espagne. Nous avons commencé à faire de la musique ensemble en 2004. Au début, on s’appelait Qwer. Sous cette forme, nous avons donné quelques concerts (Takio Fest, Unicono Fest…) et nous avons enregistré un EP intitulé Ombligo 0 Chronicles (ndlr : disponible en téléchargement gratuit sur leur page Myspace). Après quelques changements de line-up, nous avons enregistré un quatre titres en prises live aux Montreal Studios avec Hans Kruger, mixé et masterisé à Ultramarino Costabrava par Santi García, et sorti en 2008 sous le nom de La Pirámide Invertida. Après une série de concerts à travers l’Espagne, on a commencé à composer notre premier album, que nous avons enregistré à la fin 2008, toujours avec Hans Kruger mais mixé cette fois-ci par Kurt Ballou au God City Studio (Converge, Genghis Tron, Transitor Transistor…). Voilà pour le côté biographie / CV. Aujourd’hui, le groupe est composé de German (Chant, guitare et synthétiseurs), Alberto (Basse), Asier (Guitare et chant) et de moi-même, Guille (Batterie et chant). Là, nous sortons donc notre premier album, Try Future, chez Arindelle Records pour la distribution en Espagne et chez The Flying Elephant Records pour la France.

Vous signez donc chez The Flying Elephant Rec. Qu’est-ce qui vous a plu chez ce tout nouveau label et pourquoi un label français ?
Me crois-tu si je te dis qu’en Espagne, les groupes de metal les plus populaires sont des groupes de Neo-Metal ? Ici, il n’y a que quelques personnes qui ont une ouverture d’esprit et des goûts diversifiés. Chez vous, les gens sont plus ouverts musicalement. C’est pourquoi nous pensons que nous aurons plus de retombées et d’estime dans les autres pays d’Europe. Mais comme je te le disais tout à l’heure, on a aussi signé chez Arindelle Records pour distribuer l’album dans notre pays.

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Comment s’est donc déroulé l’enregistrement de Try Future ?
Nous avons commencé à l’écrire pendant un an. Deux ans auparavant, nous avions enregistré notre premier EP, mais juste après, nous avons souffert de la perte de notre bassiste et de notre local de répète dans la foulée. Donc, nous avons dû tout arrêter pendant un an. Et puis, nous avons rencontré Alberto. De là, nous avons pu terminer de préparer l’EP. Sous cette forme, notre style s’est vu affecté par nos diverses personnalités et nous avons pu expérimenter notre son en allant encore plus loin dans notre recherche. En fait, on a commencé à utiliser des synthétiseurs, des boîtes à rythme, des cris perçants… choses que nous n’avions pas jamais faites auparavant. Pendant que nous composions les nouveaux morceaux, quelques labels nous ont contactés pour nous dire qu’ils étaient intéressés par ce que nous faisions. Et c’est de là que nous avons décidé d’enregistrer un album.

Sur le plan des textes, quels sujets abordez-vous ?
Nous ne donnons pas beaucoup d'importance aux paroles, en fait. Nous préférons transmettre les émotions plus par les sons que par les textes. Nous avons d’ailleurs beaucoup de parties sans texte. Mais les principaux thèmes abordés parlent surtout d'émotions. Nous essayons de nous projeter dans le rôle de ce dont on parle, en criant les émotions qui en ressortent. Le nom de l'album est « Try Future », les textes s’orientent donc beaucoup autour de ça.

Vous avez une langue d’origine qu’on apprécie à écouter, chaleureuse et douce. Pourquoi ne pas chanter en Espagnol ?
(Rires) C’est curieux de savoir comment notre langue peut sonner à l’étranger. Personnellement, je n’écoute pas souvent de musique aux textes en espagnol, à cause de la langue. Je ne trouve pas que cela sonne très bien. Peut-être parce que je comprends les paroles (rires). A vrai dire, nous ne sommes pas forcément intéressés par notre pays, on préférerait pouvoir s’exporter à l’étranger. Voilà pourquoi l’anglais est à nos yeux le meilleur des choix.

