ORPHANED LAND


Jesus Chris Superstar...


Chaque nouvel album d’Orphaned Land se fait attendre tel le messie et six ans, c’est long !! Mais voila, ces Israéliens sont tellement généreux à chaque fois qu’on leur pardonne vite leur péché ! Les pionniers du folk metal oriental signent en ce début de l’an de grâce 2010 un nouveau chapitre musical et religieux baptisé The Never Ending Way Of OrwarriOR. Découvrons ce nouveau concept-album riche en couleurs en compagnie du sympathique guitariste Yossi, amoureux de la France…

Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Janvier 2010

Entretien avec Yossi Sassi Sa’aron (guitares) – Par Seigneur Fred
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En premier lieu, peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Et qu’a fait Orphaned Land depuis votre dernier show en France au festival Hellfest en juin 2006 car depuis, on pensait que vous vous étiez endormis sous le soleil d’Israël… (rires) ?
Salut à tous ! Je m'appelle Yossi et je suis un des membres fondateurs d’Orphaned Land depuis 1991. Je m’occupe principalement de la composition de notre musique et des arrangements, et je joue de la guitare : aussi bien les parties électriques que classiques et traditionnelles avec des instruments tels que le bouzouki, le saz, l’oud et le chumbush. Je fais également quelques chœurs. Et depuis notre concert au Hellfest, nous avons fait divers concerts en Europe et notamment en France lors de notre participation au festival Cidre et Dragon en Normandie en 2008. Enfin, on a surtout beaucoup travaillé sur notre nouvel album The Never Ending Way Of OrwarriOR afin que ce soit la meilleure sortie du groupe à ce jour.

Quels sont tes meilleurs souvenirs du Hellfest suite à votre participation ?
Oh oh... Comment pourrais-je oublier cette date ? Le 23 juin 2006 !!! Le festival du Hellfest fut un grand souvenir pour nous et surtout pour moi personnellement car j’y ai rencontré un grand amour dans ma vie et ensuite, j’ai vécu durant 2 ans avec cette personne... Ce fut donc le meilleur souvenir que j’ai gardé. Mais de manière générale, j’ai également rencontré des gens formidables et très sympas, et on a passé un super moment là-bas.

Orphaned Land a toujours eu une relation spéciale avec la France, que ce soit au niveau professionnel à vos débuts chez Holy Records pour vos 2 premiers albums ou auprès du public français. Comment décrirais-tu cette relation ?
Que puis-je dire (rires) ? J'aime ton pays [Ndlr : en français dans le texte]. Sérieusement, c’est sincère, c'est vrai. J’ai tant d’amis ici en France. Et on a débuté sur un label français qui nous a beaucoup aidés. Je suis toujours en contact avec des gens adorables dans votre beau pays, et aussi j’ai donc connu un grand amour du côté de Montauban, dans le Sud-Ouest… Donc la France et moi, on est plutôt familiers (rires) !

Votre précédent album studio, Mabool (The Story Of The Three Sons Of Seven) est sorti en 2004 (Century Media). Avec du recul à présent, êtes-vous entièrement satisfaits de ce disque ambitieux qui a tout de même demandé beaucoup de travail : 7 ans d’écriture, d’enregistrement…?!
Nous prenons toujours notre temps pour la création de nos disques. Ma composition initiale, c’est-à-dire les riffs principaux d’une chanson par exemple, peut très bien ne prendre que quelques jours ou semaines à élaborer et à achever, et juste après cela, alors nous commençons vraiment un long chemin pour construire le concept, rattacher les paroles, les textes correspondants à la musique, trouver ce que ce l’on veut faire de réellement spécial dans cet album, puis faire les arrangements, etc. C’est un chemin sans fin comme le nom de notre nouvel album (rires)… Mais quelque part, il y a quelques années maintenant, nous avons trouvé comme un point, un angle où nous nous arrêtons et nous nous sentons alors tous d’accord avec le résultat, en essayant au final de donner le meilleur de nous-mêmes et sortir ce que l’on a obtenu entre nos mains à ce moment-là...

Quelques mots au sujet de votre EP live acoustique The Calm Before The Flood (Century Media, 2002), et aussi sur le EP Ararat paru 2005 (Profound Lore Records, sous licence Century Media) qui ont été difficiles à trouver en bacs…
Je sais que ces mini-albums n’ont pas été évidents à trouver pour les fans parce que le EP acoustique était en fait un CD bonus qui accompagnait l’édition limitée de Mabool, et Ararat était au départ pressé uniquement en vinyle à un tirage limité de copies. Et il y avait des titres inédits, notamment dessus, comme les versions instrumentales de certaines chansons, mais pas de réelles chansons entières comme les morceaux présents sur l’album Mabool.

