SUSPERIA
Deuxième vie ?

Le groupe norvégien, fondé par Tjodalv (batterie) quand celui-ci fut viré de Dimmu Borgir, fête cette année ses 10 ans d’existence, en ayant réussi même l’exploit d’avoir su garder le même line-up, même s’il s’en est fallu de peu pour qu’Athera (chant) passe l’arme à gauche en mars, suite à un infarctus. Pour signifier son excellente santé, la formation a signé chez Candlelight pour nous pondre une merveille d’album death-thrash mélodique bien puissant et varié. C’est à un miraculé que nous avons donc parlé, puisqu’ Athera a quand même subi en mars un quadruple pontage coronarien. Une nouvelle vie pour le groupe ?

Interview parue également dans le Metal Obs' 31 de juin 2009

Entretien avec Athera (vocals) – Par Will Of Death
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Que s’est-il passé au niveau de ta santé, en mars ?
Et bien, si je savais exactement ce qui s’est passé, j’aurais fait plus attention (rires). Il apparaît que mon père a eu plein de problèmes de cœur il y a 20 ans et j’ai dû hériter de ses trucs. Je pense que mon style de vie depuis des années a dû être plus dur que celui de mon père puisque mes problèmes sont apparus plus tôt. J’ai vécu de manière trop rock n’ roll, sans prendre soin de mon corps et je viens donc de prendre une bonne leçon ! J’ai eu de la chance, j’ai survécu à un arrêt cardiaque grâce à un quadruple pontage coronarien. Les médecins m’ont dit de me reposer pour le moment et ça devrait aller… Les drogues, la clope, l’alcool, tout ça est fini pour moi en tout cas.

Est-ce que cette récente opération a changé dans la perception que tu peux avoir de ta propre existence ?
Oh oui ! Je veux dire, quand un truc comme ça t’arrive et qu’on te donne une seconde chance, tu arrêtes tes conneries. Je me sens plus heureux maintenant, plus relax. J’essaie aussi de prendre plus soin de ma famille et de mes potes, j’ai d’ailleurs repris contact avec des gens que je n’avais pas vus depuis des années. Quand tu te rends compte que la vie peut s’arrêter à tout instant sans prévenir, tu donnes beaucoup plus de valeur à l’existence-même…

Vous avez le même line up depuis 10 ans, ce qui est assez exceptionnel de nos jours. Pourtant, il semble que vers 2006, à l’époque de Cut From Stone, vous ayez connu de sérieux problèmes internes… Comment juges-tu votre collaboration aujourd’hui ?
A l’époque, nous avons préféré attaqué les problèmes de front plutôt que de les laisser gangréner le groupe. Evidemment, tout n’a pas été rose en 10 ans de carrière ensemble, on s’est pris la tête bien des fois mais comme tout groupe, je pense. C’est dur de vivre et de bosser avec les mêmes personnes 24 h/24, 7 j/7 ! Ce sont tes partenaires, tes frères, ta famille, tes collègues, ça prend tout ton temps et forcément, les engueulades sont parfois intenses ! On a eu des problèmes avec les labels, on s’est battus pour continuer de pouvoir vivre de notre musique. En 2006, beaucoup de problèmes personnels et financiers sont apparus en même temps et il a fallu crever l’abcès ; c’est ce que nous avons fait. Aujourd’hui, nous sommes de nouveau très proches et je pense que si un seul des membres de Susperia venait à quitter le groupe, ça s’arrêterait de suite.

Pour ce nouvel album, vous êtes retournés au Fredman Studio, avec Fredrik Nordström et je dois dire que le son est terrible…. Pourquoi n’avez-vous pas continué avec Daniel Bergstrand ? Vous n’étiez pas satisfaits du son de Cut From Stone ?
Le son était OK mais ils ont des manières très différentes de bosser : Daniel bosse d’une manière très old school et n’en a rien à faire de la technologie digitale. Le truc, c’est que nous avons trouvé que le son était très sombre, dépressif. C’était toujours du Susperia mais c’est peut-être l’album de notre discographie où le son est le plus « étrange ». Le son était puissant mais il manquait quelque chose. Peut-être que cela est aussi dû aux vibrations négatives qui ont entouré la composition des titres à l’époque, dans le groupe. On n’est pas satisfaits complètement de cet album, même si je répète que Daniel est un très grand professionnel. On est donc retournés chez Fredrik Nordström, qui avait produit notre album précédent, Unlimited (2004), qui a été un très gros succès. Nous voulions voir s’il était possible de refaire ça cette fois ; c’est pourquoi les titres sont plus énergiques et plus positifs. Fredrik nous a encore sorti un son d’enfer, c’était donc le bon choix.

