SHRINEBUILDER
T'énerve pas, Al !!

Le mois dernier, nous vous faisions découvrir Shrinebuilder, nouveau super-groupe, peut-être même le plus excitant cette année. Jugez vous-même : Scott Kelly, Wino, Al Cisneros, Dale Crover. Quatre mousquetaires de la scène moderne américaine. Quatre mousquetaires qui ont contribué à créer la musique metal d’aujourd’hui. Le doom, le postcore, le drone et le metal en général leur doivent une fière chandelle. Si le premier album de cette collaboration, ou plus exactement ce véritable groupe, est perfectible, il n’en demeure pas moins une formidable promesse d’avenir. Impossible de rater donc l’occasion de discuter un peu avec Al Cisneros, également membre fondateur d’Om et ex-Sleep. Et même si l’art de la promotion et de l’interview n’est pas son hobby favori, il a accepté de jouer le jeu. A condition de ne pas trop le chercher quand même.

Interview exclusive NOISEWEB

Entretien avec Al Cisneros - Par Yath
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Salut Al ! La première question est forcément la plus évidente : qui a eu l’idée de monter Shrinebuilder ?
Wino. Depuis un moment en plus. Il y a environ 4-5 ans, il m’a contacté et avait des idées pour qu’on joue ensemble, à l’époque il y avait aussi Chris Hakius (Om – ex-Sleep). J’ai tout de suite été intéressé par cette idée et on a tout fait pour faire avancer ce projet. On s’est rapidement envoyé des ébauches, des idées et on a même répété sur la côté Est du pays et sur la côté Ouest. On a ensuite invité Scott (Kelly – Neurosis) et on a continué à répéter et à trouver de nouvelles idées. Quand Chris nous a laissés, on a contacté Dale (Crover – Melvins) qui s’est tout de suite intéressé au projet. Et une fois que ce line-up est né, tout est allé très vite, et je suis avec toi, déjà en train de promouvoir un album.

Et est-ce que l’idée de départ était définie dès le début de l’aventure ? Ou est-ce que Wino t’a contacté pour jammer et pour voir ce qui en sortirait ?
Non, Wino avait bien une idée précise au début du projet. A l’époque, il jouait avec The Hidden Hand et il avait des envies un peu différentes, qui correspondaient à ce que je sais faire. Personnellement, j’étais très intéressé par l’idée de jouer avec lui. Et avec Scott, certaines idées ont changé ou se sont développées. Au départ, on ne savait pas s’il s’agirait d’un projet ou d’un véritable groupe, mais à la lumière de ce qui s’est passé ces deux dernières années, on peut affirmer que Shrinebuilder est désormais un véritable groupe.
 
Ce qui est excitant dans ce projet, c’est qu’il s’agit d’une alliance de quatre représentants de quatre styles de musique un peu différents mais qui sont appréciés par les mêmes fans. Et Shrinebuilder ressemble à l’alliance de tous ces styles !
Ouais, on est très admiratifs de nos travaux respectifs dans Shrinebuilder. C’est assez impressionnant quand tu t’intéresses à la carrière importante de chacun. C’est un élément important dans Shrinebuilder, qui a accéléré et intensifié le processus créatif, on savait dès le départ les affinités et les qualités des autres membres du groupe.

SHRINEBUILDER
 
Wino et toi étiez donc à l’origine de ce projet, comment avez-vous composé et enregistré cet album ?
On était simplement à l’origine du projet et quand Scott et Dale nous ont rejoints, ils ont activement participé à la composition. C’est vraiment un effort collectif qui s’est mis en place petit à petit. Quant à l’enregistrement, on a travaillé avec Toshi Kasai (Ndlr : à L.A – qui a travaillé notamment avec les Melvins et Big Business) et après avoir répété intensivement pendant deux jours, on est entré en studio. En fait, on était relativement prêts et on n’avait pas beaucoup de temps, on a donc enregistré très rapidement, et tout s’est très bien déroulé.

Cet album ressemble à une excellente promesse pour l’avenir. Et comme tu dis, le projet s’est transformé en véritable groupe au fur et à mesure que les choses prenaient forme. Vous devez donc déjà avoir de nouvelles idées pour la suite !
Oui, carrément. On a déjà du nouveau matériel sur lequel on travaille. C’est sûr, on va avoir de nouvelles choses à vous proposer assez rapidement.

