AETERNAL HYSTORIA


Légendes d'Auvergne...


Dans la masse de CDs reçus à la rédaction chaque mois, il arrive parfois qu’un groupe pas forcément connu sorte du lot, grâce à des compos aventureuses ou encore une production non formatée qui apporte un supplément d’âme. Aeterna Hystoria est de ceux-là : leur 1er effort Legends Of Ausphaal aux multiples facettes dévoile un réel potentiel pour se faire un nom dans le monde du prog en France… et peut-être ailleurs. 

Interview parue également dans le Metal Obs' 37 de Février 2010

Entretien avec Frédéric Mauriac (basse), Julien Ginez (guitare), Liliane Bos (chant) et Carine Dubarry (violon) - Par J.C. Baugé
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En préambule, pouvez-vous nous faire un petit historique du groupe ?
Fred : Le groupe est né fin 2006, avec Nicolas Krebs et moi-même : nous avons décidé de mettre en commun une idée, celle de composer des chansons autour d’une histoire fantastique. On avait été vraiment influencés par l’album de Dream Theater Scenes From A Memory - Metropolis Part II et le Live Scenes From New York qui en a découlé. Julien Ginez (NKS d’Aorlhac) est venu prêter main forte à la batterie.  Ensuite, Henri-Pierre Pellegrin aux synthés, puis Carine Dubarry au violon et enfin Liliane Bos au chant, sont venus compléter le line-up. On a été sélectionné pour le tremplin le Big Jama, avec deux dates dans le Cantal et en Haute-Loire ; grâce à ça, nous sommes montés sur la scène de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand en Avril 2009. On a signé entre temps notre 1er album en licence, chez Alexandre Saba de M&O Music. 

La démo de Legends Of Ausphaal remonte à 2007. Est-ce que cette sortie correspond encore à ce qu’est devenu le groupe aujourd’hui ?
Le line-up aujourd’hui est différent de celui de 2007. Il n’y avait pas de chant, les compos étaient légèrement différentes, et les tempos « free ». Aujourd’hui, on joue sans synthé, avec des samples, au métronome : c’est plus carré. Julien est désormais à la guitare. On cherchait tout d’abord une efficacité en live, avec deux guitares comme sur le CD, c’est beaucoup mieux même s’il y a encore du chemin à parcourir.

Pouvez-vous nous résumer l’histoire de ce concept album sur les terres imaginaires de Valdor et nous dire comment s’est passée sa composition ?
Ce concept album relate les événements qui se sont déroulés durant l'apogée de la province d’Ausphaal : les villes et villages s’agrandissent, les seigneurs sont de plus en plus avides d’argent et de pouvoir, tandis que les pauvres s'enlisent dans la misère. L'histoire s’appuie sur les trois personnages principaux : le Roi Elrig, Hadrian et Aelia qui se retrouvent au cœur d’une lutte acharnée, une haine aveugle entre un père et son fils à laquelle seule la mort peut mettre un terme. On a fait évoluer les compositions autour de cette histoire. Certaines compositions correspondaient mieux à certains chapitres de l’histoire : on a raccourci des parties et rallongé d’autres pour coller avec l’ambiance.

Comment en êtes-vous venus à travailler avec Stan W. Decker pour l’artwork et Brett Caldas-Lima pour le mastering ?
On connaissait le travail de Stan Decker grâce au 1er album de Lokurah. Je me suis dit : Ah ! Elle claque bien cette pochette ! Je me suis renseigné sur son travail… ça nous a tout de suite plu. On l’a contacté pour l’artwork de Legends Of Ausphaal dans le cadre de la signature chez M&O.
Julien : En fait, après avoir terminé le mixage de l'album, nous avons décidé de confier le mastering à une tierce personne. A partir de là, nous avons prospecté pas mal de studios en France ainsi qu'en Europe. Très vite, nous avons été emballés par la qualité du travail de Brett : il suffit tout simplement d'écouter le son de Kalisia...

AETERNAL HYSTORIA

Le son général de l’album n’est pas typiquement Metal mais semble plus lorgner vers le rock prog : est-ce voulu ?
Fred : Le son général de l’album, c’est du « fait maison » : les guitares, le violon et la batterie sont assez bruts, sans trop de retouche. On n’était pas à la recherche de la perfection comme d’autres groupes, de ce son moderne très lisse ou très Metal. Notre son naturel se rapproche plus, il est vrai, de certains groupes de rock prog.
Julien : On a voulu garder ce côté « maison » pour affirmer un minimum notre personnalité. Ce qui me dérange actuellement, ce sont tous ces groupes qui sonnent exactement de la même manière, ça ne respire plus du tout. Il est certain que les gens qui ont pour habitude d’écouter des pistes de guitares copiées/collées d’une mesure à l’autre risquent d’être défrisés !

Allez-vous durcir le ton de votre musique après le départ non remplacé de votre claviériste Henri-Pierre Pellegrin ?
Il est certain que ça sonnera différemment. Les parties de claviers se feront beaucoup plus discrètes et épurées. De toute façon, pour notre prochain opus, il est clair que la composition sera beaucoup plus axée sur le chant et le violon, ce dernier devrait même passer au premier plan.
Liliane : Disons qu’on va adopter une nouvelle hiérarchie. Le côté mélodique est essentiel dans le groupe, on va juste utiliser le « capital violon » à meilleur escient sans pour autant délaisser les guitares saturées. On pensait que l’alliance « archer/médiator » de plus en plus présente dans le paysage musical pouvait être intéressante. L’absence de claviers laisse peut-être plus de place aux autres instruments, pour une musique... plus directe, et qui prend aux tripes (on vous a dit qu’on était d’Auvergne ?).

