BELPHEGOR

La Chasse aux sorcières est ouverte...

Belphegor sort un nouveau disque et comme d'hab', nous soutenons le groupe autrichien qui ne déçoit pas ses fans, et ce, depuis des années. Revenant à peine d'une tournée américaine avec Exodus et Kreator, nous avons coincé Helmuth chez lui au téléphone pour qu'il nous parle du nouvel album composé sur le thème des rites de Walpurgis, cérémonies occultes qui eurent court au haut Moyen Âge du côté de l'Allemagne. Un thème parfait pour Belphegor, pour un album plus épique que jamais.

Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009

Entretien avec Helmuth (demonic six-strings & hellish vocals from beyond) - Par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview
 
1 an et demi déjà que je vous ai interviewés pour Bondage Goat Zombie… Comme le temps passe vite ! Que s’est-il passé pour le groupe entre ces deux albums ?
Comme toujours en fait. On est impliqués à 100 % dans ce qu'on fait, c'est notre job, notre vie. Il n'y a pas de pression et tout se passe bien.

Comment se passe la promo de Walpurgis Rites , là, pour l'instant ?
Oh, ça ne fait que la démarrer mais les retours que nous avons me font penser que cet album plaît aux gens. 

As-tu l'impression que votre statut sur la scène death-black metal a changé depuis un ou deux albums ?
Bof, pas vraiment, on ne vend pas beaucoup plus même si on est mieux distribués. Il y a juste peut-être un tout petit peu plus de monde à nos concerts.

Peux-tu nous parler de ce nouvel album ? Déjà, le titre en anglais et en allemand... Tu peux expliquer ce que sont les rites de Walpurgis à nos lecteurs ? Et que veut dire Hexenwahn ?
Hexenwahn signifie en gros « croire aux sorcières ». L'album parle de gens des 6ème et 7ème siècles qui faisaient des cérémonies en Allemagne, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, où les sorcières et sorciers se réunissaient dans les montagnes à l'appel d'une abbesse, Sainte Walburge (ce qui a donné Walpurgis avec le temps) pour faire un sabbat.  Ça a été condamné par l'Eglise chrétienne par la suite car ces fêtes sont devenues beaucoup plus occultes et les gens qui y participaient furent excommuniés. Au fil du temps, au Moyen Âge,  ça s'est perpétué malgré les interdictions et l'Inquisition et on continue actuellement de les pratiquer dans les pays scandinaves, en Europe de l'Est et aussi un peu en France (dans l'est de la Moselle), mais juste pour célébrer la fin de l'hiver, autour de feux dans les villages et de danses. Ça n'a plus rien d'occulte.

C'est un album concept, au niveau des paroles ?
Oui, tout tourne autour des plaisirs de la chair, de la démonologie, de la sorcellerie et de la critique de la religion chrétienne, un truc assez cool, quoi... Je pense que j'ai écrit là les meilleures paroles de toute ma carrière, surtout les trucs en latin et en ancien Allemand ; pour ça, je me suis beaucoup documenté dans les livres et l'histoire que j'ai écrite est efficace, j'en suis fier. Il y a évidemment des textes en anglais également, simplement parce que j'aime chanter dans ces trois langues et c'est ce qui rend aussi Belphegor unique.

BELPHEGOR  

Avec Pestapokalypse et Bondage Goat Zombie, votre style est devenu plus varié, avec peut-être un peu plus de mélodies. Retrouve-t-on cette variété sur le nouvel album ?
Mon but était de rendre les titres encore un peu plus épiques cette fois, plus monumentaux si tu veux. Pour ça, il fallait qu'il y ait des variations dans la musique, pour obtenir des vibrations différentes et des atmosphères dingues, intenses. C'est un album solide. 

Sur Bondage Goat Zombie, il y avait un titre un peu spécial, « Stigma Diabolicum », qui était vraiment mélodique. Tu m'avais même dit que pour toi, c'était le 1er hit que tu parvenais à écrire pour Belphegor. On retrouve ce genre de titres sur Walpurgis Rites ?
On dit vraiment des conneries, parfois (rires) ! On retrouve ce genre de choses, oui mais je n'aime pas comparer les titres d'albums différents. Ça fait aujourd'hui complètement partie du style Belphegor. (Ndlr : le titre le plus représentatif à cet égard est le très lourd et malsain « Der Geistertreiber », chanté en ancien allemand, qui fait l'objet d'une vidéo).

Il y a aussi ce titre, « The Crosses Made Of Bone », surtout le début, qui m'a fait indéniablement penser à Dissection. Es-tu d'accord ?
Non, parce que voilà des années que je n'ai pas écouter de disque de ce groupe. Certes, Jon Nödtveidt était très bon, mais il n'est jamais facile de trouver le riff qui va pouvoir ouvrir un titre et qui soit totalement original, surtout après plusieurs albums. Ça s'est fait comme ça, c'est tout. Rien à voir avec Dissection. Ceci dit, la comparaison ne me dérange pas, y a aucun souci, parce que je pense que la musique extrême a beaucoup perdu avec la mort de Jon.

En gros, quelles différences vois-tu entre vos productions précédentes et Walpurgis Rites ? Peut-être que cet album est plus épique, non ? C'est ce que j'ai ressenti en l'écoutant en tout cas...
Exactement et je suis content que tu l'ais remarqué parce que j'ai bossé dur pour en arriver là. La production y est aussi pour quelque chose parce que nous avons essayé de nouveaux trucs avec Andy Classen pour rendre les titres plus dynamiques, notamment au niveau du son de batterie. Nous avons aussi enregistré les guitares en moins de prises, histoire que ça reste plus spontané. On est à fond derrière cet album, c'est de la dynamite !    

