A Nightmare To Remember...

Vous allez dire qu’on en fait parfois des tonnes et vous n’aurez peut-être pas tout à fait tort. Sauf qu’ici, au Metal Obs’, on a pris le parti de ne pas se cacher quand on est fan d’un groupe. Or, Nightmare fait partie de nos chouchous en matière de Power Metal, encore plus depuis la sortie en 2007 de Genetic Disorder, album qui a toujours une place préférentielle dans notre platine. Le groupe revient ce mois-ci avec un nouveau disque, Insurrection, peut-être un peu moins sombre que le précédent mais tout aussi jouissif. Il nous fallait questionner Yves, le bassiste, pour en savoir un peu plus...

Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009

Entretien avec Yves Campion (basse) – Par Will Of Death et Gaet’ - Photo groupe : Eric / OZIRITH.com
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Comment te sens-tu à deux semaines de la sortie de l’album ?
Plus relax que deux semaines avant de rentrer en studio (rires). En fait, c’est le moment le plus cool, là. On n’a pas encore eu vraiment de retours de la presse. On en a eu de très bons d’Allemagne, car on a eu une présentation au Wacken. On attend vraiment la sortie pour savoir quoi. Là, on part faire notre premier concert au Portugal pour présenter l’album. On va commencer à être réellement dans le bain de la promo. On va donc voir ce que ça va donner.

Comment tu juges l’accueil que Genetic Disorder a reçu aussi bien en France qu’à l’étranger ?
Il est plus dans la lignée de ce qu’on a voulu faire après Cosmovision, en amenant plus de guitares et donc plus de power metal, en mettant moins de symphonie comme auparavant. Ça a toujours été le but. Là, pour le nouvel album, on a voulu continuer dans cette optique mais en mettant l’accent sur les refrains pour qu’ils soient plus accrocheurs, avec plus de mélodies.

Et donc, il a reçu un bon accueil ou pas, Genetic ?
On a eu un bon accueil. On n’a pas explosé la boutique non plus, faut être honnête. Mais on a eu de bonnes chroniques et on a pu réussir, même si ça n’a pas drainé des foules immenses, à tourner en France. On a fait pas mal de festivals. On a eu de bonnes propositions après la sortie de cet album.

Changement majeur avec le nouvel album, c’est le départ d’Alex.
C’est une décision personnelle de sa part. Il apporté beaucoup en termes de compositions et humainement. Il a donc fallu pallier à ça. Ça s’est très bien passé finalement, parce que JC a très vite pigé le truc et est bien rentré dans son rôle sans poser de problèmes. Humainement, il est très bien. Donc pour le coup, on a mis plus Franck au boulot (rires). A l’époque, vu qu’Alex composait beaucoup, il a été un peu mis en retrait. On est reparti sur d’autres dynamiques et on s’est rendu compte que Franck avait des choses enfouies au fond de lui. Et on a mis tout ça à contribution pour cet album.



Et JC a composé pour l’album aussi ?
Oui, il a fait beaucoup de solos. 70 % des solos de l’album ont été faits par lui.  Et il a composé « Angel Of Glass », dans une veine un plus Maiden, Helloween. Franck aime plus les riffs à la Michael Amott, à la Nevermore.

Et pourquoi avoir changé de label ?
Il n’y aucune animosité envers Regain. On connaît tous les difficultés actuelles. Aujourd’hui, on est un groupe qui coûte quand même un peu cher. On a eu quelques contacts avec AFM. Leur proposition était plus intéressante. On était en fin de contrat avec l’autre label, donc on n’a pas trop tourné autour du pot. De plus, on voulait s’orienter un peu plus vers le marché allemand. Vu comment le label est ancré là-bas, ça n’est que positif pour nous. Finalement, quand on voit les retours qu’on a déjà d’Allemagne, on se dit qu’AFM était sans doute le bon label pour notre style de musique, car ils ont en plus vraiment axé la promo là-bas. Notre style y est bien ancré, alors que dans certains pays, c’est beaucoup plus compliqué.

