EUROPE

La vieille garde ne meurt jamais

Lorsque nous avons eu l’opportunité de réaliser la première interview d’Europe pour Metal Obs’, nous l’avons saisie. Même si certains ne les écoutent plus car devenus fans de Black, Death et autres douceurs, il faut avouer que ceux qui ont été ados dans les 80’s ont été heureux d’entendre des guitares à la radio grâce à « The Final Countdown ». Leur retour sur le devant de la scène, leur période de gloire, le nouvel album, sont autant de sujets que le très sympathique Ian Haugland, batteur de son état, a abordé avec nous dans la bonne humeur, au Hellfest, avant de monter sur scène pour un show qui aura su mettre pas mal de monde d’accord ! Non, Europe n’est pas mort... 

Interview parue également dans le Metal Obs' 33 de sept. 2009

Entretien avec Ian Haugland (batterie) – Par Breizhjoker & Will Of Death
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Bonjour Ian. Dans la mesure où nous n’avons pas encore écouté Last Look At Eden, peux-tu nous le décrire ?
Je pense qu’il est vraiment très bon. Cette fois, nous avons juste laissé notre créativité nous guider. Avec Secret Society, nous avons voulu prendre une photo de l’époque, nous voulions qu’il sonne moderne, comme un album de 2006. Cette fois-ci, nous avons fait en sorte que les chansons sonnent le plus naturellement possible. Les nouvelles chansons sonnent plus comme l’ancien Europe, il y a plus de mélodies jouées aux claviers.

Une rumeur disait que vous reviendriez un peu à ce que vous faisiez dans les 80’s, alors que depuis votre retour, vous sonnez très Rock.
Absolument, Last Look At Eden est plus mélodieux que Start From The Dark et Secret Society. En fait, nous avons repris les choses là où nous les avions arrêtées au moment de notre séparation après Prisoners In Paradise.

Vos fans les plus anciens vont sûrement apprécier. Ils ont dû être assez surpris lorsque vous êtes revenus avec une musique franchement Rock, très éloignée de ce à quoi vous nous aviez habitués. N’avez-vous pas été tentés, à votre retour, de faire un Final Countdown II ou un Carrie II ?
Je ne pense pas que nous devions le faire ni que nous aurions pu le faire, d’ailleurs. Les choses sont arrivées naturellement et si nous avions tenté de refaire des chansons comme « Carrie » ou « The Final Countdown », nous nous serions égarés, nous nous serions concentrés là-dessus et aurions perdu en créativité. Sur l’album, il y a une ballade que j’estime être aussi réussie que Carrie, pleine d’émotion. (NdBreizh : il s’agit de « New Love In Town »)

Peux-tu nous expliquer comment se passe votre processus de création : qui fait quoi, qui compose, qui écrit les textes ?
Cette fois-ci, ce fut plus une collaboration générale alors qu’avant, c’était le domaine de John (Norum) et Joey (Tempest). Cette fois-ci, la section rythmique a eu un rôle plus important. John (Leveb) et moi avons fait l’essentiel de la partie production.

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Vous avez pris part à la production que vous avez confiée à Tobias Lindell. Est-ce important pour vous de garder le contrôle de cette partie-là ?
On paye un producteur pour qu’il rende le résultat définitif meilleur mais avec John Levèn, nous avons les moyens d‘y participer. Dans les 80’s, le producteur avait une plus grande implication dans le processus créatif et participait parfois à la composition des chansons. Si tu avais Mutt Lange, tu ne t’occupais de rien, tu le laissais faire les yeux fermés et tu sortais des hits.

Le producteur dirigeait tout en fait...
Oui, un producteur qui participe aux compositions, ça me semble être un peu trop. C’est au groupe que cela doit revenir, et la relation entre le groupe et le producteur doit être une collaboration. Tobias a été très créatif, il est arrivé au studio avec des CD dont l’album Prisoners Of Paradise sous le bras. Il a suggéré que nous fassions une intro symphonique avec un vrai orchestre. Du coup, nous avons travaillé avec un orchestre symphonique sur l’album et on le retrouve sur 4 ou 5 chansons, surtout sur des tempos moyens et lents comme la ballade dont je parlais et le single « Last Look At Eden ». C’est tellement différent de travailler avec un vrai orchestre à cordes. On revient plus sur les arrangements et le résultat est plus puissant.

Lors de votre retour, pensiez-vous que vous feriez 3 albums ou plus, ou bien pensiez-vous « allons-y et on verra bien ce que cela donne » ?
Oui, c’était plutôt cette approche-là. Nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau. Nous savions que 15 ans après, l’alchimie était toujours présente. Nous savions que nous pouvions le faire et que nous ne voulions pas un retour basé sur la nostalgie. Nous devions être uniquement guidés par une force créatrice. Nous n’avions pas décidé que ce serait pour 1, 2, 5 ou 10 albums. Les choses se sont enchaînées naturellement car nous avions une attitude positive et créative.