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Quelle était l’idée principale quand vous avez commencé à composer et combien de temps cela vous a-t-il pris ?
Pour Cut From Stone, les choses ne se sont pas forcément bien passées et nous n’avons pas pu tourner, pour ainsi dire. Du coup, on a très vite mis l’album derrière nous et nous sommes lancés dans la composition de nouveaux titres, il y a donc 2 ans environ avec évidemment, plusieurs périodes plus ou moins studieuses. Une chose est sûre, c’est que cet album est celui sur lequel nous avons le plus bossé, notamment au travers de plusieurs pré-productions. Les chansons ont beaucoup évolué pendant ce temps et pour tout dire, on a quasiment de quoi faire un autre album en réserve… La grosse différence avec nos autres albums aussi, c’est que tout le monde a été impliqué dans les arrangements : l’idée était donc peut-être de vraiment créer cet album de manière plus unitaire, que tout le monde ait les mêmes bonnes vibrations que celles que nous avions eues avec Unlimited...  

Si je te dis qu’Attitude peut être vu en quelque sorte comme un retour aux racines du groupe, es-tu d’accord ?
Oui, complètement. Ce n’est pas forcément voulu au départ mais c’est cette tournure que les choses ont prise. Je dois reconnaître que certains titres ne sont pas loin de l’esprit de nos premiers albums, avec ces éléments progressifs qu’on retrouve sur l’album Vindication (2002), par exemple. Attitude est réellement représentatif des 10 ans que nous venons de passer ensemble et ce qui nous rend fiers, c’est d’avoir réussi à créer une sorte de style « Susperia », un son reconnaissable. 

« Live My Dreams » m’a irrémédiablement fait penser à Testament, sans que je ne sache au départ que vous aviez fait appel à Chuck Billy pour chanter ce titre… C’est assez marrant. Comment êtes-vous entrés en contact avec lui ? 
Quand Testament s’est réuni en 2005, on a eu la chance de jouer en première partie de leur tournée. Je n’en ai pas cru mes oreilles quand on me l’a annoncé parce que Testament a toujours été mon groupe de thrash favori. Quand j’ai appris que le line-up d’origine s’était réuni, je me souviens avoir dit à mes potes qu’il fallait absolument que j’aille les voir en concert au moins une fois et au final, on a ouvert pour eux sur la tournée ! Un truc de malade (rires) ! Ce que je ne savais pas avant de faire cette tournée, c’est qu’Eric Peterson était fan de Susperia depuis des années… Tu te rends compte ?! Le mec dont j’étais le plus fan depuis que j’étais ado était aussi fan de mon propre groupe ! Un jour, j’ai dit aux gars de Testament que ça serait cool si un d’entre eux pouvait un jour apparaître sur un album de Susperia, pour des vocaux ou un solo, par exemple. Ça aurait dû se faire sur Cut From Stone mais le timing n’était pas bon. On l’a donc fait cette fois avec Chuck, qui m’avait promis qu’il se démerderait pour trouver du temps pour faire un titre avec nous. On lui a donc envoyé le titre via Internet vers Noël dernier en lui disant qu’il fallait qu’on récupère absolument ses parties avant fin janvier. Comme rien ne revenait à temps, on s’est fait une raison en se disant que c’était mort mais en fait, le jour juste avant de commencer le mix de l’album au Fredman, Chuck nous a renvoyé ses bandes ! On ne savait pas ce que ça allait donner mais quand j’ai écouté ses parties, je suis tombé sur le cul : Chuck est un vrai pro et ce qu’il nous a renvoyé correspondait exactement à ce que nous voulions.  

Mais vous vouliez faire une tribute-song à Testament avec ce titre ?
OK, on est fans de Testament depuis des années mais il est très dangereux d’essayer de copier un groupe référence car en général, le résultat est en-dessous. Mais dire que ça sonne comme du Testament est un compliment pour moi, bien que nous n’ayons jamais cherché à leur ressembler sur nos albums. Maintenant, que ça transparaisse dans notre musique, je pense que c’est normal, tellement nous aimons ce groupe ! S’il y a un titre auquel nous avons quand même pensé, c’est « D.N.A », sur leur album The Gathering, c’est puissant ! On voulait faire un titre un peu comme ça, un truc thrash à mort, rapide…

Il y a aussi Shagrath (Dimmu Borgir) qui apparaît sur l’album, sur le titre « Sick Bastard »… ça signifie que Tjodalv et lui sont toujours amis, alors ?
Ils sont les meilleurs amis du monde, et ce, depuis l’enfance ! Alors évidemment, il y a eu quelques tensions quand Tjodalv a dû quitter Dimmu Borgir mais depuis, ça leur est arrivé de prendre des vacances ensemble. Là, c’était juste un de nos potes qui nous rejoignait en studio et comme d’hab’, il a fait du bon boulot. Shagrath nous a même demandé s’il n’y avait pas un autre titre où on avait besoin de ses vocaux… « Non, merci » (rires) !