Et on a des chances de vous voir sur scène alors…
Oui, aussi. On va donner cinq concerts aux States en Novembre et on cherche à caler des dates début 2010. Ça se fera certainement au Etats-Unis également. Mais on espère venir en Europe le printemps prochain. Continuez à suivre les mises à jour sur notre site internet !
 
Et avez-vous déjà testé les compos de ce premier album sur scène ? Vous connaissant, on peut s’attendre à des versions différentes que celles qui ont été gravées sur disque…
On n’a pas encore joué sur scène encore, donc… Vous allez devoir patienter jusqu’au mois de Novembre.

Et sur le plan personnel, ça te fait quoi de revenir à une musique heavy ? Ça t’avait manqué ?
Non, ça ne m’avait pas manqué, et la raison est simple : je n’ai jamais arrêté de jouer des trucs heavy ! Tout ce que je fais dans Om est heavy. Les gens ont cette fausse idée qu’à partir du moment où il n’y a plus de guitare électrique, ça ne peut pas être heavy. Mais comment définir le mot heavy lui-même ? Pour moi, à partir où tu joues avec intensité, lourdeur c’est déjà heavy. Et quand tu joues une musique qui vient directement des tripes, avec tout ce que t’as dans le ventre, quelle que soit la forme qu’elle prend, les instruments qui la transmettent, elle est parfaitement heavy. Je ne suis pas REVENU à quelque chose de heavy, je continue, simplement…

Justement, c’est ce qui est génial avec Shrinebuilder, sorte de rencontre de tous les styles lourds qui se sont développés ces dernières années…
Exactement.

SHRINEBUILDER

Je voudrais terminer cet entretien Al en te parlant de la réédition de l’album de Sleep, Holy Mountain. Es-tu impliqué, toi ou les autres anciens membres de Sleep, dans cette nouvelle édition ?
Tu me demandes si je suis impliqué sur Sleep’s Holy Mountain ? Tu n’as qu’à lire ce qui est écrit sur le CD !

Mais non Al, je te parle de la REEDITION récente par Earache !
Ah, la réédition… Non, aucun membre du groupe n’est impliqué dans cette nouvelle édition. (Ndlr : Al semble très énervé à ce moment de la conversation, apparemment agacé par l’évocation de cette réedition).
 
Sleep a acquis un statut important depuis qu’il a splitté, le groupe est devenu culte. As-tu des regrets sur le split du groupe, Sleep avait-il encore des choses à donner au public ?
Attends un moment, je voudrais revenir à cette histoire de réédition. Tu sais qui ressort ce CD non ? (Ndlr : il s’agit bien entendu d’Earache) Tu connais un peu l’histoire de Sleep avec ce label ? On ne va pas en parler maintenant, car ça serait une très, très longue conversation. Mais je te le répète, non, aucun membre de Sleep n’est putain d’impliqué dans cette réédition. (Ndlr : Pour faire court et sans prendre part à la polémique, Earache avait sorti Holy Mountain en 1992. L’album rencontre un succès inattendu et le groupe se sépare du label, en très mauvais termes, chacun se rejetant les torts. Earache accuse notamment le groupe d’opportunisme, puisque Sleep va rejoindre London/Polygram. Ironie du sort, ce label refusera de sortir Dopesmoker, l’album suivant du groupe, ce qui va amener Sleep à splitter). Pour en revenir à ta question, je ne pense pas que Sleep aurait pu faire plus. On est allé au bout de notre chemin, et la page est tournée. Quant à la réédition de Holy Mountain, je ne suis pas fan de cette démarche non plus. L’album a eu du succès en 1992, et 17-18 ans après, c’est un peu trop tard, tu ne peux pas revivre ça de la même manière. C’est triste mais c’est des putains de faits, t’es en retard ! Tu ne peux pas revenir 18 ans en arrière en ressortant l’album. Les gens qui l’écouteront aujourd’hui ne peuvent pas vraiment comprendre ce qui se passait à l’époque, on peut être nostalgiques ou triste, mais c’est comme ça, c’est trop tard…

SHRINEBUILDER – Shrinebuilder
Neurot / Southern

Myspace : www.myspace.com/shrinebuildergroup