Lors de votre retour, avec Start From The Dark, j’ai eu le sentiment que vous vouliez jouer une musique plus proche de ce que vous écoutiez lorsque vous étiez jeunes.
Dans les 80’s, nous sommes devenus tellement gros avec « The Final Countdown », tellement orientés Pop Music, alors que nos racines se situaient dans les 70’s… En fait, nous avons ensuite été contraints par notre maison de disque à continuer dans cette direction (NdB : ce qui causa le départ de John Norum). Avec Start From The Dark, nous avons pu revenir à nos racines qui sont Black Sabbath, Deep Purple, Led Zeppelin, etc...

Avec ce succès si soudain, vos tournées sont devenues énormes, un vrai Barnum, peut-être un peu trop gros pour vous. Vous sentez-vous plus à l’aise maintenant ?
Oui, tout à fait. Lors de nos premières tournées, nous nous constituions une fan-base progressivement, mais lorsque The Final Countdown est arrivé, nous avons atteint le sommet d’un coup. Les gens qui ont aimé ce titre étaient surtout des gens qui écoutaient les hits ; aussi, après que la période The Final Countdown soit terminée, nous sommes revenus à nos vrais fans. Ce qui est arrivé avec « The Final Countdown » était complètement dingue, c’est arrivé si vite ! La chanson est restée en tête des charts un peu partout dans le monde pendant 6 mois (NdB : dans 26 pays). Incroyable !

Oui, même en France, ça nous rendait fou d’entendre des guitares à la radio ! (rire général) 
C’est vrai, tout le monde connaît cette chanson. Comme « Smoke On The Water », on la reconnaît dès les premières notes. Ça nous a permis de parcourir le monde entier, nous sommes même allés au Japon, 2 fois aux USA. Le problème aujourd’hui est que nous ne pouvons plus aller aux USA car les gens nous ont oubliés. Ils se souviennent de la chanson mais ils ont oublié le groupe. Pour ce qui est des tournées, nous aimons ça. Nous ne nous haïssons pas, nous ne sommes pas gavés d’avoir tourné.

Vous étiez 5 jeunes Suédois, comment avez-vous réagi à un tel succès ?
Nous sommes devenus dingues, mais nous ne nous sommes jamais battus entre nous, nous n’avons pas touché aux drogues dures, ce qui arrive assez souvent dans ce cas de figure. Ceci a rendu la réunion en 2003 facile. Nous sommes restés en contact au moins par téléphone, nous avons toujours continué à communiquer.

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Vous savez, beaucoup sont venus au Metal en vous écoutant...
Oui, c’est vrai. Au Sweden Rock en 2004, des fans de Metal comme vous sont venus vers moi, ils avaient le look à écouter du Death Metal ou du Black Metal, comme toi (NdWill : en me désignant, avec mon t-shirt d’Obituary) et il y en un qui a demandé : « Hé, les gars, vous allez jouer Carrie ce soir ? » (rire général). Un peu surpris, je lui ai répondu que oui, et lui m’a dit que la première fois qu’il avait embrassé sa copine, c’était en dansant sur cette chanson (rires). C’est fantastique d’engendrer ce genre de réaction, qu’un jour, on puisse entendre du Rock à la radio et se dire « Whaooo, c’est ce que je veux faire dans la vie ». C’est à ce genre de réaction que l’on rêve.

Quelles sont vos attentes, vos espérances, aujourd’hui ?
Je ne sais pas vraiment, j’espère que le public va aimer cet album car il contient de bonnes chansons.

Peux-tu nous parler de la pochette ?
Elle représente une pomme coupée en deux recouverte de pointes. Les réactions ont été variées. Certains comme toi y ont vu une bonne idée, d’autres ont détesté, mais c’est bien que les gens réagissent, même si c’est négativement.

Certains voudraient peut-être encore que vous mettiez un aigle sur toutes vos pochettes avec 11 fois « The Final Countdown » dans l’album...
(Rires) C’est sûrement ça !

En parlant de réactions négatives, vous allez jouer aujourd’hui au Hellfest et lorsque votre nom a été annoncé, certains se sont offusqués. Et pour conclure, que pensez-vous de ce festival ?
J’ai vu les noms des têtes d’affiche et je trouve qu’elle est de bonne qualité. C’est un excellent festival pour tous les styles de Metal. Je pense qu’il serait ennuyeux au bout de quelques heures d’avoir une centaine de groupes du même style dans un festival. Et puis, ça permet de découvrir d’autres groupes et d’autres styles de musiques...

Ecoute, merci pour ton temps et ta sympathie, on s’est bien marrés !
Un grand merci à vous aussi les gars et bonne fin de festival.
 

EUROPE – Last Look At Eden
Ear Music


Site : www.europetheband.com

Myspace : www.myspace.com/europe