De quoi vous nourrissez-vous pour faire votre propre musique ?
Notre point fort chez Antigua & Barbuda est la richesse des styles que nous aimons. On ne cherche pas à jouer un style en particulier ou à copier d’autres groupes. Il est vrai que nous avons beaucoup d’influences. A la base, je viens d’un groupe de metal (Dead Means Nothing), German d’un groupe de Hardcore mélodique, Alberto d’un groupe de Rock et Asier d’un groupe de Grind. On aime beaucoup les groupes modernes comme Converge, Kylesa, Baroness, At The Drive-In, Zombie, JR Ewing ou encore Cult Of Luna… Mais si vous prêtez plus d’attention à notre musique, vous remarquerez qu’on y décèle de vieilles influences comme Black Sabbath ou Vangelis. Nous aimons autant le Black Metal que la musique électronique. Voilà pourquoi vous pouvez trouver un peu de tout ça dans Try Future. Lorsque nous composons, c’est ce que nous cherchons à retranscrire. German peut arriver avec un riff de guitare en pensant à ce que la batterie pourrait faire derrière mais lorsque l’on répète, je l’interprète différemment, du fait de mes influences personnelles. A la base, les morceaux qui auraient pu être de simples titres rock ont finalement donné naissance à Try Future.

Et du fait, comment décrirais-tu votre musique afin de convaincre le public français de s’y intéresser ?
Notre musique est comme de vieux instruments et de vieilles chansons, joués par des gars nerveux, essayant toujours d’être originaux, en s’écartant le plus possibles des modes. Garder simplement une ouverture d’esprit, ne faites pas attention aux étiquettes, à notre look et aux styles musicaux. Vous devez seulement écouter notre musique pour ce qu’elle balance. Un mec psychédélique des années 70 et un gars qui écoute du black peuvent tous les deux aimer ce que l’on fait. J’en suis convaincu.

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Pour la sortie de l’album, vous allez réaliser une Release Party en France. Est-ce la première fois que vous jouerez en dehors de votre pays ?
Effectivement. Nous allons débuter par la France pour promouvoir notre premier album. Nous sommes d’ailleurs très heureux de jouer par chez vous. Nous sommes très intéressés de savoir comment le public va percevoir nos concerts, notre musique mais aussi notre façon de bouger. Je pense qu’en Espagne, cet aspect critique n’est absolument pas développé. Il y a très peu de personnes qui apprécient vraiment la musique par chez nous. La plupart écoutent et suivent les modes, les trucs qui passent à la radio. Par chez vous, ça n’est pas du tout comme ça, c’est pour ça que nous sommes impatients de connaître les impressions du public français. En Espagne, les gens disent que nous sommes un groupe de déjantés. Ils ne nous comprennent pas vraiment. On pense sérieusement que dans les autres pays d’Europe, le public est beaucoup plus ouvert, et que donc, il peut apprécier notre musique à sa juste valeur.

La scène Metal n’est donc pas si développée que ça en Espagne ?
(Perplexe, un rire de coin) La scène Metal ? Je pense que si je dis que les grands groupes de metal espagnols sont les mêmes que ceux d’il y a dix ans, je ne suis pas loin de la vérité. Les choses et les modes se développent toujours tard en Espagne. Les Espagnols continuent à écouter du Neo-Metal, pourquoi changeraient-ils ? Il y a très peu de bons groupes de Metal dans notre pays, et ceux qui existent sont « undergrounds » à 100%. Les labels sont exclusivement intéressés par la musique dite « commerciale », passable en radio. Donc c’est impossible qu’un groupe de Metal devienne connu de cette manière. Par contre, je te conseille vivement d’aller écouter The Band Apart, Trocotombix, Dead Means Nothing, The Eyes, Sound Of Silence…

Tu disais que vous veniez d’autres groupes. Avez-vous d’autres projets musicaux ?
Nous avons tous eu d’autres groupes mais actuellement, nous ne jouons qu’au sein d’Antigua Y Barbuda, excepté Asier. Il joue dans un groupe de reprises Punk. Personnellement, ça me manque un peu de jouer dans un pur groupe de Death. Peut-être qu’un jour j’en rejouerai, mais pour l’instant, je me contente de jouer de la batterie avec Antigua Y Barbuda. Finalement, on n’a pas assez de temps pour combiner le travail, les études, la composition, les répétitions, les concerts et la garde d’une petite amie (rires).

Le mot de la fin…
Laissez-vous porter par la musique, et ne pensez à rien d’autre…


ANTIGUA Y BARBUDA – Try Future
The Flying Elephant Records



Myspace : www.myspace.com/antiguaybarbuda