ROB HALFORD


Le Père Fouettard...


Si son nouvel album solo ne fait pas l’unanimité, le chanteur charismatique de Judas Priest Rob Halford y croit dur comme fer. Et même si les nombreuses reprises de chants de Noël que comprend le disque pourront en faire sourire certains, les quelques raretés métalliques les accompagnant raviront les fans du Metal God. Un artiste accompli, heureux, et très fort pour sympathiser avec la presse. Difficile, une fois de plus, de ne pas se délecter de ce moment rare (et ultra timé par le management) avec l’une des plus belles voix du Metal.

Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Décembre / Janvier 2010

Entretien avec Rob Halford – Par Geoffrey
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La dernière fois que nous nous sommes parlé, tu étais en tournée avec Judas Priest, perdu quelque part aux Etats-Unis entre deux dates, sans savoir exactement où tu étais… Cette fois-ci, où es-tu ? (rire)
C’est un peu l’histoire de ma vie (rire). Je reviens de quelques jours de promo à New York et là, je suis de retour en Californie, chez moi, pour faire quelques phoners avec mes amis, comme toi, du monde entier et parler de mon nouvel album solo. Et je fais ça toute la semaine…

Ça fait pas mal de travail.
Oui, tout le monde veut savoir ce qui se passe pour le Metal God, et ça me touche que des gens prennent de mes nouvelles, comme toi aujourd’hui Geoffrey, et veulent parler de cet album de Noël.

Le cadeau idéal à mettre sous le pied du sapin.
J’espère que ce sera le cas. C’est vraiment un album à part. C’est un disque très différent, c’est pourquoi il est important d’en parler et de l’expliquer, pour que tu transmettes le message que c’est vraiment un album de Noël, pas un véritable nouvel album solo…

Un album spécial aussi car c’est le premier pour Metal God Records…
Le premier album officiel pour ce label, oui. La compagnie est maintenant complètement opérationnelle et nous ouvrons donc nos portes maintenant à tous les groupes qui souhaitent nous envoyer leurs démos. Et peut-être que nous aurons des groupes français signés sur ce label dans le futur, qui sait…

Et avoir ce genre de label doit être une grande liberté pour toi, comme sortir ce genre d’album comme ce Winter Songs…
Oui, c’est une grande liberté pour ma carrière solo. Mon label avec Judas Priest, Sony, est très important aussi, mais je suis tout petit quand je suis en solo comparé à Priest, sur une échelle plus globale. Mais au-delà de moi, je pense qu’il y a de la place pour des petits labels comme Metal God Records, pour aider des groupes à se faire connaître partout dans le monde.

Un nouveau label déjà bien au fait des nouvelles technologies, avec une boutique digitale très au point. Les fans ont d’ailleurs pu combler l’attente de ce nouvel album solo en achetant certains morceaux régulièrement avant la date de sortie physique de l’album…
Tu ne peux pas te lancer dans ce genre d’aventure sans être suffisamment ouvert à ce genre de nouveaux marchés. Si tu veux réussir, tu ne peux pas faire abstraction de cela. La musique, telle qu’elle est écoutée maintenant, est tellement différente de la façon dont les gens l’écoutaient quand j’ai commencé à jouer dans un groupe.

 ROB HALFORD

Tu penses que les disques tels que nous les connaissions sont morts ?
Oui, c’est pour ça qu’il faut faire avec les nouvelles technologies.  

Allez, parlons de ce disque. Quand as-tu trouvé le temps de le composer et de l’enregistrer ?
Le mix a été fait pendant que je tournais avec Judas Priest, par Roy Z et le reste du groupe. Pour la composition, je profitais des rares moments où je revenais en Californie pour m’installer en studio et travailler un peu. « Light Of The World », par exemple, a été composé très rapidement. J’étais avec ma guitare et tout est venu tout seul. Mais dans l’ensemble, cela a mis plusieurs années avant de tout réunir et de pouvoir sortir le disque. Mais j’aime parler de Metal, écrire sur le Metal, composer, enregistrer. C’est toute ma vie. Ma vie serait si vide et ennuyeuse si je n’étais pas créatif tout le temps.

