Eradicate the Reflexions...

Le but de tout label est souvent de faire passer des vessies pour des lanternes. Mais de temps en temps, les petites structures recèlent des groupes excellents. Yorblind, formation parisienne de son état, est de ceux-là et après un premier essai remarqué en 2005, le groupe revient avec Reflexions, un deuxième album beaucoup plus abouti et personnel, même s’il marche toujours sur les plates-bandes des groupes de Swedish Death-thrash. Mais pour une fois, on ne parlera pas de plagiat et c’est pour ça qu’on a voulu en savoir plus sur cette formation prometteuse et bourrée de talent…

Interview parue également dans le Metal Obs' 37 de Février 2010

Entretien avec Mike (guitares) – Par Will Of Death - Photo : Tasunka
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Comme c’est la 1ère fois qu’on vous interviewe, pouvez-vous présenter le Yorblind 2010 ?
Yorblind est une formation de death/thrash issue de la région parisienne. Nous avons démarré ce groupe fin 2002 et, après moult aventures, notre première démo 5 titres est parue en Mars 2003. A la suite de cela, mais aussi après une série de concerts, nous avons su proposer  notre premier album, Melancholy Souls, en fin d'année 2005. Et c'est aujourd'hui que nous revenons enfin avec ce second opus, Reflexions. La formation se compose désormais des membres suivants : Drixxé ( Whispering Tears, Dacast) à la batterie, Jipi à la guitare, Djiss  à la basse (ex-Mazy Vision), L.Chuck D. (Carnal Lust, ghUSa) au chant ainsi que moi-même, Mike, à la six cordes.

Tiens, d’ailleurs, pendant que j’y suis, je me suis toujours posé la question : votre nom bizarre a-t-il une signification particulière ?
Je peux effectivement te confirmer que notre patronyme possède une signification particulière. Il s'agit ici d'un néologisme émanant de la contraction de la phrase « You are Blind ». Nous profitons d'ailleurs du nouvel album pour en donner notre définition par l'intermédiaire d'un titre éponyme.

Votre premier album, Melancholy Souls, nous avait bien plu ici puisqu’il avait récolté un 8/10, en 2005. Comment a-t-il été reçu à l’époque et comment le voyez-vous aujourd’hui ?
L'album a été très bien accueilli dans son ensemble. Nous avons eu énormément de retours positifs et Melancholy Souls a été globalement très bien noté dans la presse. Aujourd’hui, je le vois comme l'album qui nous a permis de progresser en forgeant notre éducation en matière d'enregistrement, de travail  en studio, de composition et d'arrangements. Je l'écoute encore et j'en éprouve toujours de la satisfaction. Je me dis que nous avions vraiment donné le meilleur de nous-mêmes lors de ce premier jet. Naturellement, avec le recul, il y a pas mal de détails que je corrigerais aujourd’hui, mais n'est-ce point cela le fait de progresser ?

Pourquoi vous a-t-il fallu 5 ans pour sortir ce 2ème album ?
Comme toutes les formations, nous avons subi les affres des sempiternels changements de line-up. Ce qui a eu pour conséquence de ralentir la marche en avant du groupe. Il est évident que nous proposerons un 3ème album beaucoup plus rapidement. Ce dont je suis convaincu, c'est qu'à l'écoute de ce Reflexions, ces 5 années n'ont pas été vaines.

Quelles différences majeures voyez-vous entre le 1er et le 2ème album, et le voyez-vous comme une continuité ?
Comme je te le disais avant, il y a une certaine marge de progression entre Melancholy Souls et Reflexions. Nous avons  trouvé un certain équilibre entre mélodie et agressivité. Ce nouvel album est plus varié que son prédécesseur, il est moins mélancolique, beaucoup plus « froid ». D'un autre côté, on peut dire aussi qu'il est plus direct, puisqu'il y a moins de passages « aériens ». Il est également plus technique, plus réfléchi. On peut alors parler d'une continuité tout en nuançant ce propos  par le fait que cette dernière nous amène à une évolution musicale plus personnelle.



On dit souvent de vous que vous jouez du swedish death metal pur et dur. Ce qui peut être vu comme une remarque péjorative vu que vous n’êtes pas suédois et que pour certains, ceci révèle un manque d’identité. Qu’en pensez-vous ?
Je ne vois pas en quoi l'étiquette que l'on nous avait attribuée lors de la sortie de Melancholy Souls peut être considérée comme péjorative. A cette période, je n'écoutais quasiment que des groupes de Göteborg, Dark Tranquillity et In Flames en tête. Ça a naturellement beaucoup influencé mes compositions,  j'ai écrit les premières chansons de cet album alors que j'avais à peine 18 ans. A l'heure actuelle, il est impossible de ranger Reflexions dans la même catégorie musicale. Cet enregistrement est simplement plus mature et il se nourrit d'influences plus diverses et variées.  D'après les premiers commentaires que nous avons récoltés, on nous compare à des groupes tels que Behemoth, Hatesphere, en passant par Devin Townsend, Disbelief ou Hypocrisy.

