ROB ZOMBIE

Deluxe Metal Of The SS...

Artiste accompli, Rob Zombie s’est plutôt fait connaître ces derniers temps en tant que réalisateur de films, plutôt qu’en tant que musicien. Pourtant, personne n’a oublié l’impact de White Zombie sur la musique moderne, et surtout les albums solo de Monsieur Rob Zombie. Un homme pressé, overbooké, qui nous a quand même accordé 15 minutes de son temps pour nous parler de lui, de ses films, et surtout de son nouveau bébé, Hellbilly Deluxe 2, suite avoué de son premier album solo.

Interview parue également dans le Metal Obs' 37 de Février 2010

Entretien avec Rob Zombie (vocals) – Par Geoffrey
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Es-tu heureux de pouvoir enfin reparler de musique, loin des projecteurs d’Hollywood ?
Complètement. J’adore la musique, et je suis ravi d’être de retour… J’adore faire des films, mais j’aime m’en échapper aussi (rire).

Avant de parler musique, parlons juste de ton actualité la plus récente, et comment s’est passée ta première expérience de réalisateur pour la télévision, pour CSI : Miami (Les Experts Miami) ?
C’était intéressant. Je ne pense pas que la télévision soit vraiment faite pour moi, car il y a beaucoup trop de restrictions. Il faut surveiller ce que tu dis, ce que tu fais. Ça en devient ridicule. Les producteurs ont leurs soucis, les chaînes ont leurs soucis. Tout cela ne m’intéresse pas, je n’aime pas travailler avec des contraintes. Mais j’y ai rencontré des personnes intéressantes, donc au final, c’était intéressant.

Mais j’ai été assez surpris, pour cette première expérience, je t’attendais plus sur HBO (chaîne du câble, connue pour ses séries plus adultes (Six Feet Under, Oz, Les Sopranos, Sex In The City) que sur CBS (l’équivalent de TF1, les moyens en plus)…
Je vois ce que tu veux dire… Mais pour CSI Miami, j’ai dit oui car je connais l’un des producteurs, Marc, qui avait travaillé avec moi sur mes deux premiers films, House Of A Thousand Corpses et The Devil’s Reject.  Et il n’arrêtait pas de m’appeler pour que je participe à un épisode, donc j’ai cédé. Après, bien sûr qu’HBO aurait eu plus de sens, mais je n’ai pas à me plaindre d’avoir commencé sur cette série.

ROB ZOMBIE

Allez, parlons de musique. Comment s’est passée la tournée US il y a quelques semaines ?
Très bien. Je te jure que chaque tournée devient de plus en plus fun à faire.  Je n’ai pas toujours été un grand fan des tournées, mais avec le groupe que j’ai maintenant, je m’éclate vraiment. Et c’est précisément parce qu’on s’amuse que c’est pour l’instant la meilleure tournée que nous ayons faite.

Hellbilly Deluxe 2… Le titre, bien sûr, fait référence à ton premier disque solo, mais est-ce aussi pour marquer un nouveau départ ?
On n’avait pas de titre quand on a terminé ce disque. Et puis cela faisait dix ans que mon premier disque était sorti, qu’il était encore le plus populaire, qu’il était aussi très important pour moi parce qu’il marquait mes débuts en solo. J’ai donc trouvé l’idée bonne de faire une deuxième partie. Les suites, on en voit beaucoup pour les films, mais pas tant que cela pour les disques. Et après 10 ans, il était bon je retourne à mes débuts. Cela a un sens pour moi…

…Pour montrer aussi qu’après 3 ans de break, tu étais de retour, et de retour à tes racines ?
Dans un sens, oui. Parfois, tu as besoin de t’éloigner de ce que tu fais habituellement. Il ne faut pas ennuyer les gens, et surtout t’ennuyer toi-même. Mais comment font tous ces groupes qui font toujours la même chose ? Au-delà de ça, il faut que ta musique reste fraîche, inattendue, surprenante.

Et comment as-tu donc abordé l’écriture de ce disque ?
On a travaillé très vite cette fois-ci. On a dû tout faire en 6 semaines, chose qui ne m’était jamais arrivée depuis les tous premiers albums de White Zombie. C’était plutôt amusant de bosser de cette manière. Certains morceaux étaient par exemple composés le matin et enregistrés l’après-midi. Ce n’est pas bon, du moins pour moi, de passer trop de temps sur une chanson. Ça te bouffe ton quotidien, tu y penses tout le temps, et tu ne te sens libéré qu’après l’enregistrement.

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J’ai parlé de retour aux sources pour la musique, mais toi, comment décrirais-tu ce disque ?
Je dirais que c’est plus un retour à une certaine attitude plutôt qu’à un style de musique. Le premier Hellbilly avait un son beaucoup plus industriel, avec beaucoup de samplers, de machines… Cet album n’a rien de tout ça. C’est un véritable album organique. A part quelques parties de clavier, cet album montre un groupe presque en live, dans sa plus simple expression. Musicalement, il est donc très différent.