A propos du nouvel album. Vous n’êtes pas retournés chez Nordström, c’est un choix artistique ou guidé par l’aspect financier ?
En fait, le problème quand tu vas dans des studios comme le sien et que tu dois tout y faire, tu es obligé d’enregistrer dans des temps assez record. Tu travailles avec beaucoup plus de pression. Donc, on s’est dit que pour faire un bon album, on allait travailler la composition avec plus de temps. On eu la chance que JC ait un studio chez lui, donc on n’a pas eu de problèmes de temps, de budget. On a travaillé de manière beaucoup plus efficace. Comme en pré production, on a eu la chance d’avoir un studio, on a pu changer pas mal de choses avant d’enregistrer. On a pu peaufiner les morceaux et lorsque l’on est rentré en studio, on avait de déjà de bonnes bases.

Qu’est-ce que vous vouliez donner de plus au niveau son par rapport à l’album précédent ?
Au niveau des guitares, avec Genetic Dosrder, on voulait vraiment le son Fredman. Cette fois, comme on ne voulait plus forcément sonner Scandinave, on voulait un son plus Allemand, à la Primal Fear, donc on s’est tourné vers un producteur allemand. Quand on a dit à AFM qu’on enregistrait chez Achim Koehler, ça a un peu joué dans la balance. On voulait vraiment un son puissant. Je suis personnellement très satisfait du son de la caisse claire et de la batterie. On a une plus grosse batterie par rapport aux autres albums.



Penses-tu qu’Insurrection est moins speed et moins sombre que Genetic Disorder ?
C’est clair qu’il est beaucoup moins « dark », plus ouvert dans les thèmes. On est moins suicidaire dans les textes. On était plus « black metal » dans l’esprit sur Genetic Disorder. On est un peu plus soft. On voulait surtout offrir différentes choses, notamment avec un chant beaucoup plus varié.

Vous aviez une idée de départ pour l’album, ou bien vous vouliez continuer dans vos thèmes futuristes ?
On a toujours des thèmes assez forts qui reviennent souvent. On aime bien traiter des mystères non résolus, de la force de la Nature sur l’Homme. On garde toujours plus ou moins les mêmes conduites. Sur cet album, on fait un texte sur la peste noire en Italie, sur une secte étroitement liée avec la mafia en Sicile. Il y a aussi la première partie d’un titre intitulé « Cosa Nostra 1 », dont la suite sera disponible sur la version limitée japonaise de l’album. En fait, c’est le même morceau mais avec un chant complètement différent.

Vos refrains restent sacrément efficaces. Vous avez une recette spéciale pour réussir ça à chaque fois ?
Il n’y a pas vraiment de recette. On a juste une base qui reste importante, c’est de ne pas compliquer les choses. Si sur un refrain tu n’as que deux accords, ça t’ouvre pas mal de liberté pour créer la ligne de chant. Alex avait tendance à penser guitariste sur les refrains et pas chant. Donc, ça n’aidait pas à créer des refrains accrocheurs. Maintenant, on n’a plus dix riffs à la seconde, donc c’est plus facile d’offrir des refrains ouverts. Si on regarde les Iron Maiden d’époque, les Judas Priest, il y a deux accords. On est plus dans cet esprit désormais, sans vouloir faire du plagiat Maiden non plus. Le but est de mettre moins de notes à la seconde, moins d’accords. Laisser le chant respirer, pour qu’il soit plus libre, afin que ses lignes soient plus mélodiques. Jo a essayé des choses encore différentes vocalement, comme sur « Target For Revenge » ou « Decameron », où il me suit en chant extrême au début du titre...

Justement, tu fais de nombreux backing-vocals black sur l’album encore une fois. Toi qui as créé Metallian, un magazine qui était surtout orienté Metal extrême au début, tu n’as jamais eu envie de jouer dans un groupe plus brutal ?
Non. Mon investissement dans Nightmare me prend beaucoup de temps. J’ai eu des propositions, des possibilités de faire de la musique avec d’autres personnes très intéressantes. Mais voilà, il faut rester lucide. La musique reste quelque chose dans laquelle il faut s’investir à 100 % si tu veux en tirer quelque chose. Donc pour moi, il est impossible de s’investir dans plusieurs projets à la fois.

Comment vois-tu la carrière du groupe, depuis que vous êtes revenus en 1999 – 2000 ; vous avez quasiment sorti un album tous les deux ans ?
On a surtout eu la chance d’avoir des maisons de disques qui ont suivi, car aujourd’hui, ça n’est pas toujours évident. On a quand même eu trois maisons de disques depuis. On a suscité un intérêt. On a fait beaucoup de belles choses : festivals… on a tourné avec des groupes internationaux. Sans avoir tout explosé, car on n’est pas non plus mondialement connu, on a quand même une longévité croissante tranquille. Il est vrai qu’on n’a jamais eu de blocage d’un seul coup. Bon, c’est certain, on ne reçoit pas l’intérêt d’un groupe comme Nightwish mais on s’intéresse quand même à nous, donc ça c’est bien. Ça nous motive à toujours se surpasser pour sortir de bons albums.

