LOST SPHERE PROJECT


Satanic Verses...


Après avoir subi la déferlante auditive de Verse XXIV - premier album de Lost Sphere Project - on se devait d’échanger quelques mots avec eux, afin de comprendre comment il était possible de s’assouvir à tant violence et de chaos. C’est donc muni d’un couteau suisse – afin de paraît les éventuels attaques- qu’on se lançant dans le jeu du question/réponse, pour finalement vite se rendre compte que derrière le chaoscore qu’ils pratiquent, se cachait d’agréables bambins déterminés mais emplis de gentillesse. Grind, beer and joke !

Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Janvier 2010

Entretien avec Mathieu (chant) et Diogo (guitare) - Par Gaet’
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Bon voilà, on sait que vous êtes Suisses, mais pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Lost Sphere Project ?
Mathieu : Et bien, LSP, ce sont cinq gars de Genève, deux guitaristes, un bassiste, un batteur et moi à la voix. On s'est formé début 2002 et nous avons joué pendant presque cinq ans à quatre. Suite au départ de notre premier bassiste, en plus de le remplacer, nous avons inclus un deuxième guitariste pour apporter du gras en concert. En gros, on est des mecs entre 25 et 30 ans, assez simples, avec l'envie commune de faire du bon hard !

Quel traumatisme avez-vous vécu pour passer d’un projet emo/électro/expérimental à celui de « hardcore grindcore chaotique » ?
Rien de très particulier. En fait, cette étiquette "emo/électro/expérimental" n'était vraiment d'actualité que la première année d'existence du groupe. On s'est très vite orienté vers quelque chose de plus violent, plus chaotique, avec des plans plus déstructurés. Quand des groupes comme Botch, Converge et The Dilinger Escape Plan ont débarqué, on a tout de suite accroché sur leur approche. Le côté grind est arrivé plus récemment, notamment avec les progrès techniques des membres du groupe. Mais c'est drôle de voir que cette étiquette nous suit toujours, et que plein de gens se demandent comme on passe de l'emo/électro au chaoscore…
Diogo : Disons qu’à la base, on était deux dans ce projet, et on voulait expérimenter des choses musicalement, plutôt que de faire un groupe "basse batterie guitare chant". Mais ça nous a vite écœurés. On a pris Bastien à la batterie, et on s’est dit "ça suffit, on envoie la purée !!".

Vous aurez donc mis presque dix ans pour sortir votre premier album. C’est le temps qui vous a fallu pour assumer la maturité du groupe, ou bien cela est surtout lié aux difficultés qu’un groupe underground peut rencontrer pour se lancer dans ce type de projet ?
Mathieu : Bonne question. Je pense que la maturité et la cohérence d'un groupe s'étoffe au fur et à mesure des concerts. LSP a toujours été un groupe live, j'entends par là que nous avons toujours privilégié les concerts aux disques. En huit ans, nous avons quand même sorti un EP et un split avec les collègues de Ed Warner's Cage, ce n'est pas beaucoup en soi, mais derrière tout ça il y a bientôt 200 concerts, dont deux tournées. Je pense que ça nous a été réellement bénéfique, et que cela se ressent sur le disque. On s'est trouvé !
Diogo : Promis, le prochain prendra moins de temps à venir. Il devrait voir le jour pour la tournée avec Impure Wilhelmina en avril 2010.

Verse XXIV. Pourquoi ce titre ? A quel verset de quelle œuvre faites-vous allusion ?
Mathieu : C'est le verset sur le chaos dans la bible satanique. Pas de concept ou autres croyances obscures cachées derrière ce titre. Notre guitariste nous a soumis l'idée, on a trouvé que ça sonnait bien, et comme notre musique est relativement chaotique, on a trouvé que c'était en parfaite cohésion avec le disque.

Où puissez-vous l’inspiration sur le plan de l’écriture ?
Diogo : L’idée d’un morceau vient assez naturellement. La plupart du temps, tout vient d’un riff qu’on torture, déforme, jusqu'à obtenir le riff qu’on souhaite et la suite vient toute seule. Il n’y a pas vraiment de méthode de composition, on peut très bien faire un morceau en une heure, comme ça peut prendre un mois. Après, je peux te citer des influences de groupes mais je ne pense que ça prendrait plus qu’une page A4.

