MNEMIC


Fuck The System !


Il y a des groupes que l’on aimerait voir aller plus loin, recevoir les éloges qu’ils méritent. Mnemic en fait partie. Et pourtant, au fil des albums, et malgré des disques de plus en plus travaillés, aboutis et réussis, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Donc une fois de plus, ouvrez vos oreilles, arrêtez d’acheter ce que l’on vous vend à la télé, et écoutez Mnemic. Sinon, je vais m’énerver, et après, je ne correctionne plus, je dynamite, je disperse, je ventile. Non, mais oh ! 

Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Janvier 2010

Entretien avec Guillaume Bideau (chant) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Comment se passe la promo, là, pour le moment ?
Ecoutez, les mecs du label américain semblent bien tripper sur l’album, je reçois pas mal de mails spontanés de gars qui me disent qu’ils ont bien aimé les premiers morceaux apparus sur le Net, donc ça se présente bien. On assume ce qu’on a fait, on verra bien.

 Juste avant de parler de Mnemic, on aimerait revenir un peu sur One-Way Mirror. Comment ça s’est passé après la sortie du disque ?
Ça a été cool, on a tourné en Europe avec Soilwork et en France avec Dagoba et on s’est vraiment bien marré. On a dû faire 45 dates environ mais on a perdu une vingtaine de concerts car des trucs se préparaient avec Mnemic, qui ne se sont pas faits au final. Du coup, j’ai annulé des choses pour One-Way Mirror qu’on aurait pues faire au final, ce qui est un peu dommage. C’est de ma faute, c’est comme ça. Nous, on aime bien ce qu’on fait même si évidemment, c’est une musique de pédés pour les death métalleux (rires) ! Mais comme je leur pisse dessus aussi, c’est bien, on se pisse dessus mutuellement… Il y aura une suite en tout cas, car certains nouveaux titres sont déjà prêts et on devrait enregistrer après l’été, je pense. Ça devrait être un peu plus barré, on verra bien… On aura un nouveau batteur et un nouveau bassiste pour ça.

Revenons à Mnemic. Comment tu vois Passenger aujourd’hui, qui était ton premier album avec le groupe ?
Y a des trucs qui ne me plaisent plus trop car tout a été fait un peu dans la précipitation mais je suis super fan de la prod’. Le truc, c’est que je trouve qu’il est trop chargé au niveau des voix parce que j’en ai mis vraiment partout ! Les tournées qui ont suivi ont été trop cool et j’ai pu y réaliser pas mal de rêves, quand même… Je suis entré dans le groupe et 10 jours plus tard, j’étais à Los Angeles. J’ai composé 3 morceaux dans ce laps de temps et on en a mis un dans Passenger. Un autre n’avait pas été retenu par manque de temps pour le bosser mais on le retrouve tout de même aujourd’hui dans Sons Of The System.

Comment travaillez-vous l’écriture aujourd’hui, du coup, maintenant que tu es complètement intégré ?
En gros, chacun compose dans son coin (sur celui-là, c’est surtout Mircea, Rune et moi), ensuite, on met en commun et on peaufine en répète ce qui a été retenu. J’ai dû composer 3 ou 4 morceaux et ensuite, j’ai fait mon boulot classique de chanteur.

On a trouvé que cet album était peut-être moins complexe et plus travaillé au niveau des arrangements, du coup avec une accroche plus directe que n’avait peut-être pas Passenger dès les premières écoutes...
Tant mieux (rire) ! On n’a rien calculé, ça s’est fait au fil de l’écriture. La veille du mastering, on était encore en train de choisir quel morceau allait ouvrir l’album, c’est pour te dire. Les choses sont peut-être un peu moins « forcées », effectivement… On s’est bien aussi bien amusés pour créer les samples. On en a mis des bonnes couches, ouais (rire) ! 

MNEMIC

On parlait du processus d’écriture… C’est facile pour toi de jongler entre la France et le Danemark, quand ce ne sont pas les USA ?
Oh, ce n’est pas trop compliqué en fait. Je ne prends l’avion que pour les concerts et le studio. On bosse tous ensemble quand je viens. C’est pas toujours marrant de passer sa vie dans les trains et les avions mais est-ce que j’ai le droit de dire que ça me saoule de prendre l’avion pour aller bosser ? Je ne crois pas (rire)… Mais bon, je suis français, je suis chanteur, donc je suis râleur (rire) !