Vous avez de nouveau bossé avec Andy Classen… A croire qu'il fait totalement partie du groupe maintenant...
On s'entend très bien et on se comprend de suite, ça aide. On a essayé des prises batterie différentes, avons testé je ne sais combien de cymbales et de micros pour les toms. Nous sommes aussi arrivés en studio avec toutes les parties de guitare finalisées, ce qui nous a permis de plus travailler sur leur rendu ; on voulait que les riffs soient très directs, crus. Quant aux vocaux, j'ai fait vraiment comme j'ai voulu, comme je le sentais, sans me poser de questions.  

Après plusieurs albums, ça n'a pas été trop difficile de trouver de nouvelles idées ?
Non parce qu'on ne fait que ça depuis des années et j'ai donc largement le temps de trouver de nouvelles idées. Ce n'est pas comme si je devais encore faire ça après être sorti de l'usine, en étant crevé et en pensant à mes soucis journaliers ou domestiques, même si on est loin de rouler sur l'or. C'est aussi pour ça qu'il ne s'est pas écoulé beaucoup de temps entre les sorties de Bondage et de Walpurgis. Par contre, je ne compose que chez moi ; en tournée, je n'y arrive pas car quand on a des days off, c'est pour donner des interviews ou ce genre de trucs... Dès que je rentre chez moi, je cherche de nouvelles idées mais ce n'est pas un problème de rester très occupé quand tu aimes ce que tu fais.  C'est parfait pour nous : on n'est pas le genre de groupe à se plaindre de ne pas avoir assez de vacances, parce qu'on a quand même un super job.

Votre artwork est comme d'habitude très élaboré... Avec ces tons bleu / gris et orange, on dirait un mélange de la pochette de Pestapokalypse et de Bondage...
Ouais, si on veut, ce sont en tout cas des tons qu'on aime utiliser. On retrouve tous nos éléments habituels dans cette pochette, comme l'Enfer, avec les flammes du bas de la pochette, et la lutte entre les démons et les possédés pour ne pas aller au Paradis, qui serait plus figuré par les tons bleus, les masques à gaz et les nanas à poil. Au milieu se trouve Satan, qui gère tout ça et qui se tient prêt pour un sacrifice lors d'une nuit de Walpurgis. L'illustration est super. On a bossé cette fois avec un nouvel artiste brésilien, Marcelo Vasco (aka Marcelo Hvc).

BELPHEGOR

Comment élabores-tu les artworks de Belphegor ?
Là, ça a été un gros travail avec Marcelo, par mail, pour placer tous les détails, pour lui expliquer exactement ce que je voulais. Le résultat est très cool et symbolise bien les idées évoquées par les textes. C'est très important pour moi, c'est un ensemble qui doit rester cohérent. 

Tu as souvent eu des problèmes de line-up par le passé. Tu en es où, là ?
C'est comme d'habitude en fait. On a toujours 3 batteurs session qu'on utilise en live en fonction de leurs disponibilités. Là, sur l'album, c'est Nefastus, qui est présent sur Pestapokalypse et Goatreich-Fleshcult, qui a enregistré l'album et il a rendu une très belle copie. Bondage et Lucifer Incestus avaient été enregistrés par Torturer. Ce n'est plus un problème pour nous, les batteurs, car on a 3 gars à disposition selon les périodes, qui sont tous aussi bons les uns que les autres. Ce n'est plus très important et tout le monde est content comme ça, il n'y a pas de frustration. Aucun des trois ne peut être disponible pour plus de 100 concerts par an, fallait donc bien trouver une solution. Pour la composition, comme Serpenth est dans le groupe depuis plus de 2 ans, il m'a aidé pour les arrangements, pour modifier certains trucs et Torturer et Nefastus nous ont aidés à tout mettre en place en répètes, car même si sur le papier, ils sont des musiciens session, nous ne les traitons pas en tant que tels. Ce sont nos potes et on forme une belle équipe.

Vous venez de tourner aux USA avec Exodus et Kreator, sur la même affiche. Comment ça s'est passé ?
Oh, ce fut parfait ! C'est quand même un grand honneur que d'avoir pu tourner avec ces légendes du thrash pendant deux mois. Les mecs de Kreator sont vraiment cool, parlent évidemment allemand et on s'est bien marrés, tout comme avec les gars d'Exodus qui sont très faciles à vivre et qui ne pensent qu'à faire la fête en tournée. On a parfois joué dans de très grandes salles ; ça reste un de mes meilleurs souvenirs de tournée car je crois que les fans américains sont un peu plus ouverts d'esprit que les fans européens : ici, on a trop tendance à dénigrer les autres styles de Metal, à se diviser entre fans de death ou de black, etc... Sinon, une fois qu'on joue, c'est la même chose dans le public, sauf peut-être au Mexique ou en Amérique du Sud, où ils sont vraiment complètement cinglés.

Ça fait des années qu'on vous suit et vous apprécie, vous le savez, mais on n'avait pas l’impression jusqu'à l'année dernière que votre place sur les tournées avait beaucoup progressé en terme de notoriété. Et puis, excellent surprise, l'année dernière, puisque vous avez joué en tête d'affiche de la scène extrême du Hellfest ! Quels souvenirs gardes-tu de cette date ?
La France a toujours été cool avec nous et nous y avons souvent joué. Ce fut donc un réel plaisir de jouer au Hellfest et de voir que la tente était blindée alors qu'un autre gros groupe jouait en même temps sur la Main Stage. Un très bon souvenir... On sera de retour chez vous en janvier ; écoutez donc bien l'album d'ici là ! Merci à toi, Will, pour ton indéfectible support depuis tant d'années !


BELPHEGOR –  Walpurgis Rites - Hexenwahn
Nuclear Blast / Pias



Site : www.belphegor.at

Myspace : www.myspace.com/belphegor