Big or small balls ?



La France a toujours été friande de hard n’ roll et a été naguère l’une des premières à porter aux nues des groupes comme AC/DC ou Rose Tattoo. On assiste d’ailleurs actuellement à un petit revival bien sympathique : Krokus et son nouveau Hoodoo ou encore Big Ball avec Hotter Than Hell. Mais le plus crédible est sans conteste un autre groupe australien… Airbourne avait cassé la baraque avec Runnin’ Wild en 2007 et va devoir confirmer tous les espoirs qu’on a placés en lui avec No Guts, No Glory. Le gang des frangins O’Keeffe sera-t-il le héros d’un jour, à l’instar de The Darkness qui n’a pas su gérer un succès fulgurant ? Rien n’est moins sûr, car les propos de Joel, le frontman branché sur 220, montrent que ces jeunes gens savent rester fidèles aux fondamentaux.

Interview également parue dans le METAL OBS n°38 de Mars 2010

Entretien avec Joel O’Keeffe (chant, guitare) - Par Geoffrey et J.C. Baugé
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Avant de parler du nouvel album, j’aimerais revenir sur Runnin’ Wild. Comment expliques-tu le succès qu’il a rencontré ?
On a beaucoup tourné, on adore le rock’n’roll, et cet album, c’est du rock pur jus. Il y a encore une certaine attente du public pour ce type de musique.

Qu’est-ce qui a changé dans ta vie, depuis ?
Pas grand-chose, je t’assure. On m’offre peut-être plus de bières désormais (rires). Je porte toujours les mêmes jeans. On est resté les mêmes qu’au temps où on apprenait à jouer de nos instruments.

Tu pouvais imaginer qu’un jour, cela puisse devenir ton job ?
On ne peut pas appeler ça un métier. C’est juste ce qu’on a toujours aimé faire, rien n’a jamais été planifié.

Soit, mais comme vous êtes de plus en plus connus, est-ce qu’il n’est pas devenu difficile de trouver un bon équilibre entre le fun et le business ?
Oh, on devait être bourrés quand on a décidé d’en faire un business (rires).

Est-ce que le groupe a ressenti une certaine pression avant de composer, cette fois-ci ?
Non, pas vraiment. Pendant les deux ans de la tournée mondiale Runnin’ Wild, on a profité des soundchecks pour faire évoluer des idées de riffs avec Justin et Ryan qui suivaient à la basse et à la batterie. J’enregistrais tout. Tous les titres de l’album ont donc l’empreinte de chaque pays visité. J’ai aussi écrit les lyrics pendant nos déplacements en réécoutant les enregistrements. On n’avait donc aucune pression au moment de rentrer en Australie pour la pré-production car on disposait de plus d’une quarantaine de structures de morceaux. Il y a même beaucoup de riffs qui n’ont pas été utilisés. Composer en tournée a été très bénéfique.

AIRBOURNE

Tu penses que c’est la meilleure façon de procéder ?
Oui, tout à fait. Toute notre inspiration vient de ces expériences sur les routes. On a ensuite finalisé les chansons au Criterion Hotel, un pub de Warnambool dans lequel on a établi notre QG.

Le groupe ne connaît jamais de repos…
C’est fun de composer. Quand il t’arrive un truc intéressant ou que tu arrives au bout du tunnel après une série d’expériences malheureuses, le simple souvenir ne suffit pas : tu as envie de le retranscrire dans ta musique. C’est quand même plus intéressant que de faire la fête toutes les nuits et ne même pas savoir dans quelle ville tu te promènes le lendemain. On n’arrive pas à s’arrêter, c’est plus fort que nous.

Et le résultat s’appelle No Guts, No Glory. Comment le comparerais-tu par rapport au précédent ?
Il est un peu plus dynamique, et plus rapide par certains côtés. Il tient mieux la route même si ça reste du rock’n’roll.

La production est aussi plus propre, non ?
Effectivement, le son est plus clair. On a aussi doublé les parties de guitares pour obtenir plus de punch et d’énergie.

No Guts, No Glory (= Qui ne tente rien, n’a rien), c’est le credo du groupe ?
C’est une idée qui nous est venue en studio. On s’est bien sûr posé la question s’il ne valait pas mieux donner le titre d’une chanson à l’album. Plusieurs auraient pu convenir. No Guts, No Glory résume bien le contenu du disque et notre façon d’aborder les tournées. Tu sais, on assure chaque show comme si c’était le dernier. On donne tout ce qu’on a. No Guts, No Glory, c’est aussi valable pour ceux qui aiment montrer qu’ils tiennent l’alcool : il ne faut pas avoir peur de t’enfiler des bouteilles entières de vodka ou tout ce qui te passe par la main (rires).

Tu ne penses pas que la plupart des groupes se la jouent trop soft sur scène ? Je pense notamment à tes acrobaties sur les structures métalliques du Hellfest en 2008.
Je jette toujours un œil sur les cotés de la scène pour voir s’il est possible de faire ça. Quand le public est réceptif, qu’il participe à fond pendant les soli, ça nous donne des ailes et je ne réponds plus de rien.

