AKROMA


Vous ne connaissez pas forcément son nom, mais Mathieu Morand est un des acteurs principaux de la scène Metal française. Ce diplômé de musicologie s’est toujours distingué par des projets ambitieux, recherchés et originaux. Akroma, super groupe, fait partie de ses projets. Après avoir exploré les sept pêchés capitaux, le groupe s’attaque aux dix plaies d’Egypte sur son nouvel album, Seth. L’excuse était trop belle, et nous avons voulu en savoir plus sur ce nouveau projet, toujours aussi ambitieux et toujours aussi réussi…

Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009

Entretien avec Mathieu Morand (guitares, compositeur) – Par Yath
Rechercher : dans l'interview
 
L’album vient de sortir, et il représente quand même un sacré boulot et investissement (ça se voit !). Comment te sens-tu ?
Et bien, je me sens libéré dans le sens où le fruit de notre travail va enfin paraître au grand jour. Au final, cela représente pratiquement 3 années d’attente depuis la sortie de notre premier album « 7 » et il nous tarde de proposer du neuf à ceux qui ont apprécié ce premier opus. Libéré aussi dans le sens où j’ai pu expulser toutes mes idées et repartir de nouveau sur autre chose.

Ça fait un moment que vous travaillez au sein de cette scène metal française. Quel regard portes-tu sur le public français ? Sentez-vous que les gens vous soutiennent ?
Le public est de plus en plus exigeant sur la qualité et je trouve que c’est une bonne chose. Cela pousse les groupes à donner le meilleur d’eux-mêmes, à se dépasser, c’est très bénéfique. Le public est prêt à se bouger quand il sent que la qualité sera au rendez-vous. Pour Akroma en particulier, effectivement, nous avons beaucoup de soutien, notre premier album a été particulièrement bien accueilli aussi bien par les auditeurs que par les médias. C’est grâce au soutien de tous que nous avons pu sortir Seth aujourd’hui.
 
Pas trop de pression donc avant la sortie de l’album ?
On attend les premiers avis puisque jusqu’ici très peu de gens ont écouté l’album, même dans notre entourage proche. La pression est toujours là, bien entendu, comme à chaque sortie, car notre travail va être soumis au jugement du public. Nous espérons que la réponse sera positive !

Rentrons dans le vif du sujet : Seth est un album conceptuel sur les 10 plaies de l’Egypte. Pourquoi cette idée en particulier ?
Il se trouve que Bob est passionné par l’Egypte ancienne et que je tenais à ce que le concept fasse référence à la Bible. Cette piste avait déjà été évoquée en 2003 quand nous avons monté Akroma. Le principal défi était de trouver une trame, un fil rouge, qui soit autre chose qu’une simple énumération des 10 plaies d’Egypte. Nous avions de nombreuses idées sur le développement aussi bien musical que textuel. Il s’agit ici d’un vrai scénario avec une histoire, des personnages, des lieux existants…

AKROMA
 
Le premier album tournait autour des 7 pêchés capitaux. A chaque fois, le concept est prédominant et vraiment exploité à fond chez Akroma, est-ce même un des principes du groupe, de toujours proposer des concepts ?
Oui, je ne conçois pas la musique autrement qu’à travers un concept. Sans cela, ça reviendrait à regarder un film composé de courts métrages qui n’ont aucune suite logique, bref, ça ne me parle pas. J’ai besoin d’avoir quelque chose de global, de total, tout comme Wagner mais dans une moindre mesure… Là, on parle de métal extrême et pas d’Opéra ! C’est le fondement même du groupe et donc un principe fondamental.

Est-ce que ce concept fait partie de la composition de la musique ? Autrement dit, quand vous travaillez la musique et le concept séparément ou est-il important de développer les deux ensemble ?
Disons que le concept nourrit la musique et vice-versa. Pour l’album « 7 », j’avais d’abord écrit la musique en ayant le concept en tête puis Bob avait écrit les textes. Pour Seth, nous avons fait l’inverse. Une fois la trame décidée, Bob m’a proposé 10 textes et je suis parti de là pour composer. Ça explique en grande partie le fait que l’album soit beaucoup plus homogène et direct.

Comme pour le premier album, il y a plein d’invités sur Seth ! 10 guitaristes pour 10 solos. C’est aussi un des concepts d’Akroma !
Oui, absolument. Et surtout, je trouve ça génial de pouvoir bosser avec tous ces excellents musiciens dont certains sont devenus des potes. Cela permet aussi une grande diversité de styles tout en étant incroyablement bien intégrés les uns avec les autres. Et puis, comme chacun ne joue qu’un seul solo, ils s’y mettent à fond et ça donne des trucs complètement incroyables.

Comment ont-ils contribué ? Les as-tu dirigés ou avaient-il carte blanche ?
Chacun a carte blanche bien entendu, mais j’insiste pour que la « patte » soit reconnaissable. Nous procédons par fichiers échangés via Internet.

De manière générale, comment as-tu composé la musique ? L’album est très complexe et franchement, le niveau technique est épatant, bravo !
Merci du compliment ! L’ossature d’un morceau est toujours basée sur la guitare qui est mon instrument principal, je ne m’impose aucune barrière que ce soit dans la structure même comme dans la technique. Une fois que j’ai tout le morceau, je me penche sur l’écriture basse-batterie et pour terminer, je compose tous les arrangements orchestraux et autres synthés. A ce stade, j’enregistre une maquette instrumentale que je propose à Bob pour qu’il cale ses voix. Durant l’enregistrement de celle-ci, nous essayons des tas de choses et je tente de tirer le meilleur de ses capacités car c’est un incroyable chanteur de métal extrême.

Mais en même temps, les chansons sont accessibles et relativement directes, avec un petit côté thrash. Est-ce quelque chose d’intentionnel ou de naturel quand tu composes ?
Je crois que ça fait partie de mon style de composition, je ne peux pas renier mes influences thrash comme Overkill ou Testament. Quelques références thrash sont glissées dans l’album comme une sorte de clin d’œil. Et puis comme nous n’avons pas eu de contrainte de minutage cette fois-ci, je suis allé à l’essentiel. L’album est plus direct.

Il y a des passages orchestraux très intéressants sur Seth, notamment sur la chanson « Les Ténèbres ». As-tu des rêves de grandeurs dans ce domaine, de pouvoir enregistrer avec un ensemble classique par exemple ?
J’adorerais ça, c’est certain mais ça demande une discipline d’écriture que nous ne prétendons pas avoir. Mais évidemment, enregistrer des séquences orchestrales avec un « vrai » orchestre classique donnerait une dimension encore supérieure à notre musique.

Allez-vous tourner pour défendre Seth ?
Non, Akroma restera un projet studio comme il l’a toujours été.

Merci pour ces réponses et félicitations pour cet album réussi ! Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Merci à toi et à l’équipe de Metal Obs de nous permettre de figurer dans ces colonnes, c’est un honneur pour nous. On espère que l’album va vous plaire ; attendez-vous à en prendre plein les oreilles.


AKROMA – Seth
Manitou Pervade / Socadisc



Site : www.akroma-metal.net

Myspace : www.myspace.com/akromametal