La réponse à ma prochaine question est évidente donc, mais pourquoi 7 longues années entre ton deuxième album solo et celui-là ?
C’est le temps que cela a pris. Entre mon retour dans Judas, la composition de nouveaux albums avec eux, les tournées. C’est incroyable à quelle vitesse le temps peut passer. Je pense que le message avec ce disque est que mes activités en solo sont toujours très importantes pour moi. J’ai besoin de cela. Cela représente beaucoup pour moi.

As-tu eu peur de ne plus pouvoir t’épanouir en solo quand tu as rejoints Judas Priest ?
Je comprends tout à fait ce que tu dis. Je pense qu’il ne faut jamais manquer de foi. Quand tu crées quelque chose, comme toi par exemple quand tu écris des articles je pense, tu te sens bien (Ndlr : ou débordé, cela dépend Rob). Tu partages des choses avec les gens.  Alors je sais que certains fans vont peut-être être frustrés que ce nouveau disque ne soit pas totalement un nouvel album solo. Mais j’étais tiraillé entre l’envie de sortir quelque chose et le manque de temps pour le faire à cause de Judas Priest. Je me laisse toujours porté par mon cœur. Et j’ai toujours voulu faire ce genre de disque. J’aime Noël, le message derrière les chansons de Noël. Quand je chante « Oh holy night », j’y crois, je crois au message de cette chanson par exemple.

Penses-tu que tout le monde va comprendre ce disque ?
Non, je ne crois pas (rire). J’aime penser que si tu aimes célébrer cette période de l’année, et que tu aimes écouter ce genre de chansons à cette période, alors peut-être que tu apprécieras cet album.

Mais ce n’est pas seulement qu’un album de reprises de Noël, c’est aussi un album de Metal, avec des compositions typiquement Metal God.
Je pense qu’il faut avoir plusieurs faces dans son travail. Prends par exemple « Lost Love » sur l’album Nostradameus de Judas Priest : c’est une chanson calme mais quand même Metal ; même si ça n’a rien à voir avec Painkiller, par exemple, pourtant c’est le même groupe. Tant que tu ne t’éloignes pas trop de ton univers, les fans partageront ton voyage avec toi.

Cet album a-t-il été un challenge pour toi ?
Pas vraiment. Ça a été très fun de le faire, cela m’a rendu très heureux. J’espère que cela donnera du  plaisir aux gens (Ndlr : Pas à notre Will Of Death national, obviously)…

Quel est ton secret Rob, pour garder cette voix intacte années après années ?
Je pense que j’en connais la valeur. Et surtout, j’adore chanter. Si je ne chante pas sur scène, ou en studio, tous les mois, une partie de moi se sent morte.  Je ne me sens vraiment vivant que quand je chante. Quand tu chantes, tu te sens spécial. Et je suis sûr que c’est la même chose pour Bruce ou Ronnie. Ou alors je suis un peu comme Edith Piaf (rire). Je rigole, mais elle ne se sentait vivante que sur scène, en train de chanter. Je suis un peu le Heavy Metal Piaf (rire). Ou alors est-ce mieux de dire le Heavy Metal Johnny Hallyday ? (rire)

C’est toi qui vois (rire). Plus sérieusement, penses-tu être un meilleur chanteur, ou un meilleur compositeur ?
C’est une bonne question. J’essaye de donner  le meilleur de moi-même. Je me sens chanceux. Certains compositeurs ne peuvent pas chanter, et certains chanteurs ne savent pas composer. Je fais le deux. Je suis chanteur, en solo et dans Judas Priest, je compose, je dirige un label, j’ai ma propre marque de vêtements… Mais putain, qui suis-je vraiment ? (rire). Non, plus sérieusement, j’aime toucher à tout.  Mais il y a deux choses où je pense me débrouiller parmi tout cela, c’est bien chanter et composer, parce que je m’entraîne quand même depuis près de 40 ans (rire).


ROB HALFORD – Winter Songs
Metal god Records



Site : http://robhalford.com