AQME

En l'honneur de Jupiler...

En l’Honneur de Jupiter... Voilà un titre des plus énigmatiques pour le 5ème album studio des Franciliens d’Aqme en 10 ans de carrière. Belle performance quand on y pense, pour un des derniers représentants de la fameuse Team Nowhere encore en activité. Mais pour combien de temps encore ? Devant l’état alarmiste de la scène française dressé par Thomas, chanteur de son état, ce 5ème album pourrait-il être le dernier de la formation ? Nous avons voulu en savoir plus de la part d’un groupe que nous avons toujours soutenu...
Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009
Entretien avec Thomas (vocaux) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Pas trop stressé à quelques jours de la sortie de l’album ?
Non, pas du tout. On est fiers de nous, confiants, contents, on a bien bossé, aucun stress !

Comment tu vois l’album précédent, Hérésie, avec un peu de recul ?
Il me plaît toujours autant même si certaines choses auraient pu être faites différemment. C’est un album qui envoie bien et c’est ce que nous voulions faire, mais on a peut-être fait un petit peu de compromis à cette époque et du coup, on n’est pas allé exactement dans la direction que nous nous étions fixée.

Comment s’est passé le départ de Ben ?
Il n’avait plus du tout envie de faire du Metal et on lui a donc dit qu’il fallait mieux qu’on s’arrête là. Il était relativement d’accord avec nous. Ça n’a pas été facile ; il y a deux ans, on avait même fait une interview où on disait que si un des 4 musiciens partait, le groupe s’arrêterait, mais au final, non. Vers la fin de la tournée, quand les choses se sont détériorées, on savait déjà qu’on allait demander à Julien d’entrer dans le groupe. Ça a donc été très vite et on a retrouvé un mec qu’on connaissait depuis 15 ans. Il faisait déjà un peu partie de la famille en fait... Le feeling est revenu immédiatement car on n’avait plus ce climat plutôt lourd à vivre. Même si Etienne avait déjà pas mal de morceaux dans la tête, on a composé l’album tous les quatre.

Qu’est-ce qui est nouveau dans cet album ?
Je pense qu’on est encore plus jusqu’au-boutistes : les passages calmes d’Aqme sont toujours présents mais sont même un peu plus pop ; par contre, quand c’est violent, c’est vraiment brutal. Les contrastes dans notre musique sont encore plus accentués et l’album est plus virulent qu’Hérésie. Dans Aqme, on fait toujours ce qu’on veut, on est libres. Rien ne nous a jamais empêchés de mettre du Rock dans notre Metal. On ne va pas se mettre à faire du Cult Of Luna juste sous prétexte de plaire à trois mecs ou rendre notre musique plus sage pour passer à la radio (rires) ! Aqme, de toute façon, les gens détestent ou adorent, et ça me plaît de déclencher des réactions très tranchées.
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Tu vois comment votre public ?
Les gamins de l’époque ont grandi avec nous et y a encore des jeunes qui viennent se donner à fond en concert. C’est cool.

Le son de cet album est encore une fois très bon...
Oui, Daniel Bergstrand en est fier et il est vraiment devenu un ami à la longue même si je vais t’avouer que j’aimerais aller voir ailleurs de temps en temps. Après La Fin Des Temps, Danne et moi nous étions un peu accrochés mais depuis, on a discuté et tout se passe bien. Il fait vraiment partie de notre équipe. Comme je chante en français et qu’il ne comprend rien, il ne s’occupe pas de mon articulation, mais plus des mélodies et de la dynamique des titres. Ce qui est marrant, c’est qu’il est tellement à fond dans les mélodies, qu’il devient capable de chanter mes refrains dans un français presque parfait alors qu’il ne capte rien (rires) ! On a une très grosse prod’ ; on a fait ça en 5 semaines et ça a été beaucoup de boulot. Y aura d’ailleurs un DVD bonus du making of de l’album dans l’édition limitée du disque, vous pourrez vous en rendre compte.  

En l’Honneur de Jupiter... quel est le mystère derrière ce titre ?
Je ne te dirai rien. Je laisse planer le mystère encore un peu. Les gens vont devoir faire leur propre petite enquête en lisant les paroles et en faire leur propre interprétation. Dans le fond, il y a quand même bien l’idée de révolte, avec ce cocktail Molotov qui explose sur la pochette de l’album. Au niveau des textes, c’est un peu plus sombre, notamment parce qu’on a perdu un être cher durant l’année, et qu’on avait besoin d’exorciser nos états d’âme axés sur la mort. Ce n’est pas vraiment nouveau comme thème chez nous, mais on a eu une nouvelle fois besoin de lâcher la pression. Exemple, « Noël Noir » : à côté du local de répètes, on a côtoyé un clochard pendant 7 / 8 ans, qui dormait là et un jour, on a juste retrouvé une feuille blanche où il était inscrit qu’il était mort gelé à 6 h 15 du matin... ça calme ! C’est un peu un hommage pour lui. D’autres textes sont plus dans l’idée de révolte, de ras-le-bol de la situation actuelle. En ce qui me concerne, Aqme est comme une thérapie qui me permet de canaliser mon mal-être et de l’expulser par mes textes. Y aurait pas eu ça, je crois qu’il y a longtemps que j’aurais sauté par la fenêtre !  