Un gros changement dont a un peu parlé : la production. Alors, c’est peut-être aussi ça qui nous a donné une autre impression globale de l’album, tu vas me dire…
Passenger a été enregistré sous la pression du label car il fallait aller vite, donc les autres gars n’ont pas réussi à prendre du recul de suite. Maintenant, ils sont d’accord avec moi et le son du nouvel album n’a pour moi plus rien à voir avec les deux premiers albums. On retrouve le côté un peu touffu de Passenger mais avec une prod’ moins froide. La prod’ est large, massive mais c’est sûr que certains ne vont pas forcément aimer, comme d’habitude quand tu sors un truc, je dirais, en fait… Je préfère la prod’ de cet album, c’est sûr, même s’il est toujours difficile de prendre du recul quand tu viens juste de terminer un disque. Je ne sais pas trop, en fait, même s’il semble que votre impression soit un peu l’avis général, au travers de mes discussions avec d’autres journalistes.

Est-ce que tu es libre d’utiliser ta voix comme tu l’entends avec Mnemic ?
Oui, mais ça avait déjà été le cas sur Passenger. Le problème, comme je te l’ai dit, c’est que j’avais enregistré seul et que j’ai eu tendance à mettre trop de vocaux. Quand j’enregistre, j’essaie d’abord de me marrer et d’essayer de nouvelles choses. Là, mes voix braillées sont un peu différentes et je suis moins monté en voix claire pour plus coller à la mélodie principale, avec un peu moins de chœurs. J’ai essayé aussi quelques refrains mélancoliques afin de dénoter avec le reste, pour surprendre un peu, ce qui permet aussi de faire respirer les titres. Y a moins de trucs super aigus : plus de musicalité et moins de violence sur les voix claires en tout cas. Par contre, pour les couplets, c’est « vas-y Totoche », quoi (rire) !

C’est un besoin pour toi d’essayer de trouver de nouveaux challenges vocaux, à chaque nouveau projet ?
C’est un besoin, oui mais j’ai surtout une voix qui me permet de m’amuser dans plusieurs styles, même le hip-hop… Du coup, je ne me prive pas, tout en essayant quand même de garder une ligne directrice car le risque pour moi est de me perdre très vite dans toutes ces voix. J’ai toujours plein d’idées donc je dois faire des choix par rapport aux titres sur lesquels je bosse. Tant que c’est agressif sur les parties braillées, c’est le principal…

Bon, et ça fait quoi d’être un des groupes préférés de Metallica (rire) ?
Ben, c’est cool (Ndlr : dit-il d’un air un peu blasé…) (rire) ! Non, mais tu te dis que c’est un peu bizarre, que ces mecs n’écoutent plus la musique des autres, or, c’est faux. Ils sont normaux, ils connaissent nos albums, les noms de certains morceaux et James nous a même chanté des riffs à nous ! « Ce morceau-là, je ne sais plus comment il s’appelle… », et il nous chantait le riff ! En plus, pas un riff facile… Ah ouais, d’accord, il connaît vraiment le truc ! Et là, t’es quand même bien sur le cul quand il t’arrive un truc pareil… ça fait drôle mais c’est tellement bien de jouer avec eux. Pour moi, ce n’était pas un rêve de gosse que de jouer avec eux mais pour les autres, oui. Je ne suis pas fan de Metallica au départ, donc c’est moi qui avais le moins de pression au moment de les rencontrer. Un jour, je vois un gars au bouc grisonnant rentrer dans ma loge, c’était Hetfield :
- « Salut, ça va bien ? »
- « Ouais, et toi » ? (rires)…
Y avait pas le côté fan-boy, contrairement aux autres. Par contre, fais-moi rencontrer Phil Anselmo et je ne sais pas comment je vais réagir (rire). Il va m’aimer, ou pas (rire) ?! Du coup, dans le contexte, j’ai pu bien déconner avec les mecs de Metallica, comme traiter Lars de « pédale », ah ah… Faut pas prendre ça pour de la prétention de ma part mais j’ai déconné avec eux en anglais comme je déconne avec d’autres… J’ai pas sorti ma bite cash, quand même (rires) ! Eux, par contre, je les ai vus à poil et ils ont des petites bites, ah ah !