ORPHANED LAND

A présent sort votre 4ème album intitulé The Never Ending Way Of OrwarriOR comprenant pas moins de 15 nouveaux morceaux sophistiqués. C’est un nouveau concept album divisé en 3 chapitres. Qui est ce guerrier (“OrWarrior”) ?
“OrWarrior” signifie “le guerrier de la lumière”, représentant ainsi un héros conceptuel du combat de la lumière contre les ténèbres. The Never Ending Way Of OrwarriOR tourne donc autour de ce héros. Ce n’est pas quelqu’un en particulier, ni quelqu’un de spécifique, mais cela peut être l’auditeur de l’album lui-même, comme l’album traite des problèmes auxquels nous sommes confrontés chaque jour dans nos vies respectives. Tout spécialement ici, au Moyen-Orient, nous sentons bien que nous sommes pris au piège dans un tourbillon de confusions et de ténèbres en quelque sorte. En vivant dans cette région, au Proche-Orient, on voit que rien ne change vraiment d’année en année. Les populations continuent de mourir dans des guerres inutiles et nous sommes pris dans un cercle sanglant infernal. Orphaned Land est là depuis presque 20 ans et on continue de chanter sur les mêmes thèmes et les mêmes histoires parce qu’après deux décennies, nous vivons toujours dans un pays au destin tragique, une terre orpheline (= « Orphaned Land »). Pour combattre cette tragédie qui déchire des familles et des peuples, nous avons choisi une arme remplie de paix, mais une arme puissante : notre musique.

Sur l’édition limitée du nouvel album en format CD Mediabook, il y a un DVD bonus. Que contiendra-t-il ? Des extraits live ? Des clips ?
C’est un documentaire qui montre et suit le déroulement de la conception de The Never Ending Way Of OrwarriOR. Il s’intitule « A Heaven You May Create » (www.aheavenyoumaycreate.com), et vous pouvez nous suivre à travers tout le processus de création de « OrwarriOR » filmé dans la réalité, où des moments inspirés de haute conception et d’enregistrement s’enchaînent avec des moments de forte pression, mais aussi de confusion et de soirées fatigantes bien remplies (rires)… Cela a été filmé et monté par notre batteur, Matan Shmuely, et ce documentaire apporte ainsi un certain regard derrière les scènes de fabrication de cet album d’Orphaned Land, à la fois techniquement et sur le plan du son, mais cela donne aussi un point de vue émotionnel sur les relations internes dans le groupe. Vous pouvez voir d’ailleurs un court extrait sur le trailer à l’adresse http://www.youtube.com/user/OrphanedLandTV.

Où et comment s’est passé l’enregistrement studio ? C’est vrai que vous avez passé plus de 600 heures en coopérant notamment avec The Arabic Orchestra of Nazareth (par ex. sur  le morceau #7 “The Warrior”), en utilisant différentes langues pour les paroles et chœurs, et toute une palette d’instruments ?
Oui, vraiment ! Ce  fut un long processus combinant différents musiciens de sessions tels que ceux en effet de The Arabic Orchestra of Nazareth pour les violons, les flûtes (kawala et Nay, etc.), les percussions, les chants féminins en Yéménite, les pianistes et autres joueurs de claviers, et bien plus encore… L’album a été enregistré en Israël mais le tout a  été mixé à Londres au HQ Studio.

Et c’est un invité de marque qui a fait ce mixage et a joué certains claviers : Monsieur Steven Wilson (Porcupine Tree, Blackfield...). Comment l’avez-vous rencontré et pourquoi ce choix ?
Steven Wilson interprète en fait les claviers sur l’album et a donc mixé ce nouveau disque chez lui, dans son home studio à Londres en Angleterre. Nous l’avons rencontré de temps en temps pour des réunions de travail lors de l’élaboration de l’album en Israël, au fur et à mesure, et il a donc assisté à la création et a suivi l’évolution des débuts jusqu’à la fin. C’est un type génial et un musicien très respecté. Nous avons beaucoup appris et ce fut une grande expérience de travailler avec lui. Steven parle d’ailleurs aussi de cette expérience dans le documentaire DVD dont on parlait tout à l’instant. Nous l’avions rencontré il y a quelques années lors d’un concert et c’est alors que nous avons commencé à prendre contact et à échanger. Il voit vraiment à travers Orphaned Land un sens unique et original dans notre musique, en termes de musicalité. Et ce fut comme un challenge pour lui en fait de travailler et de mixer toute cette musique avec cet album pour le moins complexe, hé hé (rires)... Mais le résultat final montre bien qu’il a su relever ce défi avec une main de maître !

