BETRAYING THE MARTYRS


Disposable Heroes (Héros jetables) ?

En mettant Betraying The Martyrs en couverture de ce numéro de Metal Obs’, nous savons que nous entrons dans la spirale très particulière qui étouffe le groupe depuis ses débuts : la critique. Le buzz sur Myspace, alors qu’aucun son n’était disponible, le look des musiciens, le message chrétien... Autant d’éléments qui ont fait naître rage et passion sur la toile, chaque news postée sur le groupe engendrant un nombre de commentaires hallucinant. Mais la meilleure réponse à cela est bien ce maxi, que certains trouveront convenu dans cette hype metalcore actuelle, mais qui a le mérite de montrer un groupe solide, à l’écriture mature, et au niveau des ambitions affichées.

Interview parue également dans le Metal Obs' 35 de Nov. 2009 (couv')

Entretien avec Eddy (chant) - Par Geoffrey
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Revenons un peu en arrière : que s’est-il passé depuis janvier dernier, lors de notre première interview ?
On a continué avec le même line-up, on est vraiment content de continuer à partager l’aventure ensemble, tous les délires. Le style musical n’a pas changé, on a vraiment continué sur la même ligne directrice. Là, on a commencé les concerts, et les réactions sont très bonnes. Ce soir, par exemple, c’est notre 5ème concert tous ensemble, et jusque là, le public a très bien réagi. On n’a eu que des bons retours, sans avoir rien sorti. Pour un groupe Myspace qui n’a rien sorti, c’est déjà pas mal d’aller dans des villes où l’on n’est pas sensé nous connaître, et d’y rencontrer des gens qui suivent déjà le groupe, ça c’est vraiment cool. On n’en parle pas souvent, mais on reçoit beaucoup de mails d’ados sur nos Facebook ou nos mails perso, qui se sentent un peu perdus et nous demandent des conseils, par rapport à tout le côté chrétien du groupe. Que l’on continue de répandre avec eux la bonne parole que nous essayons de faire passer avec BTM.

Tu as dis groupe Myspace. Ça doit vous démanger aussi de sortir de cette image-là… Qui est quand même très péjorative.
C’est complètement péjoratif. Mais Myspace, c’est mort maintenant. Tu ne vois même plus les connexions à ta page parce que les gens ne s’en créent même plus. En un an, ça a déjà complètement changé. Il y a plein de groupes sur ce réseau qui jouent du deathcore, on en parle 3 mois et après plus rien. Alors groupe Myspace oui, mais ce qui fait enfin la différence aujourd’hui, c’est le CD dans les bacs. C’est déjà la plus grosse différence, ne pas poster des morceaux enregistrés sur un ordinateur, avec une prod à 150 euros. Là, on a quand même beaucoup investi financièrement, on a pris des jours pour enregistrer parce qu’on a tous des boulots à côté, et il n’y a pas maman papa derrière pour aider. On a énormément travaillé. On a essayé de mettre l’argent nécessaire pour avoir une prod convenable, qui ne sonne pas trop ridicule dès que le CD s’exporte. Et tu sors du réseau Myspace dès que tu réussis tout ça, en y ajoutant des dates de concert.

Ça reste un super outil pour créer des buzz, et pour vous, cela a bien aidé. On parlait du groupe alors que personne n’avait rien entendu. Là-dessus, je peux faire le parallèle avec ton ancien groupe, Darkness Dynamite, ça avait été la même chose… Tu es passé maître dans l’utilisation des nouveaux supports.
C’est ce qu’on me dit souvent (rire).

BETRAYING THE MARTYRS

Parlons de ce 5 titres... Musicalement, on y retrouve plein d’éléments. Comment décrirais-tu votre musique ?
Honnêtement, quand j’ai formé BTM, j’avais une idée très précise de ce que je voulais. Et au final, c’est ce que ça a donné. Parce que quand tu commences un groupe, souvent t’essayes d’évoluer, de tenter des choses, et ça ne donne jamais ce que tu voulais au début. BTM, quand on s’est rencontré tous les six, j’ai dit : « voilà, BTM, je veux que ce soit un mélange de black metal, de death metal, avec des refrains un peu émo mais pas trop pompeux non plus, avec un côté original au chant, du piano ». Après, que ça plaise ou pas, ce n’est pas grave, nous, on a réussi à faire ce qu’on voulait faire. Aujourd’hui, dans BTM, je suis content d’entendre les riffs black que je voulais entendre, entendre de l’orgue, un chant chanté qui n’a pas forcément sa place dans le death. On a essayé de mélanger tout ça et on en est content. Maintenant, est-ce que les gens vont aimer justement tous ces mélanges, je ne sais pas.