Pour moi, il est impossible d’écouter ce disque sans avoir des images dans la tête, comme si chaque chanson était un court-métrage…
Je suis d’accord, parce que c’est exactement la façon dont je vois ce disque. Quand je compose, j’ai toujours besoin de visualiser une histoire, des personnages. J’essaye de donner vie à tout un film dans une chanson de 3 minutes. Je suis heureux que des gens comme toi le ressentent ainsi, car c’était le but. Les paroles sont donc toutes assez différentes : « Werewolf Women Of The SS » est basée sur le trailer que j’avais fait pour les Grindhouses, « Sick Bubble-gum » parle de rock n’ roll dans son côté étrange, avec des références à Alice Cooper.

Quelle est la différence pour toi entre le Rob Zombie de Gods On Voodoo Moon (premier démo de White Zombie en 1985) et celui de Hellbilly Deluxe 2 ?
Je pense qu’à l’époque j’étais jeune, je jouais de la musique comme les autres, j’aimais les mêmes choses que tout le monde. La grosse différence maintenant, c’est que je m’éclate aussi beaucoup plus en live, avec un groupe, en composant des albums… Avant, je ne m’amusais pas vraiment. Je n’ai jamais vraiment pris de plaisir à tourner ou faire des albums avec White Zombie. Je suis donc plus heureux maintenant (rire). C’est cela la grosse différence. Après, je ne sais pas quoi attendre de ce disque. Je veux dire, les gens vont écouter le disque parce qu’ils l’auront téléchargé, mais avec ce qui se passe en ce moment, je ne saurai jamais vraiment comment il a été ressenti par les gens qu’ils l’ont attendu, perdu au milieu des autres. Le temps où les albums se vendaient par milliers est bien révolu, donc je ne sais pas quoi attendre.

Penses-tu que tu toucheras quand même de nouveaux fans, comme les gens qui ont aimé tes films et qui maintenant vont écouter ta musique ?
Je pense que nous allons toucher de nouveaux fans, car lors de la dernière tournée, il y avait des kids si jeunes dans le public ! Des gens qui venaient voir le réalisateur de film faisant de la musique (rire). C’est un sentiment étrange, mais bon…

Quelle est la plus grosse différence pour toi entre l’industrie du film et l’industrie de la musique ?
Disons que le business de la musique est beaucoup plus petit, donc il est plus facile de faire un groupe, d’enregistrer, de sortir le disque. C’est une industrie plus rapide. Pour les films, c’est une autre histoire, c’est très gros, et il faut beaucoup de moyens, même pour un film à petit budget. Et il y a des milliers de personnes à rassembler et à gérer pour faire un seul film. Donc, l’une est plus intime, l’autre est une vraie machine de guerre. Le processus créatif est le même, mais les moyens beaucoup moins.

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Comment te décrirais-tu en tant que réalisateur ?
Je ne sais pas… Mes films eux-mêmes sont difficiles à décrire, et encore plus Halloween 2. C’est un film où j’ai essayé de casser les genres, et de ne pas tomber dans le slasher movie, parce que je n’aime pas ce genre de film. Je me suis donc focalisé sur les personnages. Et certaines personnes aiment cette façon de ne pas tomber dans les clichés, et me disent parfois « je n’aime pas les films d’horreur, mais j’aime tes films ». Et ceux qui aiment les slasher movies n’aiment pas mes films. C’est pour ça aussi qu’Halloween 2 a tellement divisé les fans de ces films. De toute façon, je ne comprendrai jamais les fans de films d’horreur (rire). Tu leur donnes un film d’horreur classique, ils n’aiment pas parce qu’il n’y a rien d’original, et tu essayes de changer et ils n’aiment pas non plus (rire).

Mais as-tu été blessé par les critiques sur Halloween 2 ? Et surtout écoutes-tu toujours les critiques ?
Non, parce que ça ne veut rien dire pour moi. Cela fait 20 ans que j’essuie les critiques pour ma musique, maintenant, c’est pour mes films… De toute façon, ils ont toujours tort (rire). Avant, tu savais à peu près qui ne t’aimait pas dans les journalistes, mais maintenant avec Internet, tout le monde a un avis, de 7 à 77 ans.

Après The Blob, vas-tu arrêter de faire des remakes, pour peut-être t’atteler à un projet qui te tient à cœur depuis des années, Tyranausorus Rex ?
Je ne sais pas ce que sera le prochain film, l’un ou l’autre. Ou peut-être tout à fait autre chose, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Tu es un artiste accompli, derrières un micro, derrière une camera… Pousseras-tu l’expérience jusqu’à passer devant la caméra, en tant qu’acteur ?
Je n’ai pas vraiment l’intention de faire ça. Si quelqu’un m’offre un très bon rôle, pourquoi pas. Mais je n’en ai pas vraiment le désir.


ROB ZOMBIE – Hellbilly Deluxe 2
Roadrunner / Warner

Site : www.robzombie.com

Myspace : www.myspace.com/robzombie