Question ô combien difficile, je le sais, mais si tu devais choisir 3 titres vraiment représentatifs de cet album, ce serait lesquels et pourquoi ?
Je choisirais les titres « Live My Dreams », « Attitude » et « Elegy And Suffering », donc la 2, la 3 et la 4.
- « Live My Dreams » parce que c’est une chanson rapide, qui va droit au but, avec des bonnes parties de Chuck donc, qui représente bien notre habileté à jouer des chansons bien thrash.
- « Attitude » est beaucoup plus groovy, avec un très bon refrain, bien mélodique. C’est un titre typique de Susperia, avec ce solo qui tourne derrière le riff. Ce titre représente bien la face groovy et plus lente du groupe. C’est devenu le titre de l’album, alors que ce titre n’était pas sensé apparaître dessus ! Mais une fois enregistrée et arrangée, on l’a trouvée assez bonne pour y figurer. Aujourd’hui, je pense que ce fut un très bon choix.
- « Elegy And Suffering » est un titre plus compliqué à jouer avec ce solo bien technique et cette double grosse caisse bien groovy. Le travail mélodique sur les guitares est extra, et la chanson ne fait que monter en intensité. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser transporter.

SUSPERIA

En quoi penses-tu qu’Attitude a encore fait progresser le groupe ?
Hum, je pense que cet album montre que nous sommes toujours capables de composer des titres très variés, à l’image de « Sick Bastard » qui est très brutal, death-metal dans l’âme, comparé à « Elegy And Suffering », qui est très mélodique. Je pense que la force de cet album, c’est que tout le monde peut s’y retrouver, sans jamais tomber dans la mièvrerie. On a réussi à ne pas se répéter, tout en restant variés.

Nouvel album, et nouveau changement de label aussi. Pourquoi avez-vous quitté Tabu ?
Quand nous avons signé, Tabu était un label brillant, norvégien de surcroît, ce qui facilitait la tâche par rapport à Nuclear Blast. Les gens étaient très enthousiastes chez Tabu et Unlimited, comme je l’ai dit, a cartonné. Du coup, on a signé pour un autre album mais le label a commencé à connaître des difficultés, des gens se sont fait virer… Le label n’a alors fait que décliner et ça nous a beaucoup affectés au moment de la sortie de Cut From Stone puisque nous n’avons pas pu tourner. Nous ne voulions donc plus continuer avec eux du tout… et j’ai cru comprendre que c’était réciproque depuis que le label avait été racheté par une autre compagnie. On nous a dit qu’on ferait mieux d’aller voir ailleurs parce que les nouveaux proprios n’auraient pas le temps de s’occuper de nous… ça nous allait très bien (rires) !  On a signé chez Candlelight parce que ce label était déjà notre distributeur aux USA depuis plus de 5 ans et on leur a demandé s’ils ne voulaient pas nous signer mondialement. Ça s’est fait très facilement. On espère donc pouvoir tourner cette fois comme il faut…

Justement, le groupe va tourner en mai en Grande-Bretagne. Mais ce sera sans toi, non ?
Oui, malheureusement. C’est vraiment con parce que les préventes de l’album en Angleterre sont assez impressionnantes et nous avons toujours été très bien accueillis là-bas. Ça me fout les boules mais je dois vraiment récupérer avant de repartir en tournée… Je serai donc remplacé par Bernt Fjellestad, du groupe norvégien Guardians Of Time, qui a une voix plus heavy-metal que la mienne. Mais nous sommes des pros et nous devions assurer cette tournée.

Mais tu vas bientôt pouvoir rechanter en live ?
Oui, les médecins m’ont dit que je serai à 100% à la mi-juin et je serai donc sur quelques festivals cet été.

Vous espérez donc pouvoir aussi jouer aux USA…
Oui, mais quand ? C’est ça, la question (rires) ! On parle beaucoup des USA, tout le monde veut y aller mais il faut que les conditions soient réunies pour ça car il est hors de question pour nous d’y perdre de l’argent. On bosse sur quelque chose pour cet hiver, on verra bien si c’est possible…

Merci à toi pour ton temps, en tout cas. Que pourrais-tu dire aux fans français pour les convaincre définitivement que votre album est l'album qu'il leur faut pour ce printemps ?
C’est moi qui te remercie pour l’intérêt porté au groupe. Cet album est heavy, mélodique, brutal, extrême, il a donc beaucoup d’éléments susceptibles de plaire au plus grand nombre. Si jamais une chanson ne vous plait pas, vous pourrez quand même trouver votre bonheur avec la suivante. C’est une sorte d’album universel. Nous avons beaucoup à offrir… donc donnez une chance à cet album et on se verra donc peut-être en live très bientôt…

En tout cas, merci à toi, je suis content que tu n’ais pas fait un nouvel arrêt cardiaque pendant l’interview, je ne voulais pas être responsable de ta mort !
Ah ah ah… Très bon ! Merci à toi, prenez soin de vous !


SUSPERIA – Attitude
Candlelight Records / Season Of Mist



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