Ouais, mais faites gaffe quand même avec votre following... Parce que si vous continuez à ne pas jouer en live « Battleground For Suicide », je ne vais plus venir vous voir en concert (rires) !
On l’a déjà joué !



Mais où ?!! Je n’y étais pas, bon dieu (rires) ! C’est un hymne, ce titre, t’as pas idée (rires) !
(Rires) Bon, je te promets qu’on va tenir compte de ton avis et je vais en parler aux autres. En plus, j’adore aussi ce titre. On le joue quand on a la possibilité de donner un long set. 

Et sinon, vous avez une tournée de prévue prochainement ?
Pour l’instant, on a juste des dates qui se confirment par ci par là. On a notamment celle pour l’enregistrement du DVD, le 31 octobre à Grenoble, notre première date chez nous depuis deux ans. On a eu la chance d’avoir un promoteur qui nous a trouvé la salle adéquate pour pouvoir concrétiser ce projet, préparer un show sympa. Là, on est en train de travailler sur une tournée qui est prévue pour le mois de janvier. On est en discussion avec Axxis et Brainstorm, notamment. Ça se peaufine très bien pour le moment mais rien n’est encore signé.

Il y a deux ans, tu évoquais la mort du format CD lors d’une interview pour Metal Obs’, mais finalement, aujourd’hui, il est toujours présent…
C’est vrai j’ai peut-être évoqué sa mort un peu trop tôt, mais bon, le marché du disque n’est vraiment plus en forme. Les gens préfèrent malheureusement télécharger plutôt que d’acheter des disques.

Maintenant, pour les magazines comme nous, il y a ce système I-Pool. Pour la première fois depuis le début de votre carrière, il n’y a pas eu de CD promo de votre disque, justement... Qu’est-ce que tu en penses ?
C’est bien pour les labels. Mais comme toi, je suis aussi de l’autre côté de la barrière avec Metallian : les 3/4 des journalistes sont des gens passionnés et quand on voit l’investissement qu’ils donnent, c’est vrai que c’est mieux qu’ils aient les albums au format CD. Aujourd’hui, les journalistes n’ont que des liens, à partir desquels ils peuvent downloader les albums. C’est vrai que c’est l’idéal pour le label, mais récupérer le produit fini ensuite, c’est bien aussi. Que tu le télécharges en avant-première, c’est cool mais ensuite, le label doit t’envoyer le format CD, c’est mérité. Il y en a beaucoup qui ne jouent pas le jeu. C’est un gros problème car un journaliste a aussi besoin d’appréhender le produit en entier, avec l’artwork, le livret, etc... Ça gueule, certains refusent de chroniquer les albums en mp3 et je le comprends tout à fait.

Un dernier mot pour les fans, ou pour convaincre ceux qui ne sont justement pas encore fans de Nigthmare, pour les décider à acheter le dernier album ?
Déjà, de l’écouter (rires). Il faut écouter l’album avec les textes et le livret. On s’est vraiment investi corps et âme dedans, on a tout donné. Ça représente beaucoup de travail, de temps, d’investissement, d’engueulades aussi parfois. Le public aujourd’hui considère la musique comme jetable, les jeunes ne se rendent pas forcément compte du travail que les artistes fournissent pour faire un album. Aujourd’hui, les albums ont une durée de vie très courte finalement. On est vraiment dans une époque où les gens écoutent un album et quinze jours plus tard, ils passent à un autre en ayant complètement oublié le précédent. C’est un peu désolant. La vieille génération, comme toi ou moi, nous n’avons pas cette mentalité car dans les années 80, nous attendions avec impatience la sortie des albums et nous nous précipitions dans les magasins pour les acheter. J’espère que cette mentalité va pouvoir refaire surface. Merci au Metal Obs’ pour le support au travers de cette interview !! On se voit en tournée.


NIGHTMARE – Insurrection
AFM / Underclass



Myspace : www.myspace.com/nightmareofficial