Dans la chro que j’ai faite du nouvel album (que j’ai encore une fois vraiment apprécié), j’ai noté que les arrangements, claviers et samplers étaient plus nombreux et plus riches, et surtout mieux placés, se fondant parfaitement aux compos. Comment avez-vous bossé les compos cette fois-ci et quel était votre but principal ?
On a travaillé les compos de manière assez conventionnelle, en fait. C'est lors de nos passages en studio de répétition que je proposais mes idées. Ensuite, nous mettions tout ça en place ensemble. Dans un premier temps, nous placions les voix, puis on harmonisait les guitares, on travaillait les patterns de batterie, etc... Comme tu le fais si bien remarquer, les claviers et samples sont beaucoup mieux intégrés à la musique, et tout ceci provient de l'investissement et du talent d'Adrien (Hacride). On lui a expliqué ce que l'on souhaitait avoir comme résultat sur Reflexions et on lui a laissé carte blanche. On ne regrette pas du tout ce choix aujourd'hui ! Il a vraiment fait un travail exceptionnel et très fouillé. Concernant la deuxième partie de ta question, le but principal était avant tout de faire des chansons que nous aurions aimées entendre sur disque. On voulait se faire plaisir sans s'imposer de limites. On ne voulait pas retomber dans un schéma « classique ». On avait besoin d'expérimenter de nouvelles choses, de se laisser guider par nos envies et nos idées.

Le son est une nouvelle fois excellent. Comment s’est passé le travail en studio ? Ca a encore dû vous coûter bonbon tout ça, non ?
C'est sûr, l'auto-production est très onéreuse et ponctionne plus que largement le budget des groupes. Surtout si l'on veut s'attribuer les services de personnes talentueuses et reconnues. C'est une passion et c'est le prix à payer pour obtenir un résultat à la hauteur de ses espérances. En tout cas, l'enregistrement en studio s'est réellement bien passé. Nous sommes restés quelques semaines au Mix'em All Studio (aux alentours de Poitiers) sous la houlette de Franck Hueso, qui a notamment bossé avec Hacride, Klone ou Mistaken Element. L'ambiance était très détendue et on s'est beaucoup amusé avec lui. C'est une personne doté d'un grand sens de l'humour, qui aime délirer et en même temps, c'est quelqu'un qui fait très bien son boulot. Il n'a pas hésité à tester de nouvelles choses sur cet album et a passé beaucoup de temps pour trouver « le son ». Idem pour le mixage, qu'il a continué plusieurs semaines après notre départ dans le sens où Franck voulait y mettre le meilleur de lui-même. Nous avons ensuite fait appel à Tue Madsen pour le mastering. Grand monsieur de la production Metal et ô combien professionnel, il ne lui a fallu que deux essais pour mettre en exergue ce que l'on voulait entendre. On sait maintenant pourquoi tant de grands groupes vont chercher le son chez lui...

De quoi parlent vos lyrics cette fois, quels sont les termes abordés ? Et de quoi vous parlez au travers du titre de l’album, Reflexions ?
Pour résumer, les textes apportent un certain regard critique sur notre société actuelle et sur l'être humain en général. C'est un thème très riche et souvent traité, mais il y a tellement de choses à dire, tellement de révolte. Et notre impuissance devant ce qui se passe autour de nous fait qu'il est  impossible de faire l'impasse dessus. Et puis, c'est tout de même le  thème qui se prête  le mieux à un style comme le nôtre. Nous avons trouvé que le titre Reflexions illustrait bien le contexte général de l'album. Les textes ont été écrits comme des pensées qui nous seraient inspirées à vif lors de la lecture d'un vieux journal par exemple.

Va-t-on vous voir en live pour promouvoir cet album ?
Un maximum, je l'espère ! Le groupe en est à un stade où faire concerts est devenu sa priorité ! Nous n'avons pas assez tourné après Melancholy Souls et cela nous a probablement porté préjudice. Monter sur les planches afin de propager sa musique est sans doute la plus grand satisfaction et source de motivation pour un musicien. J'en appelle d'ailleurs à toutes les associations et organisateurs de concerts, faites jouer Yorblind, personne ne le regrettera.

Les gars, le dernier mot est pour vous. Si vous voulez rajouter des trucs importants qu’on n’a pas évoqués pour l’album ou le groupe en général, n’hésitez pas, vous avez carte blanche ici…
Tout d'abord, merci pour cette interview ! C'est la première que nous donnons afin de promouvoir notre album, Reflexions. Nous sommes sûrs qu'il plaira au plus grand nombre d'entre vous et que vous viendrez nous supporter en masse lors des concerts. J'en profite également pour remercier les quelques personnes qui ont fait l'histoire de ce groupe, je pense souvent à elles, ainsi que celles qui nous ont aidés à faire en sorte que ce nouvel album soit une réussite. A très vite sur scène !


YORBLIND – Reflexions
Pervade / Socadisc



Myspace : www.myspace.com/yorblind