EPICA

Et s'il ne restait qu'eux à la fin... ?

Rarement un groupe aura gravi les marches du succès avec autant de régularité qu’Epica. Les Néerlandais viennent juste de mettre sur le marché Design Your Universe qui, encensé par la critique, est en passe d’éliminer toute concurrence dans le microcosme du Metal à chanteuse. Metal Obs’, qui a eu l’insigne honneur d’être invité à l’un des premiers shows de la tournée 2009-2010 dans le cadre du Metal Female Voices Fest VII confirme : le nouveau cru est époustouflant en live ! Simone Simons, la rouquine incendiaire, nous dit tout sur la genèse du nouvel opus.

Interview parue également dans le Metal Obs' 35 de Nov. 2009

Entretien avec Simone Simons (chant) - Par Geoffrey et J.C. Baugé - Photo live 2 par J.C. Baugé
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Avant de parler du nouvel album, faisons le point sur The Divine Conspiracy : qu’en penses-tu, avec le recul ?
A chaque album, on franchit une étape avec fierté, et le nouveau ne déroge pas à la règle : il repousse encore plus loin les limites de The Divine Conspiracy. On avait intégré un nouveau batteur pour TDC (Ndlr : l’ex-God Dethroned Ariën van Weesenbeek) et maintenant, on a un nouveau guitariste (Ndlr : l’ex-God Dethroned Isaac Delahaye).

The Divine Conspiracy a posé des bases solides pour le groupe tandis que Design Your Universe représente déjà un sommet. Tu es d’accord avec ça ?
En fait, dans la foulée du premier album studio, on a sorti un CD live, un DVD … beaucoup de choses ont été réalisées en seulement sept ans. Il s’agissait donc de passer au niveau encore supérieur : j’ai travaillé très intensément mon chant et je suis satisfaite du résultat. On a déjà fait deux ou trois shows qui incluent les nouveaux titres.

Comment a réagi le public ?
Très bien : après une date d’échauffement où il restait encore quelques imperfections, on a rempli avant-hier cette salle superbe qu’est le Paradiso à Amsterdam pour le show de lancement du nouveau CD. Le public est venu de toute l’Europe pour l’occasion : Irlande, Italie, France, Espagne, mais aussi du Chili. On a été assez vite submergé par les fans après le concert. On a vendu pas loin de 600 copies du nouveau CD ce soir-là, bien que la date de sortie officielle en Europe n’était que le 16 octobre.

Après toutes ces années, le succès t’émeut toujours autant ?
Oui, et il va toujours croissant. Quand j’ai commencé dans le métier, je ne savais pas à quoi m’attendre et je n’avais aucune expérience de la scène Metal. Sans forcément me projeter précisément dans le futur, j’ai toujours eu confiance dans le potentiel d’Epica. C’est un véritable privilège de faire partie de ce groupe, de progresser en tant que musicienne et d’avoir une fan-base de plus en plus importante. Comme on ne sait jamais jusqu’à quand durera le succès, je profite au maximum de l’instant présent.

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Il semblerait que le processus d’écriture de Design Your Universe ait été assez pénible…
L’écriture a commencé deux ans avant l’enregistrement. C’est une fois encore Mark qui a composé le plus, mais Yves et Coen ont aussi participé. Yves a écrit « Deconstruct » et Coen « Burn To A Cinder », « Tides Of Time ». Ça n’a pas été facile dans le sens où The Divine Conspiracy a placé la barre assez haut et a été unanimement apprécié. Il s’agissait donc d’explorer encore plus la face heavy d’Epica. D’autre part, nous avons dû faire face au départ de Ad. Cela s’est fait en de bons termes et nous sommes restés amis. Nous avions tous Isaac en tête pour combler la place vacante.

C’était un proche du groupe ?
Oui, il a fait la même école de musique que Coen. C’est quelqu’un qu’on apprécie. Isaac avait déjà remplacé Ad sur une date en France, à Limoges, car celui-ci avait des contraintes familiales. Il a aussi fait partie de SiC, le side-project de Coen, Yves et Ariën. Isaac est arrivé à la fin du processus d’écriture et n’a eu que deux mois pour refaire les parties de guitares et placer ses solos. Il a posé son empreinte sur notre musique. L’année passée a été assez éprouvante, je suis tombée malade comme tu le sais ... mais on a fait une belle tournée en Amérique du Sud et en Europe pour finir. Puis il a fallu enregistrer le nouvel album : on est rentré en studio fin janvier pour la pré-production et le mastering a été réalisé en juillet. L’enregistrement a donc été long : on a pris tout le temps nécessaire pour peaufiner les détails et mettre en place les orchestrations, mais le résultat en vaut la chandelle.

Est-ce que le fait d’avoir sorti entre-temps le live The Classical Conspiracy a été d’une aide précieuse pour toutes les orchestrations ?
Pas tant que ça. Mark composait effectivement au moment de ce show en Hongrie mais l’orchestre et les chœurs ont toujours pris une place importante dans notre musique. C’est un processus qui est devenu naturel : Mark compose les mélodies et les basses, Coen retouche les chœurs et Miro s’occupe des arrangements. C’est ce dernier qui choisit des meilleurs samples d’orchestres que ceux qu’on a en stock. Certains préfèrent sans doute le véritable orchestre et chœur de The Classical Conspiracy, mais on ne peut pas faire mieux (rires).