Julien, qu’est-ce qui t’a poussé à quitter le poste de batteur pour venir à la guitare rythmique ?
Julien : Pour être honnête, depuis quelques temps j'éprouvais le désir de passer à la guitare car on trouvait qu'il manquait quelque chose lors de nos prestations live. Avec deux guitaristes, nous étions persuadés de nous ouvrir d'autres horizons musicaux et par la même occasion gagner en efficacité. Ce changement d'instrument a été possible grâce à l'arrivée de Florian, un très bon batteur qui a prouvé dans Towersound qu'il avait les épaules assez carrées pour assurer dans Aeterna Hystoria. Hélas, quelques problèmes personnels sont venus gêner sa progression.

Vous n’avez pas été tentés par le chant en français ?
Liliane : Pas vraiment, non. Je ne pense pas être très originale dans ma réponse, mais j’ai toujours fredonné en anglais. Il faut dire que l’anglais, c’est toute ma vie (fac d’anglais, prof d’anglais). C’est une langue beaucoup plus musicale que le français. De plus, si les textes étaient en français, tout le monde se rendrait compte de suite qu’ils sont tartes ! Sérieusement, je trouve ça plus naturel, c’est tout. D’autant que le choix du français n’aurait pas été plus justifié que l’anglais pour parler de la contrée d’Ausphaal. De plus, mes connaissances en cornique étant quasi nulles, l’anglais apparaît approprié pour notre projet Legends Of Cornwall. Toutefois, si un jour nous décidons de conter les légendes de régions francophones, ou même d’Auvergne, notre langue maternelle prendra le pas sur celle de Shakespeare.

Quelles sont les influences de chacun des membres du groupe ?
J’écoute toujours les mêmes vieux trucs : Metal, alternatif, indus, goth rock et autres trucs bizarres des années 80. Heureusement, je ne crois pas que ça influe sur le travail du groupe.
Fred : Mes influences sont Metallica période Jason Newsted, Amon Amarth, Opeth, Dark Tranquillity, Therion, Dream Theater, Led Zep. Après, j’adore le compositeur Nobuo Uematsu et The Black Mages, la musique de Queen, les 1er albums de Muse, Stanley Clarke aussi… beaucoup d’influences, donc.
Julien : Pour ma part, je lorgne plutôt vers le Metal extrême : Emperor, Dissection, Ulver, Taake,  sans oublier les classiques Metallica, Iron Maiden, Motörhead et Sepultura.
Carine : Pour moi, ce sont quelques violonistes classiques comme Ivry Gitlis, Yehudi Menuhin… et pour le jazz : Stéphane Grapelli et Didier Lockwood.

Est-ce que vous exercez des métiers en rapport avec la musique ?
Fred : Si on peut comparer le bruit de l’enclume à de la musique, alors oui (rires) ! A part Henri-Pierre qui était sound designer, personne du groupe n’exerce dans les métiers de la musique.

Comment se porte la scène Metal en Auvergne ?
On peut parler à la limite de la scène Metal hardcore, mais je ne la connais pas. J’apprécie tout de même certains bons groupes qui sortent du lot : Aorlhac, Morphoss, Dislocation entre autres. Il n’y a pas particulièrement de scène Metal en Auvergne, à part dans la région clermontoise où pas mal de groupes black et death se bougent.

AETERNAL HYSTORIA

Que pensez-vous des autres groupes signés chez M&O Music et comment en êtes-vous à signer un deal avec Alex ?
J’ai écouté Kipling : ce qu’ils font est super. Pour Alex, on cherchait un label pour ce 1er album et faire un minimum de promo. Il a bien aimé ce qu’on faisait, le concept lui plaisait.
Julien : Il y a quand même quelques bons groupes comme Gokan, Ciguë et surtout Cloverseeds qui ont déjà prouvé leur potentiel ! En ce qui concerne notre signature, alors qu'on en était aux débuts et qu'on terminait juste notre démo, on a senti Alex intéressé par le groupe. A partir de là, on a commencé à discuter et on a pu signer assez rapidement.

Avez-vous prévu une tournée début 2010 ?
Oui, nous sommes actuellement en train d'organiser quelques dates début 2010 afin de promouvoir la sortie de l'album. Nous allons essayer de faire quelques scènes en Auvergne, de manière à nous faire connaître localement pour ensuite nous exporter dans toute la France, voire hors de nos frontières.

Comment définiriez-vous le groupe dans le but de vous promouvoir ? Quelles sont vos attentes ?
Fred : Notre musique se veut très vivante, tumultueuse, enivrante, avec une opposition subtile entre haine et passion. On voudrait bien sûr transmettre cette émotion du CD sur scène, c’est le principal souhait du groupe.

Un dernier mot à ajouter pour nos lecteurs ?
Achetez notre CD, il est vache-(de race Salers)-ment bien !


AETERNA HYSTORIA - Legends Of Ausphaal
M&O Music / Mosaic Music



Myspace : www.myspace.com/aeternahystoriaband