LEAVES' EYES
...au-delà des fjords...

Dans la petite sphère du Metal gothique à chanteuse, Leave’s Eyes n’est peut-être pas le groupe le plus connu, ou du moins le plus exposé (du moins en France). Pourtant, avec ce troisième album, la formation démontre une nouvelle fois qu’elle ne fait pas office de seconde main, ou de groupe de deuxième division. Et comment résister à la voix cristalline d’éternelle enfant de Liv Kristine ?
Interview parue également dans le Metal Obs' 33 de Sept. 2009
Entretien avec Liv Kristine (chant) - Par Geoffrey
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Comment vois-tu les précédents albums du groupe ?
Le premier album de Leave’s Eyes était Lovelorn. Je dirais que cet album était très frais, et les gens ont été très surpris par sa qualité. Personne ne connaissait le nom du groupe, et ils ont vu en nous très vite un groupe prometteur, ce qui m’a bien sûr fait extrêmement plaisir. Evidemment, on n’était pas totalement des nouveaux venus, beaucoup me connaissaient avec mon précédent groupe, Theater Of Tragedy et ce que j’avais pu faire avec Atrocity. Les membres d’Atrocity qui sont d’ailleurs aussi dans Leave’s Eyes. Donc des petites nouveaux, mais avec une vingtaine d’années d’expérience derrière eux. Vinland’s Saga a quant à lui tracé réellement la voie que nous voulions emprunter pour la suite. Et je pense que nous nous sommes vraiment présenter aux gens avec ce disque : « Voici Leave’s Eyes, voilà ce que nous savons faire ». Et pour Njord… Il y a quand même trois ans entre ces deux albums. Ce qui était nécessaire pour nous, pour mettre sur album tout ce que nous avons appris depuis les débuts du groupe et délivrer le meilleur album possible. Cela a pris du temps, mais les raisons sont simples. Nous avons d’abord changé de studio pour en construire un nouveau. Et quand je dis construire, on a quasiment mis les premières pierres nous-mêmes (rire). Bien sûr, on a donc dû attendre qu’il se termine, et puis, comme tout ce qui est nouveau, on a dû attendre aussi que les petits détails défaillants se règlent. On a dû complètement changé notre système d’enregistrement, nos ordinateurs, pour avoir le dernier matériel de pointe. Et cela nous a pris quasiment une année. En plus, on a eu des problèmes de line-up, sans bassiste et sans batteur. Bien sûr, tu as dû entendre que Nick Barker a failli jouer avec nous… Mais vus tous ses problèmes personnels, ça n’a pas été possible. Donc tout ça nous a permis au final d’être des meilleurs techniciens et des meilleurs musiciens.  Njord est vraiment le cœur de Leave’s Eyes…

En beaucoup plus dark quand même…
Oui, il y a des morceaux comme « Ragnarok » qui sont très très sombres… Il y a beaucoup de mythologie norvégienne aussi dedans. Alors, à la première écoute, les morceaux sonnent plus rentre-dedans, mais la production est aussi plus propre et claire qu’avant. Donc, d’un côté, il y a l’agression, mais aussi une foultitude de détails dans chaque chanson que l’on peut aussi entendre. Des guitares à la batterie, de la flute à l’orchestre, tout est là. Ce fut long, mais nous y sommes arrivés.
LEAVES' EYES

Pourquoi est-ce si dur d’être le batteur de Leaves Eyes ?
(Rires). D’abord, que tu le crois ou pas (rire), les parties de batterie dans Leave’s Eyes sont très complexes.  Mais un batteur chez Leave’s Eyes doit aussi jouer dans Atrocity et dans mes albums solos.

On a l’habitude de dire que le troisième album est un tournant pour un groupe, le ressens-tu comme ça pour celui-là ?
Absolument.  Njord est un tournant pour le groupe. Je suis heureuse et chanceuse en ce moment car les retours sont bons. D’habitude, je ne lis jamais les chroniques, car si elles sont mauvaises, ça me met plus basse que terre…

La mienne sera en français, donc pas de risque, qu’elle soit bonne ou mauvaise (rire) !
(Rires). Pour ce disque, tout est très positif, et je sens que 2009 sera une très bonne année pour nous.

Le truc assez paradoxal avec le groupe, c’est que vous n’êtes pas autant dans la lumière que d’autres formations, et pourtant vous êtes très populaires…
Je le sais. Peut-être que c’est à cause de la promo… Mais je n’en suis vraiment pas sûre. Mais en tout cas, à chaque fois que nous jouons, même aux Etats-Unis, il y a toujours beaucoup de monde à nos concerts. C’est étrange, le groupe est très populaire pour ceux qui s’intéressent vraiment à la scène gothic metal. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir écouter notre musique… Beaucoup de personnes viennent nous voir après les concerts en nous disant : « J’ai adoré ce show, pourquoi ne vous ai-je pas découverts plus tôt ? ». Ça me surprend toujours (rires).
LEAVES' EYES

Et ceux qui te suivent depuis longtemps attendent beaucoup de toi. Te sens-tu sous pression de temps en temps ?
En fait, je sais ce qu’ils attendent. Et bien sûr, ils savent ce que j’ai fait avec Theater Of Tragedy. Et que ce groupe m’a donné les bases pour travailler sur Leave’s Eyes. Mais quand nous avons une production en cours, de la composition à l’enregistrement, nous mettons la pression loin de nous.  Apres tout, nous sommes les seuls à composer, nous sommes les seuls à savoir où aller. Nous ne faisons juste que ce que notre âme et notre cœur nous disent de faire. Le plus important pour moi est de rester fidèle à moi-même, et de faire la musique que je trouve la plus authentique possible. N’essaye jamais de copier, fais ce que tu ressens au fond de toi. C’est la façon dont un artiste doit se comporter. Et puis, avec mes albums solos, ou avec Theater Of Tragedy, j’ai pu me frotter à de très gros labels, du genre qui te disent ce que tu as à faire et comment tu dois le faire. Et ils parlent aussi gros sous, et dès qu’on en arrive là, tu perds le contrôle et le pouvoir. Et je déteste ça. Je préfère rester sur un label plus petit, mais rester honnête avec moi-même...

As-tu été déçue de Roadrunner sur ton album solo ?
Je suis très fière d’Enter My Religion, mais la promotion n’a pas suivi la bonne direction. Ils ont tout orienté sur le côté pop, ce qui n’était pas la cible. Et je n’ai même pas parlé à un journaliste Metal pour ce disque !

LEAVES' EYES – Njord
Napalm Records

Site : www.leaveseyes.de