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Le fait que tu sois entré dans le groupe, ça a changé quelque chose pour Mnemic par rapport à notre pays ?
Bah, Mnemic, ce n’est pas vraiment le groupe qui cartonne en France. Pour les gros bourrins du Metal, ce qu’on fait est trop commercial, limite, on fait du néo-metal, même si je ne comprends pas du tout leur point de vue. Y a un mec qui braille, y a de la double et du blast, ta mère n’écoute pas ça… Je ne vois donc pas comment on peut dire qu’on est « commercial » ! On n’a pu jouer que 3 fois en France mais ce n’est pas parce que je suis là que les gens achètent plus. Là, Base Prod va s’occuper de nous pour la France donc on devrait jouer plus, normalement au travers d’une petite tournée européenne avec Sybreed et un autre groupe. Peut-être qu’en France, on jouera en première partie d’un groupe plus connu que nous alors qu’à l’étranger, on fera la tête d’affiche. Histoire de jouer devant au moins 300 personnes en France… Les autres aiment bien la France aussi donc on aimerait en faire un peu plus.

Bon, Sons Of The System, y a-t-il un sens précis derrière ce titre ?
Non, c’est juste un truc qui nous est passé comme ça par la tête, qui fait un peu grandiloquent. Y a pas vraiment de concept, le système dont on parle est le monde actuel en fait. C’est plus ma vision du monde d’aujourd’hui, mais j’essaie toujours d’écrire de manière subjective et large. Par contre, Mircea écrit plus en donnant une perspective du monde tel qu’il le voit dans 50 ans. On parle aussi des bars à putes (rire).

C’est plus ta vision, ça, non ?
Comment vous le savez ? (rires) Quoiqu’on peut parler aussi des bars à putes dans 50 ans, avec des putes électroniques… Au moins, t’es sûr de rien chopper ! (rires)

Vous avez des attentes particulières pour cet album ? Parce qu’on a l’impression que Mnemic pourrait franchir un certain palier et que vous n’y êtes pas encore parvenus…
Oui, ben, c’est sûr qu’on aimerait vendre 100.000 albums mais c’est pour tous les groupes, ça. Il y a un facteur chance qui joue aussi ; on verra comment ça va se passer. On va essayer aussi de mieux tourner afin d’être plus exposés, comme ne faire que des Metallica ou des Deftones (rire). La Russie et l’Amérique du Sud sont déjà prévues, là, donc de nouvelles destinations, où on ne tournera pas en tête d’affiche. On essaie d’ouvrir pour de gros groupes afin de se faire connaître, pour peut-être pouvoir revenir en tête d’affiche par la suite. Le but est de se marrer aussi : on est allés par exemple en Russie ou en Sardaigne pour des cachets pas énormes qui ne nous ont rien rapporté au final, juste comme ça, pour découvrir de nouveaux patelins et de nouvelles cultures. Ça se passe en général très bien et là, ce n’est pas pour faire de la « promo », uniquement pour le plaisir…  Dans ce cas-là, ma copine, qui est géographe et qui connaît donc bien le monde, mais dans les livres et sur des cartes, est bien dégoûtée car je vais partout alors qu’elle n’a jamais pu le faire (rires) ! « Espèce d’enfoiré, privé de pipe pendant une semaine »… « Mais j’ai rien fait chérie, merde ! » (rires)…

Pour terminer, on peut parler de ton studio ?
En fait, je n’ai pas vraiment de local particulier mais j’ai tout le matos pour enregistrer les guitares, basse et voix, à peu près le même matos que Bergstrand. Je me suis donc associé avec un pote de Nancy pour faire le producteur / réalisateur, mais pas l’ingé-son… J’ai des oreilles, je sais donc mixer, enregistrer, mais je ne me décris pas comme un ingé-son, je n’ai pas assez de connaissances théoriques pour ça. C’est un métier à part entière qui nécessite d’avoir fait des études spécialisées Pour l’instant, je m’occupe surtout de mes prods par manque de temps, de quelques potes comme Manu Livertout ou Ananta, par exemple, que j’ai juste masteriser. Je voulais produire des groupes mais je n’ai pas assez de temps. Je vais donc d’abord m’occuper de mes projets encours, de mon projet solo à qui j’associerai des potes de One-Way…, de Cube, Soilwork, etc… Je suis nul en solo, donc, j’ai besoin des autres. Je pense que si j’arrive à sortir cet album où je vais quasiment tout faire, je serai plus crédible. Une fois que tout ça sera fait, je pense que je pourrai véritablement commencer à produire. Pour l’instant, je suis obligé de refuser des propositions à 6.000 € par manque de temps et aussi parce que je ne suis pas là pour piquer de la thune aux gens par manque de temps. Si je produis de A à Z un groupe, je veux que ce soit nickel car mon nom sera noté sur leur album et ce sera important pour la suite de ma carrière. Pour l’instant, je n’ai simplement pas le temps.


MNEMIC – Sons Of The System
Nuclear Blast / Pias



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