IHSAHN


The Icon I...


Naturellement, il est impossible de parler d’Ihsahn sans se rappeler d’Emperor, encore et toujours. Mais c’est comme ça, le guitariste/chanteur n’arrivera peut-être jamais à échapper à son glorieux passé. Si The Adversary et AngL, ses deux premiers efforts solo, s’éloignaient de ses racines, After, son nouvel album, retourne aux sources d’un black metal épique au spectre très large, n’ayant pas peur de se tourner vers le prog’. Et une fois de plus, une réussite à tous les niveaux. 

Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Janvier 2010

Entretien avec Ihsahn (vocaux, guitares, synthé) – Par Geoffrey
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L’album n’est pas encore sorti que c’est déjà un événement pour les fans qui l’attendent et surtout pour les journalistes qui l’ont écouté ; tout le monde semble unanime avec ce disque. Te rends-tu déjà compte de tout ça et le réalises-tu ?
Pour l’instant, je n’ai effectivement que des bons retours pour ce disque. Mais c’est assez dur pour moi d’évaluer tout ça. Mais jusque là, les gens semblent apprécier, et c’est une bonne chose (rire). C’est toujours sympa ce genre de retour.

Les gens attendent toujours beaucoup de toi de toute façon…
Je ne sais pas, peut-être (rire). C’est assez difficile pour moi de parler de ça, car je suis assez égoïste quand je compose. Je le fais d’abord pour moi, sans vraiment me demander ce que les gens vont penser du résultat. Je vais toujours là où l’inspiration m’entraîne…

Sans aucune pression extérieure.
C’est une pression que je m’impose à moi-même, pour aller toujours plus loin, faire toujours ce qui me semble le mieux.

Une fois de plus, cet album est différent du précédent, qui lui aussi était différent de The Adversary, ton premier album. Quel était l’idée de départ ?
En fait, j’ai toujours eu une idée assez précise de ces trois albums. Que ce soit The Adversary, AngL ou ce nouvel album. J’avais déjà les idées très claires sur l’ensemble dès le départ, pour en faire comme une trilogie. Adversary et AngL étaient les deux faces d’une même pièce, très en conflit et à l’opposé l’une de l’autre. After en est la conclusion, après toutes ces oppositions dans les deux précédents disques. Je voulais un album plus contemplatif et méditatif.

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Pour moi, cet album est vraiment TA définition de la liberté artistique dans son sens le plus large.
Inconsciemment, peut-être. Je voulais que cet album soit le chapitre final de la trilogie, tout en allant dans une direction complètement opposée. Si j’avais fait des albums qui se ressemblent, j’aurais enfermé mes projets solo dans un style bien précis. Je vois cet album comme quelque chose de plus ouvert, annonçant un peu la suite de mes prochains albums.

Comme un nouveau départ ?
Oui, et ce que cet album doit être pour moi.

Est-ce le genre d’album que tu cherchais à sortir depuis des années ?
Dans un sens, oui. Quand je l’analyse avec le recul, car cela fait quelques temps maintenant que je l’ai fini, je pense être revenu à mes influences épiques, comme ce que j’ai pu faire avec Emperor, quelque chose d’extrême mais avec une mise en scène épique. Pendant des années, j’ai essayé de m’éloigner d’Emperor, car je pense que cela a toujours fait de l’ombre à mes propres envies créatives. D’ailleurs, même si cela va mieux, cette ombre me poursuit toujours (rire).

Mais est-ce possible d’échapper à Emperor ?
Ce qu’il y a, c’est que je n’ai pas à essayer d’y échapper. Je dois juste vivre avec ces racines musicales. Mais ne te méprends pas, ce n’est pas en retournant vers quelques chose de plus épique que je fais un pas en arrière. C’est juste une partie de moi qui ressurgit aujourd’hui. Je pense être plus confiant maintenant dans ce projet, être moins sceptique et accepter de composer ce qui vient, sans m’imposer des limites ou essayer absolument d’éviter de retourner à un certain style. Et surtout, cette fois-ci, je n’ai pas eu peur de m’ouvrir aux autres pour faire cet album, d’abord en allant au Fascination Street Studio, plutôt que de tout faire dans mon propre studio, et écouter beaucoup plus l’avis de ma femme Aidi. Mais ça a été difficile pour moi, car ce n’est pas facile de travailler avec moi. J’ai un peu tendance à penser que mes idées sont toujours les meilleures (rire). Je ne suis pas un très bon collaborateur, j’en ai peur (rire). Mais les gens que je respecte m’ont ici aidé à m’ouvrir un peu plus.

Penses-tu que ça a été une erreur de tout faire tout seul sur les deux premiers ? C’était un peu le reproche principal que l’on pouvait leur faire, notamment sur la production.
Non, pas du tout. Ils devaient être faits comme ça. Pour moi, faire un album se rapproche plus d’un processus d’apprentissage. Que ce soit au niveau de la composition, de l’apprentissage technique, des instruments comme des techniques d’enregistrement et la production en général. Et ça m’a vraiment plu de le faire comme ça sur ces albums (rire).

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Tu as parlé de musique épique, mais si je te dis « extreme progressive music », tu es d’accord avec moi ?
Oui, il y a bien sûr de nombreux éléments progressifs sur cet album. Mais cela n’a jamais été intentionnel de faire une musique plus progressive.  Je ne voulais pas me coller une étiquette, ou rendre la musique plus complexe qu’elle ne devait être. Le résultat est donc très naturel, le fruit d’expérimentations dans l’assemblage des différentes parties. C’est aussi mon premier album avec une guitare à 8 cordes. Ce qui fut à la fois un challenge et un apprentissage très intéressant. Techniquement, j’avais l’habitude de jouer sur une guitare à 7 cordes, qui, au final, n’apporte pas tant de choses que cela, puisque tu en fais la même utilisation qu’une 6 cordes. Mais avec 8 cordes, les possibilités dans les sons, les riffs, sont beaucoup plus larges. Comme avoir un son plus sale. Mais surtout, j’ai presque découvert la guitare et ses possibilités. Non pas que je voulais faire du Messhugah ou du Dino Cazares, mais d’autres expérimentations, avec des riffs allant de sons graves à des plus aigus très naturellement…

Toujours cette quête de nouveaux challenges…
Oui, et surtout cette envie de nouveau jouet (rire). C’est ma première custom guitar à mon nom…

C’est pour cela que tu poses avec sur la plupart des nouvelles photos promo (rire) !
Oui (rire). J’en suis très fier.

Quel genre de compositeur es-tu ? Du genre de celui qui va se lever au milieu de la nuit parce qu’il vient de rêver d’un riff ?
Non, pas du tout. Je suis beaucoup plus ordonné. Je suis père, mari, donc ma vie est bien réglé. Il y a un temps pour tout. Ça limite peut-être les élans de créativité, mais quand tu dois te mettre au travail, tu es plus concentré. Le temps est plus limité. Ce que tu as à exprimer est en toi de toute façon. Si ça doit sortir, ça sortira, même dans un contexte bien précis qu’est le temps que tu t’accordes en studio, si tu vois ce que je veux dire. Il y a un temps pour tout. Il y a des jours où tu reste des heures dans le studio sans rien composer, et des jours où tout coule naturellement.


IHSAHN – After
Candlelight Records / Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/ihsahnmusic