AETERNAM
La nouvelle sensation " Metal Oriental " ?

Voici un nouveau groupe en provenance du pays des caribous ! Mélangeant habilement Metal extrême et influences orientales, ces nouveaux venus sur la scène canadienne et internationale nous offrent un premier album détonnant et techniquement très intéressant, intitulé Disciples Of The Unseen. Faisons connaissance sans plus attendre avec ces véritables petits génies francophones qu’il faudra suivre de très près, dans le sillage d’un Nile ou autre Melechesh…

Interview parue également dans le Metal Obs' 37 de Février 2010

Entretien avec Achraf Loudiy (guitares/chant) – par Seigneur Fred
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Tout d’abord, peux-tu présenter le groupe ? Vous venez du Québec, c’est bien ça ?
Alexandre Loignon est à la guitare ; Antoine Guertin à la batterie et aux percussions ; Samuel Dubois aux claviers ; Jonathan Lapointe à la basse ; et moi-même, Achraf Loudiy : guitares et chant. Effectivement, le groupe est québécois à l’exception de moi-même qui vient du Maroc. On a commencé à jouer ensemble après mon arrivée au Canada en 2007. Antoine et moi avons alors commencé à composer de la musique jusqu’ à ce qu’on ait trouvé un son particulier qui nous intéressait tous les deux. Les autres membres sont arrivés peu de temps après. On a fait quelques concerts ici et là puis on a décidé d’enregistrer notre premier album. Nous avons essayé plusieurs chansons avant de choisir les dix titres que nous pensions les plus appropriés pour le style que nous voulions développer.

Etes-vous en relation avec d’autres groupes de la scène métal québécoise (Anonymous, Kataklysm, Gorguts, Cryptopsy, etc.) ou canadienne en général (Annihilator, Devin Townsend, Exciter, Kittie, etc.) ?
On commence à nouer de bonnes relations d’amitié avec plusieurs excellents groupes du Québec à force de faire des concerts un peu partout comme Martyr, Unexpect, Quo Vadis, Blinded By Faith et aussi en effet Anonymus. D’ailleurs, c’est le guitariste d’Anonymus, Jef Fortin, qui a produit notre album. Cependant, nous n’avons pas encore eu la chance de côtoyer les gars de Kataklysm ou d’autres artistes de la scène canadienne.

Laissez-moi vous dire à présent que j’ai été agréablement surpris par votre musique, à la fois par la qualité de vos compositions et par la production. Pour un premier album, Disciples Of The Unseen, vous frappez fort ! D’où vous vient cette inspiration ?
Premièrement, merci beaucoup pour ce compliment. L’inspiration vient de notre fascination pour l’histoire, le cinéma, les civilisations antiques et les religions. On aime beaucoup alimenter notre musique avec un message engagé pour donner du sens aux mélodies et à l’agressivité. On aime aussi faire la critique de la religion, mais au lieu de traiter Jésus-Christ de « fils de pute », on blasphème en utilisant notre imagination (rires). Le titre de l’album va justement dans ce sens…

Et comment avez-vous préparé ce premier enregistrement ?
On a longtemps cherché notre son, donc le gros du travail a été la recherche avant tout. Nous avons donc écrit exactement vingt-sept chansons et nous n’en avons choisi que dix finalement pour Disciples Of The Unseen. La composition de l’album s’est quand même bien déroulée dans le sens où la collaboration entre moi et Antoine était bonne. On avait des goûts différents au début, mais il faut croire qu’on a trouvé le son qui nous satisfaisait tous les deux. Après, nous avons mis beaucoup de temps à répéter avant de se lancer dans l’aventure du studio. Notre rigueur dans la répétition nous a vraiment aidés à bien vivre l’expérience studio, ce qui n’est pas toujours évident pour un jeune groupe.

Pouvez-vous nous parler du producteur Jef Fortin (Unexpect, Neuraxis, Kälter) qui a travaillé avec vous pour ce premier album ? Pourquoi ce choix et comment s’est passée cette collaboration ?
Jef est un excellent musicien (Anonymous) avant d’être un excellent producteur et il a un futur très prometteur dans la scène métal mondiale. En fait, c’est notre ami Nico du groupe Karnaj qui nous a conseillés d’aller enregistrer notre album chez lui. On ne savait absolument pas que notre album avait un aussi grand potentiel sauf que nous voulions qu’il soit bien produit, histoire de se prendre au sérieux autant que possible. Alors on a décidé d’investir afin de réaliser ce projet et on n’a pas regretté parce que la collaboration avec notre producteur s’est très bien passée. On a beaucoup travaillé et on s’est bien amusé aussi ! (rires)

Pour l’enregistrement des parties folkloriques orientales, des chœurs, et des claviers, ça n’a pas été trop compliqué en studio et notamment pour le mixage final, car le mélange métal et folklore n’est pas toujours évident à harmoniser… ?
Effectivement, ce n’est vraiment pas facile ! D’ailleurs, Jef ne s’attendait pas du tout à ce que ce soit aussi chargé comme musique. Pour avoir le son épique que nous voulions, il nous a fallu enregistrer nos pistes deux fois et c’était dur de mixer le tout sans que ça ne sature pas sur quelques passages. La prochaine fois que nous enregistrerons, nous serons conscients de ce genre de choses afin de réussir à donner à nos instruments le meilleur son possible sans avoir de pépins. Comme quoi on apprend toujours de nos erreurs…

