EX DEO

Veni, Vidi, Vici...

Kataklysm va sortir l’année prochaine son 10ème album studio. Maurizio Iacono, son chanteur, a profité d’un break dans la tournée du groupe pour monter un projet intitulé EX DEO, qui vient de sortir un album-concept historique sur Rome, avec une musique brutale certes, mais beaucoup plus ambiancée et épique de celle de son groupe d’origine, même si ce sont les mêmes gars qui jouent dessus. On a profité de la venue des Québécois au Hellfest pour faire le point avec Maurizio sur ce nouveau projet...

Interview parue également dans le Metal Obs' 32 de juillet / août 2009

Entretien avec Maurizio Iacono (vocaux) – Par Will Of Death
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Salut Maurizio, content de te retrouver... Alors, tu sors à peine de scène là, ça s’est passé comment avec Kataklysm ?
Oh, très bien ! Ici, c’est presque que comme chez nous, y a que l’accent qui change (rires) ! C’est le premier concert de notre tournée alors on était un peu nerveux, on a eu quelques problèmes de son mais ça a été vite réglé et on s’est bien marré sur scène.

Bon, comme notre temps est compté, parlons d’Ex Deo... Pourquoi un album solo maintenant, si on peut appeler ça un album solo... ?
Ce n’est pas vraiment un album solo, en effet. J’ai des origines italiennes et ça fait longtemps que je voulais faire un truc comme ça, j’ai vécu avec ça toute ma vie avec ma famille qui aimait beaucoup l’histoire. Je suis souvent allé en Italie et à chaque fois que je voyais toute cette archéologie âgée de plus de 2.000 ans, ça me frappait. Pour ma famille, qui a vécu en Italie, c’était normal de voir ça. Pour moi qui suis né au Québec, dans un pays où il n’y a quasiment pas d’histoire, ce n’était pas naturel et ça me fascinait. J’ai donc commencé à lire des livres là-dessus il y a 5 ans et je me suis dit que si on pouvait faire un album-concept Metal sur l’Empire Romain, ce serait réellement novateur parce que personne ne l’avait encore fait. Ça cadrait bien avec notre musique parce que cet Empire a été le truc le plus brutal qui ait jamais existé ; ils ont inventé par exemple la crucifixion et les croix dans le Metal, y en a partout ! Je pensais faire ça au départ sous le nom de Kataklysm mais ça ne fonctionnait pas : Kataklysm est un groupe plus moderne qui aborde des thèmes de rébellion sociale alors que là, c’est historique et je voulais qu’Ex-Deo ait sa propre identité. Le plus gros challenge a été de garder les mêmes mecs et de faire un album qui ne sonne pas comme Kataklysm. Finalement, ça a été très facile parce qu’on avait déjà les idées. On a mis tout un tas de décorations romaines dans le studio pour s’imprégner, on a matté le film Spartacus plein de fois pendant qu’on composait et il fallait que la musique soit en adéquation avec ce qu’on regardait. La pochette, on l’avait déjà et il fallait que ce que nous composions soit bien dans le concept sinon, on mettait la musique à la poubelle. Ce fut une expérience incroyable et je crois que ça va servir Kataklysm, car on a su bosser d’une manière différente. On s’est vraiment mis le feu au cul, tu comprends ? On sait que notre prochain disque s’appellera juste « Kataklysm » car c’est notre 10ème album et on va mettre le paquet.

Mais Ex Deo est quand même présenté comme ton album solo, avant tout...
Oui, car j’ai écrit 80% de l’album à la guitare ; les autres m’ont plus aidé pour les arrangements. Je suis plus dans le côté groove des choses et le côté black-metal atmosphérique, tandis que Jean-François amène plus les mélodies et la vitesse. Ex Deo, je leur ai bien dit comment il fallait que ça sonne, que ça ait un côté grandiose, historique. On a trouvé la bonne personne pour faire tous ces samplers épiques, on a eu de la chance, mais il en faut aussi...

Tu as donc profité du break pris par Kataklysm pour faire ce projet. Mais du coup, vous ne vous êtes pas reposés !
Si, un tout petit peu quand même. Mais si un jour tu vois un groupe brûler, tu sauras que c’est Kataklysm, parce qu’on ne s’arrête jamais, on ne peut pas. Je dors très peu, j’y suis habitué. Quand je reste 1 mois à la maison, faut absolument que je fasse quelque chose sinon, je deviens fou. J’ai trop de créativité, je pense, et quand je suis en tournée, je suis dans mon élément. Quand je suis chez moi devant ma télé, dans mon sofa, je m’emmerde comme c’est pas permis. Par contre, même jouer 40 min comme aujourd’hui, ça en vaut la peine. J’ai 35 ans, j’ai signé mon 1er contrat avec Nuclear Blast à 19 ans ; j’ai quand même passé déjà presque la moitié de ma vie à faire ça...