Et concernant les textes, on suppose que vous ne parlez pas de l’esthétisme des prairies alpines ?
Détrompe-toi, nous parlons aussi bien de l’esthétisme des prairies, vaches, bouses, agriculteurs, vaginites et autres dysfonctions naturelles du corps humain que de choses beaucoup plus sérieuses, comme des questions existentielles : « Pourquoi quand nous lâchons nos propres flatulences, nous apprécions l’odeur, alors que quand une personne extérieure te lâche un gaz au nez, tu fuis en criant au scandale ? ». Bref… Mathieu en parlera mieux que moi.
Mathieu : Sacré Diogo… Contrairement à ce qu'on peut penser, mes textes ne sont pas spécialement portés sur un sujet bien précis, pas d'engagement politique, pas de délires genre "rapport d'autopsie" ou autre. Je parle de choses généralement vécues, ou alors de sujets qui me touchent de près ou de loin, mais toujours avec un côté un peu décalé. Il y a certes des textes relativement sérieux comme "War For Free" ou "The One I Love To hate", mais aussi d'autres bien plus légers comme "Velociraptor", "March Of The Myopic" ou encore "Erectil Dysfunction" que j'ai écrits suite à une publicité que j'ai vue en ville en me baladant. J'aime aussi parler d'amour au sens strict du terme, que ce soit de bonnes ou de mauvaises expériences : "Stomachal Butterfiles" parle de ces papillons qu'on a dans le ventre lorsque l'on tombe amoureux… J'aime ce contraste entre une musique super agressive et un texte relativement doux.

LOST SPHERE PROJECT

Le grondement subaquatique du tsunami du 26 décembre 2004 en guise d’intro est très menaçant, et se marie très bien avec l’ambiance dévastatrice et chaotique qui règne tout au long de l’album. En quoi un tel phénomène naturel vous a marqués au point d’en faire l’entrée en matière de l’album ?
Au-delà du côté forcément dramatique d'un tel événement, on ne peut pas dire que ça nous ait marqués à titre personnel. Tout comme le titre du disque, c'est parti sur une idée au hasard. Je suis tombé sur cet enregistrement sur le Net, qui provient d'une sonde aquatique située à plusieurs centaines de kilomètre de la zone d'impact. Et comme tu le fais si bien remarquer, nous avons aussi trouvé que ça collait bien à l'esprit de cet album. Le côté "Tiens, un tsunami dans la gueule !"

La pochette de l’album est toute aussi menaçante. Elle est particulièrement bien pensée et réalisée. Pensez-vous que l’artwork possède tout autant sa place que la musique pour définir le ton d’un album, et qu’il se doit d’être soigné afin d’attirer la curiosité ?
Absolument! L'artwork, c'est 50% du disque selon moi. C'est ça qui fait la différence quand une personne ne sait pas vraiment ce qu'elle veut acheter, si elle n'a pas la possibilité d'écouter le disque avant de l'acquérir. Nous avons toujours soigné nos visuels, que ce soit les disques, les t-shirts, les affiches et les flyers des différents concerts. De plus, comme nous sommes deux dans le groupe à toucher au graphisme, on porte naturellement beaucoup d'importance à ce côté. Merci pour le compliment en tout cas, il sera transmis à l'intéressée!

JP de Rorcal tient la deuxième guitare au sein du groupe. Vous n’avez pas peur qu’il vous fasse ralentir le tempo (rires) ?
Diogo : Par définition, le fonctionnent interne de LSP est une vision de groupe a vote non  démocratique, donc… JP passe l’intégralité de son précieux temps au sein de LSP à chercher des bières, à réaliser nos fantasmes sexuels les plus fous, et à soigner son addiction aux Chips à la couenne de porc… Et quand la motivation lui prend, il enregistre et mixe avec Julien, le bassiste… Tout ça pour dire que non, JP ne nous fera pas ralentir le tempo.
Mathieu : Voilà... Il y a aussi Diogo, le guitariste formateur de LSP qui joue dans Rorcal. C'est justement en pouvant s'exprimer plus lentement dans Rorcal qu'ils gardent la patate pour LSP. De plus, JP n'intervient que très peu dans le processus de composition, c'est essentiellement Diogo et Bastien (le batteur) qui composent la musique. Donc, très peu de risques de nous voir ralentir la cadence !!!