AIRBOURNE

Votre musique prend toute sa dimension en live et chaque nouvel album est une occasion pour repartir sur les routes…
Oui, c’est tout à fait ça.

Au-delà du titre, de quoi traitent les paroles ?
« Born To Kill » traite par exemple d’une certaine forme de survie. J’ai pris l’image du chien battu qui mord tôt ou tard. Il se souvient de chaque coup porté et attend l’heure de sa vengeance. Les lyrics parlent aussi du fait de jouer dans un groupe de rock. Les gens te dénigrent toujours, ils te disent de baisser le volume, que tu ne produiras jamais rien de valable, jusqu’au jour où c’est toi qui leur met bien profond. A l’école, si tu as les cheveux longs et que tu joues de la guitare, on te regarde de travers… La chanson aurait pu s’appeler « Born To Rock » ou « Born To Take No Shit ». Comme son nom l’indique, « Blonde, Bad And Beautiful » parle d’une bonne chaudasse blonde (rires). « Get Busy Livin’ » parle de prendre du bon temps, de fumer des joints, d’enfreindre les règles, de ne pas se soucier de perdre son job, de ne pas payer ses factures… du côté dangereux du rock’n’roll, quoi. Il y a beaucoup de thèmes différents qui sont abordés. L’album se termine sur « Back On The Bottle » qui se passe de commentaire.

Qu’est-ce qui te fout les boules dans la vie de tous les jours ?
Je crois que c’est quand tu commandes une dernière bière dans un pub et que le barman refuse de te la servir parce qu’il estime que tu as déjà ton compte (rires).

Plus sérieusement, qu’espères-tu de ce disque ?
J’espère que les fans vont l’écouter à fort volume au volant de leur bagnole et l’apprécier. Sur le titre « Raise The Flag » par exemple, ils peuvent ressentir notre passion pour le rock’n’roll, cette excitation présente dans n’importe quelle salle de concert à travers le monde.

Tu sens que le groupe a franchi une nouvelle étape ?
Oui, on s’en est tous aperçu en réécoutant l’album. Cette fois, tous les titres sont différents : « Overdrive » est aux antipodes de « Bottom Of The Well », idem pour « Back On The Bottle » et « No Way But The Hard Way ». Comme je te l’ai expliqué, on est vraiment heureux d’avoir accumulé autant d’idées au cours de notre tournée mondiale.

Airbourne est de plus en plus important. Qu’est-ce qui pourrait vous arrêter ?
Eh bien, si le scénario de 2012, le film avec John Cusack, devait se réaliser, on serait mal, je te l’accorde (rires). Le rock’n’roll est un langage universel. Quel que soit le pays où tu joues, tu trouveras toujours des gens partants pour faire la fête, boire et baiser. Aussi longtemps que la terre tournera, on sera là.

J’ai l’impression que tu n’as pas encore pris toute la mesure de ton succès…
On a la chance dans ce groupe de tous garder les pieds sur terre. On a toujours été comme ça et on n’a pas changé. Quand tu es un musicien en tournée, tu enchaînes les chambres d’hôtels, les salles de concert, le bus, parfois des interviews à la radio, et quand tu vas sur le stand de merchandising, tu rencontres des fans qui te remercient pour le show. Tu ne vois pas grand-chose de plus, en fait. Par contre si tu fais la fête la nuit, tu vis dans un brouillard total. Tu n’as plus que quelques vagues flashbacks, des images d’un aéroport, d’un pub…

AIRBOURNE

La France vous adore. D’après toi, qu’est-ce que votre musique a de plus que les autres pour nous ?
Une chose est sûre, en tout cas, c’est que nous, on adore la cuisine française. Les Français sont des passionnés, c’est pour ça qu’ils sont passés maîtres dans de nombreux domaines : la bouffe, le vin… les femmes (rires). Et notre passion commune est sans nul doute le rock’n’roll.

Vous venez jouer au Zénith de Paris le 26 mars prochain. Qu’est-on en droit d’attendre ? De la folie, de la sueur ?
Ouaip, on va faire cracher les Marshall. On va s’assurer qu’on peut jouer à un niveau sonore appréciable. Il nous tarde de venir.

Et ensuite ?
La tournée se poursuit en Angleterre, en Espagne, puis aux USA à partir de mai.

Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer…
C’est sûr. Mais tu sais, à chaque fois qu’on termine l’enregistrement d’un album, la première chose qu’on fait quand on a un pied en dehors du studio, c’est composer. Créer quelque chose de nouveau est devenu une véritable addiction. Je ne peux même pas expliquer pourquoi. Le rock, c’est comme le sexe, tu sais que c’est bon… Inutile de se poser trop de questions.
  

AIRBOURNE - No Guts, No Glory
Roadrunner / Warner



Site : www.airbournerock.com

Myspace : www.myspace.com/airbourne