Oui, et c’est aussi un des paradoxes, entendre des riffs et du chant black dans votre musique, surtout quand on connaît les textes...
Oui (rire).

Un groupe de black metal chrétien, c’est original...
On a voulu que ça reste du Metal. Je n’écoute pas que du black ou du thrash. On n’a pas composé en se disant : là, il faut un riff black, là, il faut un riff death... C’est un mix de toutes nos envies, parce que ce n’a pas été deux personnes qui composent et les autres qui exécutent. C’est nous six, tous ensemble.

Pourquoi un maxi pour commencer ?
Parce qu’un album pour commencer, quand personne ne te connaît, c’est un plus gros coup. Il faut plus de temps pour le préparer. On avait envie de monter très vite ce qu’on valait sur scène. Et généralement, les groupes labélisés deathcore font rarement des sets de plus de 30 minutes, donc à partir du moment où on avait de quoi faire tourner le groupe, faire tourner le nom, un maxi suffisait.  On s’est formé il y a un an, et en avril, on avait 5 morceaux, qu’on a enregistrés tout de suite. Là, on commence déjà à composer pour l’album, mais pour l’instant, c’était trop tôt.

BETRAYING THE MARTYRS

Comment s’est passé le studio ? Est-ce que ça a été facile de mixer tous ces éléments et de rendre le tout cohérent ?
On a beaucoup d’éléments, surtout au niveau des orchestrations, et comme c’était la première fois que l’on enregistrait ce genre de projet, on s’est appliqué. Moi, je connaissais Stéphane Buriez, qui a su être là pour nous encadrer, par son expérience, son talent, et a cru en nous tout de suite. Il a pris beaucoup de son temps aussi pour travailler sur ce maxi. Et ça a été plus un coup de cœur pour lui qu’un groupe qu’il enregistrait habituellement. Il a travaillé pour en être fier après. Pour ne pas aussi se faire critiquer, par qu’on a été très critiqués pour le côté Myspace, le côté chrétien, les coupes de cheveux. Et Stéphane voulait montrer qu’il aimait le groupe, et nous sortir quelque chose qui tienne la route. Il nous a même fait réenregistrer les guitares parce qu’il n’était pas content des premières prises, ils nous a aussi aidés sur les arrangements... On a tous été super contents de travailler avec lui.

Et pour revenir aux gens qui aiment bien critiquer, on ne peut pas dire que ça sonne « Buriez »…
Il s’est vraiment appliqué. Et ce sont les retours qu’on a eus pour l’instant.

C’était très ambitieux dès le départ, il ne fallait pas se planter...
C’est clair.  Surtout que l’on n’avait pas le droit à l’erreur. Quand tu sors un nouveau groupe comme ça, de par Darkness Dynamite qui venait de signer chez Metal Blade, par exemple, les gens nous connaissaient aussi de nos groupes d’avant. On ne pouvait pas sortir un truc enregistré sur un Mac en un week-end.

Est-ce que ça a été facile de trouver le juste équilibre entre les vocaux death et le chant clair, que ce soit dans la compo comme l’enregistrement ?
Moi, j’ai beaucoup travaillé ma voix depuis Darkness Dynamite parce que j’avais envie d’autre chose, une tessiture plus gutturale. Je me suis beaucoup entraîné sur le parlé/chanté aussi. Je n’avais pas envie d’un groupe avec uniquement du guttural, mais je voulais proposer une palette de chants vraiment variés. J’ai travaillé, et je suis content d’avoir trouvé mes marques. Un chant qui reste dans la vague, mais en essayant de se différencier de la concurrence.


BETRAYING THE MARTYRS – The Hurt, The Divine, The Light EP
La Baleine



Myspace : www.myspace.com/betrayingthemartyrs