Pendant l’enregistrement, de quelle façon as-tu travaillé avec Amanda Somerville ? Quels challenges as-tu relevés cette fois, vocalement parlant ?
En fait, j’ai travaillé l’année dernière avec une autre coach sur les lignes de chant d’une comédie musicale rock. Je suis allée la voir une journée entière pour lui présenter les nouveaux morceaux et elle m’a aidée à mieux les appréhender. Le challenge pour moi était de coller à une approche différente de ce tout ce que j’avais appris ces dernières années. J’ai dû abandonner quelques automatismes et me remettre en question, maîtriser de nouvelles techniques et sortir tout ce que je pouvais sur ce nouvel album, de la même manière que ce qu’elle faisait pendant ses cours. Je suis assez fière des progrès réalisés. Puis Amanda a enregistré ma voix, a retouché quelques lyrics et assuré un véritable travail de pré-production. De plus, étant américaine, elle a pu corriger quelques-uns de mes défauts de prononciation et gommer au mieux l’accent hollandais (rires). On s’est bien amusé en studio. Après tous ces albums faits ensemble, on est devenu comme des fans. C’est un processus assez intime que d’écrire et enregistrer un album : on met à nu notre créativité, il y a une certaine alchimie entre nous.

As-tu de nouvelles anecdotes à nous raconter à propos de ces sessions de studio ? Lors de notre dernier entretien, tu m’avais parlé de fantômes qui hantaient le grenier…
Oh, ils ont dû condamner la porte d’entrée, depuis (rires). Cette fois, il a vraiment fait froid dans le studio et je suis même tombée malade. J’ai dû retourner chez moi pour me reposer : ça n’aurait rimé à rien d’enregistrer mon chant avec un mal de gorge. Pendant ce temps, Amanda a fait un concert privé pour le meeting culturel de la ville. J’y suis allée pour l’encourager, c’était fun. A part ça, pas d’autres anecdotes croustillantes (rires).

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Design Your Universe est un titre fort, quel est son sens exact ?
Cela signifie que tu peux façonner ton existence avec ta propre conscience, et qu’on est tous, avec nos talents divers, co-créateurs de l’univers. Pour vivre pleinement sa vie, il est important de suivre ses rêves et de tout mettre en œuvre pour les réaliser, quelles que soient les embûches. La peur de l’échec ne doit pas nous amener à baisser les bras, car tôt ou tard, on le regrette.

Ça ne sous-entend pas que les gens sont souvent comme des moutons dans notre société moderne, des suiveurs plutôt que des leaders ?
Beaucoup de gens, effectivement, ont un emploi qu’ils n’aiment pas et qu’ils ont peur de quitter pour d’évidentes raisons financières. La vie est si dure. Faire ce dont on a vraiment envie, c’est prendre un certain risque : peu de gens sautent le pas. C’est cette voie qu’on a choisie dans le groupe et on peut dire qu’on a pris beaucoup de plaisir. On a eu des périodes de vaches maigres, c’est vrai, mais on est de nouveau sur pieds … J’ai pris la décision de devenir la chanteuse d’Epica et de ne pas aller à la fac car je n’aurais pas eu le temps de concilier les deux. C’est un style de vie. On aurait tout aussi bien pu ne pas rencontrer de succès et se planter en beauté. Mais j’ai toujours voulu devenir chanteuse, c’était mon rêve. J’ai donc saisi l’opportunité dès qu’elle s’est présentée et j’ai maintenu le cap.

Comment qualifierais-tu l’évolution du groupe au cours de toutes ces années ?
On pourrait presque parler de révolution (rires). Tout s’est passé si vite : notre premier deal avec Transmission Records qui nous a mis sur les rails les premières années, les changements de line-up, la signature avec Nuclear Blast…

… qui a permis au groupe de faire un sacré bond en avant.
Tout à fait. Ils ont pignon sur rue dans le monde du Metal : de grands noms à leur catalogue et une équipe très expérimentée. On était convaincu qu’ils nous aideraient à percer à un autre niveau. Bon, ils ne vont pas écrire non plus la musique à notre place, mais il est indéniable que le groupe est entré dans une nouvelle ère : nouveau CD, nouveau guitariste, tournées qui se profilent à l’horizon.

Tu as encore du temps libre pour toi ?
Oui, j’arrive à faire le ménage entre deux interviews (rires). J’ai encore le temps d’acheter à manger, cuisiner, regarder des films, surfer sur le net. Il y a des périodes de travail intense et d’autres plus calmes pendant lesquelles on peut prendre des vacances. La vie est courte, autant en profiter.

Qu’est-ce qui attend Epica dans les prochains mois : les tournées ?
Oui, une tournée européenne en tête d’affiche avec les Finlandais d’Amberian Dawn et les Allemands de Sons Of Seasons en première partie. En décembre, nous partons en Amérique du Sud, et en février-mars, aux USA. Entre-deux, vraisemblablement en janvier, on fera quelques dates dans des clubs aux Pays-Bas. Beaucoup de shows en perspective, donc !


EPICA - Design Your Universe
Nuclear Blast / Pias



Site : www.epica.nl

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