EYELESS

Enfin la reconnaissance ?

Il y a les gars qui n’en veulent et les autres. Parmi les groupes de Metal/Hardcore de la bouillonnante scène française, Eyeless fait clairement partie de la première catégorie. La rage au ventre, passionnée et toujours prête à mouiller le maillot sur scène, cette formation montpelliéraine impressionne par sa maturité et son nouveau disque, The Diary, qui n’a rien à envier aux formations U.S., le prouve ! Rencontre avec son chanteur…

Interview parue également dans le Metal Obs' 35 de Nov. 2009

Entretien avec Fred (chant) – Par Seigneur Fred
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Question classique mais utile : peux-tu te présenter et résumer l’histoire du groupe car c’est important pour bien comprendre votre évolution et  prouver une nouvelle fois que l’on a des groupes de métal (ou hardcore) de qualité en France ?!
J’ai créé Eyeless en 2000. Je jouais à l’époque dans un groupe de hardcore et j’avais envie de faire un truc plus agressif encore. Etant fan de métal depuis toujours, j’ai pu alors vraiment faire ce que j’avais envie, mais le plus dur était de trouver des musiciens motivés et assez bons car par chez nous (Montpellier), question métal, c’est plutôt le désert…C’est pour cela que le line-up a beaucoup changé  pour enfin se stabiliser en 2007.

Pour votre précédent et second album The Game Of Fear, vous avez pas mal enchaîné les concerts en France auprès de vos collègues de Lofofora, Daboga, mais aussi en ouvrant pour des groupes/artistes internationaux comme DevilDriver, Bullet For My Valentine ou Marilyn Manson. Quels sont vos principaux souvenirs et qu’avez-vous appris en tournant et jouant à leurs côtés ?
Quand tu joues avec des groupes de cette envergure, tu dois être super professionnel car le timing est court ! Et tu as très peu de temps pour les balances et autres réglages, donc tu dois te faire tout petit pour pas faire chier les « stars » et à la fois efficace et autonome pour pouvoir faire un show dans une salle blindée. Pour Marilyn Manson, on a su seulement le mardi soir qu’on allait ouvrir pour lui et le concert étant le samedi, on n’a eu que 3 jours pour tout préparer !! Mais c’était super de jouer dans un Zénith complet (devant 6.000 personnes) et tout s’est super bien passé pour nous ce soir-là !! Pour Bullet  For My Valentine, on a ouvert sur 3 dates avec eux en France, ce fut également un très bon souvenir, le courant entre eux et nous était génial… On a donc bien rigolé sur ces dates, un excellent souvenir comme avec DevilDriver d’ailleurs.

Vous êtes originaires de Montpellier. Comment est la scène là-bas dans le sud de la France et précisément dans cette ville ? Il y a un peu de tout, je crois, comme groupes : du black métal à la fusion/néo-métal, comme Scorch ?
Montpellier est une ville à part où il fait souvent beau. La ville est belle mais question métal ou autres musiques extrêmes, c’est le néant ! Toutes les assos se cassent la gueule et niveau groupes, il n’y a rien qui émerge vraiment. Il y a bien quelques bons groupes (Get Rich Or Die, Weaksaw et Ananta) qui  se bougent à fond pour pouvoir faire quelque chose mais c’est vraiment dur pour eux…

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Vous sortez maintenant chez Listenable Records votre troisième album intitulé The Diary. On dirait un concept-album sous forme d’un journal de bord, avec des choses assez personnelles et des paroles directes…
Oui, en effet c’est le journal de bord d’un gars qui, à son retour de guerre, n’est plus le même homme. Il est complètement transformé, il a du mal avec la nature humaine, les sentiments… Il tient donc un journal pour poser ses émotions sur le papier afin de comprendre pourquoi il est devenu comme ça, comme un animal sans compassion, sans pitié et sans cœur, mais uniquement de la haine de la violence et du mépris en lui.

Vous chantez en anglais mais êtes-vous distribués à l’étranger maintenant par votre label français et avez-vous pour projets de tourner à l’étranger (Europe, Amérique) ?
On a toujours chanté en anglais car je trouve que ça sonne mieux que le français pour le style. Listenable Records distribue le disque uniquement dans l’Hexagone pour le moment ; pour les Etats-Unis, tout le monde sera au courant très rapidement quand on aura finalisé le deal.

Musicalement, comment situez-vous The Diary par rapport à vos précédentes réalisations (EP, albums) ? Toujours un mélange de métal et de hardcore, direct mais un minimum mélodique, tout en vous éloignant de vos influences premières qu’étaient notamment le death metal suédois ?
En fait, pour cet album, on a moins « réfléchi » sur les structures ou autres mélodies. On en a parlé entre nous et on avait envie de faire un album à l’instinct, en composant et en enregistrant directement, et c’est ce qu’on a fait. Nous avons la chance de posséder notre propre studio, ce qui nous permet de tester pleins de choses, c’est pour ça qu’on a un peu laissé de côté les mélodies, on a voulu être direct dans ta face !! En un mot, METAL !!!

Cette fois-ci, vous avez décidé de ne pas enregistrer en Scandinavie comme sur The Game Of Fear (au Danemark avec Tue Madsen aux AntFarm Studios) qui était un rêve à l’époque. Vous avez travaillé avec Jason Suecof et Mark Lewis aux Etats-Unis aux studios Audio Hammer en Floride. Comment ça s’est passé avec eux ?
La rencontre s’est faite sur le net : on était dans nos studios (Trendkill), j’ai filmé Morgan et Ole en train de jammer et j’ai décidé de mettre la vidéo en ligne sur Youtube. J’ai ensuite envoyé le lien à tous mes contacts et là, surprise, je reçois un mail de Jason Suecof qui me dit vouloir absolument faire notre album !! On était super flatté et on a donc fait le pas de partir en Floride faire le mixage avec lui et le mastering avec Mark Lewis. Bosser avec des Ricains, c’était plutôt un rêve. Je pense que tous les groupes rêveraient de partir bosser aux U.S.A. ! On a donc voulu franchir le cap et nous ne le regrettons pas !!

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Et il en ressort un énorme travail tant au niveau de la composition que de la production sonore. Quels conseils donneriez-vous à un jeune groupe qui se lance ?
La règle des 3 B bien sûr : bosser, bosser, et bosser. Je pense qu’il n'y a pas d’autres mots. Des millions de groupes dans le monde font du métal et combien y arrivent ? Je pense que le travail y fait beaucoup dans l’avenir d’un groupe.

J’ai beaucoup apprécié sur ce nouvel album la chanson « We Live ». Le solo final est superbe et mélodieux. Qui en a eu l’idée et comment s’est passée la création de ce titre car il apporte un peu de lumière à ce côté brut présent tout le long de l’album ?
Le solo est fait par Doc. Coyle de God Forbid. J’aime beaucoup ce groupe et je connaissais déjà Doc., je lui ai donc proposé de faire un solo sur ce titre et il a accepté de suite. Il s’intéresse au groupe depuis un moment déjà et aime beaucoup la musique d’Eyeless. C’est super flatteur pour nous de voir un grand guitariste comme lui s’intéresser à notre travail.

Quels sont vos rêves et quels sont vos projets pour 2010 ? Une tournée française ?
Les rêves ?! Je dirais partir aux U.S.A. pour tourner. On est dessus pour  pouvoir y aller en 2010 si tout se passe bien, mais bien sûr jouer en France reste notre priorité. C’est notre pays et on compte bien faire exploser les salles françaises avec ce nouvel album ! Merci à toi pour cette interview.


EYELESS – The Diary
Listenable / Pias



Myspace : www.myspace.com/eyeless