Est-ce la place de JP au sein de Division Records qui a fait que vous ayez signé chez Division Records ?
Mathieu : Clairement, mais c'est aussi parce qu'on connaît bien toute l'équipe et qu'ils ont vraiment aimé le disque! Nous avons essayé de trouver un label avec qui travailler pendant presque deux ans. Le disque a été enregistré une première fois avec l'ancienne formation et nous avions commencé les démarches à l'époque. Après avoir réenregistré le disque avec les nouveaux membres, nous avons refait une série d'envoi et rien n'en est sorti. Hormis Nico de Bones Brigade (que je profite de remercier ici, s’il nous lit) qui nous a répondus, malheureusement par la négative, personne d'autre n'a pris cette peine. C'est donc naturellement que nous avons décidé de travailler avec Division. Label qui jouit d'une très bonne réputation au vu de leurs précédentes sorties et qui fait très bien son travail, même s’il est désormais géré par une bande d'alcooliques notoires (rires) !

La scène suisse est particulièrement bien fournie en groupes prolifiques et respectés. Je pense à Impure Wilhelmina, Kehlvin, Rorcal, Knut, Sludge, Yog… et j’en passe. Quelle position avez-vous au sein de cette scène ? Et comment la percevez-vous ?
Je trouve la scène suisse, romande comme allemande, particulièrement active et vraiment bien fournie par rapport à la petitesse de notre pays. Ces groupes que tu cites, on les connaît bien, nous les croisons régulièrement lors de concerts dans nos contrées et pour certains comme Impure Wilhelmina, ils sont vraiment de bons amis. Sinon, en termes de position dans la scène, on ne se pose pas trop la question ; on fait notre truc, on prend les choses comme elles viennent et on avance avec ce qu'on a, sans plus. Mais il y a quand même une super bonne ambiance au sein de cette scène, on rigole bien !

Une tournée européenne avec Impure Wilhelmina est donc prévue pour le printemps prochain. Comment comptez-vous appréhender ce petit marathon ?
Au taquet! Nous sommes réellement enthousiastes à l'idée de repartir en tournée. La dernière datant de 2005 (avec Mumakil), le temps se fait long depuis. Certes, nous avons pas mal joué sur des week-ends ou même des dates isolées, mais ce n'est pas pareil. De plus, nous nous entendons vraiment très bien avec les Impure, je pense qu'il y a moyen de faire pas mal de bruit et de bien se fendre la poire !

Des dates en France sont prévues. Quel point de vue avez-vous sur la scène française et son public ?
Pour l'instant, deux dates de la tournée sont prévues chez vous, à Paris le 9 avril et à Lille le 10. D'autre viendront peut-être se greffer autour. Pour vous tenir au courant, je vous conseille de visiter notre page Myspace. Vue de Genève, la scène française paraît très divisée, j'ai l'impression que les groupes se serrent moins les coudes. Après, ce n'est que mon avis. Au niveau des contacts avec les groupes français, tout s'est toujours très bien passé, comme avec Ed Warner's Cage avec qui nous avons fait le split, ou encore des groupes comme Celeste et Overmars, avec qui nous nous entendons vraiment bien. Le public, c'est comme par chez nous, généralement des gens statiques qui ne comprennent pas forcément ce qui leur arrive, mais qui au final aiment bien notre set.

Pour finir, derrière l’aspect brutal et impressionnant que vous dégagez, vous êtes décontractés et plein d’humour. Que pensez-vous des groupes qui entrent un peu trop dans le rôle qu’ils jouent derrière leurs gros riffs ? Faut-il être profondément méchant pour jouer du death ou du grind ?
Nous, on fait de la musique pour s'éclater, jouer des concerts ; donc voyager un peu et rencontrer des gens, et aussi pour boire de la bière et se marrer. C'est l'essence même de la musique, partager des trucs avec d'autres personnes et passer du bon temps. On en a vus plein, des groupes qui se la pètent, qui ne parlent à personne et restent dans leur coin : c'est juste débile car ils perdent leurs temps. Au final, nous, on s'en fout, ce n'est pas notre trip. Et puis, c'est sur scène que tu prouves, si besoin est, ce que tu vaux. Nous, on fait du Metal à notre sauce, on dit bonjour aux gens qui nous accueillent en concert, on mange ce qu'on a dans notre assiette, on monte sur scène faire la guerre et après, on picole dans la salle! Tout ça pour dire qu'il n'est pas nécessaire d'être méchant pour faire du hard !


LOST SPHERE PROJECT – Verse XXIV
Division Records



Site : www.rootscore.org/lsp

Myspace : www.myspace.com/lspchaos