Interview BEHEMOTH Juillet 2009

Cet album est votre premier pour Nuclear Blast, ce qui, nous l’espérons, ouvrira de nouvelles portes pour le groupe. En attends-tu beaucoup d’eux ?
Oui. Travailler avec Regain, et spécialement sur notre album live, fut un cauchemar. Ils nous ont promis beaucoup, et ça avait bien commencé. Mais d’un coup, tout s’est dégradé. Les ventes n’étaient pas mauvaises, mais ils ne faisaient plus grand-chose pour nous. Quand ils ont su qu’on n’avait pas résigné chez eux mais chez Nuclear Blast, ils ont sorti l’album live en merdant complètement sur l’artwork par exemple. On devait le ressortir en juin et rien ne s’est passé. Donc, d’un côté, j’avais 5 interlocuteurs chez Nuclear Blast ultra motivés et professionnels avec qui je parlais du nouvel album et de l’autre, des amateurs qui ne faisaient rien. On a déjà eu des labels plus pros aux Etats-Unis, comme Century Media ou Metal Blade, mais pour l’Europe, Nuclear Blast fut le meilleur choix. On a signé pour trois albums, et j’espère vraiment que nous finirons nos jours chez eux (rire).

Penses-tu avoir perdu quelques années donc par le passé, et que les choses auraient pu aller plus vite ?
Peut-être, mais au final, ce sont toutes ces années de travail qui nous ont permis de nous retrouver chez Nuclear Blast maintenant. Ce n’est pas du fayotage. J’ai juste l’impression que nous commençons notre carrière maintenant. Je pense que disque sera celui qui marchera le mieux. Et c’est déjà un fait.

Je vous le souhaite…
Oui, tout ce qui entoure ce disque est tellement bien ficelé. Metal Blade aux Etats-Unis, Nuclear Blast en Europe aiment le disque, les médias semblent l’aimer, j’attends avec impatience la réaction des fans maintenant.

Le public vous aime beaucoup. Es-tu parfois surpris d’être si populaire ?
Je ne sais pas si nous sommes si populaires, mais je suis très reconnaissant envers les gens qui nous aiment, spécialement quand on reçoit comme dernièrement un prix aux Metal Hammer Awards en tant que meilleur groupe underground. Ce sont les gens qui votent dans ce genre de récompenses, pas les médias. Et ça, ça veut tout dire pour moi. Je ne pourrais pas être plus heureux. Je ne considère jamais les choses comme acquises. On travaille énormément dans le groupe, et cela me donne envie de travailler encore plus.

Comment vois-tu The Apostasy maintenant ?
C’est notre album qui a le mieux marché pour l’instant. Cet album nous a ouvert de nouvelles portes, comme la Ozzfest aux Etats-Unis, par exemple. Ce fut un album très important artistiquement, mais il aurait pu l’être encore plus. Il partait un peu dans tous les sens, et pour le nouveau, je voulais quelque chose de plus compact, de plus direct. Certains morceaux, ou du moins certains riffs, ne nous ressemblaient pas sur ce disque, ce n’était pas vraiment nous. C’est un peu comme si nous avions essayé de prouver trop de choses à tout le monde.

Evangelion. On imagine derrière ce titre un nouvel amour pour des thèmes mythologiques ou bibliques…
On parle d’êtres humains. Bien sûr, il y a des références à la Grèce ancienne ou à différents éléments bibliques, mais on les utilise de manière métaphorique pour parler de l’être humain en général. On parle du fait que l’homme ne doit compter que sur lui pour avancer, mais pour cela, il doit se soulever. Je sais que nous n’avons pas ce message black-metal typique. Nous avons bien sûr beaucoup de choses en commun avec ces groupes, mais nos messages sont plus positifs et plus constructifs.

Qu’en est-il de cette histoire de censure en Pologne ?
Je ne sais pas si on peut parler de censure, je sais juste que quelques politiciens et associations se sont soulevés contre nous…

As-tu été surpris ?
Non, la Pologne est un pays de merde, donc il est logique d’avoir des réactions comme ça. Je continuerai à faire mon truc sans me soucier de leur réaction. Ils ont essayé de me faire un procès pour avoir déchiré une bible sur scène. Mais c’est toujours la même association qui a déjà essayé de me poursuivre dans le passé pour Blasphème, en prononçant en plus des mots très forts à mon encontre. Et quand j’ai lu tout ce qu’ils disaient sur moi, en me traitant de criminel, c’est moi qui leur ai fait un procès. Et devine quoi ? J’ai gagné, j’ai gagné cette putain d’affaire. Ils ont dû s’excuser dans toute la presse en Pologne pour m’avoir insulté de la sorte. Et ils ont même dû payer une lourde amende que j’ai directement reversée à une association caritative. Tout cela prouve qu’il y a bien une justice dans ce monde. Voilà donc mon histoire de censure (rire).

D’après toi, que trouvent les gens dans votre musique qu’ils ne trouvent pas chez les autres groupes ?
La passion, l’amour, la sincérité. Il y a des milliers de groupes qui jouent plus vite, ou qui sont plus techniques que nous. Mais dans ces groupes, beaucoup n’y mettent pas de caractère. Et au-delà de ça, il y a beaucoup de groupes à qui il manque l’essentiel : des chansons. De nos jours, il n’y a plus de chansons. Il n’y a que des millions de riffs mis bout à bout ou des shredds interminables. Je trouve ça super parfois, autant d’éléments. Mais putain, où sont les chansons, bordel ? Les gens qui écoutent Behemoth trouveront plein de riffs, des chœurs, des soli, mais surtout, ils entendront des chansons. Je suis quelqu’un de très rock n’ roll au final. Je veux jouer ma musique extrême sans perdre de vue l’esprit du rock n’ roll, avec des structures basiques mais tellement efficaces, du genre couplet-refrain-couplet-refrain-solo-refrain. Je suis comme ça et je ne changerai jamais. Il y a beaucoup de gens qui viennent me parler à la fin des concerts en me disant : « Je ne suis pas fan de Metal extrême, mais votre musique me parle. »

Behemoth avec ce nouvel album écrit donc une nouvelle fois une page importante de son histoire…
Cela fait 18 ans que nous sommes ensemble. Mais tu sais, avec les années, nous sommes devenu plus déterminés que jamais. Je suis très heureux de ce que nous avons accompli jusqu’à maintenant. Je nous trouve très solides et très équilibrés.

BEHEMOTH – Evangelion
Nuclear Blast / Pias

Site : www.behemoth.pl

Myspace : www.myspace.com/behemoth

Behemoth continue album après album d’écrire son histoire. Avec une progression naturelle vers l’excellence, avec toujours en ligne de mire une envie de ne pas stagner, d’aller de l’avant et d’asseoir une fois pour toute son death metal brutal. L’arrivée sur un label plus important risque bien d’ouvrir de nouvelles portes au groupe, chose que son leader, Nergal, semble avoir bien compris. Interview parue également dans le Metal Obs' 32 de juillet / août 2009
Entretien avec Nergal (guitares et vocaux) – Par Geoffrey
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