EX DEO

Tous les arrangements épiques, ils ont été faits par qui, alors ?
Par Jo Leduc, qui est claviériste du groupe Blackguard, un groupe signé chez Nuclear Blast également, que je gère. Bon, encore un truc de plus à faire (rires) mais alors que j’avais l’idée de demander à d’autres musiciens étrangers de participer au projet, Jo m’a demandé de lui filer les démos de « Romulus » et « Cry Havoc ». Il m’a dit : « donne-moi deux jours, je vais fumer un joint et je vais te sortir des choses que tu vas aimer » (rires). Quand il m’a rendu les démos avec ses parties, c’était parfait ! Il avait tout compris car il aime l’histoire de Rome et joue au jeu vidéo ‘Rome’. Quand je n’avais rien à faire en tournée, je mattais la série Rome aux USA et tous les mecs dans le groupe restaient à regarder. Du coup, ça a été facile pour qu’ils entrent dans le projet. Au départ, je voulais faire ça avec d’autres gars, comme Adam et Nergal de Behemoth mais nos emplois du temps ne pouvaient coïncider et tourner ensuite aurait été encore plus compliqué. Je ne voulais pas perdre trop de temps.

Combien de temps t’a-t-il fallu pour finaliser le projet ?
4 mois, ce qui est plus long que pour un album de Kataklysm, plus fatigant. En général, on a besoin de 2 mois maximum. Jean-François n’a jamais travaillé comme ça sur une production et il a dit que c’était la dernière fois (rires) ! Y a déjà 8 pistes de claviers et de samples, 6 pistes de guitares, basse et vocaux, 3 pistes plus les pistes de batterie. C’est beaucoup de travail pour mixer tout ça...

Mais immanquablement, quand vous avez posté les premiers titres sur Myspace, des gens ont comparé avec Kataklysm....
C’est évident qu’il y a une touche, c’est trop ancré en nous mais l’accordage des guitares est différent, la manière d’écrire aussi et les ambiances sont très différentes. Il n’y a pas de blast-beats, j’ai essayé de nouvelles choses vocalement. Ex Deo doit être plus lent, un peu comme Amon Amarth ; ce sont deux bêtes complètement différentes !

Et vous allez donc tourner avec Ex Deo...
Oui, on va jouer en septembre pour le Pagan Fest, 2 dates chez vous (Paris et Lyon). On va jouer avec Unleashed, Korpiklaani, Die Apokaliptischen Reiter et les deux groupes de pirates, là (rires) et ça devrait être intéressant. C’est bien diversifié comme affiche ; j’ai hâte de voir ça car on va mettre le paquet avec des armures romaines, un théâtre romain... Moi, j’ai dit que si j’entrais sur cette tournée, je la faisais à fond, comme le vidéo-clip. On voulait donner aux images une touche « 300 » (le film), quelque chose qui soit impressionnant, pas ce qu’on voit habituellement dans les clips, tu sais, les mêmes gars qui jouent, ce genre de trucs... Pour le prochain album, on fera un truc vraiment plus violent, et y aura des têtes qui voleront (rires).

L’album m’a fait immanquablement penser au film Gladiator. Je suppose que tu as dû aimer ce film ?
Yeah même si j’ai encore plus apprécié la série Rome et le film Spartacus. Ce qui est cool avec Gladiator et les gros budgets de Hollywood, c’est qu’ils ont amené énormément de visuel.

EX DEO

Et tu as invité tes potes de tournée, Karl Sanders de Nile, Nergal de Behemoth et Obsidian C. de Keep Of Kalessin...
Ce sont des potes mais il était important que chaque invité sur le disque ait une connexion avec l’histoire : Nile, c’est l’Egypte, Nergal a parlé de Rome avec le titre « Christians To The Lions », même si c’était plus en rapport avec la religion, de même que Keep Of Kalessin. J’aurais aimé avoir également David Vincent de Morbid Angel mais ça n’a pas marché ; peut-être la prochaine fois... Dès que j’en ai parlé à Karl Sanders, il a été OK tout de suite : « Yeah, send me the fuckin’ song, fuck, man ! » (rires). Comme le titre « The Final War (Battle Of Actium) » parlait de l’Egypte, c’était parfait pour lui. 

Une tournée Nile / Ex Deo, ça serait cool !
Oui, c’est sûr. Je suis certain qu’on verra plus de tournées avec des groupes historiques, dans le futur. On en a déjà un peu parlé, comme avec le groupe Eluveitie, qui parle de la Gaule. Rome et la Gaule, ça serait parfait, non ? On pourrait même se bastonner sur scène, si ça se trouve (rires) ! On a même pensé monter deux scènes l’une à côté de l’autre, pour faire un DVD, où chaque groupe jouerait ses titres en alternance. Gaule contre Rome ! On va voir si c’est possible car ça n’a jamais été fait...

Que peux-tu dire aux fans français pour conclure sur cet album ?
Comme je l’ai dit, c’est un album innocent et si t’as besoin d’une bande-originale le matin pour te donner du courage et oublier un peu tes tracas, cet album est parfait pour ça car ça va t’amener dans un autre monde. En tout cas, c’est ce que ça me fait. C’est bon des fois de pouvoir s’échapper un peu de la réalité...


EX DEO – Romulus
Nuclear Blast / Pias


Myspace : www.myspace.com/exdeo