Chaque nouvelle chanson possède sa propre identité musicale et l’album est très varié, avec des parties folkloriques, des parties heavy ou death metal, et des passages véritablement progressifs. N’as-tu pas peur que cela soit trop complexe et dense pour un néophyte ? Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à l’auditeur ?
Orphaned Land a toujours été un pionnier dans ce genre, nous n’essayons jamais de suivre un modèle ou de donner au public quelque chose de commun, de général. Nous sonnons tout simplement comme Orphaned Land, pas comme d’autres groupes. Ceci a un prix bien sûr, et cela nécessite d’écouter l'album plusieurs fois, de nombreuses fois même afin de le « digérer ». Ce n’est pas facile à la première écoute pour certains, c’est vrai, mais ensuite, une fois passé ce moment, la richesse de l’album se révèle et les différentes facettes et les profonds arrangements inclus à la création de cet album commencent à apparaître et à flotter... C’est une expérience que l’on n’a pas toujours facilement dans la musique « instantanée et standardisée » de nos jours. Je pense que comme ce n’est pas évident pour moi de concevoir un nouvel album d’Orphaned Land, alors ce n’est pas facile non plus de le comprendre (rires) !

ORPHANED LAND

Kobi, votre chanteur, a déclaré que votre musique était comme “Un tango entre Dieu et Satan” à propos de l’album. Peux-tu développer cela ?
Le tango entre Dieu et Satan dont il parle est comme le yin et la yang dans la vie. Tu ne peux ni apprécier ni comprendre le bon sans le mal, sans élément de comparaison, et tu ne peux pas mener les choses à bien et les réaliser sans savoir ce qui est bon ou mauvais. Nous vivons dans un monde de dualité en permanence, dans ce cadre-là, fait de lumière et d’ombre, ce qui donne de la pertinence à chacun d’entre nous. Notre musique découle donc de cela.

Mabool était un album conceptuel basé sur le déluge et l’Arche de Noé dans l’Ancien Testament. Mais cette fois, sur vos photos promotionnelles relatives à ce nouvel album, le groupe s’affiche avec différents symboles et apparats religieux représentants les 3 principales religions monothéistes sur Terre : le judaïsme, l’islam et le christianisme. Même votre logo reprend dorénavant ce mélange avec des caractères de la calligraphie Arabe et Hébraïque. C’est surprenant de voir ça, notamment sur votre site MySpace, et ça fait drôle sur un site musical de métal. Ne craignez-vous pas d’être mal compris par certaines personnes ?
Nous avons toujours respecté et fait des recherches sur toutes les religions monothéistes car cela fait partie de notre culture ici, où Jérusalem est en quelque sorte un carrefour de religions. Je peux te dire que le christianisme a totalement sa place ici dans ce nouvel album aussi, incluant au passage, c’est vrai, nos photos de groupe où notre chanteur, Kobi, est habillé en tant que Jésus-Christ... et même à travers les chansons elles-mêmes. Nous respectons et explorons donc toutes les croyances, ceci fait partie de nous en tant que personne.

Dans le passé, Miri Milman (ex-chanteuse de Distorted, et maintenant dans System Divide au côté de Sven d’Aborted) a chanté quelques fois avec Orphaned Land lors de certains concerts en Israël. Êtes-vous toujours en contact avec elle ou son ancien groupe et peux-tu nous présenter votre chanteuse Shlomit Levi ? Est-elle un membre du groupe à part entière désormais ?
Miri est une bonne amie à nous oui, mais nous ne travaillons pas ensemble professionnellement. Shlomit était et reste notre principale chanteuse, et elle figure sur le premier single du nouvel album [...] OrwarriOR dans lequel elle prend une grande place dans les chants. Cependant, Shlomit n’est pas un membre à part entière d’Orphaned Land car elle a aussi sa carrière solo. Et il y aussi tous les musiciens de sessions qui interviennent. Orphaned Land est donc toujours composé de 4 personnes : Kobi, Uri, Matti et moi-même.

Votre musique est comme une “arme pacifique” qui rassemble différents peuples, différentes cultures. Politiquement, vous, en tant qu’Israëliens, quelle est votre opinion au sujet du Président Barack Obama qui cherche à rassembler les communautés dans son pays, essaie de travailler pour la paix dans le monde (tout en envoyant des troupes en Afghanistan) et remporte le Prix Nobel de la Paix en 2009 ?
Tout le monde sur cette planète qui œuvre pour la paix est un exemple selon notre point de vue. Pas de problème qu’il s’agisse d’un simple type marchant dans les rues de Gaza, d’une femme juive dans une ville, ou bien du lauréat du prix Nobel.

En conclusion, quand allez-vous revenir jouer en live en France ? Et que souhaites-tu rajouter à l’attention de nos lecteurs français ?
[Ndlr : de lui-même en français] J'espère que nous viendrons jouer live devant vous très bientôt ! A très vite ! Excuse-moi, je parle peu le français mais je le comprends bien. Bisous à tous et câlins à tous les ami(e)s en France ! C’est l’heure pour le guerrier de la lumière (= "Warrior of Light" ou "OrwarriOr") de s’élever grâce aux ailes du métal oriental !! Merci à vous...


ORPHANED LAND – The Never Ending Way Of OrwarriOR
Century Media / EMI



Myspace : www.myspace.com/orphanedmyspace