 AETERNAM

On peut tout de même facilement deviner certaines de vos influences et tout groupe possède ses influences. Pour vous, je dirais Melechesh, Orphaned Land et Nile, pour ce mélange de sonorités orientales et de parties métal plus ou moins extrêmes. Qu’en pensez-vous ??
Je ne peux pas te contredire. Nous ne sommes pas les premiers à utiliser ce genre de sonorités et ce type de mélodies, sauf que notre but en faisant de la musique avec Aeternam, c’est de faire un cocktail de tempéraments. Tout dépend du contexte de la chanson, ça peut être agressif, brutal, doux, folk…

Quelles sont vos autres influences musicales et qu’est-ce qui vous a amenés à la musique et à créer votre groupe Aeternam ?
Pour mes influences, je dirais que je m’inspire beaucoup d’Amaseffer, Nile, Melechesh, Kreator, Testament, Behemoth, Dimmu Borgir, Death…  mais sans oublier des musiciens arabes comme Lena Chamamyan, Fayrouz, Abdelhadi Belkhiat. Le but principal avec la musique d’Aeternam étant de transmettre un message. Comme je te le disais précédemment, on fait beaucoup la critique de la religion, surtout qu’il n’y a pas beaucoup de groupes qui ont l’audace de critiquer l’Islam à cause de tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui.

De quoi traitent justement les paroles sur Disciples Of The Unseen ? Les textes sont-ils d’actualité, avec des métaphores sur notre société, ou bien sont-ils en référence au passé et à d’anciennes civilisations ?
Si on fait la lecture des paroles d’Aeternam et qu’on se gratte la tête un petit peu, on remarque très vite le genre de mise en situation utilisé pour piéger la religion.  « Les disciples des invisibles ou des imperceptibles »… Je trouve que c’est un titre qui illustre bien notre opinion envers la religion et le concept de « Dieu ». Nous essayons surtout de déformer une opinion intuitive que possèdent les gens pour ce concept, c'est-à-dire l’acte d’associer Dieu au bien. On essaie de peindre le portrait de dieu (en général) dans chacune de nos chansons mais chaque peinture est différente de la précédente. Pour être plus clair, le retour au passé dans nos paroles n’est qu’un outil pour arriver à passer un message d’actualité. Toute l’éthique des sociétés d’aujourd’hui est inspirée par des écrits antiques, alors pourquoi ne pas partir de l’antiquité et démontrer à ces gens que leurs récits ne valent pas deux centimes selon une perspective strictement historique et rationnelle. Ce n’est pas un discours radical que nous essayons de véhiculer, nous voulons seulement favoriser le doute comme attitude. Toutefois, j’aime encore mieux que les gens se fassent une idée personnelle des paroles parce que c’est toujours intéressant de voir à quel point leur interprétation peut faire ressortir des concepts encore plus profonds.

Quelques mots sur l’artwork de l’album qui est plutôt réussi. Qui l’a réalisé ? Un certain Pascal Laquerre… ?
Oui, il est assez représentatif de ce que nous avions en tête. Une petite ambiance infernale, les couleurs du feu du sable. Le « djinn » qui avale l’œil d’Horus représente le soulèvement du peuple contre la religion. Pascal Laquerre est un artiste québécois qui a déjà fait les pochettes de Kataklysm, Tormentor Allegoria et plusieurs autres groupes. D’ailleurs, il était en Indonésie pour un voyage personnel quand il a réalisé notre pochette d’album après qu’on l’ait sollicité. Il faut croire qu’il avait de l’inspiration à ce moment-là…

Pour le lancement de l’album, vous avez d’abord joué chez vous à Québec à la salle « Impérial » puis pour la Saint Valentin (14 fév.), j’ai remarqué que vous avez joué à Montréal dans le cadre du festival joliment intitulé « Les Foufounes électriques » (rires). Pouvez-vous nous en dire plus sur ces 2 dates et surtout sur les « Foufounes électriques » ? (rires)
Ha ha ha ! (rires) Je pense que je vais te décevoir parce que « foufoune » au Québec veut plutôt dire postérieur en fait. Et ce n’est pas le nom d’un festival mais plutôt le nom d’une salle de spectacle. En ce qui concerne ces deux dates, on a donc ouvert pour un groupe légendaire ici au Québec qui s’appelle Martyr, et c’étaient nos deux soirées de lancement de l’album où l’on a mis en vente pour la première fois nos CD’s et notre merchandising.

Quand pensez-vous venir jouer en Europe et notamment en France ? Y a-t-il des projets de tournée ? Allez-vous participer à des festivals cet été ?
En ce moment, on essaie de voir pour faire une tournée l’été prochain au Canada et aux Etats-Unis. Pour ce qui est de l’Europe, je pense que c’est encore trop tôt. Il y a aussi des enjeux qui font en sorte que cela devient plus difficile pour nous de faire de grosses tournées (études, emplois…) mais espérons que les choses deviendront plus faciles et qu’on puisse venir partager notre musique avec nos frères français et européens !!!


AETERNAM – Disciples Of The Unseen
Metal Blade / Season of Mist



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