Où en êtes-vous de la progression du groupe ?
Le gros problème est que les gens n’achètent plus les CD’s, ce que je n’arrive toujours pas à comprendre dans le sens où ils ne respectent pas les artistes. Un autre problème vient aussi des labels qui sortent les albums et les ressortent ensuite quelques mois après en édition limitée contenant des bonus... Je comprends alors que certains préfèrent attendre un peu avant d’acheter l’album. Charlotte et moi, par exemple, avons dû reprendre un boulot depuis peu pour joindre les deux bouts. Aujourd’hui, faut savoir qu’on paie pour faire de la musique : quand un CD invendu en magasins revient, c’est retenu directement sur nos royalties ; on doit aussi payer le loyer du local, rembourser certaines avances... Du coup, aujourd’hui, on perd plus qu’on ne gagne, et encore, on n’est pas les plus mal lotis ! Les gamins qui ne jurent que par leurs mp3’s téléchargés illégalement croient peut-être qu’on roule en Mercedes ! Et bien non, on en est très loin... On n’habite pas entre Slipknot et Metallica ! La France est quand même le 1er pays en termes de piraterie de musique, devant les USA par exemple : c’est quand même hallucinant !

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Et musicalement, comment vois-tu la carrière d’Aqme ?
Déjà, moi, j’étais trop content quand est sorti notre premier album, et là, c’est le 5ème et on a déjà fait 4 tournées ! Putain, c’est mortel ! On est même allés au Canada, en Belgique, en Suisse... C’est incroyable et ça me rend vraiment heureux mais au bout de 10 ans de carrière, on a bien changé physiquement, merde (rires) ! Ça fait partie du jeu... Notre premier album a super bien marché et ça aurait pu être un cadeau empoisonné ; il a fallu garder le cap par la suite. Après le premier album, on aurait pu signer chez Universal mais ils nous auraient réclamé un album de la même trempe. C’est sympa mais non merci, ça ne sert à rien de faire deux fois la même chose ! Ceux de la Team Nowhere qui sont tombés dans ce piège, les Pleymo, les Végastar, ont tous arrêté aujourd’hui ; ne subsiste qu’Enhancer qui est maintenant sur un plus petit label. L’effet de mode est vite retombé. Heureusement pour nous, on est toujours là et on continue de dire qu’on écoute encore Korn de temps en temps. On n’a pas honte. Beaucoup de gens qui nous détestent en général nous ont dit qu’ils avaient découvert une nouvelle facette du groupe avec le nouvel album, tandis que d’autres, déjà fans, nous ont dit avoir été surpris par exemple par le premier titre de l’album. Ce genre de réactions est inévitable mais en même temps, l’indifférence, c’est pire.   

La scène a toujours été également un des points forts d’Aqme...
Oh, et bien, là, ça ne pardonne pas ! Si tu merdes, tu t’en prends plein la tronche ! C’est le test ultime et j’adore la symbiose qui peut s’installer entre nous et les fans. Je ne m’en lasse pas. Par contre, même nous, on a du mal à trouver des dates pour le moment, pour des histoires de subventions que les salles de concerts n’ont plus, de disques qui ne se vendent pas assez. C’est flippant et on préfère être honnête : ça devient vraiment la misère, même pour trouver des dates. Il faut vraiment que le public français supporte plus ses groupes. Comme les groupes ne vendent pas assez, ils ont besoin des concerts pour vivre un peu. Mais même si les concerts se cassent la gueule, comment va-t-on faire ? L’hécatombe n’est pas loin, faut que les gens en aient conscience ! Je pense que là, on donne tout une dernière fois pour essayer de réveiller les gens et de sauver les meubles mais si ça chie encore cette fois-ci au niveau des ventes et des concerts, je ne vois pas comment on va pouvoir faire un 6ème album ! Le constat est amer, flippant mais c’est notre réalité.   

Y a-t-il des choses ou des groupes qui t’ont marqué en ce moment ?
Oui, j’adore Headcharger et le dernier Poison The Well, qui est terrible. En plus, le chanteur, que j’ai eu plusieurs fois la chance de rencontrer, est adorable. Ça fait du bien un groupe comme ça, ça remonte le moral. Le dernier The Bronx est également très bon. J’aime beaucoup cette scène américaine même s’ils sont tous un peu fous, tatoués n’importe comment, un peu gros et moches, mais je m’en fous (rires) ! On finira peut-être comme ça, tu m’diras (rires) ! Y a un autre truc que j’aime en ce moment, c’est Koh-Lanta : j’ai une télé chez moi, je pense qu’elle ne me sert qu’à regarder cette émission. Ça me fait marrer de voir qu’il y a des gens qui ont quand même envie d’y aller, là-bas (rires). C’est peut-être la bonne solution pour perdre du poids, tu vas me dire !! Ah ah ! Voilà comment on finit une interview sur une note positive (rires) ! Merci à vous les gars.

AQME – En l’Honneur de Jupiter
AT(h)OME

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